ESSAI D’UNE INTERVENTION PARÉMIOLOGIQUE EN KISONGYE, CAS DU GROUPEMENT DE BEKALEBU’AKITOTO »
Par TSHITE MULENDA Dhéridia et Gauthier NGOYI NTAMBUE (Tous, de l’ISP/TSHOFA)
RÉSUMÉ
Essai d’une approche d’intervention parémiologique chez les songye (bekaleebu’a kitoto) constitue le sujet de notre réflexion ayant eu pour objectif, celui de vérifier si les parémies ont un impact dans le comportement de cette société en vue de programmer un modèle de correctif. Pour y arriver, les hypothèses ont été confirmées : d’abord, la société d’étude est du clan appartenant à la tribu Songye dans le Secteur de Bekaleebwe, Territoire de Lubao, District de Kabinda, Province de Lomami, dans la République Démocratique du Congo. Quant à son parler, le Kikaleebwe connait un système vocalique de 5 voyelles ; de 2 semi-voyelles et de 17 consonnes (inférieures au nombre du système consonantique général du kisongye). Son système tonal comprend 2 tons simples (haut et bas) et 2 tons complexes (montant et descendant). Le Kisongye atteste aussi 18 préfixes ou 18 genres. Nous sommes d’avis que« l’homme crée la parémie et la parémie crée l’homme » ; parce que la parémie est vêtue des softs « power » positif et
négatif. Elle incite l’homme au « bien » ou au « mal », car elle capture et stocke les émotions, les affects sociaux, les recettes de l’intelligence et projection métaphysique qui constitue le code basic culturel élaboré.
0. INTRODUCTION
Comme dans le domaine des littératures orales traditionnelles africaines, l’exigence est la maitrise de l’oralité et de l’écrit. Dans ce contexte, l’écriture nous aidera à conserver notre patrimoine culturel. D’où notre langue Kisongye peut nous sembler difficile et disparaitre si elle est vouée tout simplement à l’oralité. Cette fois-là, elle reste connue chez les Songye seulement, parce que la langue maternelle en sigle L1, apprise de bouche à l’oreille, de génération en génération. Et de ce fait, à notre connaissance, il n’existe que très peu d’ouvrages en langue Songye, et sur les Songye encore très peu.
C’est par le souci de l’évangélisation en profondeur que les protestants et les catholiques ont traduit les saintes écritures, c’est presque un défi pour nous linguistes et littéraires, de croiser les bras, alors que les missionnaires nous ont déjà tracé une voie à suivre. Raison pour laquelle, il nous importe d’explorer et mettre par écrit cette abondante littérature : proverbe, devinette, fable, conte, énigme, mythe, fabliaux… dont ce travail exploite la possibilité des proverbes.
- Problématique
Cette recherche voudrait répondre aux questions suivantes :
- la langue songye, a-t-elle un système morpho-phonologique standard ?
- Une parémie, aurait-elle de l’impact positif ou négatif sur la vie sociétale d’un peuple ?
- L’intervention parémiologique peut-elle améliorer le comportement d’un peuple ?
- Hypothèses
À ces questions, les réponses suivantes seront vérifiées au cours de cette recherche ;
- La variante de la langue kisongye « kikaleebwe », aurait un système vocalique, semi-vocalique et consonantique standard comme toutes les langues congolaises voire bantu.
En tant que pouvoir du «savoir-être » et du « savoir-faire », les parémies :
- les parémies pourraient impacter soit négativement, soit positivement la vie sociétale du peuple songye ; les parémies se présenteraient comme un miroir du peuple Songye dans le temps comme dans l’espace pour retracer sa ligne de conduite.
- Objectifs
Le présent travail s’assigne les objectifs d’analyser et d’interpréter les parémies du Kisongye, portant un pouvoir négatif ou une interprétation négative afin de proposer une correction en vue d’endiguer les mauvaises habitudes chez ce peuple.
0.4. Méthode
Ce travail adopte comme méthode, « l’analyse » laquelle sera appuyée par la traduction, le conseilling, l’exploitation des documents et l’interview.
Par traduction, celle – ci consistera à traduire du français, les parémies songye exposées dans ce travail.
