ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION INTEGRÉS D ES FORÊTS ET TERRITOIRES
TROPICAUX
– ÉRAIFT – Centre de Catégorie II sous l’égide de l’UNESCO
MEMOIRE
Présenté et défendu en vue de l’obtention du diplôme de Master professionnel diplômant en Gestion des Aires Protégées (GAP)
(2ème Promotion de Master professionnel en GAP)
Promoteur : Pr. Emérite MICHA Jean-Claude
(Université de Namur, Belgique) Co-promoteur : Dr. RIERA Bernard (CNRS, France) Encadreurs :
Mme. LUHUSU KUTSHUKINA Francine (ERAIFT)
M. MONGHIEMO Claude (ONG Mbou Mon Tour)
Décembre 2021
Université de Kinshasa, Commune de Lemba, – B.P. 15.373 – Kinshasa, République Démocratique du Congo
: +243(0)972601761 /+243(0)998181171- E-mail: info@eraift-rdc.org; Site : www.eraift-rdc.org
ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION INTEGRÉS D ES FORÊTS ET TERRITOIRES
TROPICAUX
– ÉRAIFT – Centre de Catégorie II sous l’égide de l’UNESCO
MEMOIRE
Présenté et défendu en vue de l’obtention du diplôme de Master professionnel diplômant en Gestion des Aires Protégées (GAP)
(2ème Promotion de Master professionnel en GAP)
Composition du Jury :
Membres effectifs
Pr. MATE MWERU Jean-Pierre, Président (ERAIFT)
Dr. SAMBIENI Kouagou Raoul, Secrétaire (ERAIFT)
Pr. Emérite MICHA Jean-Claude, Promoteur (UNamur) Dr. RIERA Bernard, Co-promoteur (CNRS,MNHN)
Membre suppléant
Dr. DIANSAMBU MAKANUA Isaac (ERAIFT)
Décembre 2021
Université de Kinshasa, Commune de Lemba, – B.P. 15.373 – Kinshasa, République Démocratique du Congo
: +243(0)972601761 /+243(0)998181171- E-mail: info@eraift-rdc.org; Site : www.eraift-rdc.org
P a g e |
Dédicace
A mes chers parents aimés, source de vie, d’amour et d’affection de qui j’ai hérité d’une instruction et éducation louable,
A ma tendre épouse et amie Francine, source d’espoir et de motivation,
A ma très chère famille aimée MWANANDEKE, source de joie et bonheur,
A mes frères et sœurs, source de solidarité à qui je souhaite plein succès dans leurs vies,
A tous ceux qui de loin ou de près n’ont cessé de jeter des roses tout au long de toutes ces deux années de formation remarquable.
L’auteur
P a g e |
Remerciements
Au terme de la rédaction de ce mémoire, c’est un devoir agréable d’exprimer en quelques lignes la reconnaissance que je dois à tous ceux qui ont contribué de loin ou de près à l’élaboration de ce travail, qu’ils trouvent ici mes vifs respects et ma profonde gratitude.
Tout d’abord, gloire et louange soient rendues à Dieu, le Père de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C’est à Lui que nous adressons encore toute notre gratitude pour ses multiples bénédictions.
Nous nous acquittons volontiers d’un devoir de gratitude envers le Professeur Emérite Jean-Claude MICHA et le Docteur Bernard RIERA, respectivement promoteur et copromoteur de ce mémoire de Master professionnel diplômant en Gestion des Aires Protégées (GAP). Leurs remarques pertinentes et encadrement scientifique avec rigueur nous ont été d’une aide précieuse.
Un tout grand merci à nos partenaires financiers & techniques (UE, GIZ & UNESCO) pour tous les moyens mis à notre disposition enfin de bénéficier d’une formation de qualité.
A tous le personnel de l’ERAIF/UNESCO, en particulier Pr Baudouin Michel, Pr JeanPierre MATE, M. Bienfait KASENGA, Mme Aimée LUZINGU, M. Hervé MISHIDI, Mme
Valentine MUNZEMBA, Dr Isaac DIANSAMBU, Mme Marie- Josée MATUMBU, Mme Anny
WAMBA, Mme Francine LUHUSU KUTSHUKINA, M. Charles MUMBERE, Mme Ernestine LONPI TIPI, M. Timothée BESISA. Merci pour le temps que vous avez consacré pour notre formation. Les deux années passées à vos côtés resteront à jamais inoubliables.
Aussi, à tous le personnel de l’Ecole de Faune de Garoua (EFG) au Cameroun, notamment
M. Michel BABALE, Dr Christian Samuel TSAKEM, M. Joseph N. MINLO, M. Bouba Hotta, Dr Serge KAMGANG, Dr Emmanuel DANBOYA, M. Ismaël METOUMA. Grand merci pour le temps de qualité que vous avez disposé et surtout pour l’apprentissage de terrain.
Nous présentons aussi nos profondes reconnaissances à tous le personnel de l’ONG Mbou
Mon Tour (MMT) pour l’accueil et le stage que nous avons passé au sein de votre structure.
Nous pensons nommément à M. Jean Christophe BOKIKA, M. Claude MONGHIEMO, M. Innocent LETI. Ainsi qu’au CT. Norbert ZANGA, qui nous a aidé à l’identification des espèces au laboratoire de Biologie/Fac. Sciences/UNIKIN.
Nous ne manquerons pas d’adresser nos remerciements à toute notre famille
MWANANDEKE et belle famille APETE ; nos parents, nos frères et sœurs. De plus, merci pour l’ambiance familiale qui nous a toujours caractérisée.
Un tout grand merci à nos chers amis Glodi MAYIMONA, Grâce UMUHIRE, Emmanuel AKE, Christelle MISHIDI et Fabrice NGINDU.
Nous adressons aussi nos vifs remerciements aux membres des jurys pour avoir bien voulu examiner et juger ce travail.
A ma chère épouse Francine APETE AMBWA, grand merci à toi pour ton soutien à tous égards.
Que tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à l’élaboration de ce travail retrouvent ici nos sentiments de remerciements.
L’auteur
Acronymes
AL : Autorité Locale
AGR : Activités génératrices de revenuAL : Autorité Locale
CFCL-RM : Concession Forestière des Communautés Locales de la Rivière Mbali
CLD : Comité Local de Développement
CLG : Comité Local de Gestion
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
CPUE : Capture Par Unité d’Effort
CT : Chef des Travaux
ÉRAIFT : Ecole Régionale post-universitaire d’Aménagement et de gestion Integrés des Forêts et Territoires tropicaux
FAO : Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
FC : Franc congolais
GAP : Gestion des Aires Protégées
GIZ : Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Agence allemande de coopération internationale pour le développement)
HS : Hypothèse Spécifique
IUCN : Union Internation pour la Conservation de la Nature
MILDA : Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action
MMT : Mbou-Mon-Tour
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONGD : Organisation non gouvernementale pour le développement
OS : Objectif spécifique
PFNL : Produits Forestiers Non Ligneux
PIB : Produit intérieur brut
PNNN : Parc National Nouabale Ndoki
PNU : Parc National de l’Upemba
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’environnement
PNVi : Parc National des Virunga
RBY : Réserve de Biosphère de Yangambi
RCLT : Réserve Communautaire du Lac Télé
RDC : République Démocratique du Congo
RFO : Réserve forestière à Okapi
SAF-BOIS : Société Africaine de Bois
TAC : Total Admissible de Captures
UE : Union Européenne
UNamur : Université de Namur
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
UNIKIN : Université de Kinshasa
USD : United states dollars
WWF : World Wide Fund for Nature
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Données des villages de la CFCL-RM …………………………………………………….. 11
Tableau n°2 : Répartition de la population (Nkala & Mbee) en 2021 ………………………………. 12
Tableau n°3 : Matériels de collecte de données de terrain et utilité ………………………………….. 16
Tableau n°4 : Les lieux où les activités de pêches sont pratiquées dans les deux villages …… 19
Tableau n°5 : Noms des espèces des poissons identifiés dans la CFCL-RM pendant l’étude . 19
Tableau n°6 : Connaissance des espèces capturées par les pêcheurs ………………………………… 20
Tableau n°7 : Stade de maturé des poissons capturés …………………………………………………….. 21
Tableau n°8 : Constatation de la baisse des poissons dans la rivière Mbali ………………………. 22
Tableau n°9 : Temps de constatation depuis que la diminution (baisse) est survenue ………… 22
Tableau n°10 : Constatation de la disparition des certaines espèces de poissons dans la rivière
Mbali ………………………………………………………………………………………………………………………. 23
Tableau n°11 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs dans les villages Nkala et Mbee
selon les saisons ……………………………………………………………………………………………………….. 24
Tableau n°12 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs selon le sexe dans les villages Nkala et Mbee ………………………………………………………………………………………………………….. 24
Tableau n°13 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs selon l’âge dans la CFCL-RM . 25
Tableau n°14 : Coûts et constituants des différents engins de pêche utilisés …………………….. 30
Tableau n°15 : Nombre d’intervenants dans la pratique de pêches collectives ………………….. 31
Tableau n°16 : Intensité d’effort pendant différentes Périodes de pêche …………………………… 32
Tableau n°17 : Chronogramme des activités de pêche selon les engins utilisés …………………. 32
Tableau n°18 : Enquête sur le Calendrier de pêche et le repos biologique dans la CFCL-RM 33
Tableau n°19 : Temps consacrés à la pêche ………………………………………………………………….. 33
Tableau n°20 : Quantité de poissons capturée en moyenne par jour ………………………………… 33
Tableau n° 21 : Possession des étangs par les pécheurs ………………………………………………….. 34
Tableau n°22 : Prix de vente de quelques poissons par espèce identifiée ………………………….. 35
Liste des figures
Figure 1. Schématisation de l’approche systémique des interrelations entre la CFCL et son
environnement immédiat, intermédiaire et éloigné ……………………………………………………………………… 4
Figure 2. Activités exercées par les enquêtés des villages Nkala et Mbee : (a) Activités principales, (b)
Activités secondaires …………………………………………………………………………………………………………….. 17
Figure 3. Noms des espèces de poissons les plus rencontrées dans la rivière Mbali pendant la saison de
pluie ……………………………………………………………………………………………………………………………………. 21
Figure 4. Principales causes de la baisse des captures des poissons dans la rivière Mbali ………………. 22
Figure 5. Technique de pêche pratiquée par les pêcheurs de villages Nkala & Mbee …………………….. 23
Figure 6. Corrélations : (a) Corrélation entre l’âge des pêcheurs et technique de pêche, (b) Corrélation
entre sexe des pêcheurs et technique de pêche ………………………………………………………………………….. 28
Figure 7. Corrélations : (a) Corrélation entre âge des pêcheurs et motivation (distraction) de pêche, (b)
Corrélation entre âge des pêcheurs et motivation de pêche (Source de revenus) ……………………………. 29
Figure 8.Corrélation entre niveau d’instruction des pêcheurs et technique de pêche………………………. 29
Figure 9. Mode de pêche en groupe : (a) Ensemble, (b) hommes, (c) femmes ………………………………. 30
Figure 10. Principales activités socioéconomiques ……………………………………………………………………. 36
Figure 11. Principales sources de revenus des ménages en %, (n=45) …………………………………………. 36
Figure 12. Principales difficultés dans les ménages …………………………………………………………………… 36
Figure 13. Nombre de repas consommé par jour……………………………………………………………………….. 37
Figure 14. Modèle proposé pour une gestion durable des ressources halieutiques dans la CFCL-RM 47
Liste des cartes
Carte n°1. Carte du territoire de Bolobo & les 6 villages du CFCL-RM, RD Congo ……………………… 11
Carte n°2. Carte administrative et hydrographie du territoire de Bolobo (annexe 7)..………………….f
Liste des photos
Photo 1. Entretien avec les membres du CLD/Village Mbee ………………………………………………………. 14
Photo 2. Identification des espèces / Labo/ERAIFT ………………………………………………………………….. 14
Photo 3. Focus group avec les pêcheurs/ Village Nkala……………………………………………………………… 14
Photo 4. Identification des espèces Laboratoire, Fac. Sciences/Unikin ………………………………………… 14
Photo 5. Enquête auprès d’un pêcheur/Village Nkala ………………………………………………………………… 14
Photo 6. Rivière Mbali (en amont/source)/Village Nkala …………………………………………………………… 18
Photo 7. Pêche avec filet maillant à la rivière Lebomo ………………………………………………………………. 18
Photo 8. Pêche dans la mare (Village Nkala) ……………………………………………………………………………. 19
Photo 9. Rivière Mbali (en aval)/Village Mbee ………………………………………………………………………… 19
Photo 10. Quelques espèces les plus capturées : (a) Tilapia tholloni, (b) Hemichromis fascialus «Ekio
», (c) Clarias sp «Esue» …………………………………………………………………………………………………………. 21
Photo 11. Types de pêche : (a) Moustiquaire « Epuisette » (b) Pêche à l’écopage …………………………. 25
Photo 12. Type de pêche : (a) Pêche à l’écopage (Jeunes de -15 ans), (b) Pêche à la nasse « Bekweyi »
(Jeune de -25 ans) …………………………………………………………………………………………………………………. 25
Photo 13. Engins de pêche (a) Pêche à la ligne simple (piquage), (b) Ligne simple (hameçons n°18) 26
Photo 14. Barrage & engin de pêche : (a) Barrage fait d’une armature en bois solide, (b) Nasse
« Mileke » ……………………………………………………………………………………………………………………………. 26
Photo 15. Ecopage : (a) Ecope (paniers) « Bosolo », (b) Construction d’un barrage en amont pour
retenir les eaux, (c) Vidage du bassin en écopant l’eau en aval …………………………………………………… 27 Photo 16. Engins de pêche : (a) Filets maillants « invisible » dans la rivière, (b) Machette utilisée pour
capturer les poissons ……………………………………………………………………………………………………………… 28
Photo 17. Pêche en groupe : (a) Entretien des femmes avant la pêche collective, (b) Construction d’une digue avant la pêche collective à l’écopage ……………………………………………………………………………… 31
Photo 18. Engins utlisés lors de la pêche collective (a) Ecope, (b) Sceau en plastique, (c) Corbeilles
« Esawo » ……………………………………………………………………………………………………………………………. 31
Photo 19. Etang & Espèces capturées : (a) Etang d’un pêcheur dans le village Nkala, (b) Principales
espèces dans les étangs ………………………………………………………………………………………………………….. 34
Photo 20. AGR proposées :(a) Etang / Village Mbee, (b) Elevage des lapins/ Village Nkala, (c)
Apiculture/ Village Mbee ………………………………………………………………………………………………………. 39
Résumé
Cette étude menée dans la Concession Forestière des Communautés Locales de la Rivière Mbali (CFCL-RM), Territoire de Bolobo, Province de Mai-Ndombe, spécifiquement dans les villages Nkala et Mbee avec l’encadrement et l’accompagnement de l’ONG Mbou-Mon-Tour (MMT) pose la problématique de l’utilisation des ressources halieutiques et des actions à mener dans une approche holistique conduisant à l’amélioration de la gestion de la pêche dans ce milieu. L’objectif de cette étude est d’analyser les pratiques des paysans notamment des pêcheurs dans l’activité de pêche afin de relever les problèmes que pose la gestion de ces ressources halieutiques. Il est question d’accroître la contribution de la pêche à la réduction de la pauvreté des communautés locales et à l’amélioration de leur bien-être.
Afin d’atteindre cet objectif souligné, d’une manière générale nous avons utilisé deux méthodes (qualitative et quantitative). D’une manière spécifique, en fonction de nos objectifs spécifiques, ces méthodes ont été appuyées par des techniques (questionnaires d’enquêtes, entretiens, focus groupe et observations). Deux questionnaires d’enquête ont été élaborés dont l’un était adressé essentiellement aux pêcheurs et l’autre aux ménages de ces derniers. A cela s’ajoute les différentes clés de détermination dont nous nous sommes servis au laboratoire pour identifier les espèces capturées.
