LES MYTHES DANS LA LITTÉRATURE ORALE TRADITIONNELLE AFRICAINE ; CAS DES MYTHES SONGYE « ESSAI D’UNE ANALYSE COMPRÉHENSIVE »

LES MYTHES DANS LA LITTÉRATURE ORALE TRADITIONNELLE AFRICAINE ; CAS DES MYTHES SONGYE « ESSAI D’UNE ANALYSE COMPRÉHENSIVE »

Gilbert MUSONGYELA NTAMBWE, Gauthier NGOYI NTAMBUE, Dhéridia TSHITE MULENDA (Enseignants à l’ISP TSHOFA).

 

INTRODUCTION

Dans la société africaine, l’art oral constituait une école à la portée de tout le monde avec le but de transmettre la culture et de donner aux autres locuteurs de devenir des modèles et des professionnels. Notre étude portera sur les mythes en général comme une composante de la prose traditionnelle qui comprend en son sein plusieurs sous-genres. En effet, depuis l’antiquité, on n’a jamais cessé de se demander le nombre exact des genres littéraires dont il n’existait pas de classification pour la littérature orale. Il existe plusieurs tentatives de classification, sans succès. Cet échec à ne pas présenter une classification est dû au fait que la littérature fait tout et contient tout. Ainsi, il est difficile de dissocier cet échec dû aussi au fait que la littérature orale est fait socioculturel. Du manque de classification, les folkloristes n’ont pas tenu compte de tous les éléments qui peuvent classifier les genres oraux. Ils se basaient soit sur la forme, soit sur le contenu soit sur le mode de transmission.

Toutefois, il existe plusieurs types de classifications et plusieurs critères y afférents. Ainsi tous les genres simples, comme les mythes, les légendes, les récits historiques, les récits étiologiques et les récits esthétiques ont une seule chose en commun : leur forme libre, c’est-à-dire ; leur style non lié, non caractérisé par les éléments formels. Cette liberté est une caractéristique négative, une absence de critères formels. Tous ces genres s’expriment dans un langage courant, parfois dans les récits historiques, on rencontre des archaïsmes. Lorsqu’on cherche une épithète commune, à tous ces genres simples, on pourrait dire qu’ils sont tous narratifs ; c’est-à-dire qu’ils constituent une prose orale. Pour notre part, nous nous intéresserons spécialement aux mythes Songye comme récits explicatifs et narratifs dans cette prose orale traditionnelle africaine.

 

Néanmoins dans cette prose traditionnelle, il existe des lois qui s’appliquent à tous les genres narratifs qui parlent d’un domaine séparé du monde réel, un autre monde, sujet à ses propres lois et règles. Les lois de ce monde sont telles qu’elles l’emportent sur les lois ordinaires de la réalité objective. Nous tenons d’abord à rappeler en premier lieu ces lois avant de parler du mythe, sa nature, sa transmission, son contenu et ses thèmes intéressants, ainsi que leurs explications. Nous passerons ensuite, à l’analyse des mythes Songye pour terminer par une conclusion générale.

  1. Les lois épiques du narrateur dans la prose traditionnelle africaine.

Alex OLRIK et Allan Dundu s’exprimant à ce sujet affirment : « le narratif épic ne doit obéir qu’à ces propres lois. Ces lois supra organiques contrôleraient activement le narrateur épic. Il s’agit des lois suivantes :

  1. Loi d’ouverture et de la fermeture : (il y a un mouvement du repos vers l’action et vice-versa)
  2. La loi répétition : c’est un procédé pour créer l’attention ;
  3. La loi de trois : 3 personnes, 3 objets magiques, 3 cadeaux, 3 tentations ;
  4. La loi de deux dans une scène, le maximum de caractère apparait à la fois, sauf le spectateur muet ;
  5. La loi de contraste : le narratif est polarisé, il y a contraste entre riche et pauvre, jeune et vieux, bon et mauvais …
  6. La loi de jumeaux, il s’agit de deux personnes dans les mêmes pôles qui sont petits et faibles ;
  7. La loi de la position, initiale et finale : celui qui est le plus socialement le plus important d’abord et en suite celui qui gagne la sympathie du narratif ;

 