Par conseilling : en toute sorte d’échange, en toute circonstance langagière et contact d’hommes de notre espace, avec qui, nous avons tous les mêmes langages, il faudra les analyser et les interpréter pour aboutir à la généralisation d’une bonne analyse et compréhension des parémies songye.
Par exploitation des documents : l’étude sous-entend aboutir à des résultats sérieux ; elle va recourir à la technique documentaire qui permettra d’interpréter les écrits de certains auteurs à travers ces documents de base, ainsi que des documents secondaires de consultation.
Par interview : l’étude va entrer en contact avec les informateurs pour savoir les sens positifs et les sens négatifs des parémies.
0.5. Difficultés rencontrées
Voici les difficultés rencontrées par cette recherche, lesquelles se présentent dans l’ordre ci-après et qui n’ont pas malgré elles, ôté la teneur du travail :
- Le manque des documents critiques à consulter en rapport avec notre étude.
- Les locuteurs à personnalité linguistique et littéraire rares et exigeants.
0.6. Division du travail
Hormis l’introduction et la conclusion générale, le présent travail adopte deux points.
- La situation linguistique et socioculturelle du kisongye et,
- La présentation, traduction, et interprétation des parémies.
Première partie :
Situation linguistique et socioculturelle du Kisongye « Kikaleebwe »
Ce point, situe linguistiquement le Songye « bekaleebwe » sur les plans phonétique et phonologique d’une part, et d’autre part sur le plan socioculturelle.
1.1. Situation linguistique
Sur le plan linguistique, « le kikaleebwe », est l’une des variantes de la langue Songye. Selon la classification des langues bantu, Malcom GUTHRIE, (cité par l’Assistant Dhéridia TSHITE MULENDA, notes de cours de l’étude théorique d’une langue africaine, G2 FLA, ISP/TSHOFA, 2019) qui place les langues dans les zones linguistiques. Il situe celle-ci dans la zone linguistique, sous le sigle L23. C’est tout à fait une langue Bantoue.
Les éléments morpho-phonologiques pour témoigner son système langagier :
- voyelles ;
- Semi-voyelles ;
- Consonnes ;
1.2. Situation phonologique
Ce travail se propose de parler du système vocalique, semi-vocalique et consonantique.
1.2.1. Données vocaliques
Comme il a été dit plus haut, le Kikalebwe considéré comme une des variantes de la langue Songye a un système vocalique de cinq voyelles, il s’agit de : a, o, e, u, i.
- A : Kutala = regarder [k u t a l a]
- O : Boodi = tu as mangé [bo:di]
- E : leka = laisse [l e k a]
- I : bodimbi = tu as trompé [b o:dĩbi]
- U : lufu =la mort [l u f u]
1.2.2. Les données semi-vocaliques
Du point de vie semi-vocalique, nous signalons qu’il y a deux semi-voyelles dans le Kikalebwe nous pouvons citer : y, w. Voici ce que prouvent ces exemples :
- Y : Kyungu = le nom d’une personne, Kyashi = régime des noix.
- W : mwèle = une légende ou conte, mwimu = l’huile, mwélé = une machette.
1.2.3. Les données consonantiques
En matière des consonnes, l’étude de la langue en précise dix-sept. Citons : b, d, c, f, k, l, m, n, t, dj, p, s, Ф, ∫, ŋ, ɲ, ñ.
Poursuivons ci-après, les exemples pour chacune
1. p : mpuku = le rat.
2. b : baana = les enfants. 3. f : Fwala = porte (impératif). 4. d : dimba = trompe (impératif). 5. ∫ : sha = danse (impératif). 6. k : kalaasa = école. 7. l : lumweno = miroir. 8. m : mulongo = rang ou âge. 9. n : nanwe = c’est vous. |
10. Ф : paapa = là.
11. s : sankayi = réjouissez-vous. 12. Ñ : Ñono = chants. 13. t : twende = allons. 14. c : Cite = nom d’un personne. 15. ŋ : ngoshi = la guerre. 16. ɲ : Nyembo = cimétière. 17. Dj : Ndjibu = nom d’une personne. |
1.2.4. Système tonale
Le Kisongye (kikaleebwe) atteste deux tons simples ; haut (∕) et bas (\) ainsi que deux tons complexes : montant (v) et descendant (^).