L’analyse de nos résultats démontre que depuis plus d’une décennie, la rivière Mbali a subi d’énormes changements qui ont conduit à la baisse considérable des stocks des poissons, voire à la disparition de certaines espèces telle que Parachanna obscura en aval de cette rivière. Les principales causes identifiées qui sont à la base de cette baisse des captures des poissons sont la surexploitation, l’utilisation des engins non autorisés par la réglementation, le changement climatique et la destruction des zones de frayères.
Cet état de la dégradation des ressources halieutiques dans la rivière Mbali confirme l’hypothèse selon laquelle l’exploitation désordonnée de ces ressources contribue à la dégradation des populations ichtyologiques de cette rivière, ce qui conduit à une baisse de production halieutique, rendant ainsi la pêche moins rentable avec un faible revenu. D’où, la nécessité de rationaliser la gestion de ces ressources tout en mettant l’accent sur la mise en place de calendrier de pêche, repos biologique, type de pêche, temps de pêche, protection des frayères & contrôle des pêcheurs par les services compétents. Aussi, la mise en place de structures d’accompagnement des pêcheurs & d’appui technique et financier.
Mots clés : Ressources halieutiques, Rivière Mbali, Villages Nkala et Mbee (Bolobo), RD Congo.
P a g e |
Abstract
This study conducted in the Forest Concession of the Local Communities of the Mbali River “CFCL-RM”, Territory of Bolobo, Province of Mai-Ndombe (DR. Congo), specifically in the villages of Nkala and Mbee with the supervision and support of the NGO Mbou-Mon-Tour (MMT) raises the issue of the use of fisheries resources and the actions to be taken in a holistic approach leading to the improvement of fisheries management in this environment. The objective of this study is to analyze the practices of the farmers, especially the fishermen, in the fishing activity in order to identify the problems of the management of these fishery resources. It is a question of increasing the contribution of fishing to the reduction of poverty of the local communities and to the improvement of their well-being.
In order to achieve this underlined objective, in a general way we used two methods (qualitative and quantitative). In a specific way, according to our specific objectives, these methods were supported by techniques (survey questionnaires, interviews, focus groups and observations). Two survey questionnaires were developed, one of which was addressed primarily to fishermen and the other to their households. In addition, various determination keys were used in the laboratory to identify the species caught.
The analysis of our results shows that for more than a decade, the Mbali River has undergone enormous changes that have led to a considerable decline in fish stocks, and even to the disappearance of certain species such as Parachanna obscura downstream from this river. The main causes identified for this decline in fish catches are overexploitation, the use of gear not authorized by the regulations, climate change and the destruction of spawning grounds.
This state of degradation of fishery resources in the Mbali River confirms the hypothesis that the disorganized exploitation of these resources contributes to the degradation of the ichthyological populations of this river, which leads to a decrease in fishery production, thus making fishing less profitable with low income. Hence, the need to rationalize the management of these resources while emphasizing the establishment of fishing calendar, biological rest, type of fishing, fishing time, protection of spawning grounds & control of fishermen by the competent services. Also, the setting up of structures to accompany the fishermen and provide technical and financial support.
Keywords: Fishery resources, Mbali River, Nkala and Mbee Villages (Bolobo), DR Congo.
Table des matières
Dédicace i
Remerciements ii
Acronymes iii
Liste des tableaux iv
Liste des figures v
Liste des cartes v
Liste des photos vi
Résumé vii
Abstract viii
Table des matières ix
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1
1.1. PROBLEMATIQUE 1
1.2. QUESTIONS DE RECHERCHE 2
1.3. OBJECTIFS & HYPOTHESES 2
1.4. RESULTATS ATTENDUS 3
1.5. PERTINENCE DE L’ETUDE EN RAPPORT AVEC L’APPROCHE SYSTEMIQUE 3
1.6. REVUE DE LA LITTERATURE 5
1.6.1. Cadre conceptuel 5
CHAPITRE 2 : MILIEU D’ETUDE & METHODOLOGIE 6
2.1. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE 6
2.1.1. Présentation du territoire de Bolobo 6
2.1.2. Présentation de la Concession Forestière des Communautés Locales de la Rivière Mbali (CFCL-RM) 10
2.2. METHODOLOGIE 12
2.2.1. Collecte des données 12
2.2.2. Choix de méthode d’échantillonnage et taille de l’échantillon 14
2.2.3. Déroulement des enquêtes (du 12 octobre au 5 novembre 2021) 15
2.2.4. Traitement de données et analyse de données 15
2.2.5. Difficultés rencontrées 15
2.3. MATERIELS UTILISES 16
CHAPITRE 3 : RESULTATS 17
3.1. IDENTIFICATION DES ENQUETES 17
3.1.1. Profil des enquêtés (pêcheurs) des villages Nkala et Mbee (Annexe 1) 17
3.1.2. Activités exercées par les enquêtés des villages Nkala et Mbee 17
3.1.3. Profil des enquêtés (Ménages) des villages Nkala et Mbee (Annexe 2) 18
3.2. DESCRIPTION DE L’ETAT DE LA RESSOURCE DE LA RIVIERE MBALI 18
3.2.1. Lieu de la pêche 18
3.2.2. Produits halieutiques rencontrés dans la rivière Mbali 19
3.2.3. Espèces identifiées dans les rivières Mbali et Lebomo 19
3.2.4. Connaissance des espèces capturées par les pêcheurs des villages Nkala & Mbee 20
3.2.5. Espèces les plus rencontrées par les pêcheurs 21
3.2.6. Types de poissons capturés par les pêcheurs 21
3.2.7. Changements survenus 22
3.2.7.1. Principales causes du changement (de la baisse des poissons) (en %, n=50) 22
3.2.7.2. Espèces disparues 23
3.3. IDENTIFICATION DE PRATIQUES & MODE DE GESTION DE LA PECHE3.3.1. Techniques et engins de pêche utilisés dans la CFCL-RM (Villages Nkala & Mbee) 23
3.3.2. Modes de pêche dans la rivière Mbali 30
3.3.3. Période de pêche 32
3.3.4. Calendrier de pêche et repos biologique dans la rivière Mbali 33
3.3.5. Temps consacrés à la pêche 33
3.3.6. Quantité de poissons capturés 33
3.3.7. Usage des produits de pêche 34
3.3.8. Possession des étangs 34
3.3.9. Conservation & commercialisation des produits (poissons) de la pêche 35
3.3.9.1. Conservation des produits 35
3.3.9.2. Commercialisation des produits 35
3.3.10. Acteurs de la pêche dans la CFCL-RM 35
3.4. SITUATION SOCIOECONOMIQUE DANS LES MENAGES DES PECHEURS 36
3.4.1. Paramètres socio-économiques des ménages enquêtés 36
3.4.2. Principales difficultés rapportées par les ménages 36
3.4.3. Consommation et dépenses alimentaires dans les ménages 37
3.4.3.1. Nombre de repas par jour et dépenses en moyenne par repas 37
3.5. CONTRAINTES OU DIFFICULTES LIEES AUX ACTIVITES DE PECHE 37
3.6. PROPOSITION DES PERSPECTIVES D’ACTION 38
3.6.1. Proposition pour préserver les ressources halieutiques de la rivière Mbali 38
CHAPITRE 4 : DISCUSSION DES RESULTATS 40
4.1. En rapport avec l’état des ressources halieutiques de la rivière Mbali 41
4.2. En rapport avec l’identification des pratiques & mode de gestion de la pèche 42
4.2.1. Techniques et engins de pêche utilisés 42
4.2.2. Modes de pêche dans la rivière Mbali 43
4.2.3. En rapport avec la période de pêche, calendrier et repos biologique 44
4.2.4. En rapport la quantité de poissons capturée 46
CHAPITRE 5 : CONCLUSION & PERSPECTIVES 47
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 48
ANNEXES a
Annexe 1 : Profil des enquêtés des villages Nkala et Mbee, riverains de la rivière Mbali a
Annexe 2 : Profil des enquêtés dans les ménages des villages Nkala et Mbee (2021) b
Annexe 3 : Services publics déconcentrés au niveau du territoire b
Annexe 4 : Avantages et inconvénients de différents types de pêche pratiqués c
Annexe 5 : Quelques espèces rencontrées dans la rivière Mbali d
Annexe 6 : Quelques espèces rencontrées dans la rivière Lebomo e
Annexe 7 : Carte administrative et hydrographie du territoire de Bolobo f
Annexe 8 : Questionnaire d’enquête destiné aux pêcheurs de la rivière Mbali (2021) g
Annexe 9 : Questionnaire d’enquête menage des pêcheurs j
23
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1.1. PROBLEMATIQUE
La RD. Congo possède un réseau hydrographique très dense. Les plans d’eau représentés par l’immense réseau fluvial, les plaines inondées et les lacs couvrent environ 86.080 km2 (3,5% de la superficie nationale) et ont un potentiel halieutique considérable (Ministère de l’Environnement et Conservation de la Nature, Eaux et Forêt, 2006). La production varie entre 80 et 100 tonnes de poissons par an ; une production ralentie à cause de la guerre et de l’instabilité politique. Or, les potentialités annuelles varient de 300.000 à 700.000 tonnes, les activités de pêche reposent sur un nombre restreint d’espèces de poissons, soit 1 à 7 % des espèces inventoriées (FAO, 2018).
Malgré cet énorme potentiel, le pays réserve très peu de place à la pêche dans la réflexion sur les questions de contribution socioéconomique. Et pourtant, la pêche peut jouer un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire, la création d’emplois, la viabilité sociale et le financement du budget de l’Etat par sa contribution au PIB (Bongeba & Micha, 2013; Kowozogono et al., 2021). Encore que certaines communautés forestières vivent principalement des ressources halieutiques des rivières bien qu’elles tirent également leur subsistance et leur pharmacopée d’une gamme de Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) tels que chenilles, racines, champignons, feuilles, palmes et autres produits (Okito et al., 2017).
Aussi, la surexploitation de ces ressources halieutiques présente un risque d’extinction dans la mesure où les techniques utilisées, comme l’utilisation des plantes à poison, des pesticides et des filets à mailles inappropriées, tout comme les Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA) ont une forte capacité destructrice (Mullon et al., 2005; FAO, 2019)
Même s’il est démontré que le secteur halieutique peut contribuer à améliorer les moyens d’existence et à réaliser la sécurité alimentaire dans un grand nombre de pays en développement (FAO, 2020), le secteur a souvent été ignoré des stratégies nationales de réduction de la pauvreté en RD Congo.
Actuellement, les milieux aquatiques de la rivière Mbali sont tout particulièrement affectés par les activités humaines ; modification ou disparition des habitats, résultant le plus souvent de la surexploitation due à la pêche artisanale non controlée et de ses différentes techniques dont certaines inappropriées. Les conséquences de ces activités, amplifiées à l’heure actuelle par l’accroissement de la population locale, mettent en danger la faune ichtyologique de cette rivière Mbali.
Cette étude menée dans la Concession Forestière des Communautés Locales de la Rivière Mbali (CFCL-RM), spécifiquement dans les villages Nkala et Mbee avec l’encadremment et l’accompagnement de l’ONG Mbou-Mon-Tour (MMT) pose la problématique de l’utilisation des ressources halieutiques et des actions à mener conduisant à l’amélioration de la gestion de la pêche dans ce milieu. Il est question d’accroître la contribution de la pêche à la réduction de la pauvreté des communautés locales et à l’amélioration de leur bien-être tout en rationalisation la gestion de ces ressources.
1.2. QUESTIONS DE RECHERCHE
De cette problématique, ressort les questions suivantes :
Quel rôle peut jouer le secteur halieutique dans la réduction de la pauvreté des communautés locales de la CFCL-RM?
Quels moyens devraient être utilisés pour une exploitation durable des ressources halieutiques de la rivière Mbali ?
1.3. OBJECTIFS & HYPOTHESES
1.3.1. Objectifs
Notre étude a pour objectif global d’analyser les pratiques des paysans notamment des pêcheurs dans l’activité de pêche afin de relever les problèmes que pose la gestion des ressources halieutiques dans la CFCL-RM.
Pour atteindre cet objectif global, nous nous sommes assignés les objectifs spécifiques suivants :
OS1 – Décrire l’état des ressources halieutiques de la Rivière Mbali ;
OS2 – Identifier et analyser les pratiques ainsi que les stratégies de pêches telles que développées par les communautés locales visant à préserver les ressources halieutiques, filets, palangres,…;
OS3 – Proposer des perspectives d’action basées sur les connaissances locales à mettre en place pour une gestion durable des ressources halieutiques en vue de l’amélioration des revenus et du bien-être des populations locales.
1.3.2. Hypothèses
L’exploitation non durable des ressources halieutiques contribue à la dégradation des populations ichtyologiques de la rivière Mbali, ce qui conduit à une baisse de production halieutique, rendant ainsi la pêche moins rentable avec un faible revenu.
De cette hypothèse générale, nous ressortons les hypothèses spécifiques suivantes :
HS1 – Les stocks halieutiques de la rivière Mbali pourraient être dans un état de dégradation suite aux modes d’exploitation halieutique non durable employés par les communautés de pêcheurs ;
HS2 – Les pratiques à mettre en œuvre pour favoriser les populations de poissons, protection des frayères, activités alternatives telles que pisciculture, agropisciculture pourraient conduire à une gestion durable des ressources ;
HS3 – La mise en place des perspectives d’action basées sur les connaissances locales contribuerait à une gestion durable des ressources halieutiques en vue de l’amélioration des revenus et du bien-être de ces populations locales.
1.4. RESULTATS ATTENDUS
R1 – L’état des ressources halieutiques de la Rivière Mbali est décrit ;
R2 – Les pratiques et stratégies de pêche développées par les communautés locales sont identifiées et analysées ;
R3 – Les perspectives d’action basées sur les connaissances locales à mettre en place pour une gestion durable des ressources halieutiques, ayant comme conséquences l’amélioration des revenus et le bien-être des populations locales sont proposées.
1.5. PERTINENCE DE L’ETUDE EN RAPPORT AVEC L’APPROCHE SYSTEMIQUE
Dossou, 2011 cité par (Mumbere, 2016) souligne que l’approche systémique a pour base la notion de système. Elle englobe la totalité des éléments du système avec leurs interactions et leurs interdépendances.
Son application est importante pour le développement et la gestion durable des ressources halieutiques d’autant plus qu’elle prend en compte des aspects structurels, fonctionnels et dynamiques (Maldague, 2003).
De cette problématique posée, il est pertinent de mener les études dans une approche systémique en considérant tous les aspects socioéconomiques, culturels et environnementaux afin de mettre en place les politiques adaptées au contexte actuel des populations locales enfin de réguler l’exploitation des ressources halieutiques.
Comme l’a souligné (Patriganni, 2011), la gestion ne doit pas reposer seulement sur des stratégies visant à conserver la ressource; elle doit aussi tenir compte des externalités qui influencent sa gestion. Pour ce faire, la gestion durable des pêches artisanales dans cette CFCLRM doit s’inscrire dans une vision plus globale qui intègre la participation de tous les acteurs notamment les communautés de pêcheurs. Ceci, à des fins d’harmonisation des politiques locales et gouvernementales ; ces communautés possèdent en effet des connaissances inestimables et très utiles pour le développement de solutions durables.
C’est justement à partir de l’étude de ces pêches artisanales dans cette approche systémique, que de nouvelles perspectives de la pêche adaptées au contexte pourront probablement être envisagées ou se développer pour pallier à certaines lacunes identifiées afin de gérer durablement ces ressources. Il est finalement question de contribuer ainsi à l’amélioration de la qualité de vie de ces populations locales dont la survie dépend de ces ressources halieutiques. Au regard de notre principal objectif de la recherche halieutique, les résultats obtenus répondront certainement aux besoins d’une gestion rationnelle des ressources, pour assurer leur gestion durable.