  1. La loi d’un fil unique, par d’intrigue fort complexe pour dénouer les différents fils, il faut un fil unique ;
  2. La loi du dessein schématisé : les personnes et situations ne sont pas aussi différentes que possible mais plutôt aussi similaires que possible. Cette stylisation rigide à sa propre valeur esthétique ;
  3. La loi des tableaux scéniques ; ce sont ces dans lesquelles les acteurs s’approchent l’un de l’autre, le héros et le monstre ;
  4. La loi d’unité d’action : une organisation faible et une action incertaine est le signe sûr qu’il ne s’agit pas d’un narratif épic. L’unité épique est telle que chaque élément collabore à créer un événement dont l’auditeur avait déjà dès le début prévu la possibilité et qui n’avait jamais perdu de vue ;
  5. La loi de logique dans le narratif populaire : les thèmes qui sont présentes doivent avoir une influence avec leur étendu et leur poids dans le narratif ;
  6. La loi de concentration sur le caractère principal, celle-ci est la loi la plus importante de la tradition populaire. Lorsqu’un homme et une femme apparaissent ensemble dans le narratif alors l’homme à le caractère le plus important mais la femme a souvent la sympathie des auditeurs[1].

 

Ces lois se trouvent dans les genres explicatifs et dans les groupes explicatifs, les Songye en particuliers et les africains qui vivent dans un milieu veulent expliquer les phénomènes qu’ils constatent dans leurs milieux cette explication est scientifique ensuite certaine règles qui fondent sa scientificité. Le texte explicatif constitue un ensemble de réponses aux questions sur les phénomènes qui entourent l’homme à la suite d’un pourquoi initial[2].

Parmi les récits explicatifs on distingue deux genres : les mythes et les récits étiologiques. C’est l’étude des mythes qui nous préoccupent dans cette démarche.

  1. les mythes :
  2. Nature du mythe

Dans la tradition orale, affirme J. Vansina : « les mythes sont des récits didactiques qui tentent d’expliquer le monde, la culture et la société par référence à une origine religieuse, et, poursuit-il, dans les mythes, il y a lieu de distinguer plusieurs éléments :

  • D’abord le caractère didactique sous forme concrète ou symbolique. Les mythes s’efforcent d’expliquer comment les choses, les institutions, les rites sont devenues telles qu’elles se présentent ;
  • Ensuite, il y a un rapport à l’origine, au commencement du monde matériel ou culturel ;
  • En fin, il y a une référence religieuse qui se rapporte au surnaturel[3].
  1. Les mythes sont transmis soigneusement, il y a des textes confiés à la mémoire et après des générations en générations. Et pour recueillir un mythe, il faut s’efforcer de l’obtenir mot à mot et en pas se contenter d’un contenu global. En général, ce genre de l’art oral, est le plus difficile à obtenir, surtout qu’on dit que les mythes n’existent plus et qu’ils sont des sources de très haute qualité sur l’histoire des religions. Nous nous efforcerons de récolter deux mythes, de les traduire en français et de les analyser.

 

  1. Le contenu des mythes

Le mythe africain en général traite de tous ce qui entoure l’homme et tout ce qui a rapport avec l’homme. Nous avons alors des mythes qui traitent de :

  1. La force de la création :
  2. Le Dieu suprême : Dieu du ciel
  3. L’ancêtre créateur ;
  4. Les parents du monde ;
  5. La fonction de la création ;
  6. La création spontanée
  7. b) Le processus de la création
  8. L’origine du milieu des hommes
  9. La terre primitive
  10. La terre obscure et vide
  11. La nuer primitive
  12. c) L’origine des hommes
  13. Façonner avec l’argile
  14. Façonner du bois
  15. venu du ciel
  16. Appeler à l’existence
  17. d) La vie des premiers hommes
  18. Un couple homme et femme
  19. La mère primitive
  20. L’ancêtre primitif
  21. La construction d’un tour.