Voici les exemples en rapport avec différents tons :
Tons simples | Tons complexes | ||
Kulootá= rêver | haut | Mbǒ = le buffle | montant |
Milòmò= les lèvres | bas | Mwâna= un enfant | descendant |
Il est à démontrer que le ton montant(v) et le ton descendant (^) résultent de la fusion du ton haut(∕) et du ton bas ou (\).
1.2.5. Système groupe consonantique
Le kisongye (Kikalebwe) comprend aussi 13 groupes consonantiques qui sont : mb, nd, nsh, mm, nn, mp, ns, ny, ng, nf, nk, nc, et nt.
Observons les exemples de chaque groupe consonantique :
1. Mb : mboko = le bras.
2. Nd : ndungule = dis-moi. 3. Nsh : nshami = mon père. 4. Nk : Nkongolo = arc-en-ciel. 5. Mm : Mmembe = nom d’une personne. 6. Mp : mpeshi = la pluie. 7. Nn : nnami = c’est moi. |
8. Ns : nsonyi= la paille.
9. Ny : nyo= les lianes. 10. Ng : ngoshi= la guerre. 11. Mf : mfute= paie-moi 12. Nc : Ncimbo = nom d’une personne. 13. Nt :ntume= envois-moi.
|
- Les éléments morphologiques
Le Kisongye (kikaleebwe) atteste un système des classes grammaticales, ces classes apparaissent pour exprimer une opposition du type singulier-pluriel comme toute langue bantu. Il compte 18 classes que possède la langue Songye.
Voici le tableau des préfixes nominaux, pronominaux et verbaux.
CLASSES |
P.N |
P.P |
P.V |
CL 1 Can | Mu-Ø | a | A : a |
CL 2 2Na | Ba, baa | Ba | Ba |
CL 3 | Mu | mu | Mu |
CL 4 | Mi | mi | Mi |
CL 5 | E, di | Di | Di |
CL 6 | Ma | A | a |
CL 7 | Ki | Ki | Ki |
CL 8 | Bi | bi | Bi |
CL 9 | N | i | N |
CL 10 | N | n | N |
CL 11 | Lu | lu | Lu |
CL 12 | Ka | Pa | Pa |
CL 13 | Tu | tu | Tu |
CL 14 | Bu | bu | Bu |
CL15 | Tu | Pa | Pa |
CL 16 | Ku | ku | Ku |
CL 17 | Pa | Pa | pa |
CL18 | Mu | mu | Mu |
-Muntu / bantu : ½ : les hommes ;
-Taabo / bataabo : la : 2a : mère(s),
-Mpibwe /Bampibwe:/N/2N/chasseur(s),
-Mushí /Mishí : ¾ : racine (s),
-Epûpwa/Mapûpwa : 5/6 feuille (s),
-Kiibi/ Biibi : 7/8 porte (s),
-lukasu /nkasu : 10/11 houe (s),
-Kasèele /tusèele : 12/15 petit(s) panier(s),
-Bukula/Makula : 14/6 farine (s).
1.2. Situation socioculturelle
Le peuple usager du kisongye (kikaleebwe), est du groupement de Bekaleebu’a Kitoto, ayant ses pratiques et croyances. Cette partie récapitule certaines :
- Aspect culturel
Ce peuple adore les principes d’ensemble comme du Latin « Sapiens nihil afirmat code non probet qui signifie : le sage n’affirme rien sans qu’il ne prouve en Kisongye, le principe « Kintu mwele nkikite » qui signifie « tout fait exposé proverbialement s’est déjà réalisé quelque part ».
Ce peuple est solidaire pendant le malheur, la joie, et la pratique des travaux en commun.
- Aspect historique
Le peuple songye (mwikalebwe) proviendrait de l’Est du pays, car son dialecte et domination de certains villages et tribus ressemblent au terme des dialectes parlés dans les régions de l’Est de la R.D. Congo, selon le Docteur KABAMBA NKAMANYI, dans son ouvrage « Art et Culture songye ».