Figure 1. Schématisation de l’approche syenvironnement immédiat, intermédiaire et éloignéstémique des interrelations entre la CFCL et son
1 = Village Bodzuna, 2 = Village Embirima, 3 = Village Makaa, 4 = Village Mbee, 5 = Village Mpelu,
6 = Village Nkala, MMT = ONG Mbou Mon Tour, CLD = Comité Local de Développement, CLG = Comité
Local de Gestion, AL = Autorités Locales.
1.6. REVUE DE LA LITTERATURE
1.6.1. Cadre conceptuel
Gestion des pêches
La série de Directives techniques de la FAO sur la gestion des pêches définit la gestion des pêches comme étant un «processus intégré de collecte, d’analyse, de planification, de consultation, de prise de décisions, d’affectation des ressources et de formulation et de mise en œuvre, avec l’application, si nécessaire, de réglementations ou règles qui régissent les activités halieutiques afin d’assurer la productivité continue des ressources et la réalisation des autres objectifs de pêche» (FAO, 2012).
Pêche artisanale
Selon la FAO, la pêche artisanale est définie comme étant une « pêche traditionnelle pratiquée par des familles de pêcheurs (par opposition aux sociétés commerciales) utilisant des quantités relativement faibles de capital et d’énergie, des bateaux de pêche relativement petits (le cas échéant), ce qui limite la durée des sorties de pêche, lesquelles ont lieu à proximité des côtes et visent principalement à alimenter la consommation locale […]. La pêche artisanale peut-être une pêche de subsistance ou commerciale, alimentant la consommation locale ou l’exportation » (FAO, 2001). D’une vue générale, la FAO ajoute que les pêches artisanales sont considérées comme un secteur dynamique en évolution qui, pour tirer le meilleur parti des ressources halieutiques marines et d’eau douce, utilisent des méthodes de travail intensif pour les opérations de capture, de transformation et de distribution du poisson (FAO, 2006).
Ressources halieutiques
Toutes les espèces biologiques d’origine animale et végétale dont le milieu de vie normale ou le plus fréquent est l’eau, ces espèces constituant l’objectif ou la cible de la pêche (Patrick, 2021). La FAO ajoute que les ressources halieutiques font allusion à des éléments d’une ressource aquatique naturelle (par exemple lignée, espèce, populations, stocks, assemblages) qui peut être légalement capturée par la pêche. Cela peut parfois être pris comme incluant également l’habitat de telles ressources (FAO, 2001)
Surexploitation
La surexploitation fait aussi allusion au prélèvement ou à la récolte d’une ressource renouvelable jusqu’à un point de sa diminution. La destruction de la ressource est une conséquence de la surexploitation continue. Ainsi, ce terme s’applique à des ressources naturelles telles que les stocks de poissons, les fôrets, les aquifères. (Patrick, 2017).
CHAPITRE 2 : MILIEU D’ETUDE & METHODOLOGIE
2.1. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
Dans cette section, il sera question d’aborder le cadre géographique de la zone d’étude (CFCLRM, spécifiquement les villages Nkala et Mbee, dans le territoire de Bolobo) en décrivant les éléments des milieux biophysique et humain, l’organisation professionnelle et les acteurs institutionnels de la pêche artisanale de la CFCL – RM.
2.1.1. Présentation du territoire de Bolobo
2.1.1.1. Situation géographique et administrative du territoire de Bolobo
a) Situation géographique
Le Territoire de Bolobo (Cfr. Carte n°1) est situé à 300 km au Nord-Est de Kinshasa et longe le Fleuve Congo (Maloueki et al., 2013). D’une superficie d’environ 3550 km² (Omasombo Tshonda, 2019), il est compris entre 16°13′ et 16°32′ de longitude Est et, 2°05′ et 03°07′ de latitude Sud. Situé à 450 km sur le long du fleuve Congo rive Kinshasa et à seulement 300 km au Nord de Kinshasa et Brazzaville, le territoire de Bolobo est borné au Nord par la rivière Ngampoko, limite naturelle le séparant du Territoire de Yumbi. Au Sud, par le Territoire
Kwamouth avec la rivière Kwa/Kasaï limite naturelle. A l’Est par le Territoire de Mushie. A l’Ouest, le Fleuve Congo partageant la frontière avec la République du Congo (Malom Debence, 2010).
b) Situation administrative
Bolobo est un territoire et une cité de la Province de Mai-Ndombe. Il est créé par l’ordonnance n°76/298 du 06 octobre 1976, modifiée et complétée par celle n°90/046 du 12 février 1990, portant création du District des plateaux ainsi que les territoires qui le composent. Jadis le
Territoire de Bolobo était un poste d’Etat depuis le 18 Novembre 1933 (Rapport annuel l’an
2015 de l’Etat de lieux du Territoire de Bolobo, cité par (Kakula, 2016). C’est un territoire qui est constitué par les Entités ci-après :
• Une commune rurale composée de dix quartiers (Cité de Bolobo) ;
• Une chefferie (Bateke-Nord) ;
• Deux groupements : Mbee Nkuru (52 villages) et Bwema (10 villages), soit 62 villages.
2.1.1.2. Climat, sol, formation végétale et faune
a) Climat
Le territoire de Bolobo affiche 25.9 °C de température en moyenne sur toute l’année. Sur l’année, la précipitation moyenne est de 1604 mm et est dominé essentiellement par le climat tropical de type Aw4 selon la classification de Köppen et Geiger selon Climate-data, 2016, cité par (Kakula, 2016). Il y a alternance de deux saisons : la saison des pluies qui va du mois de septembre de chaque année au mois de mai de l’année suivante, est caractérisée par des nuits relativement fraîches. La grande saison sèche va de mi-mai à mi-septembre ; la petite saison, de mi-janvier à mi-février. Le reste de l’année est régie par des précipitations abondantes allant à plus de 1500mm par an.
b) Nature du sol
Le territoire de Bolobo est parsemé de sols inondés en permanance, des sols inondables pendant la saison des pluies et des sols relativement secs tout au long de l’année (Inogwabini, 2015). Ces sols sont principalement des areno-ferrals (sols sableux à faible teneur en argile, moins de 20%, de couleur rouge jaunâtre, et pauvres en matières organiques). Leur fertilité varie de moyenne à médiocre. Menga, 2012, cité par (Kakula, 2016).
c) Formation végétale
L’habitat dans le Territoire de Bolobo est composé d’une mosaïque forêt-savane avec 60 % de forêt tropicale humide de basse altitude et 40 % de savane (Narat, 2014; Inogwabini, 2015). Une analyse de la typologie floristique et structurelle de la végétation des habitats des bonobos a permis d’identifier plusieurs types de végétations sur le territoire de Bolobo notamment ; une végétation mixte inondée de façon saisonnière, composée d’un grand nombre d’arbres à raison de 334/ha.
d) Faune
Les recherches menées par le World Wildlife Fund for Nature (WWF) depuis 2005 ont montré que la zone de Malebo partie sud du landscape Lac Télé-Lac Tumba englobant la zone d’étude, présente la plus haute densité jamais observée de Bonobos (Pan paniscus), une espèce de primate endémique de la RDC en danger d’extinction (Kakula, 2016). Des éléphants
(Loxodonta africana) ont également été découverts alors qu’on les croyait disparus, notamment en raison d’un trafic important d’ivoire issu du Territoire de Bolobo.
2.1.1.3. Hydrographie (Cfr. Annexe 7)
Les principaux cours d’eau où se pratique la pêche sont : Mbali, Ngampoko, Lolele et le fleuve Congo (Omasombo Tshonda, 2019). Le réseau hydrographique intérieur y est relativement peu développé, caractérisé par la présence d’un lacis de petites rivières ou ruisseaux issu des deux principaux cours d’eau, le Fleuve Congo et la rivière Kasaï qui constituent ses frontières à l’Ouest et au Sud. Les rivières Mbali, Ngampoko, Lolele, Mbau, Ngenzo, Ngaletali, Tshuma et
Lesana drainent leurs eaux à l’ouest sur le fleuve Congo, tandis qu’au sud les rivières Mbala, Mboba, Ledzimi, se versent dans l’affluent Kwa-Kasaï.
2.1.1.4. Situation socio-économique
2.1.1.4.1. Situation sociale
a) Répartition de la population
A l’issue du recensement administratif de 2015, le rapport sur l’état de lieux du Territoire de Bolobo de janvier 2016 renseigne que la population est de 250.017 habitants avec une densité moyenne de population de 66 habitants/km2. Les langues parlées sont : Nunu, Tende, Teke, Boma et Sengele (CAID, 2021) et la principale tribu dominant est celle des Batékés, suivie dans une moindre proportion des tribus Banunu-Bobangi et Batende (Kakula, 2016).
b) Organisation administrative
Selon (Kakula, 2016), Bolobo comme entité est subdivisé comme suit :
Une Cité : la Cité de Bolobo
Une Chefferie : la Chefferie des Bateke-Nord.
Le Bureau du territoire a un effectif de quinze (15) agents. Le territoire a comme patrimoine : 13 résidences (en mauvais état), 20 bâtiments administratifs, 1 Centre pénitencier. Ce territoire dispose aussi les différents services publics déconcentrés (Cfr. Annexe 3).
c) Infrastructures éducatives et sanitaires
Situation éducative
A ce jour, le territoire compte vingt-cinq (25) écoles primaires Officielles, quatre-vingt-sept (87) écoles conventionnées aux réseaux (catholique 24, protestant 45, kimbanguiste 14, salutiste 2 et deux privées agrées).
Le territoire compte aussi treize (13) écoles secondaires Officielles et soixante-une (61) école conventionnées par réseau (catholique 13 ; protestant 30 ; kimbanguiste 8 ; salutiste 2 et zéro privée agrée). En outre, le territoire compte 138 écoles primaires et 79 écoles secondaires.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur et universitaire, le territoire a deux instituts supérieurs privés agréés (CAID, 2021).
Situation sanitaire
Le territoire de Bolobo ne dispose que d’une (1) seule zone de santé, un (1) hôpital général et vingt-sept (28) centres de santés dont vingt-cinq sont officiels et les deux autres sont privés. Et la zone de santé compte cinq médecins et 315 infirmiers.
2.1.1.4.2. Situation économique
Les activités économiques du territoire de Bolobo sont essentiellement orientées vers la pêche, l’agriculture, la chasse, l’exploitation forestière et le commerce.
Activité de pêche dans le territoire de Bolobo
La pêche s’effectue le plus souvent sans tenir aucun compte de la biologie des espèces de poissons : on pêche toute l’année, dans les frayères, avec des filets (invisibles) dont les mailles trop fines retiennent les alevins, parfois se confondus avec le fretin.
Cette pêche dans le territoire de Bolobo est essentiellement le fait des populations riveraines du fleuve Congo, de la rivière Kasaï et d’autres rivières. La demande toujours croissante des marchés de Kinshasa et du Congo-Brazzaville fait fortement diminuer la réserve de poissons dans le territoire, par des pratiques quotidiennes et des techniques irresponsables et non écologiques, ne pouvant garantir le développement durable de la contrée (Kakula, 2016).
Ces pratiques inappropriées sont notamment ; le prélèvement excessif des poissons, la pêche des alevins, la destruction des zones de frayères (lieux de ponte des poissons) et le non-respect des périodes de reproduction (FAO, 2005).
Les seules règles admises et respectées par la profession sont l’opportunisme, l’indiscipline et la recherche du profit maximal. Ce secteur est par ailleurs, assez peu organisé dans le territoire de Bolobo (ISCO.Sc, 2010). L’état démissionnaire quand ses agents ne se montrent pas tout simplement complices des dérives constatées qu’ils laissent proliférer, n’est nullement capable de faire appliquer une législation peu connue, mal maitrisée et qui se montre, par ailleurs, trop ancienne et dépassée .
Enfin, un autre constat est qu’en partie des tensions relevant du tribalisme rend également difficile l’intervention de toute autorité visant à contrôler la pêche dans le territoire de Bolobo en vue d’une gestion durable : toute tentative est directement accusée de vouloir favoriser un groupe au détriment d’un autre, bloquant ainsi toute évolution.
2.1.2. Présentation de la Concession Forestière des Communautés Locales de la Rivière Mbali (CFCL-RM)
2.1.2.1. Origine de la CFCL-RM
La CFCL-RM est un ensemble de six (6) aires de conservation communautaires dénommées Concession Forestière des Communautés Locales de villages : Bodzuna, Embirima, Mbee, Mpelu, Makaa et Nkala, toutes regroupées sous le nom de Concession Forestière des Communautés Locales de la rivière Mbali (Bokika, 2013).
Suite à l’arrivée des sociétés d’exploitation forestière telle que SAF-BOIS, ces communautés ont fait le constat malheureux de la raréfaction de la faune dans leur terroir et ses environs à la fin des années 90. Cette arrivée a occasionné un afflux important de migrants qui ont commencé à tuer, manger et vendre le gibier, et plus particulièrement le bonobo qu’ils chassaient et en ne respectant pas les coutumes et interdits locaux. Pour limiter cette prédation, les communautés locales ont alors choisi de créer une Organisation Non Gouvernementale (ONG), dénommée Mbou-Mon-Tour (MMT). Tout en se fondant sur l’article 22 du code forestier congolais, ces communautés ont demandé à l’Etat congolais de leurs octroyer une partie de leur terroir couvrant environ 500 km² dans la zone de mosaïque forêt-savane distante d’environ 300 km au nord de Kinshasa, pour y développer la conservation du bonobo par la revalorisation des us et coutumes, l’observance des lois, la surveillance communautaire participative, l’écotourisme et le développement des activités alternatives à l’utilisation non durable des ressources naturelles. 2.1.2.2. Vision de la gestion de la CFCL-RM
La vision de l’ONG MMT pour la CFCL-RM s’articule autour de l’idée de « concevoir un monde où les gens vivent alors que leurs besoins primaires sont satisfaits grâce à la gestion durable des ressources naturelles » (MMT, 2015).
2.1.2.3. Localisation des 6 villages de la CFCL-RM
Carte n°1. Carte du territoire de Bolobo & les 6 villages du CFCL-RM, RD Congo
Source : Tshimuanga & Mwanandeke, 2021
Administrativement, tout comme les quatre autres de la CFCL-RM (Bodzuna, Embrima, Makaa et Mpelu), les villages Nkala et Mbee sont des villages qui se situent dans le groupement Mbee Nkuru, Territoire de Bolobo et Province de Mai-Ndombe. Coutumièrement, chacun de ces villages est géré par un chef de terres qui a le pouvoir d’assurer la gestion des terres.
2.1.2.4. Données des villages de la CFCL-RM (Nkala & Mbee) en 2021
Tableau n°1 : Données des villages de la CFCL-RM
Village Population Superficie du terroir en Km² Superficie
CFCL en Km² Superficie CFCL en hectare
Bodzuna 713 102 km2 92 9200
Embirima 1239 148 km2 140 14000
Makaa 161 105 km2 66 6600
Mbee 1329 351 Km² 120 12000
Mpelu 443 112 km2 74 7400
Nkala 278 82 Km² 66 6600
Total 4820 900 558 558000
Source : Centre de Sante Nkoo & MMT, Septembre 2021
Tableau n°2 : Répartition de la population (Nkala & Mbee) en 2021
Population Nombre de
Village
H F TOTAL ménages
Mbee 706 623 1329 –
Nkala 141 137 278 52
Total 847 760 1607 –
Source : Centre de Sante Nkoo & MMT, Septembre 2021
2.2. METHODOLOGIE
2.2.1. Collecte des données
Pour un travail de recherches scientifiques, la collecte de données sur terrain est une étape essentielle. (Gaspard, 2019) souligne que la collecte de données est une phase primordiale d’une étude empirique ou d’un travail de recherche durant laquelle le chercheur ou l’étudiant récolte des données qui seront analysées pour confirmer (ou non) des hypothèses de départ, et répondre à une problématique.