Quelques sous-thèmes

  1. L’origine de la mort
  2. Le message échoué ou erroné (le caméléon)
  3. L’immoralité perdue en dormant
  4. La mort dans un paquet
  5. L’ordalie (chercher le coupable chez les hommes)
  6. La jalousie dans la femme primitive
  7. La progression sur la mort
  8. La catastrophe mondiale
  9. Le déluge
  10. Le grand feu
  11. L’éloignement de Dieu
  12. L’origine de la culture humaine
  13. L’origine de la chasse
  14. La domestication et l’élevage des animaux ;
  15. L’origine des plantes combustibles ;
  16. La découverte du feu ;
  17. La préparation des nourritures ;
  18. L’apprentissage des métiers (foyer, faire la poterie) ;
  19. L’origine du mariage ;
  20. L’origine des mœurs coutume religieuse.

Par ailleurs les mythes africains ont certains terrains privilégiés où ils abondent.

Nous reprendrons ci-dessous quelques thèmes intéressants.

  1. Quelques thèmes intéressant dans les mythes africains
  2. L’animal

Dans les mythes africains, l’animal a souvent le rôle d’aide créateur, d’un ancêtre, d’un héros civilisateur, d’un maitre. Les animaux les plus importants sont : le chien, la tortue, le caméléon, le crapaud, l’araignée, le lièvre…

 

 

 

 

  1. Le voyage dans le monde inférieur :

C’est le voyage dans l’au-delà, défense de manger ou de se trouver ou d’ouvrir un paquet.

  1. L’importance des phénomènes météorologiques dans les mythes : le soleil, la lune, l’arc-en-ciel, pluie, étoile, terre, eau, tonnerre.
  2. L’arbre

Dans les mythes africains, l’arbre représente : la naissance, la vie, la mort, la tombe.

e). Explication des mythes

  1. Le mythe est un énoncé déchiffrable à partir de son contexte philosophique,    religieux et social.
  2. Le mythe n’est pas partout une doctrine préétablie ; il n’a pas non plus partout une valeur normative. Les mythes sont multiples et variés avec les maîtres et les écoles.
  3. Les institutions initiatiques ne se proposent pas d’initier les néophytes à un enseignement constitué par les mythes.
  4. Le mythe est un enseignement pédagogique qui sert à manipuler avec aisance des notions abstraites. Il instruit ceux qui ne se sont pas préparés à aborder une abstraction. Le mythe se hausse vers un degré d’abstraction plus élevé que la fable en raison des invisibles auxquels il donne une place.
  5. L’univers du mythe ne doit pas être réduit au message apparent qui voile les notions abstraites. Le recours aux symboles permet de travailler avec des réalités plus fécondes que des concepts abstraits.
  6. La représentation figurative est une protection dérisoire vis-à-vis de ceux qui emploi ce même système de référence très efficace lorsque s’affrontent deux systèmes de références différentes.
  7. l’enseignement initiatique s’accomplit, au moyen des symboles puisés par l’homme dans le milieu familier et sélectionné en raison des particularités intrinsèques qui par le jeu des analogies représentent des notions abstraites. Pour celui qui ne connait pas la signification des symboles et leurs manifestations l’enseignement est quasi-impénétrable.
  8. chaque objet brut ou fabriqué, chaque être est dans l’enseignement un symbole qu’il faut se garder d’utiliser au hasard car sa valeur est en fonction l’analogie susceptible ou non de s’établir entre le concept abstrait et le concept réel.
  9. L’enseignement est essentiellement cloisonné et progressif. Les initiations s’articulent autour de cinq sens, chaque comportement possède ses propres symboles.
  10. l’enseignement est progressif, l’initiation a pour fonction principale, d’ouvrir l’oreille, d’éclairer l’entendement, en suite vient la filière des instructions successives dans un ordre déterminé, la familiarisation avec le symbole se fait avec lenteur et non sans peine[4].

Pour notre pat, nous avons voulu focaliser notre attention dans les mythes Songye que nous tenterons d’analyser et d’interpréter. Nous retiendrons donc deux mythes pour cette analyse et cette interprétation.