- Aspect religieux
Le peuple songye (mwikaleebwe) croit en Dieu comme Créateur des cieux et la terre, source de bonheur. Il est nommé en Kisongye « Efile Mukulu, Kalombo a Mwipangye, tapangwa na muntu » ; « l’éternel Dieu, non créé par personne ». Il est Yakanya ke byaniko nkama, qui signifie : Dieu est rayons solaires, séchoir où les aliments d’innombrables personnes sont élalés. (dû à la culture de sécher les aliments au soleil). Elle est une société qui héberge différentes doctrines religieuses : catholique, protestante, Témoins de Jéhovah, Kimbanguiste, Kalelele, etc.
Dieu est toujours accompagné de : Yakilundwe, un ancêtre commun qui lui parvient en aide en cas d’une épidémie ou problème grave. C’est lui le maitre de la pharmacopée, qui édicte toutes les tisanes.
Il est à noter cependant que Dieu et la coutume marchent de pair.
Ce peuple tient au respect de la pierre, qui fait la valeur de ce Groupement, laquelle est à Eshilu, possédant la trace d’une flèche et d’un pied d’une personne supposée être Jésus. Tout un rituel est monté autour de cette pierre qui fait le nom de son grand Chef : « Yakitengye Kwibwe » (Kitengye de la Pierre), lequel reste un peuple dont la descendance ne se tient jamais debout à l’accueil d’un autre Chef de Groupement ; étant Kitengye kibalume alors que les autres sont Kitengye kibakashi ; c’est – à – dire ; lui, est distributeur de pouvoir et les autres, receveurs du pouvoir.
Il est à retenir de tout que la société d’étude est l’ethnie appartenant à la tribu Songye dans le Secteur de Bekaleebwe, Territoire de Lubao, District de Kabinda, Province de Lomami, dans la République Démocratique du Congo. Quant à son parler, le Kikaleebwe connait un système vocalique de 5 voyelles ; de 17 consonnes et de 2 semi-voyelles. Son système tonal comprenant 2 tons simples (haut et bas) et 2 tons complexes (montant et descendant). Le Kisongye atteste aussi 18 préfixes ou 18 genres.
Deuxième partie :
Le modèle d’une approche d’intervention parémiologique
Cette approche est quinaire, elle adopte le diagnostic, l’intervention, les actions spécifiques, les moyens d’intervention et l’évaluation de l’impact d’une intervention parémiologie.
2.1. Les étapes du modèle d’intervention parémiologique
- Diagnostic : Dans ce lieu, une pratique des parémies désoriente la société dans le comportement, incarnant un pouvoir de « savoir-être et ou de savoir-faire » ; lesquels entraineraient au bien ou au mal « soft power» qui négatif ou positif. Tel serait le cas d’un adulte qui dit à un jeune : « Twekatosha ku mundji kanabeene akesoso ebwe », ce qui se justifie en ces termes ne défends pas l’enfant à casser les amandes lui-même doit se cogner la pierre aux doigts. (soft-power négatif).
- Actions spécifiques : pour affronter cet pouvoir négatif (le soft power négatif), il convient de reprogrammer, de programmer, circonscrire des obstacles voire des options de stratégie d’élimination.
- Choisir les parémies pertinentes (soft power positif) du patrimoine socio-culturel soit d’en créer, réactiver la valeur atténuée ou perdue.
- Intervention: estimant la nuisibilité de cette parémie, il importe de s’acharner plutôt afin d’éviter la gangrène. C’est pourquoi l’effacement de cette parémie est envisagé par l’explication ou l’interprétation afin de motiver et persuader le groupe cible. Cet échange sera passionnant, claire et non frustrante.
- Moyen d’intervention parémiologie : cette parémie laisse penser aux méthodes, procédés, et techniques envisagées, il peut s’agir de (la, l’, du) : méthode interactive (conseilling), conférence-débat, sermon, meeting populaire, palabre, audio-visuel, émission radiotélévisée …
Autres techniques :
L’information, affiche publicitaire, article de la revue et des journaux et même scolaire, rédaction, débat, dissertation, dramatisation …
Pour ce qui nous concerne, nous avons opté la méthode interactive (le conseilling) sans détermination de l’endroit, cette pratique se passera : en famille, dans l’amitié, en cours de chemin, au marché, à la source voire à toutes sortes de travail pourvu que, partout où l’on a cité qu’il y ait discussion culturelle orale, traditionnelle africaine, on aura à injecter ce médicament dans l’esprit de tout celui qui est épris du pouvoir négatif de la parémie.