D’une manière générale, pour atteindre les objectifs assignés dans cette étude, nous avons fait usage de deux méthodes (qualitative et quantitative). La méthode empirique appuyée par les recherches documentaires relatives à notre thème de recherche et les entretiens avec les personnes ressources.
D’une manière particulière, en fonction de nos objectifs spécifiques, ces méthodes ont été appuyées par des techniques (questionnaires d’enquêtes, entretiens, focus groupe et observations).
Méthodes en rapport avec l’OS1 : Description de l’état des ressources halieutiques de la
CFCL-RM
Entretiens avec les autorités locales
Outre la technique d’observation, pour décrire l’état des ressources halieutiques de la CFCLRM, en premier lieu, nous avons rencontré les autorités locales. A savoir ; les Chefs des terres de deux villages (Nkala et Mbee). Ensuite, sur base de notre guide d’entretien, nous nous sommes rapprochés des responsables d’associations locales notamment celles du CLD , CLG et de l’ONG Mbou Mon Tour (MMT). Il était question pour nous de recueillir leur point de vue sur l’état des ressources halieutiques dans la rivière Mbali.
Focus group
Ensuite, les entretiens semi-structurés réalisés tour à tour en focus group avec les pêcheurs de deux villages et ainsi que d’autres couches de la population locale nous ont essentiellement permis d’avoir plus de lumière et surtout, les réponses précises sur l’état de ces ressources et le constat fait quant à la disponibilité des ressources de la rivière et l’identification en noms vernaculaires de différentes espèces pêchées. En outre, ces échanges ont également permis d’avoir les avis des uns et des autres sur les différents changements survenus sur ces ressources et les causes de ces changements.
Clés de détermination des espèces (poissons)
Dans le laboratoire de l’ERAIFT et celui de la Faculté des Sciences de l’Unikin, Département de Biologie, en vue d’identifier les espèces citées en langue Teke (nom vernaculaire) et capturées par les pêcheurs, d’une part nous avons fait usage de clés d’identification (Poissons d’eaux douces et saumâtres de basse Guinée, ouest de l’Afrique centrale de (Stiassny et al., 2007) , Faune des poissons d’eaux douces et saumâtres d’Afrique de l’Ouest de (Lévêque et al., 1990) et Genera des poissons d’eau douce de l’Afrique de (Poll & Gosse, 1995). D’autre part, nous avons eu recours à la plateforme en ligne « fishbase ». Il s’agissait ici d’identifier le taxon de ces espèces ; leur famille, leur genre et au besoin, déterminer le nom scientifique de cette espèce.
Méthodes en rapport avec l’OS2 : Identification et analyse des pratiques et stratégies de pêches telles que développées par les communautés locales
Questionnaire d’enquêtes via Kobocollect
Pour collecter les données liées à cet objectif spécifique, nous nous étions servis d’un questionnaire d’enquêtes adressé aux pêcheurs. Ce questionnaire a été élaboré dans la plateforme KoboToolbox et incorporé ensuite dans notre smartphone en se servant de l’application Kobocollect.
Ici, auprès de personnes que nous avons pu contacter, spécifiquement celles qui exercent les activités de pêches, nous avons recueillis les informations sur les pratiques et mode d’exploitation des ressources halieutiques, la conservation ainsi que la commercialisation des produits de pêche.
Méthodes en rapport avec l’OS3 : Proposition des perspectives d’action basées sur les connaissances locales à mettre en place pour une gestion durable des ressources halieutiques en vue de l’amélioration des revenus et le bien-être des populations locales.
De même que pour le deuxième objectif, la collecte des données sur ce point était orientée sur un questionnaire d’enquêtes adressés en premier lieu aux ménages de pêcheurs dans le but d’obtenir les informations socioéconomiques de ces ménages (revenus, consommation et dépenses alimentaires, principales difficultés). Ensuite, d’obtenir d’une part, les propositions pour préserver les ressources halieutiques de la rivière Mbali et d’autre part, les proportions de perspectives d’action basées sur les connaissances locales pour une amélioration du bien-être de ces populations.
Photo 1. Entretien avec les membres Photo 2. Identification des Photo 3. Focus group avec les du CLD/Village Mbee espèces / Labo/ERAIFT pêcheurs/ Village Nkala
Photo 4. Identification des espèces Photo 5. Enquête auprès d’un
Laboratoire, Fac. Sciences/Unikin pêcheur/Village Nkala
2.2.2. Choix de méthode d’échantillonnage et taille de l’échantillon
La sélection d’échantillon vise spécifiquement à obtenir une meilleure représentativité possible. Notre échantillon était orienté sur des cibles bien identifiées avec l’aide de notre guide de terrain (Président du CLD) et qui, du reste est aussi un pêcheur. Il s’agissait en grande partie d’approcher les pêcheurs des villages Nkala et Mbee ainsi que leurs ménages.
Compte tenu du temps limité et que la taille de population n’était pas connue dès le départ, nous avions porté notre choix sur la méthode non probabiliste avec comme technique l’échantillon en boule de neige.
En outre, en l’absence de données statistiques sur l’effectif total de pêcheurs exerçant les activités de pêche dans la rivière Mbali, nous avions limité notre étude sur un échantillon de 50 pour les pêcheurs et à 45 pour les ménages (Cfr. Annexe 1 & 2). Ces annexes décrivent les détails sur les enquêtés avec lesquels nous nous sommes entretenus.
2.2.3. Déroulement des enquêtes (du 12 octobre au 5 novembre 2021)
Le contact avec les pêcheurs, les ménages et d’autres couches de populations dans les villages Nkala et Mbee a été facilité par notre guide qui est aussi président du CLD. Nous avions reçu aussi un coup de pouce de la part de Chefs des terres de deux villages ainsi que les responsables de l’ONG MMT qui nous ont accueillis dans leur cadre où nous avons d’ailleurs passé notre stage.
Enfin de mener à bien nos travaux de terrain, un premier questionnaire d’enquête a été adressé essentiellement aux pêcheurs et le second aux ménages. Selon le protocole de Nagoya, à la fin de la collecte des données auprès des enquêtés, une fiche ou attestation de libre consentement a été soumise à ces derniers afin d’avoir leur libre approbation quant à l’éventuelle publication de ces données.
2.2.4. Traitement de données et analyse de données
Après exportation des données d’enquêtes collectées via Kobocollect, nous avons utilisé principalement le logiciel Excel pour traiter ces données. Toutefois, certaines données ont été traitées par le biais du logiciel R.
Le traitement de données a consisté à vérifier, rassembler et compiler certaines données de base.
Ensuite, nous avons procédé à l’analyse de ces données pour mieux comprendre les pratiques de pêche telles que développées dans la CFCL-RM, spécifiquement dans les villages Nkala et Mbee.
2.2.5. Difficultés rencontrées
Lors de notre étude, nous avons connu un certain nombre de difficultés que voici :
temps de recherche très limité pour la collecte des données sur terrain ;
moyens logistiques insuffisants ;
accessibilite aux informations administratives de deux villages (Nkala et Mbee) très complexes ;
accessibilite au lieu de terrain très difficile ;
désintéressement de certains participants à contribuer dans les focus group pour avoir participé avant notre arrivée à plusieurs ateliers sans résultat palpable sur terrain.
2.3. MATERIELS UTILISES
Pour collecter les données en rapport avec notre étude, nous nous sommes servis de matériels repris dans le tableau n°3.
Tableau n°3 : Matériels de collecte de données de terrain et utilité
Matériel Utilisation
Fiches d’enquêtes Enquête auprès des pêcheurs, ménages, personnes ressources et populations locales dans deux villages du
CFCL-RM.
Questionnaire et guide d’entretiens Recueillir les données auprès des personnes ressources
Carte administratives et thématiques de la zone d’étude (CFCL-RM.) Illustration du milieu d’étude
Filets maillants (ouvertures de mailles : ½, ¼ ou 3mm) L=20m et H = 1m ; Capture des spécimens (poissons)
Hameçons (18 & 20) Capture des spécimens (poissons)
Smartphone Captures images & collecte de données via Kobocollect
GPS Prise des coordonnées géographiques des villages ou localités d’étude.
Laptop (ordinateur portatif) Traitement des données
Ecritoire (carnet de terrain) Prise de notes sur terrain
Moto Pour les déplacements sur le terrain
Mètre-ruban, piquet et clinomètre Prise des mesures sur le terrain
Logiciels : Word, Excel, R Analyses des données
Logiciels SIG : Arc-GIS 10.1, Q-GIS Traitements d’images
Clés de détermination des poissons Identification des espèces
Loupe simple Grossir les petites espèces (poissons) au laboratoire
Alcool et formol Concervation des espèces (poissons)
CHAPITRE 3 : RESULTATS
Sur base de deux questionnaires d’enquêtes dont l’un était soumis aux pêcheurs et l’autre aux ménages ainsi qu’un guide d’entretien qui était destiné à d’autres acteurs locaux (autorités locales, responsables de l’ONG MMT, du CLD et du CLG), nous allons présenter les résultats obtenus autour des six points. A savoir : (1) Identification des enquêtés, (2) Description de l’état de la ressource de la rivière Mbali, (3) Identification des pratiques et mode de gestion de la pêche, (4) Contraintes ou difficultés liées aux activités de pêche et (5) Situation socioéconomique dans les ménages des pêcheurs et (6) Proposition des perspectives d’action.
3.1. IDENTIFICATION DES ENQUETES
3.1.1. Profil des enquêtés (pêcheurs) des villages Nkala et Mbee (Annexe 1)
Lors de nos enquêtes auprès de pêcheurs, il ressort les informations suivantes :
La prédominance des jeunes ayant moins de 25 ans, suivis de la tranche d’âge compris entre 36 à 45 ans, ensuite de 26 à 35 ans et de 46 à 55 ans.
S’agissant du statut matrimonial, la majorité des enquêtés sont mariés et dont les hommes représentent 70% contre 30% pour les femmes.
L’aspect lié au niveau d’instruction présente la tendance telle qu’il y a plus de gens ayant fait les études secondaires sans avoir les diplômes d’Etat (44%). Ensuite viennent les diplômés d’Etat (28%).
Pour ce qui est du statut social, il y a une dominance des chefs de ménages (46%), suivi des simples membres de la communauté et les leaders de groupes évoluant pour la majorité dans les organisations locales telles que le CLD et le CLG.
3.1.2. Activités exercées par les enquêtés des villages Nkala et Mbee
(a) (b)
Figure 2. Activités exercées par les enquêtés des villages Nkala et Mbee : (a) Activités principales,
(b) Activités secondaires
Dans les villages (Nkala et Mbee) de la CFCL-RM, il ressort de la figure 2 que l’activité principale exercée par les populations est l’agriculture (50%), suivi de la pêche (36%). Ceci se justifie du fait que ces populations dépendent essentiellement de l’agriculture. Par contre, la pêche est considérée comme la première activité secondaire (64%).
3.1.3. Profil des enquêtés (Ménages) des villages Nkala et Mbee (Annexe 2)
En vue de bien analyser le comportement des ménages et leur préférence en termes de consommation en fonction du revenu surtout ceux des pêcheurs, la prise en compte de l’âge s’avère importante (Cfr. Annexe 2).
Dans l’ensemble, les tranches d’âges se présentent presque d’une manière équilibrée. 28,89% des personnes rencontrées dans les ménages ont moins de 25 ans. Suivi de 20% qui ont plus de 55 ans, puis 17,78% qui se situent entre 26 à 35 ans tout comme ceux qui sont entre 36 à 45 ans. Enfin, 15,55% sont ceux qui se retrouvent entre 46 à 55 ans.
En ce qui concerne la position des personnes avec qui nous nous sommes entretenues dans les ménages, presque la moitié est représentée par les chefs de ménages.
3.2. DESCRIPTION DE L’ETAT DE LA RESSOURCE DE LA RIVIERE MBALI
3.2.1. Lieu de la pêche
Dans les villages Nkala et Mbee, notre étude révèle que les populations locales pratiquent les activités de pêche dans plusieurs rivières notamment dans les rivières Mbali, Lebomo, Letour, Lenzimi, Nseyi et Lekwa ainsi que dans les marres autours de ces rivières citées. Mbali étant la principale rivière qui traverse les six villages faisant partis de la CFCL-RM avant de se jeter dans le fleuve Congo au niveau du village Mantuka.
Photo 7. Rivière Mbali (en amont/source)/Village Nkala
Photo 6. Pêche avec filet maillant à la rivière Lebomo
Photo 8. Pêche dans la mare (Village Nkala) Photo 9. Rivière Mbali (en aval)/Village Mbee
Tableau n°4 : Les lieux où les activités de pêches sont pratiquées dans les deux villages
Lieu de pêche Nombre d’observations
Village Nkala Village Mbee Total
Rivière 25 25 50
Mare 14 15 29
Autres 1 3 4
S’agissant des endroits où les activités de pêche sont exercées, il ressort de ce tableau n°4 que tous les pêcheurs (50) de deux villages ont affirmé qu’ils pêchent dans la rivière. Et parmi ces pêcheurs, 29 soulignent qu’ils pêchent aussi dans les mares tandis que 4 d’entre eux capturent les poissons dans d’autres endroits tels que les étangs naturels et artificiels.
3.2.2. Produits halieutiques rencontrés dans la rivière Mbali
Les pêcheurs dans la rivière Mbali font des captures multiples selon qu’ils trouvent les produits halieutiques dans leurs engins. En d’autres mots, tous ces pêcheurs (50) interrogés et exploitant dans la rivière Mbali, ciblent en premier lieu des poissons. Cependant, lorsqu’ils trouvent des produits halieutiques autres que les poissons dans leurs engins de pêche, ils les capturent aussi. Outre les poissons, en général les produits capturés sont : les crevettes, les tortues, les serpents et les crabes.
3.2.3. Espèces identifiées dans les rivières Mbali et Lebomo
Tableau n°5 : Noms des espèces des poissons identifiés dans la CFCL-RM pendant l’étude
Nom vernaculaire/local Lieu (Rivière)
Famille Nom scientifique
(en Teke) Mbali Lebomo
Alestidae Hemigrammopetersius pulcher (Boulenger, 1909) Lesuele X X
Amphilidae Phractura sp Mutitshu/Montintsu X X
Anabantidae Ctenopoma sp Nguli
Anabantidae Microctenopome fascialatum ( Boulenger, 1899 ) Lepiri X
Channidae Parachanna obscura (Günther, 1861) Mungusu X
Cichlidae Hemichromis fascialus (Peters, 1857) Ekio X X
Cichlidae Tilapia tholloni (Sauvage, 1884) Ngankali (libundu) X X
Cichlidae Hemichromis stellifer (Loiselle, 1979)
Ebala X X
Citharinidae Citharinus gibbosus (Boulenger, 1899) Liyanga X
Clariidae Clarias platycephalus (Boulenger, 1902) Mpo X
Clarridae Clarias sp Embola/Embula X
Clarridae Clarias sp Esue X
Clarridae Clarias platycephalus (Boulenger, 1902) Engie X
Clarridae Clarias gabonensis (Günther, 1867) Mukala/ Mokala X
Clariidae Clarias theodorae (Weber , 1897) Mbuli X
Clariidae Channallabes apus (Gunther, 1878) Musuomo X
Claroteidae Anaspidoglanis macrostomus (Pellegrin, 1906) Etshuli/ensuli X
Claroteidae Chrysichthys sp Nzilinia (embwerenzali) X X
Cyprinidae Barbus niolepis (Boulenger, 1902) Lekuli (Mponde) X X
Danionidae Raiamas buchholzi (Peters , 1876 ) Monseon X
Distichodontidae Mesoborus crocodileis Soroo X
Malapteruridae Malapterurus electricus (Gmelin, 1789) Ngatshula (Nina) X
Mastacembelidae Mochokidae Mastacembelus niger (Sauvage, 1879) Munyan X X
Synodontis nummifer (Boulenger, 1899) Likoko/ekoko X
Mormyridae Mormyrops boulengeri (Pellegrin, 1900) Boe/noir (1) X X
Mormyridae Brienomyros sp Boe (2)
Mormyridae Marcussenius moorii (Günther, 1867) Lebeke (Zaïko) X
Mormyridae Gnathonemus petersii (Günther, 1862)
Liboso X X
Polypteridae Polypterus congicus (Boulenger , 1898) Mukonga X
Palaemonidae Macrobrachium ssp Mukwe (Crevette) X
Source : La détermination des espèces a été faite avec l’appui du Doctorant Norbert ZANGA LINGOPA, CT à UNIKIN, Fac. des Sciences, Laboratoire de Biologie et Doctorante Francine LUHUSU KUTSHIKUNA, Assistante à l’ERAIFT.