  1. La prose traditionnelle Songye : le mythe

La nature des mythes africains, leur transmission et leur contenu viennent d’être évoquées dans notre première partie. Pour l’instant, notre tâche se limitera à analyser  quelques mythes Songye pour ensuite tenter  de les expliquer  ou mieux  de les interpréter. Il s’agira d’abord du mythe KINTU et en suite du CHIEN DOMESTIQUE. Pour une présentation aisée, nous aurons le texte original songye à gauche et la traduction

 

 

 

en français à droite.

a)    Le mythe KINTU
TRADUCTION SONGYE TRADUCTION EN FRANCAIS
Kumbangilo a byoso, Efile bapangile balume ee bapa kyabo kibundji, akupu a panga bakaashi eebapa kiabo kibundji na mbwa aabo, eshina diaye « kintu yawa kintu », badimbwa mpibwe, tabasaminwa kabidi, anka omutwesha mu kisuku osama dimune nyama nkeekumi. Anka Efile pabapeele bakashi  yawa mbwa beebakamikilee’shi, tanu mupanga muntu, na dingi taa saminwa kabidi. Bakashi nkulama aa mayi munda a mafukwe bungi. Dingi efuku ba lume nkwenda  mu kibundji  kya bakashi bwa mwanda wa bwilu. Bakashi pa kupusha aa mayi, abonkupela nka dyabo dimune. Balume nkushilama nkubanga kwitayila, ba tabo Anka muyile eshimba dia bakashi, lusa nkwibakwataa, Abo nkwibapa mbwa  na kwibakamika shi : « taaa saminwa kabidi naa nunemekyele aa mayi .Efuku dibedi abo nkunemekyela bishima  bya bakashi nkusama  ekumi.Efuku dya kabidi, balume nkwela binangu  su twasama kabidi atukwata iibungi. Abo nkusama, kintu kwata. Anka papa kintu  bende looso na buu leelo. A butoko bakashi baba fwila mbwa ekwakwa nyi  ekuno ?

Mbwa ekwakwa nyi eekuno ? Bakashi nkutomboka nkubanga kudila

Kunyima abo nkwenda kwi Efile Mukulu mukufunda kilumbu  Abo nkwenda munkatula

Kiimu, Efile nkwibatemesha

Kutshiba kwa kiimu :

Nampwile kwinungula kintu taaaluka kwenu dingi nya.

Anka kyanudya kukita kino : ndaayi nukakwate baaba bantu, beekale bantu beenu

Su bakwata muntu umune ngooobe  yawa bupenka penka boobe akufute kintu.

Kitaayi nka byabya, su mwakumbana basatu sunga banaka.

Ngi byanumona bakashi sunga omupa kini ambanka’shi kyakya ngi « Kintu »

Na dingi baasha mukashi umune, mbaaba baaba baasha bakashi beelubilo.

Baasha bakashi babidi mbano baasha kakashi bashii bukome, babaayi tnbgine ba kuibakwa tshisha. Baasha bakashi beebungi mbano balume  ba bukome naba lubilo, baba kimbile bakashi na  kwibashiya lubilo.

b. LE CHIEN DOMESTIQUE (mbwa a fwila kaalo, taadi  mishila ku mpembe)

Au commencement du monde Dieu a créé les Hommes et leurs a donné un village, puis il a créé les femmes te leurs donné également un village plus du monde « kintu ». Ce chien était un grand chasseur, il suffisait de lancer un cri d’attaque et il vous ramène une dizaine de bêtes sauvages. En donnant ce chien aux femmes, Dieu  leur avait formellement interdit des ne jamais le céder à quiconque et de ne jamais lui  intimer l’ordre  deux fois pour attaquer et, ces ordres furent respectés longtemps. Un jour les hommes se rendirent dans le village des femmes demander le chien pour  la chasse, ils n’avaient assez des légumes. En entendant cette demande les femmes répondirent par la négative. Les hommes se mirent à supplier les femmes. Prises de compassion, les femmes finirent par fléchir. Elles donnèrent  le chien aux hommes en insistant sur le fait qu’il ne fallait  jamais lui intimer l’ordre deux fois. Le premier jour, ils tirent compte des ordres reçus des femmes et revinrent de la chasse avec 10 bêtes (gibiers)

Le deuxième jour, les hommes se dirent si nous crions deux fois, nous ferons une chasse fructueuse

Ils crièrent de plus belle attaque « kintu », attaquer

A ces mots, le chien disparu dans la nature et on ne l’a plus jamais revu

Le lendemain les femmes vinrent chercher, le chien était introuvable. Les femmes furent très irritées et elles se mirent à pleurer, pleines de colère.