- Évaluation de l’impact d’une intervention parémiologique
En matière d’évaluation, il faut viser l’intervention parémiologique, il s’agit de l’observation du groupe cible, en vue de voir si les stratégies ont réussi à faire changer le comportement. Cela peut être et selon le cas, à courte ou longue échéance.
- Interprétation et correction des quelques parémies à prédominance du pouvoir négatif
Il se propose de montrer des exemples pouvant aider à la redynamisation de la société Songye en régression culturelle par les faux usages des parémies ou mauvaise interprétation ou mécompréhension :
- « Kimongye nkitunebubi » ou « ntaalo a meeso mmukile kudja ».
Trad. : le rouge a refusé la laideur (la contemplation dépasse le manger).
Ce soft power est négatif parce qu’il se fie à l’aspect superficiel. Il incite les gens à considérer la forme et la beauté au détriment du fond et de la bonté.
Dans le mariage par exemple, les jeunes sont à la recherche de la forme, de la couleur, de la peau, en fin ; le comportement que présentent leurs choix du genre les trahit pour se soulager c’est le divorce sinon c’est la polygamie. Autant faire prévaloir la parémie comme :
« Bu muntu nkwidimi s’olangalanga bi nguba » en français : la personnalité dépend de la langue, même si vous êtes éclatant comme le soleil. Celui-ci valorise le bon comportement, l’intérieur de la personne que l’extérieur, la couleur, morphologie, qui sont le modèle référentiel sociétal.
- « Osangana midima ngyembeele wembeela naamu ».
Trad.: Si tu trouves des chauves-souris accrochées aux branches, accroche-toi aussi.
La parémie interpelle l’homme à vivre comme tout le monde, à s’adapter au comportement des ses nouveaux compagnons ou au caractère, à la culture d’une contrée sans examen du bien ou du mal. L’individu peut :
- Devenir fumeur lorsque la contrée d’adaptation fume ;
- En face de gens qui supposent prôner cela comme étant un proverbe modèle, devenir fumeur, ivrogne, parce que le lieu de la retrouvaille a la qualité de ces gens précités, ce qui ferait qu’on applique une autre parémie contraire à celle-là qu’il faut expliquer et montrer son importance dans la société actuelle :
« Abambulaa mwinobe kufwala tabamwambulaa mwikeelo. »
Trad. : « on imite la façon de s’habiller à son ami, jamais le comportement. »
Alors cette parémies lutter contre l’imitation de mauvais comportement à son ami, à l’entourage parce que, celui-ci saura se limiter au niveau superficiel qui ne transforme pas le faire de l’individu.
- « Koobe kaadi munda ».
Trad. : ce qui t’appartient, c’est ce que tu as avalé.
L’entendement mauvais renvoie à la gourmandise, au manque d’épargne, au gaspillage parce que ce qu’on doit avaler, ce qu’on a pour s’en approprier complètement. Or, après avoir avalé : une surprise de la visite, peut être familiale, amicale ou tout autre imprévu vous trouve en difficulté, voilà pourquoi il est préférable d’opposer ce proverbe à : Keena mwembo kumaaasa nyikelwisa naako. Ou encore « koobe munda baleele mmyoshi, lumamaala amukuula ».
Trad. : « Ce que l’homme détient dans la main, c’est ce dont il se sert. » ; « Un jour, le gaspilleur était emprisonné, seul l’avare l’avait sauvé ».
Les deux dernières parémies encouragent l’épargne et la gestion mesurée ou économique des moyens. Ce qui peut entraîner le peuple au développement et non à la régression due au gaspillage.
- « Efuku dimune tadinyangaa ngyefu ».