Le tableau n°5 indique les différentes espèces identifiées lors de notre étude. Les pêcheurs enquêtés nous ont fait savoir l’existence de plusieurs espèces dans la rivière Mbali (soit, plus de 46). Cependant, pendant la période de notre recherche, nous avons identifié 29 espèces reparties en 16 familles. Les 17 autres espèces restantes sont citées par les pêcheurs en noms vernaculaires que nous n’avons pas pu identifier.
3.2.4. Connaissance des espèces capturées par les pêcheurs des villages Nkala & Mbee
Tableau n°6 : Connaissance des espèces capturées par les pêcheurs
Il ressort de ce tableau n°6 que 96% des pêcheurs ont connaissance des espèces capturées contre 4% qui disent ne pas connaître les noms de ces espèces. Ces pêcheurs qui affirment ne pas connaitre les noms des espèces capturées se retrouvent dans la tranche d’âge de 15 à 35 ans.
3.2.5. Espèces les plus rencontrées par les pêcheurs
Figure 3. Noms des espèces de poissons les plus rencontrées dans la rivière Mbali pendant la saison de pluie La figure n°3 présente les 6 espèces les plus rencontrées ou capturées par les pêcheurs dans la rivière Mbali. De ces six (6) espèces, Tilapia tholloni est très prisée et très dominante avec 66%, suivi de Hemichromis stellifer (60%) et Clarias platycephalus (58%).
(a) (b) (c)
Photo 10. Quelques espèces les plus capturées : (a) Tilapia tholloni, (b) Hemichromis fascialus
«Ekio », (c) Clarias sp «Esue»
3.2.6. Types de poissons capturés par les pêcheurs
Tableau n°7 : Stade de maturé des poissons capturés
Type de poissons capturés Nombre de pêcheurs Stade maturité (%)
Immatures 23 46
Matures 27 54
Total 50 100
De ce tableau n°7, 46% de pêcheurs soulignent qu’ils capturent les poissons immatures d’autant plus que d’une part, les types de pêche pratiqués (écopage, nasse, moustiquaire, filet invisible) par ces pêcheurs capturent toute forme de poissons et d’autre part les poissons matures deviennent de plus en plus rares.
3.2.7. Changements survenus
Tableau n°8 : Constatation de la baisse des poissons dans la rivière Mbali
Tranches d’âges Constatation de la baisse des poissons
Il y a Il n’y a pas de
Stable baisse baisse Total % oui % non %
stable %
total
Moins de 25 ans 14 2 0 16 87,5 12,5 0 32
36 à 45 ans 12 0 2 14 0 28
46 à 55 ans 7 0 0 7 100 0 0 14
Plus de 56 ans 5 0 0 5 100 0 0 20
Total 46 2 2 50 92 4 4 100
26 à 35 ans 8 0 0 8 0 16
Il ressort du tableau n°8, qu’une majorité (92%) des pêcheurs rencontrés signale des changements dans la pratique des activités de pêche ainsi qu’au niveau des ressources halieutiques de leurs milieux. Ces pêcheurs attribuent la diminution de stock des poissons à certaines pratiques de pêche surtout l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide communément appelé dans la zone « épuisette » et d’autres telles que les filets à petites mailles « filets invisibles ». En revanche, ceux qui affirment ne pas constater une diminution se retrouvent dans la tranche d’âge de moins de 25 ans.
Tableau n°9 : Temps de constatation depuis que la diminution (baisse) est survenue
Temps Nombre d’enquêtés %
5 ans 15 32,61
10 ans 23 50
15 ans 7 15,22
Plus de 15 ans 1 2,17
Total 46 100
De ce tableau n°9, la majorité (92%) affirme avoir constaté un changement allant dans le sens d’une diminution des poissons.
3.2.7.1. Principales causes du changement (de la baisse des poissons) (en %, n=50)
Figure 4. Principales causes de la baisse des captures des poissons dans la rivière Mbali
(Source : Données d’enquêtes)
De cette figure n°4, il ressort trois (3) principaux facteurs qui sont à la base du changement conduisant à la baisse du stock des poissons dans la rivière Mbali. Ces principales causes ou facteurs sont : (1) la surexploitation, (2) l’utilisation des engins non autorisés par la réglementation et (3) le changement climatique ainsi que la destruction des zones frayères. En revanche, les pêcheurs de cette rivière ne font pas usage des pesticides pour capturer les poissons mais une bonne partie utilise les feuilles ou fruits d’une plante ichtyotoxique telles que Tephrosia vogelii Hook f. Fabaceae appelée moboyon « mbaka ».
3.2.7.2. Espèces disparues
Tableau n°10 : Constatation de la disparition des certaines espèces de poissons dans la rivière Mbali
Constatation de la disparition de
Tranches certaines espèces de poissons % %
Total % oui
d’âges Il y a Il n’y a pas de non total
disparition disparition
Moins de 25 ans 12 4 16 75 25 32
37,5 62,5
Plus de 56 ans 4 1 5 20
Total 28 22 50 56 44 100
Tel que le tableau n°10 l’indique, une bonne partie des pêcheurs souligne qu’il y a disparition d’une espèce en amont de la rivière Mbali. En l’occurrence ; Parachanna obscura (Günther, 1861) « Mungusu » qui, autrefois existait. Par contre, son existence est signalée dans la rivière Lebomo.
3.3. IDENTIFICATION DE PRATIQUES & MODE DE GESTION DE LA PECHE 3.3.1. Techniques et engins de pêche utilisés dans la CFCL-RM (Villages Nkala & Mbee)
3.3.1.1. Techniques de pêche pratiquées
Figure 5. Technique de pêche pratiquée par les pêcheurs de villages Nkala & Mbee
La figure n°5 nous renseigne qu’une bonne partie des pêcheurs dans cette zone font usage de la technique de pêche à écopage dont toutes sont de femmes. Aussi, cette tendance (28%) de ceux qui pratiquent la pêche à l’écopage représente une quasi-totalité de pêcheurs femmes (jeunes ou adultes) que nous avons rencontrées lors de nos enquêtes. Ensuite, viennent une partie de ceux qui font la pêche aux filets maillants et les autres.
Tel que l’illustre les tableaux n°11, 12 et 13, la pêche telle que pratiquée dans la rivière Mbali est fonction de plusieurs facteurs, notamment la saison, les engins utilisés, le sexe et l’âge de pêcheurs.
Tableau n°11 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs dans les villages Nkala et
Mbee selon les saisons
Types de pêche Annuel Saisonnier
Pêche à la ligne simple (piquage) « Mbabeyi » ou « Ndobo » X
Pêche aux filets maillant simple X
Pêche aux filets maillants dormants X
Pêche aux nasses « Mileke » ou « Bekweyi » X
Pêche aux moustiquaires « épuisette » X
Pêche à l’écopage « Kopepa » ou « Kotshoka » X
Pêche à la machette « Mbeli mbeli » X
Le tableau n°11 présente les différentes techniques qui sont pratiquées dans la CFCL-RM par les pêcheurs pour capturer les poissons. Certaines techniques (comme la pêche aux filets maillants dormants) sont pratiquées en toutes saisons alors que d’autres (comme la pêche à l’écopage) ne sont pratiquées qu’en saison sèche ou en saison des pluies. En d’autres mots, la pêche aux moustiquaires (épuisette) et à l’écopage se fait pendant la petite et la grande saison sèche et la pêche aux nasses se pratique au début de saison de pluie.
Tableau n°12 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs selon le sexe dans les villages
Nkala et Mbee
Types de pêche Homme Femme
Pêche à la lig²ne simple (piquage) « Mbabeyi » ou « Ndobo » X
Pêche aux filets maillant simple X
Pêche aux filets maillants dormants X
Pêche aux nasses « Mileke » ou « Bekweyi » X
Pêche aux moustiquaires « épuisette » X X
Pêche à l’écopage « Kopepa » ou « Kotshoka » X
Mbeli mbeli X
Les hommes ne pratiquent pas la pêche à l’écopage (tableau n°12), les femmes quant à elles ne pratiquent que ce type pêche et la pêche aux moustiquaires.
(a) (b)
Photo 11. Types de pêche : (a) Moustiquaire « Epuisette » (b) Pêche à l’écopage
Tableau n°13 : Types de pêches pratiquées par les pêcheurs selon l’âge dans la CFCL-RM
Types de pêche Moins de 15 ans Jeunes
(15 à 35 ans) Adultes
(plus de 35 ans)
Pêche à la ligne simple « Mbabeyi » ou « Ndobo » X X X
Pêche aux filets maillant simple X X
Pêche aux filets maillants dormants X X
Pêche aux nasses « Mileke » ou « Bekweyi » X X
Pêche aux moustiquaires « épuisette » X X
Pêche à l’écopage « Kopepa » ou « Kotshoka » X X
Pêche à la machette « Mbeli mbeli » X
Ce tableau n°13 indique que les jeunes de moins de 15 ans ne pratiquent que la pêche à la ligne et celle à l’écopage. Aussi, la pêche à la machette « Mbeli mbeli » (figure 6a) qui ne se fait que la nuit est pratiquée seulement par les hommes adultes d’autant plus qu’elle présente beaucoup de risque surtout pour les jeunes de moins de 15 ans.
(a) (b)
Photo 12. Type de pêche : (a) Pêche à l’écopage (Jeunes de -15 ans), (b) Pêche à la nasse
« Bekweyi » (Jeune de -25 ans)
3.3.1.2. Engins de pêche utilisés dans la CFCL-RM
a) Ligne simple « MBabeyi » ou « Ndobo »
La ligne simple appelée « Mbabeyi » ou Ndobo » est l’un des engins de pêche les plus utilisés dans la CFCL-RM. Il est constitué d’un fil à nylon (0,5 à 1,5 m), d’un hameçon et d’une canne ou bâton au bout duquel est attaché le fil en nylon. En rapport avec les poissons de petite taille capturés dans cette zone, les hameçons de tailles 18 et 20 sont les plus utilisés. Ces lignes sont souvent utilisées en les piquant dans la berge avec un bâton la journée ou la nuit.
(a) (b)
Photo 13. Engins de pêche (a) Pêche à la ligne simple (piquage), (b) Ligne simple (hameçons n°18)
b) Nasses « Mileke » ou « Bekweyi »
La nasse est engin de pêche sous forme d’une cage avec une ou deux petites ouvertures en forme d’entonnoir. Il est l’un des engins les plus utilisés comme piège immergé dans l’eau pour capturer les poissons. Ce matériel est souvent fabriqué à partir de lianes, de lames tressées de bambou qui sont récupérés dans la forêt. Elle se pratique très souvent en début de saison sèche
« Elanga », lorsque le courant est modéré ou pendant la période de la remonté d’eau (début de la saison de pluie) « Mpela » ou encore à la petite saison sèche « Mwanga ».
Pendant ces saisons favorables, lorsque les eaux sont peu profondes, la première étape consiste à bâtir un barrage fait d’une armature en bois solide (Photo 14a). Le colmatage est assuré par de la terre argileuse et débris des végétaux aquatiques.
(a) (b)
Photo 14. Barrage & engin de pêche : (a) Barrage fait d’une armature en bois solide, (b) Nasse
« Mileke »
c) Ecope (panier) « Bosolo » ou « Musulu »
Le panier « Bosolo » est un engin de pêche spécifiquement utilisé par les femmes pour capturer les poissons après érection d’un barrage (Photo 15b) lors de la technique de l’écopage. Ces paniers sont fabriqués à base de palmes de raphia, souvent remplacés par des passoires. La zone ou l’étendue de pêche est fonction du nombre de participantes. Après construction d’une digue ou d’un barrage en amont, une équipe reste pour surveiller ledit barrage, une ou plusieurs équipes descendent vers l’aval et assurent l’écopage dans les petits bassins où les poissons se réfugient en l’absence d’eaux. Les poissons sont en grande partie capturés dans ces eaux stagnantes. Cette pêche à écopage se fait soit en construisant un barrage en premier lieu, soit en délimitant une aire (bassin d’eau) créé naturellement au passage d’eau.
(a) (b) (c)
Photo 15. Ecopage : (a) Ecope (paniers) « Bosolo », (b) Construction d’un barrage en amont pour retenir les eaux, (c) Vidage du bassin en écopant l’eau en aval d) Filets maillants
Tel que l’illustre la photo 16a, les filets maillants appelés « filets invisibles » par les pêcheurs de la CFCL-RM sont constitués d’une nappe rectangulaire déployée verticalement dans l’eau. Pour soutenir le filet, deux cannes ou bâtons en bois sont fixés verticalement à l’extrémité dudit filet. La partie inférieure est lestée souvent pour maintenir les filets en position verticale. Cet engin est souvent utilisé par les hommes dans les eaux peu profondes le jour comme la nuit. On distingue donc deux types de filets maillants (filet maillant simple et dormant). Ces filets mesurent environ 1m de hauteur et 2 à 3 mètres de longueur. La dimension des mailles est fonction spécifiquement de l’espèce ciblée ; c’est la raison pour laquelle les mailles de plus ou moins 3 mm (½ et ¼) destinées à la capture des espèces de petites tailles qu’on retrouve dans la rivière Mbali sont les plus utilisées.
a) Machette « Mbeli mbeli »
Cet engin (Photo 16b) est utilisé lorsqu’il s’agit d’une pêche pratiquée pendant la nuit avec une torche frontale. Il est beaucoup plus utilisé par les hommes lorsqu’il s’agit surtout de la pêche en association.
(a) (b)
Photo 16. Engins de pêche : (a) Filets maillants « invisible » dans la rivière, (b) Machette utilisée pour capturer les poissons
3.3.1.3. Test ch2 d’idenpandance
Figure 6. Corrélations : (a) Corrélation entre l’âge des pêcheurs et technique de pêche, (b)
Corrélation entre sexe des pêcheurs et technique de pêche
Eco = Ecopage FM = Filet maillant Mach = Machette Nas = Nasse
FDor = Filet dormant LS = Ligne simple Moustic = Moustiquaires
En se basant sur le test de Person (Pearson’s Chi-squared test), (figure 6a) les résultats de notre enquête montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre l’âge des pêcheurs et la technique de pêche (Ch2 = 27,692 ; ddl = 24 ; p = 0,2732 soit >0,05).
Par contre, se référant toujours au test de Person (Pearson’s Chi-squared test), (figure 6b) les résultats de notre enquête démontrent qu’il y a une corrélation entre le sexe des pêcheurs et technique de pêche (Ch2 = 50 ; ddl = 6 ; p = 0,000000004701 soit <0,05).
En d’autres mots, il y a certaines techniques de pêche qui sont pratiquées en fonction de sexe des pêcheurs à l’instar de la pêche à l’écopage.
Figure 7. Corrélations : (a) Corrélation entre âge des pêcheurs et motivation (distraction) de pêche,
(b) Corrélation entre âge des pêcheurs et motivation de pêche (Source de revenus)
De même, se basant sur le test de Person (Pearson’s Chi-squared test), les résultats (figure 7a) de notre enquête illustrent qu’il y a une corrélation entre âge des pêcheurs et motivation (distraction) de pêche (Ch2 = 19,922 ; ddl = 4 ; p = 0,0005174 soit <0,05).