Après mures réflexion, elles décidèrent d’aller intenter un procès aux hommes près de Dieu ainsi dit, ainsi fait, les femmes furent entendeurs mais La sentence fut alors : « vous aviez été prévenues je n’en peux rien ».

Mais par contre voici ce qu’il faudra faire aller à la poursuite de ces gens, faites en vos esclaves.

Si vous arrêtez un individu, maîtrisez-le, qu’il vous paie les amandes (qu’il restitue Kintu) S’il est plus fort, appelez « au secours ».

Tenter de maitriser ces gens à deux, à trois mêmes à quatre…

C’est ainsi qu’une femme n’est jamais satisfaite.

Et les monogames sont ceux qui ont pour femmes des grandes athlètes. Les bigames dont les femmes ont appelés au secours pour aider à maitriser le mari les polygames sont les hommes les plus forts et les plus rapides. Il a fallu le concours de beaucoup pour les maitriser.

Kubadi bukwa nyama bwikongeene pamune mpeshi pataanokanga beebatopo dingi babakutwa kaalo kakoota bwa kwipampula mashika Ananyi mupwandjikile nkeetwatshila kaalo ku bantu ? Mbwa nkwisamuna  shi ami neende. Aye nkuenda nyaa na paasha  ku bantu, aye nkutwela munshibo Mwamwa mashibo abaadi mutwele aye nkusangana kaalo akatembe na lweso panka, aye nkubanga koota. Kunyima akipindji byashi bibabobo, bantu babanga kudja.

Munkatshi a kudja babaadi abele mbwa mifufwa adyanga.

Ngi mbwa nkuluba waye ubaadi  umufwishe wa kwata kaalo aye nkushaala nka byabya looso ku  bantu nabu leelo taamwalukye taaafubila nka bantu mifubo abo naamu bamu peeya mifufwa sunga akwata nyama mukata, mbwa kyaye nka penda mifufwa .

Mwanda tabaadi bu mpika aluba kwabo.

Ilya avait une fois, tous les animaux réunis ensemble.

Une grande pluie s’abatit et ils furent tous mouillés, entre temps, ils n’avaient pas du feu pour se réchauffer contre le froid. Ils se demandèrent qui pouvait aller leur chercher du feu auprès des hommes.

Et le chien se présenta comme seul capable de remplir cette mission, il est parti jusqu’au village et s’introduit dans une case dans cette même case, il trouva un grand feu et une marmite dessus, il commença à se réchauffer au bout d’un bref instant, le repas était près et les hommes commencèrent à manger pendant le repas les hommes jetaient des os au chien qui le croquait.

Et le messager oublia sa mission de secourir les autres animaux qui  étaient dans l’impasse.

Il demeura pour toujours auprès des hommes pour leur rendre des multiples services moyennant son maître : « les os » quel que soit le service qu’il puisse rendre aux hommes, le chien ne mérite que les os.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III.EXPLICATION DE CES DEUX MYTHES

En parcourant ces deux mythes, nous pouvons dire que le mythe est un énoncé déchiffrable à partir de son contenu philosophique et religieux. Les mythes sont multiples, variables avec les maitres et les écoles.

Le mythe Songye est un instrument pédagogique qui sert à manipuler avec aisance des notions abstraites. Ici dans le cas d’espèce, les Songye interrogent les grandes réalités du monde, ce qui donne lieu à ce que l’on pourrait appeler les séries de questions. Ces questions ont été réglées de façon mythique dans le monde qui est essentiellement sous la loi de la magie.

Les deux mythes Songye répondent à deux questions séparées : « comment expliquer  l’insatisfaction de la femme vis-à-vis de l’homme ? » et, « d’où vient la soumission du chien et l’ingratitude de l’homme vis-à-vis de celui-ci ? ».

(Les deux se rejoignent dans la situation d’esclavage. L’homme s’est rendu esclave vis-à-vis de la femme en perdant le chien) « Kintu » et d’autre part, le chien s’est rendu esclave en quittant sa contrée pour venir croquer les os chez les hommes.