Trad. : « Un éléphant ne pourrit pas en un seul jour »
Dans son mauvais entendement, ce proverbe berce le peuple dans la paresse, et le maintient dans un sommeil interminable. La misère s’en mêle.
Il est à opposer à :
« Kayindjilayindjila okuyindjila namadjindji ».
Trad. : celui qui a toujours attendu une forte pluie finira par attendre la pluie de lac (namadjindji) » ; « qui remet à demain à demain, trouve malheur en chemin ».
Il ne faut pas trop attendre, mieux vaut bousculer les codes pour obtenir la solution.
- « Opela luswa na lwikumilomo ».
Trad. : On ne refuse pas la fourmi qui se pose à la bouche, même si l’on est patient profitez une chose qui s’offre généreusement à vous.
Cette forme de réfléchir porte sur la brutalité dans la vie en général et manque d’intégrité. Elle est utilisée pour endommager les pensées des jeunes gens en matière de la prostitution. Ainsi, une occasion se présentant pour faire l’amour avec une fille, il faut en profiter. Or, les conséquences peuvent être pires, d’une part. D’autre part, cette même parémie, a des effets négatifs en matière de vol par exemple, un bien d’autrui qui n’est pas destiné à vous, est hors surveillance, c’est une occasion de s’en accaparer. Ce qui fera de nous une société malhonnête dépourvue d’examen de conscience, c’est pourquoi l’usage de bon sens et jugement prend son opposé comme :
« Kipunda na kipunda, mukooko nepulumba » ; « kimwenwe meeso takidilwengye » ; « kisaasa akipayishenaa » ; qui se traduit par : « chaque chose a son temps » ; « toutes les occasions, ne sont pas profitables ».
Donc, cette pensée est relative à la personnalité, à la circonstance et à la qualité de l’occasion même qui doit être profitée. Chaque fois que l’on se trouve devant une telle réalité, mieux vaudrait avoir un calcul moral pour juger la convenance.
- « Pakinokyele mpeshi twesukwila ».
Trad. : au moment que la pluie est entrain de pleuvoir nous pouvons uriner dans les habits que nous portons. Il a des mêmes effets négatifs que celui qui le précède. (Opela luswa na lwikumilomo).
- « Ekyebeneyi panuki baana bakinga, nubakulu nwauka bu kifoko » ou bien « bu kifuko nkumutwe ku kifuka nkumadjo».
Trad. : « Faites des relations sexuelles quand vous êtes jeunes, lorsque vous serez adultes vous connaitrez les liens familiaux. »/ « Les liens familiaux se connaissent par des visages, mais au cul, c’est l’endroit de festin »
Cette parémie a pour thème, la sexualité et même l’inceste. Elle incite les jeunes à pratiquer l’inceste pendant l’enfance, pourtant c’est dit-on :
« Opwa kunkyeba onduba eshina ?»
Comment peux-tu oublier mon nom après m’avoir connu sexuellement ?
Pour expliquer les personnes qui se connaissent sexuellement s’oublient rarement. Cet acte perpétue souvent la sexualité entre les membres d’une famille, et aux femmes déjà mariées.
Ce qui génère parfois les tabous, les Songye doivent faire attention afin de combattre ces vieux adages par d’autres comme :
« Mbidi yamukwenu yi miiko ».
Le corps de votre familier, familière crée la malédiction. Autrement-dit : mukwenu tatalwaa meeso abi. Votre sœur ou votre frère, on ne le scrute pas d’un œil envieux ». Pour montrer que toucher au corps d’un frère ou d’une sœur est un acte ignoble, puni par le sort naturel.
Il est donc nécessaire de montrer que cet acte est mauvais lorsqu’il est commis à la jeunesse et, ou à un autre âge. Cela peut être éclairé par des sanctions sévères voire des amendes.
- « Mukukile bukomemfumobe ».
Trad. : Celui qui est plus fort que toi est ton Maitre.
Ce principe revêt un pouvoir naïf, passif, et pourtant, si l’on prenait la vie dans son sens d’un combat, elle ne voudrait rien dans la société. Cela, du fait que le sujet devient craintif entrain de se laisser marginaliser. On l’opposerait au principe :
« Bukinga ta bukudiilă kyobe ».