Tandis que , avec le même test (Pearson’s Chi-squared test), les résultats (figure 7b) de notre enquête démontrent qu’il n’y a pas de corrélation entre l’âge des pêcheurs et motivation (source de revenus) de pêche (Ch2 = 3,7103 ; ddl = 4 ; p = 0,4466 soit >0,05).
C’est-à-dire, la motivation de pratiquer la pêche en vue d’avoir un revenu n’est pas fonction de l’âge du pêcheur.
Partant de ce même test de Person (Pearson’s Chisquared test), les résultats (figure 8) d’enquête mené confirment qu’il y a une corrélation entre le niveau d’instruction des pêcheurs et technique de pêche (Ch2 = 54,086 ; ddl = 30 ; p = 0,004497 soit <0,05).
Eco = Ecopage, FM = Filet maillant, Mach = Machette
Nas = Nasse, FDor = Filet dormant LS = Ligne simple
Moustic = Moustiquaires
Niv Instr = Niveau d’instruction
A = Aucune instruction ESU = Enseignement Supérieur & Universitaire, PAC = Primaire Avec Certificat, PSC= Primaire
Sans Certificat, SAD = Secondaire Avec Diplôme d’Etat, SSD = Secondaire Sans Diplôme d’Etat
Figure 8.Corrélation entre niveau
d’instruction des pêcheurs et technique de pêche
3.3.1.4. Provenance et coûts des engins de pêche
Les engins de pêche utilisés par les pêcheurs tels que les nasses, les paniers « bosolo » sont fabriqués à base de matériaux locaux et ils sont obtenus par commande auprès des tisserands du village. Pour les autres engins de pêche de fabrication moderne (filets, hameçons) leur obtention peut se faire soit par achat dans les marchés locaux soit au niveau du centre urbain (Kinshasa et Bandundu ville).
Tableau n°14 : Coûts et constituants des différents engins de pêche utilisés
Engins Numéro/ maille Constituants Quantité nécessaire Coût unitaire ($) Coût total ($)
Nasse – – Bambou de raphia
– Liane – 10 – 2,00 20,00
Ecope (Panier) « bosolo » – – Bambou de raphia
– Liane – 1 – 2,00 2,00
Filets maillants Maille ½ ou ¼ – Filets en maille
– Fil en nylon
– Piquets – 1 rouleau
– 1 rouleau
– – 12,5
– 2,00 14,5
Ligne (hameçons) N° 18 ou 20 – Hameçon
– Fil en nylon
– Piquet ou bâton en bois
– Machette
– Lampe torche – 100
– 1 rouleau
– – 1,00
– 2,00
– 3,00
Machette « Mbeli mbeli » – – 1
– 1 – 4,00
– 1,5 5,5
S’il faut acheter l’engin, considérant la quantité nécessaire qu’un pêcheur peut avoir besoin, les nasses sont les plus coûteuses, suivi des filets. Néanmoins, vu qu’un bon nombre de pêcheurs fabriquent eux-mêmes les nasses dans la zone, nous pouvons considérer le filet maillant comme l’équipement le plus coûteux. Parmi les différents engins rencontrés dans la zone, le plus utilisé est l’écope « bosolo », suivi du filet maillant et la ligne simple.
3.3.2. Modes de pêche dans la rivière Mbali
Dans le CFCL-RM, la pêche se fait collectivement et individuellement et ce mode de pêche est souvent fonction du nombre de personnes impliquées et de la technique utilisée.
(a) (b) (c)
Figure 9. Mode de pêche en groupe : (a) Ensemble, (b) hommes, (c) femmes
La figure n°9a indique que la majorité de personnes enquêtées affirment pratiquer aussi la pêche collective, tandis que 42% pratiquent uniquement la pêche individuellement. De ces chiffres présentés pour la pêche collective seulement 46% des hommes la pratiquent (figure n°9b), tandis que les femmes représentent 87% (figure n°9c).
(a) (b)
Photo 17. Pêche en groupe : (a) Entretien des femmes avant la pêche collective, (b) Construction d’une digue avant la pêche collective à l’écopage
Tableau n°15 : Nombre d’intervenants dans la pratique de pêches collectives
Nombre
d’intervenants Effectif %
Homme Femme Total Homme Femme
2 à 5 14 4 18
77,78 22,22
6 à 10 2 9 18,18 81,82
Plus de 11 0 0 0 0 0
Il ressort de ce tableau n°15 que la plupart de femmes qui font la pêche en groupe se retrouvent entre 6 à 10 personnes (photo n°17b). Par contre, les hommes sont très souvent 2 à 5 étant donné que la pêche à la ligne simple, aux filets maillants simples et dormants n’exige pas autant de personnes que la pêche à l’écopage.
3.3.2.1. Techniques et engins utilisés en cas de pêches collectives
Lorsqu’il s’agit de pratiquer la pêche associative, 76,92% de femmes affirment utiliser les engins tels que présentés sur les photos (18a, 18b et 18c). Par contre, 23,08% ont recours aux lignes « Ndobo », filets maillants simples et dormants ainsi que les moustiquaires « épuisette » comme c’est le cas pour les hommes.
(a) (b) (c)
Photo 18. Engins utlisés lors de la pêche collective (a) Ecope, (b) Sceau en plastique, (c) Corbeilles
« Esawo »
3.3.3. Période de pêche
Tableau n°16 : Intensité d’effort pendant différentes Périodes de pêche
Périodes Faible Moyen Forte
Grande saison sèche « Elanga ya monene » (15 mai – 15 septembre) X
Saison de pluie « MPELA »
15 septembre – 15 décembre & 15 mars au 15 mai X
Début de la saison de pluie « MBULU » X
Petite saison sèche « MWANGA» ou « MWA » 15 décembre – 15 mars X
Ce tableau n°16 illustre les trois périodes majeures de pêche existantes dans la CFCL-RM sans compter la période « Mbulu ». Les activités de pêche sont très intenses pendant la grande saison sèche où toutes les techniques de pêche sont presque utilisées. En revanche, pendant la saison de pluie « MPELA », la production halieutique est moins intense suite à la montée des eaux qui ne favorise pas certaines techniques telles que la technique de pêche à l’écopage, à la nasse tout comme la pêche à la machette « Mbeli mbeli ».
Tableau n°17 : Chronogramme des activités de pêche selon les engins utilisés
Engins Période au cours de l’année
Petite saison sèche Saison de pluie Grande saison sèche Saison de pluie
Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aout Sept. Oct. Nov. Déc.
Nasse
Ecope
Filets maillants
Ligne avec piquage
Ligne à main
Machette
Moustiquaires
Grande saison sèche Petite saison sèche Saison de pluie
De ce tableau n°17, il ressort que :
De mi-décembre à la mi-mars et de mi-mai à la mi-septembre, respectivement petite et grande saison sèche, les pêcheurs font usage de plusieurs techniques de pêche. Parmi lesquelles on peut citer par exemple ; la technique de pêche à écopage « Bosolo » où les femmes pratiquent leur activité de pêche dans les rivières tout comme dans les mares quand ces lieux sont peu profondes.
En mi-septembre, au début de la saison de pluie avec l’arrivée des eaux, la pêche est moyennement active avec l’utilisation surtout de nasse « Mileke » ou « Bekweyi » chez les hommes. D’ailleurs, c’est pendant cette période appelée « Mbulu » que les poissons sortent de leurs caches et qu’ils sont beaucoup plus capturés par les pêcheurs.
De mi-septembre à mi-décembre, la technique de pêche à la ligne est beaucoup plus utilisée pendant cette période et surtout par les hommes. Aussi, dans des endroits où il y a moins d’eau, les techniques appliquées en saison sèche peuvent aussi être utilisées.
3.3.4. Calendrier de pêche et repos biologique dans la rivière Mbali
Tableau n°18 : Enquête sur le Calendrier de pêche et le repos biologique dans la CFCL-RM
Variables Modalités Homme Femme Effectif %
Calendrier de pêche Existence de calendrier de pêche 2 0 2 4
Non existence de calendrier de pêche 33 15 48 96
Total 35 15 50 100
Repos biologique Existence de repos biologique 0 0 0 0
Non existence de repos biologique 35 15 50 100
Total 35 15 50 100
Le tableau n°18 indique l’inexistence quasi-totale du calendrier dans la CFCL-RM. Seuls, 4% affirment qu’il existe un calendrier de pêche d’autant plus qu’ils ne pêchent pas tous les jours.
3.3.5. Temps consacrés à la pêche
Tableau n°19 : Temps consacrés à la pêche
%
Homme Femme homme total
5 à 10heures 25 6 31 80,65 19,35 62
10 à 15heures 5 9 14 35,71 64,29 28
24heures 5 0 5 100 0 10
Total 35 15 50 70 30 100
Il ressort de ce tableau n°19 qu’une grande partie de pêcheurs rencontrés consacre entre 5 à 10heures à la pêche.
3.3.6. Quantité de poissons capturés
Tableau n°20 : Quantité de poissons capturée en moyenne par jour
Quantité capturée Effectif %
Moins de 5 kilos 34 68
10 kilos 14 28
Plus de 15 kilos 2 4
Total 50 100
Ce tableau n°20 nous révèle qu’une majorité de pêcheurs (68%) capturent en moyenne par jour que moins de 5 kilos de poissons. Cette tendance élevée se traduit dans le sens que le stock de poissons dans la rivière Mbali a subi une forte pression d’exploitation suite à la pauvreté dans cette zone et à l’augmentation de la pêche non contrôlée. Seulement, 28% de pêcheurs arrivent à capturer en moyenne par jour 10 kilos de poissons. Faute de ressources qui se vont rares, ce sont ceux qui font la pêche associative qui parviennent à cette quantité.
3.3.7. Usage des produits de pêche
Selon les données de notre enquête, tous les pêcheurs (100%) interrogés attestent que les produits capturés sont premièrement destinés à la consommation. Ensuite, seule la moitié de ces pêcheurs parviennent à vendre leurs produits dans le souci de subvenir à leurs besoins quotidiens. Ces produits sont beaucoup plus destinés à la consommation familiale du fait que la quantité capturée en moyenne par jour suffit à peine à alimenter le ménage de ces pêcheurs.
3.3.8. Possession des étangs
Tableau n° 21 : Possession des étangs par les pécheurs
Une proportion de 24% de pêcheurs possède les étangs. Cette tendance est due suite à la rareté des poissons constatée ces dernières années dans la rivière Mbali. Sur ce point, pour pallier à cette situation, les pêcheurs font recours petit à petit à la mise en place d’étangs pour l’exploitation des poissons. En outre, de ces pêcheurs qui disposent d’étangs, 66,67% affirment qu’ils sont fonctionnels alors que pour 33,33% considèrent leurs étangs comme non opérationnels.
3.3.8.1. Principales espèces trouvées dans ces étangs
Comme l’illustre la photo n°19b, les principales espèces qu’on trouve dans ces étangs sont : Hemichromis fascialus, Clarias sp et Tilapia tholloni. Contrairement aux mêmes espèces qu’on retrouve dans la rivière Mbali, celles-ci ont des tailles plus grandes.
(a) (b)
Photo 19. Etang & Espèces capturées : (a) Etang d’un pêcheur dans le village Nkala, (b)
Principales espèces dans les étangs
3.3.9. Conservation & commercialisation des produits (poissons) de la pêche
3.3.9.1. Conservation des produits
La quantité des poissons capturée (Tableau n°20) par les pêcheurs de la rivière Mbali n’est quasiment pas conservée ou transformée d’autant plus qu’elle est soit consommée par les pêcheurs eux-mêmes directement, soit vendue au village dès l’arrivée du pêcheur. Toutefois, en vue de les conserver pour un futur usage, certains pêcheurs ont recouru à deux techniques de conservations (séchage et conservation dans l’eau des poissons vivants). Les techniques de salage et de fumage ne sont pas employées dans cette zone.
3.3.9.2. Commercialisation des produits
Tableau n°22 : Prix de vente de quelques poissons par espèce identifiée
Espèces Unité de mesure locale Prix de vente (en $)
Tilapia tholloni « Tilapia » 5 petits poissons 0,25
Hemichromis stellifer « Ebala » Petite assiette 0,5
Clarias platycephalus « Engie » Brindille de 5 petits poissons 0,25
Hemichromis fascialus « Ekio » Petite assiette 0,5
Clarias sp « Esue » 1 moyen 0,4
Nanochromis sp « Nguli » Petite assiette 0,5
La pêche étant l’une des activités génératrices de revenus, les espèces de poissons capturées dans les eaux de la rivière Mbali sont directement acheminées frais au village. Ce poisson frais se vend à domicile ou encore, ils peuvent être vendus de porte en porte dans le village dès le retour du pêcheur de la rivière. Les prix pratiqués par espèce en détails sont rappotés dans le tableau 26. Lorsqu’il s’agit de la vente de poissons en gros au village, un panier de 5 kilos varie entre 7,5 à 10,00 $ (dollars américains).
3.3.9.2.1. Revenu mensuel d’un pêcheur
Dans la CFCL-RM, le revenu mensuel d’un pêcheur est très variable en fonction des saisons. En saison sèche, la saison pendant laquelle les activités de pêche sont rentables, le revenu mensuel d’un pêcheur tourne autour de 17,5 à 40$ (dollar américain).
3.3.10. Acteurs de la pêche dans la CFCL-RM
La pêche pratiquée dans la CFCL-RM, notamment dans les villages Nkala et Mbee est essentiellement une pêche de subsistance. Le pêcheur local est le seul acteur actif dans cette zone et il est aussi le premier consommateur des ressources exploitées. La quantité des poissons capturés par ces pêcheurs ne donne donc pas accès à l’intervention des autres acteurs tels que les mareyeurs ou transporteurs, les transformateurs et les consommateurs extérieurs.
3.4. SITUATION SOCIOECONOMIQUE DANS LES MENAGES DES PECHEURS
3.4.1. Paramètres socio-économiques des ménages enquêtés
Figure 10. Principales activités socioéconomiques
La figure 10 montre que pour la plupart des personnes rencontrées, l’agriculture constitue leur activité principale, suivi de la pêche et d’autres activités socioéconomiques.
Figure 11. Principales sources de revenus des ménages en %, (n=45)
Source : Auteur, 2021 ; Résultats de l’enquête
Il ressort de cette figure 11 que l’agriculture, la pêche et le commerce constituent les trois principales sources de revenus des ménages dans les villages Nkala et Mbee.
3.4.2. Principales difficultés rapportées par les ménages
(en pourcentages de ménages) (n = 45)
Figure 12. Principales difficultés dans les ménages
Source : Auteur, 2021 ; Résultats de l’enquête
De cette figure 12, la majorité des ménages interrogés (91,11%) déclare l’accès à la nourriture comme étant la principale difficulté. Une autre difficulté qui suit est celle liée à l’accès aux services de santé (73,33%) et ens$uite vient en dernier lieu la scolarisation des enfants dans les ménages des pêcheurs.
3.4.3. Consommation et dépenses alimentaires dans les ménages
3.4.3.1. Nombre de repas par jour et dépenses en moyenne par repas
(en pourcentage n=45)
Figure 13. Nombre de repas consommé par jour
De cette figure 13, on constate que la majorité (71,11%) des ménages enquêtés prend trois repas par jour tandis que 28,89% n’en prend que deux.
S’agissant des dépenses alimentaires de base dans les ménages, en moyenne un ménage dépense 8331,11Fc3 par semaine, soit 4,16$4 et pour la consommation des poissons en moyenne par jour pour un ménage équivaut à 2142,85Fc, soit 1,07$. Donc, pour 1,07$ un ménage (5 personnes en moyenne) consomme 0,85kg de poissons par jour en moyenne.