Quand nous nous référons aux lois du narrateur, nous constatons que les deux mythes analysés se fondent sur la treizième loi, la loi de concentration sur le caractère principal qui est la loi la plus importante de la tradition populaire. Le caractère principal ici c’est l’esclavage dans lequel se plongent les deux personnages ; l’homme et le chien.

A n’en point douter les mythes Songye rejoignent les mythes africains dans leurs explications. A en croire, Dominique Zahan, nous pouvons résumer l’explication des mythes de la manière suivante :

  • L’univers des mythes ne doit pas être réduit au message apparent que valent les notions abstraites ;
  • Le recours aux symboles permet de travailler avec des réalités plus fécondes que les concepts abstraits ;

 

 

 

  • La représentation figurative est une protection dérisoire vis-à-vis de ceux qui emploient le même système de référence très efficace. Lorsque s’affrontent deux systèmes de références différentes ;
  • L’enseignement initiatique s’accomplit au moyen des symboles puis sépare l’homme dans son milieu familier et sélectionné ;
  • L’enseignement est essentiellement cloisonne et progressif ;
  • L’initiation a pour fonction principale d’ouvrir l’oreille, d’éclairer l’entendement et de donner des instructions.[5]

 

CONCLUSION

Quand on parcourt aujourd’hui la liste des genres littéraires de l’art oral traditionnel en Afrique noire, une chose nous agace. C’est le constat amer de la disparition progressive des tous ces genres, faute d’école et faute des chercheurs engagés, la transmission elle-même est non assurée. C’est une richesse irrécupérable qui s’en va et sans espoir de retour.

Un autre constat non moins déconcertant est que tous ces genres narratifs ou liés ne trouvent pas toujours un correspondant en langues nationales. C’est les cas des contes, fables, fabliaux, légendes, mythes, récit historique, étiologiques et même les complexes majeures qui sont traduits globalement en Songye par « Myele » un seul cas se distingue parmi tant d’autres celui des proverbes traduit par « Nkindji ou Lukindji » au singulier.

La confusion entretenue par une dénomination commune pour tous les genres littéraires en Songye est une option qu’il faut lever. Il faut trouver un nom pour chacun et dans le cadre de cet article nous proposons « Myele ya kabukulu » pour désigner les mythes comme genre narratif et explicatif.

Il est également de notre devoir de nommer chaque genre en langues nationales pour éviter toute confusion qui les met tous dans un même panier au risque de les perdre tous.

 

 

 

Les africanistes ont dès lors une tâche et un devoir à remplir, celui de rechercher avec véhémence et de conserver cet acquis et cet outil irremplaçable de leur culture.

Disons pour terminer qu’aujourd’hui il est difficile de recueillir les mythes, les narrateurs étant en pleine disparition.

Toutefois les mythes restent les sources de très haute qualité sur l’histoire des religions et de la culture d’un peuple efforçons-nous de recueillir les nôtres et surtout dans nos langues et voir dans des langues étrangères qui ne font que les altérer en perdant le génie investit là-dedans.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Allan Dundu : Epic laws of folklor narration in the study of folklore 1965 pp. 131-141
  2. Alex Olrix; Epiche cresetze der volks dictung inteitschrift fur detches altertum. Vol 31.109 pp. 1-12
  3. Joseph Vansina, De la tradition orale, Cerf Paris 1923
  4. Dominique Zahan ; Dialectique du verbe chez les Bambara, Kin 1963
  5. Calame Griaule ; La Littérature orale, in colloque sur l’art nègre : 1er festival mondial des arts nègres, Tome 1, Paris, Présence Africaine, 1967 pp 243-254
  6. KABONGO B. ; La Littérature négro africaine et ses problèmes : questions et méthodes, P.U.Z., 1982

 

[1]Alex Orlik, Epische cresetze der volkos dictung inteitshrift fur detches altenum vol 31, 109, p.1-12

 

[2] Allan Dundu, Epic laws of falk narratives in the study of folklore, 1965 p 131-141

[3] Vansina, De la traadition orale, cerf Paris, 1921,p.123.

[4] Résumé des pages 116-123 de Dominique Zaham dans la dialectique du verbe chez les Bambara, Kinshasa 1963.

[5] Dominique Zahan, op. Cit.