Trad. : la jeunesse ne peut pas arracher tes droits.
A renchérir que« Su olu na Ntambwe to cinanga meeno aye ».
Il est d’ailleurs un proverbe lingala adapté. « Soki ozo bunda na Ntambwe kobangaka minu ne te ». Littéralement traduit par : Si tu te bats au lion ne crains pas sa denture.
Il est d’une manière récapitulative de montrer que la parémie est douée des capacités d’influence dans le cerveau : le (soft power), « la force de faire agir ou de savoir être». Elle incite l’homme au « bien » ou au « mal ». Son interprétation cependant, vaut tout son pesant d’or pour une société imbue des valeurs culturelles.
CONCLUSION
Au terme de l’investigation dont le sujet est libellé : « essai d’une approche d’intervention parémiologique» chez les songye (bekaleebu’a kitoto), il a été question de vérifier si les parémies ont un impact dans le comportement de cette société, en vue de programmer un modèle de correctif.
Les hypothèses ont été confirmées :
- D’abord, la société d’étude est du clan appartenant à la tribu Songye dans le Secteur de Bekaleebwe, Territoire de Lubao, District de Kabinda, Province de Lomami, dans la République Démocratique du Congo. Quant à son parler, le Kikaleebwe connait un système vocalique de 5 voyelles ; de 2 semi-voyelles et de 17 consonnes (inférieures au nombre du système consonantique général du kisongye). Son système tonal comprend 2 tons simples (haut et bas) et 2 tons complexes (montant et descendant). Le Kisongye atteste aussi 18 préfixes ou 18 genres.
- Ensuite, « l’homme crée la parémie et la parémie crée l’homme » ; parce que la parémie est vêtue des softs « power » positif et négatif.
Elle incite l’homme au « bien » ou au « mal », car elle capture et stocke les émotions, les affects sociaux, les recettes de l’intelligence et projection métaphysique qui constitue le code basic culturel élaboré.
En fin, le mode d’approche parémiologique qui vient d’être mise en exergue, montre comment introduire du genre formulaire les : valeurs, croyances, symboles, patriotes, idéologies
L’adolescence reste le champ de prédilection pour les investissements parémiologiques des adultes pour une société rénovée et aussi pour d’autres adultes.
Pour ce faire, par les parémies, on est appelé à des mutations comportementales allant des habitudes culturelles erronées par des nouvelles habitudes nobles, bien symbolique.
Que les linguistes prennent cette question en charge pour multiplier l’interprétation utile qui amène la société au changement vers le bien.
BIBLIOGRAPHIE
- OUVRAGES DE RÉFÉRENCE
- Larousse Dictionnaire Français illustré,
- Le Larousse Dictionnaire de Français, 1997 2ème
- Art et culture Songye, Bin KABAMBA NKAMANYI Lond Ed. 1983, Républque du Zaïre
- Dictionnaire de Français primordiale, 1987
- TRAVAUX
- d’Artur MULENDA YAKILULA NGOYI, L’étude linguistique des zoonymes songye chez les Bekaleebwe bakuushiebwe inédit G3 FLA I.S.P/TSHOFA année 2019-2020
- Dhéridia TSHITE MULENDA morphologie dérivationnelle Songye étude mené dans le Secteur de Tshofa 2010-2011
- MWEPU MIBANGA livre des proverbes Songye Lubumbashi ed. buwa 1988-1989
- COURS ET NOTES
- TSHITE MULENDA Assistant, Notes de cours de la Linguistique Africaine G1 FLA, 2019-2020
- Jean Pie NTUNDA MUEMBO LUBOTA, C.T. Notes de cours d’Initiation à la Recherche Scientifique (I.R.S.), G2 FLA. 2017-2018
- MUEMBO KAZADI François, C.T. Etude culturelle des Sociétés Africaines, 2018-2019, G1 FLA
- MUSONGYELA NTAMBUE, CT., Littératures Orales Traditionnelles Africaines (l’O.A.).
- KITENGYE SOKONI, Prof, Linguistique Africaine, G1 FLA, 2015-2016
- NGOYI NTAMBUE, Assistant Notes des cours Littérature Africaine 2019-2020.