3.5. CONTRAINTES OU DIFFICULTES LIEES AUX ACTIVITES DE PECHE
La activité de pêche sont une pratique qui se déroule avec beaucoup de risque. A l’issue de ces enquêtes, un certain nombre de difficultés liées à ces activités ont été soulevées par les pêcheurs de la rivière Mbali dans les villages Nkala et Mbee. Il s’agit entre autre de :
a) Difficultés liées à l’exploitation de ressources (poissons)
(i) Attaques récurrentes des abeilles ; (ii) Morsures des serpents ; (iii) Blessures par de machette ou les épines ; (iv) Montée des eaux pendant la saison de pluie ; (v) Vols des engins de pêche et (vi) Manque de matériels de pêche adaptés.
b) Difficultés liées à la conservation et à la vente de ressources
(i) Manque de matériels de conservation des produits capturés ; (ii) Vols de produits conservés ; (iii) Absence du marché et (iv) Retard ou manque de paiement de dettes par les preneurs. c) Autres difficultés
(i) Mauvaise qualité des infrastructures ; (ii) Manque de structures ou associations d’encadrement de pêcheurs et (iii) Manque d’appui, d’accès au crédit et de subvention.
3 FC = Franc congolais
4 1$ USD = 2000fc (Taux, novembre 2021)
3.6. PROPOSITION DES PERSPECTIVES D’ACTION
En vue d’une gestion durable des ressources halieutiques dans la CFCL-RM et pour améliorer le revenu des pêcheurs avec comme conséquence ; l’amélioration du bien-être des populations locales, les personnes rencontrées ont proposé des perspectives d’action basées sur leurs connaissances locales qui sont décrites dans les lignes qui suivent.
3.6.1. Proposition pour préserver les ressources halieutiques de la rivière Mbali
Dans le but que les eaux de la rivière Mbali regorgent toujours d’autant de poissons pour les générations futures, les personnes rencontrées ont proposé les principales perspectives suivantes :
Organisation des activités de pêche en passant par la sensibilisation des populations locales, la formations et l’encadrement de pêcheurs sur les bonnes pratiques à adopter pouvant concourir à la gestion durable des ressources halieutiques.
Pour ces enquêtés, les bonnes pratiques doivent être orientées sur la mise en place d’un calendrier de pêche et du repos biologique ainsi qu’au respect de la réglementation qui régit le secteur de la pêche en République Démocratique du Congo tout en interdisant formellement l’usage des plantes toxiques et l’utilisation des engins de pêche incompatibles à la gestion durable tels que :
– Les moustiquaires imprégnées d’insecticide appelé « épuisette »,
– Les nasses « Mileke » que les populations rencontrées considèrent comme arme de destruction massive,
– Les filets de petites mailles dénommés « invisibles ».
Enfin, toujours dans le contexte organisationnel, de mettre en place des services de surveillance pour lutter contre les activités de pêche non durable.
Promotion de la pêche artisanale en mettant l’accent sur (i) l’introduction des autres espèces des poissons tels que Protopterus aethiopicus Heckel 1851 dans la rivière, (ii) le système d’appui et (iii) d’accès au crédit financement des pêcheurs ainsi que (iv) le système de subvention par l’Etat congolais.
Enfin, outre les deux volets évoqués ci-haut, les personnes enquêtées ont proposé la mise en place d’un certain nombre d’activités génératrices des revenus adaptées au contexte qui contourne la CFCL-RM et dans le but d’une part de réduire la pression anthropique sur les ressources halieutiques de la rivière Mbali et d’autre part d’améliorer le bien-être de ces populations.
Les activités génératrices de revenus proposées par ces pêcheurs dont certaines sont déjà mises en place sont les suivantes :
a) Pisciculture
Déjà, 24% de pêcheurs enquêtés affirment exercer les activités de pisciculture (Tableau n°21) d’une manière informelle. Faute d’encadrement et d’appuis, seuls 66,67% de ces personnes ont des étangs opérationnels contre 33,33% non opérationnel (Tableau n°21). Le secteur peine à décoller d’autant plus qu’il ne dispose pas encore de l’organisation formelle et des investissements adéquats pour augmenter significativement son rendement. Il y aurait donc lieu d’améliorer cette pratique en amenant les plus motivés à améliorer leurs infrastructures en rectifiant la construction des étangs, en utilisant une bonne souche d’élevage de tilapia (Oreochromis niloticus) et en développant les élevages associés (lapins-poissons, volaillespoissons, etc..). Une petite unité pilote de démonstration devrait être installée par MMT en vue de motiver les potentiels pisciculteurs de la zone.
b) Elevage de petits bétails
Pour les personnes enquêtées, l’élevage est une activité économique qui devait participer à plusieurs égards à leur développement et à la bonne santé des populations. 2% de personnes rencontrées s’adonnent principalement à l’élevage de lapins, bovins, etc.
c) Apiculture
Pour les enquêtés, l’apiculture est l’une des activités génératrices de revenus qui constitue une entrée incontournable pour toucher les couches défavorisées afin de limiter cette pression exercée constamment sur les ressources de la rivière Mbali. Tels que l’illustre les images cidessous, quelques apiculteurs l’exercent déjà avec les moyens du bord.
(a) (b) (c)
Photo 20. AGR proposées :(a) Etang / Village Mbee, (b) Elevage des lapins/ Village Nkala, (c)
Apiculture/ Village Mbee
CHAPITRE 4 : DISCUSSION DES RESULTATS
Comme nous l’avons présenté au premier chapitre, cette étude poursuivait les objectifs spécifiques suivants :
(i) décrire l’état des ressources halieutiques de la Rivière Mbali ; (ii) identifier et analyser les pratiques et stratégies de pêches telles que développées par les communautés locales ; (iii) proposer des perspectives d’action basées sur les connaissances locales à mettre en place pour une gestion durable des ressources halieutiques en vue de l’amélioration des revenus et le bienêtre des populations locales.
Vérification des hypothèses de l’étude
Au début de notre étude pour rappel, partant de l’hypothèse générale qui supposait que l’exploitation désordonnée des ressources halieutiques contribue à la dégradation des écosystèmes aquatiques de la rivière Mbali, ce qui conduit à une baisse de production halieutique et rendant ainsi la pêche moins rentable avec un faible revenu.
De cette hypothèse générale, nous avions émis trois hypothèses spécifiques que nous devons vérifier avant de passer à la discussion de nos résultats présentés.
En effet, en ce qui concerne la première hypothèse, les résultats de notre étude confirment que les stocks halieutiques de la rivière Mbali sont dans un état de dégradation. Il ressort de cette étude que 92% de pêcheurs déclarent avoir constaté une baisse des captures des poissons dans cette rivière et qu’il y a plusieurs changements constatés ces dernières années dans la rivière et dont les raisons sont multiples.
S’agissant de notre deuxième hypothèse, là encore les résultats le confirment. D’ailleurs, les enquêtés signalent que la mise en place des actions alternatives (pisciculture, élevage de petits bétails, apiculture,…) est l’une des solutions pour limiter les efforts de capture d poissons dans la rivière Mbali.
Enfin, la dernière hypothèse va dans le même sens que les deux premières. Nos résultats démontrent que la mise en place des perspectives d’action basées sur les connaissances locales pourra non seulement contribuer à la gestion durable de ces ressources mais aussi à l’amélioration du bien-être de la population locale.
4.1. En rapport avec l’état des ressources halieutiques de la rivière Mbali
Les données collectées lors de notre étude révèlent que les pêcheurs des villages Nkala et Mbee, dans la CFCL-RM exercent essentiellement leurs activités de pêche dans la rivière Mbali. Toutefois, les produits de pêche capturés dans ces villages proviennent soit de cette rivière, soit des mares environnantes ou encore des étangs naturels ou artificiels. Voire dans d’autres rivières telle que Lebomo.
Etant affluent du fleuve Congo, la rivière Mbali a une particularité telle qu’elle se subdivise en deux tronçons qui sont séparés par la présence d’une chute au niveau du village Mbee et qui, du reste ne favorise pas la montée des espèces en amont. Le premier tronçon de la rivière commence de la source (Village Nkala) jusqu’au niveau de la chute et le second part de la chute jusqu’au fleuve Congo au niveau du village Mantuka.
Nos recherches sur terrain démontrent la présence de plus d’espèces en aval de la rivière Mbali qu’en amont d’autant plus que certaines espèces du fleuve arrivent jusqu’au niveau de la chute.
Depuis quelques années, cette rivière a subi d’énormes changements qui ont conduit à la baisse des stocks des poissons, voire à la disparition de certaines espèces telle que Parachanna obscura « mungusu » en aval de la rivière.
Il ressort de notre étude que les principales causes (figure n°4) qui favorisent la dégradation ou la baisse des ressources halieutiques dans la rivière Mbali sont la surexploitation (90%), l’utilisation des engins non autorisés par la réglementation (56%), le changement climatique et la destruction des zones de frayères (52%). Ceci se justifie dans le sens que ces villages comme la plupart des milieux ruraux en RDC sont caractérisés par la pauvreté. Pour subvenir aux besoins alimentaires, ces populations riveraines exercent continuellement la pression sur ces ressources. En outre, pour ses populations, la pêche constitue l’une des sources majeures de d’alimentation et de revenus.
En comparaison à une « étude socio-économique de la pêche dans la partie Sud-Ouest du lac Albert (Ituri, RD Congo) » menée par (Kasigwa et al., 2020), ces résultats attribuent par contre les causes de la diminution des stocks de poissons en principalement à l’émergence des mauvais engins et techniques de pêche (78,4%), à l’augmentation de l’effort de pêche (54,8%) ainsi qu’à l’occupation des zones de frayères et la destruction des habitats (47,2%).
En revanche, (Matunguru, 2015), dans ses analyses pour une étude réalisée au Parc National de Virunga (PNVi) ; toujours au lac Edouard (Vitshumbi), attribue cette baisse des stocks de poissons à l’augmentation exponentielle de l’effort de pêche et à la surexploitation des baies frayères par des engins de pêche illégaux ainsi qu’aux impacts des activités humaines sur l’environnement (surtout les cultures de riz et de manioc à la côte ouest) et/ou à la pêche. A ce stade, il est à noter que cette baisse des captures de poissons constatée dans la rivière Mbali est une caractéristique commune pour toutes les espèces. Pour les pêcheurs, c’est un constant général pour toutes les espèces rencontrées. Cependant, en comparaison avec d’autres espèces trouvées dans ce milieu, Tilapia tholloni est l’espèce la plus rencontrée par les pêcheurs (figure n°3).
4.2. En rapport avec l’identification des pratiques & mode de gestion de la pèche
4.2.1. Techniques et engins de pêche utilisés
Les pêcheurs rencontrés dans la CFCL-RM, en particulier ceux des villages Nkala et Mbee, soulignent qu’il existe plusieurs types de pêche (figure 5). Les types de pêche évoquées par ces derniers sont : (i) la pêche à l’écopage (28%) qui est pratiquée uniquement par les femmes (jeunes ou adultes), (ii) la pêche aux filets maillants simple qui représente pratiquement 24%, (iii) la pêche à la ligne simple (18%), (iv) la pêche à la nasse (16%), (v) la pêche aux filets maillants dormants (10%), (vi) la pêche à la machette « Mbeli mbeli » (2%) et (vii) la pêche aux moustiquaires imprégnées « épuisette » (2%). Ces pêcheurs ont tout de même renseigné qu’à la différence du premier type de pêche cité, les six derniers sont plus pratiqués par les hommes.
Toutefois, s’agissant de l’utilisation de moustiquaires imprégnées destinées à lutter contre le paludisme (malaria) surtout en milieux ruraux, en Afrique subsaharienne, ces pêcheurs affirment que c’est une pratique récente dans la zone et qui commence déjà à être un véritable problème non seulement sur les ressources halieutiques de la rivière Mbali et leurs habits mais aussi sur la santé humaine.
A cet effet, (Micha, 2019b) signale que cette pêche illégale à la senne de plage à moustiquaires, qui se pratique dans les lacs et rivières du bassin du Congo, s’est effectivement généralisée depuis 2009 avec la distribution de ces MILDA dans toutes les provinces de la RDC, dont celle du Mai-Ndombe.
En comparaison avec les résultats de l’étude de (Balole-Bwami et al., 2018), seuls deux types de pêche sont pratiquées dans le Lac Edouard, partie Congolaise. Il s’agit de la pêche à la palangre (hameçon n°8) et la pêche aux filets avec de mailles beaucoup plus larges que celles qui sont utilisées dans la rivière Mbali, de même que pour les numéros des hameçons. Contrairement au Lac Edouard, partie Congolaise, dans la rivière Mbali nos résultats démontrent qu’il y a une diversité de techniques de pêche suite à la rareté de ressources halieutiques, surtout en amont de cette rivière et, les poissons capturés sont souvent de petites tailles. D’ailleurs, c’est cette raison qui justifie l’usage de filets de petites mailles (moins 3mm) et les hameçons de petits numéros (18 & 20). En outre, les pêcheurs de cette rivière, en fonction des saisons utilisent ces différents engins en vue de maximiser la probabilité de capture des poissons.
Par ailleurs, (Bongeba & Micha, 2013; Luhusu & Micha, 2013) qui ont mené les études similaires à la nôtre dans le Mai-Ndombe ont identifié aussi plusieurs techniques de pêche. Parmi ces techniques, ces auteurs ont souligné la pêche à la ligne (palangre, ligne de fond, ligne à main, ligne avec gaules), pêche aux nasses, pêche aux claies (écopage et Monzoo), pêche aux harpons et aux moustiquaires.
Ces auteurs justifient la diversité de ces techniques de pêche par le fait qu’il y a plusieurs biotopes occupés par des espèces de poissons de morphologies différentes (Luhusu & Micha, 2013). Aussi, abordant dans le même sens, (Bongeba & Micha, 2013) ont ajouté que la technique de pêche pratiquée dans cette région dépend du type d’espèces à capturer ainsi que du milieu biologique dans lequel vivent ces espèces.
En ce qui nous concerne, eu égard aux lignes qui précèdent, la multiplicité de toutes ces méthodes utilisées sont pour la plupart préjudiciables à la survie des ressources halieutiques dans la rivière Mbali. D’ailleurs ces communautés locales reconnaissent que les techniques de pêches utilisées qu’elles utilisent représentent un danger pour la survie des ressources halieutiques de la rivière Mbali.
C’est pourquoi, face une telle situation, (Chikou, 2006; Attingli et al., 2017) soulignent qu’une sélection des matériels et techniques de pêche moins nuisibles et qui favorisent le renouvèlement des stocks peut contribuer à moyen ou long terme à la restauration des plans et cours d’eau aujourd’hui plus que par le passé sous forçages climatiques.
4.2.2. Modes de pêche dans la rivière Mbali
Dans les villages Nkala et Mbee, les pêcheurs pratiquent la pêche de deux manières
(individuellement ou collectivement). 58% de personnes enquêtées affirment qu’ils pratiquent aussi la pêche collective (associative), par contre 42% font la pêche individuellement seulement.
Toutefois, de ces données présentées pour la pêche collective, seulement 46% des hommes la pratiquent 9b, tandis que les femmes représentent 87% 9c. Le pourcentage élevé de la pêche collective chez les femmes se justifie d’une part suite à leur habitude culturelle et d’autre part dans le sens que la technique de pêche (pêche à l’écopage) pratiquée par ces dernières exige une main d’œuvre importante en termes de multiplicité de tâches à réaliser (photos n° 11b et 17b).
Les pratiques en rapport avec le mode pêche comme dans les villages Nkala et Mbee, pour
(Luhusu & Micha, 2013), dans village Kolobeke (territoire d’Inongo), la pêche se pratique, soit individuellement ou collectivement, suivant les techniques de pêche utilisées. La pratique collective de la pêche requiert une intervention de 4 ou plusieurs personnes. Ceci, notamment pour la pêche à la senne tournante (4 à 6 personnes) et pour la pêche à la senne de plage (8 à 12 personnes).
Aussi, il est important de noter qu’en termes de quantité de capture, celle-ci est beaucoup plus significative lorsqu’il s’agit de la pêche en groupe qu’individuel.
4.2.3. En rapport avec la période de pêche, calendrier et repos biologique
Les activités de pêche dans ces deux villages se déroulent toute l’année. Néanmoins, en ce qui concerne la période et le calendrier de pêche, les pêcheurs interrogés nous ont fait savoir l’existence de trois périodes majeures de pêche (tableau n°19) dans la CFCL-RM sans compter la petite période « Mbulu » en début de la saison de pluie. Les périodes signalées par ces pêcheurs sont : (i) la grande saison sèche « Elanga ya monene » qui couvre la période du 15 mai – 15 septembre, suivi de (ii) la saison de pluie « Mpela » qui part du 15 septembre – 15 décembre & du 15 mars au 15 mai et enfin intervient (iii) la petite saison sèche «Mwanga» ou «Mwa» allant du 15 décembre – 15 mars.
De même, lors des études menées dans les zones humides de cinq Aires Protégées (AP), en République du Congo et en RDC, (Micha, 2019a) souligne, quoique la pêche soit pratiquée toute presque l’année, seuls l’intensité de cette activité et les engins de pêche utilisés varient. Evidemment, il existe des périodes où les activités champêtres sont intenses et la pêche est reléguée au second plan. D’où, l’on constate dès lors le besoin de régulation, de sensibilisation et aussi de diversification des moyens d’existence des populations riveraines y compris les pêcheurs pour une gestion de pêche durable et responsable
Dans les deux villages (Nkala et Mbee), les pêcheurs reconnaissent que la période propice pour capturer plus des poissons est la grande saison sèche et c’est pendant cette période où les activités de pêche sont très intenses. Et c’est aussi au cours de cette période que presque toutes les techniques de pêche (écopage, nasse, machette, filet maillant,) sont pratiquées. La principale raison évoquée par les pêcheurs est que c’est durant cette période que les eaux de la rivière se sèchent et les poissons deviennent de plus en plus visibles, voire très accessibles.
Par contre, pendant la saison de pluie «Mpela», la production halieutique est moins intense suite à la montée des eaux de la rivière et qui ne favorise pas la pratique de certaines techniques de pêche comme celles que nous venons de citer entre parenthèses.
Pour ce qui est du repos biologique, pour la plupart de pêcheurs de ces villages, c’est un concept nouveau qui n’existe pas dans leur vocabulaire et dans leurs pratiques.
En ce qui concerne le repos biologique, Badji, 2013 cité par (Oumy, 2017) le définit comme un aménagement des pêcheries et un arrêt de la pêche pendant la période de reproduction des poissons. Cette action vise non seulement la protection des reproducteurs mais aussi celle des juvéniles et jeunes individus non encore recrutés dans les pêcheries. Aussi, elle vise la réduction de la pression de pêche sur tout ou partie d’une ressource halieutique donnée tout en permettant de diminuer la pression de la pêche artisanale sur les stocks.
Pour nous, ce repos biologique fait donc partie des mesures techniques que l’on peut envisager en vue d’une exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques
Si bien que pour (Luhusu & Micha, 2013), ce repos biologique a été diversement apprécié par les pêcheurs opérant dans le Lac Mai-Ndombe. Mais au-delà de tout, il faut signaler que le repos biologique est l’une des meilleures stratégies de gestion des stocks puisqu’il permet leur préservation et leur régénération. Une façon complémentaire ou alternative serait aussi de repérer et protéger les frayères naturelles
Pour les pêcheurs des villages Nkala et Mbee, le repos pour les stocks des poissons, c’est la journée « Pika » ; où selon la coutume locale pour les Teke, l’accès à la rivière Mbali est interdit à tout le monde. Et cette journée intervient qu’après chaque trois jours, soit le 4e jour est dédié à cette journée « Pika ».
4.2.4. En rapport la quantité de poissons capturée
Les résultats attestent que 92% de pêcheurs rencontrés affirment avoir constaté une baisse des captures des poissons (tableau n°8). Encore, cette même étude montre que la capture par unité d’effort (CPUE) et la quantité des poissons a baissé considérablement dans la rivière Mbali.
En ce qui concerne la quantité de poissons capturés, l’étude nous révèle qu’une majorité de pêcheurs (68%) capturent en moyenne par jour que moins de 5 kilos de poissons (tableau n°20).
Cette faible quantité capturée en moyenne par pêcheur se traduit dans le sens qu’avec cette pauvreté dans cette zone et à l’augmentation de la pêche non contrôlée, les stocks des poissons dans la rivière Mbali ont subi une forte pression d’exploitation.
Cependant, seul 28% de ces pêcheurs arrivent à capturer en moyenne par jour 10 kilos de poissons et 4% capturent plus de 15 kilos. Toutefois, ce sont ceux qui font la pêche en association qui parviennent à capturer des poissons en telles quantités.
En l’absence d’agents des services de l’Etat pouvant mettre de l’ordre dans ce secteur au niveau de la rivière Mbali, cette situation décrite va de mal en pis.
Quoique le contexte ne soit pas le même avec la baisse de la CPUE et la qualité des poissons enregistré d’après les données de l’étude de (Balole-Bwami et al., 2018). Tout comme nous, ces derniers constatent tout de même que la tendance à la surpêche se traduit d’une part par le manque d’une autorité unique de régulation pouvant accréditer les embarcations et d’autre part par le mode de mauvaise organisation principalement au sud du lac.
Ainsi, il sied de noter qu’il n’existe pas à ce stade dans la CFCL-RM (villages Nkala & Mbee) de limites de captures globales ou individuelles, ni de taille minimale pour les espèces pêchées.
Aucun Total Admissible de Captures (TAC) n’a été défini selon notre étude. Cette situation ne favorise donc pas aussi la gestion durable dans la rivière Mbali.
CHAPITRE 5 : CONCLUSION & PERSPECTIVES
Au terme de notre étude axée sur la problématique de l’utilisation des ressources halieutiques dans CFCL-RM, il est important de reconnaître l’apport que joue le secteur de la pêche dans ce milieu rural et mettre en œuvre des mécanismes communs efficaces pour la gestion des ressources halieutiques d’une manière durable et le contrôle de leur accès pour permettre d’assurer un renouvellement des stocks de ces poissons tout en s’assurant de la protection des eaux de la rivière Mbali.
De notre problématique telle qu’elle a été posée, nous nous étions posé deux questions fondamentales à savoir : Quel rôle peut jouer le secteur halieutique dans la réduction de la pauvreté des communautés locales de la CFCL-RM ? Et quels moyens devraient être utilisés en vue d’une exploitation durable de ressources halieutique de la ravière Mbali ?
Partant de l’objectif global de notre travail qui consistait d’analyser des pratiques des populations locales notamment des pêcheurs dans l’activité de pêche afin de relever les problèmes que pose la gestion des ressources halieutiques dans la CFCL-RM, après l’analyse de nos résultats, le constat est que nos trois (3) hypothèses émises au premier chapitre sont vérifiées. Ainsi, les réflexions menées dans cette étude nous conduisent à proposer ce modèle (figure 16) adapté au contexte du milieu pour une gestion durable des ressources halieutiques dans ces villages qui constituent la CFCL-RM. Ce modèle constitue un ensemble de recommadations formulées aux autorités compétantes.
Figure 14. Modèle proposé pour une gestion durable des ressources halieutiques dans la CFCL-RM Source : Auteur
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ANNEXES
Annexe 1 : Profil des enquêtés des villages Nkala et Mbee, riverains de la rivière Mbali
Variables Modalités Homme Femme Total %
Homme %
Femme % Total
Age Moins de 25 ans
26 à 35 ans
36 à 45 ans
46 à 55 ans 10 5
11
5 6
3
3
2 16 8
14
7 62,5
62,5 78,57
71,43 37,5
37,5 21,43
28,57 32
16
28
14
Plus de 56 ans 4 1 5 80 20 20
Sous-total 35 15 50 70 30 100
Statut matrimonial Marié
Célibataire
Veuf (ve) 22
10
2 9
5
1 31
15
3 70,97
66,67
66,67 29,03
33,33
33,33 62
30
6
Divorcé (e) 1 0 1 100 0 2
Sous-total 35 15 50 70 30 100
Niveau d’instruction Aucune instruction
Primaire sans certificat
Primaire avec certificat d’Etat
Secondaire sans diplôme 1
2
1
15 2
3
2
7 3
5
3
22 33,33
40
33,33
68,18 66,67
60
66,67
31,82 6
10
6
44
Secondaire avec diplôme 13 1 14 92,86 7,14 28
Supérieur ou universitaire 3 0 3 100 0 6
Sous-total 35 15 50 70 30 100
Statut social Chef de famille
Chef du quartier
Leader d’un groupe
Leader religieux 18
0
4
2 5
0
2
0 23
0
6
2 78,26
0
66,67 100 21,74
0
33,33 0 46
0
12
4
Simple membre de la communauté 11 8 19 57,89 42,11 38
Sous-total 35 15 50 70 30 100
Annexe 2 : Profil des enquêtés dans les ménages des villages Nkala et Mbee (2021)
Variables Modalités Homme Femme Total %
Homme % Femme % Total
Age Moins de 25 ans
26 à 35 ans
36 à 45 ans
46 à 55 ans 3
5
5
7 10
3
3
0 13
8
8
7 23,08
62,5
62,5
100 76,92
37,5
37,5 0 28,89
17,78
17,78
15,55
Plus de 56 ans 5 4 9 55,56 44,44 20
Sous-total 25 20 45 55,56 44,44 100
Statut matrimonial Marié
Célibataire
Veuf (ve) 21
4
0 9
8
3 30
12
3 70
33,33 0 30
66,67 100 66,67
26,67
6,66
Divorcé (e) 0 0 0 0 0 0
Sous-total 25 20 45 55,56 44,44 100
Position dans le ménage Chef de ménage
Epouse
Enfant et autres 20
0
5 4
8
8 24
8
13 83,33
0 38,46 16,67
100 61,54 53,33
17,78
28,89
Sous-total 25 20 45 55,56 44,44 100
Annexe 3 : Services publics déconcentrés au niveau du territoire
Services publics Effectif du personnel
Intérieur 70
Agriculture 80
Fonction publique 15
Environnement et Conservation de la Nature 42
Travaux Publics, Infrastructures et Reconstruction 80
Economie 25
Energie 20
Droits humains 15
Industrie 15
Mines 15
Jeunesse 20
Petites et Moyennes Entreprises 20
Sport et loisirs 15
Urbanisme 20
Habitat 20
Commerce extérieur 23
Culture et arts 20
Affaires sociales 10
Tripaix 15
Parquet secondaire de Bolobo 6
Tourisme 15
Hygiène d’agglomération 15
Hygiène aux frontières 15
Hydrocarbures 15
Santé –
Enseignements Primaires Secondaires et Initiation à la Nouvelle Citoyenneté –
Développement Rural –
Source : (Kakula, 2016)
Annexe 4 : Avantages et inconvénients de différents types de pêche pratiqués
Type de pêche Avantages Inconvénients
Ligne simple (hameçon) Pour les pêcheurs de la zone, la pêche à la ligne est la technique très accessible et la plus simple à utiliser qui peut se faire en toutes les saisons. Aussi, une technique qui ne présente pas d’effet négatif sur les autres espèces.
Il est considéré comme l’un des engins de pêche responsable.
Enfin, la sélectivité des espèces avec cette technique est relative aux tailles des hameçons utilisés. Tout comme les filets maillants, la ligne n’est efficace que pour un nombre limité d’espèces cibles.
Nasses « Mileke » ou
« Bekweyi » Moins de main d’œuvre et moins de temps consacré à la pêche. Pour les pêcheurs interrogés, l’utilisation de la nasse « Mileke » ou « Bekweyi », appelé aussi « Bisakwa » est très dangereuse et ne contribue pas à la gestion durable.
Il présente plus de dangers pour la ressource parce que d’une part il est souvent utilisé pendant la période de reproduction et d’autre part lors de son utilisation, il ramasse toute forme de poissons (mature ou immature) surtout lorsqu’il s’agit de nasses de petite taille.
Ecope
(panier) « Bosolo » ou
« Musulu »
Facile à manipuler, même pour les jeunes de – 15 ans. Cette technique a un caractère fastidieux, épuisant et demande plus de temps. La pêche peut durer pendant toute une journée.
Elle exige plus de main d’œuvre surtout lorsqu’il s’agit de la construction d’une digue ou un barrage.
Tout comme les nasses, cet engin ramasse toute forme de poissons (mature ou immature).
Abandon du barrage érigé après l’activité de pêche.
Filets maillants Pour les pêcheurs, le filet maillant présente les avantages tels que :
Il sélectionne les poissons à capturer et il ne retient qu’une gamme de taille de l’espèce recherchée en fonction du maillage utilisé ;
Engin facile à utiliser sans trop de maîtrise et technicité ;
En outre, contrairement à la pêche à la ligne, l’utilisation de cet engin n’exige pas d’appâts, ce qui réduit les coûts de fonctionnement. Les filets maillants tels qu’utilisés dans la CFCL-RM sont faciles à repérer et peuvent être volés ;
Aussi, ils ne sont efficaces que pour un nombre limité d’espèces.
Son coût d’achat trop élevé par rapport à d’autres engins utilisés dans la zone et sa durée de vie trop courte (2 à 4 mois).
Machette «
Mbeli mbeli
» Cet engin est sélectif, il est beaucoup utilisé pour capturer les poissons de grandes tailles pendant la nuit.
Son utilisation n’exige pas d’appâts aussi, ce qui réduit les coûts de fonctionnement comme pour les filets maillants. Engin pas facile à utiliser et son utilisation exige beaucoup de technicité.
Il n’est utilisé que pendant la nuit,
Son utilisation la nuit expose beaucoup de pêcheurs aux diverses attaques (morsures de serpent, blessures des épines).
Annexe 5 : Quelques espèces rencontrées dans la rivière Mbali
Ctenopoma sp « Nguli »
Microctenopome fascialatum ( Boulenger, 1899 ) « Lepiri »
Hemichromis fascialus (Peters, 1857) « Ekio »
Tilapia tholloni (Sauvage, 1884) « Ngankali »
Hemichromis stellifer (Loiselle, 1979) « Ebala »
Clarias ssp « Esue »
Clarias platycephalus (Boulenger, 1902) « Engie »
Clarias gabonensis (Günther, 1867) « Mukala »
Brienomyros ssp « Boye »
Source : Auteur
Annexe 6 : Quelques espèces rencontrées dans la rivière Lebomo
Channallabes apus (Gunther, 1878) « Musuomo »
Anaspidoglanis macrostomus (Pellegrin, 1906) « Etshuli »
Chrysichthys sp « Nzilinia (embwerenzali))
Barbus niolepis (Boulenger, 1902) « Lekuli »
Phractura sp « Mutitshu »
Hemigrammopetersius pulcher (Boulenger, 1909) « Lesuele »
Mastacembelus niger (Sauvage, 1879)
Mormyrops boulengeri (Pellegrin, 1900)
Anaspidoglanis macrostomus (Pellegrin, 1906) « Etshuli »
Source : Auteur
P a g e |
Annexe 7 : Carte administrative et hydrographie du territoire de Bolobo
Source : Plan de développement agricole et rural des territoires de l’ex. Bandundu, 2010
Annexe 8 : Questionnaire d’enquête destiné aux pêcheurs de la rivière Mbali (2021)
P a g e |
P a g e |
P a g e |
Annexe 9 : Questionnaire d’enquête menage des pêcheurs
Télécharger le travail original: MEMOIRE_HYPERBOLE_ERAIFT_GAP_VF_22_12_2021