UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES.
Département des sciences politiques et administratives
B.P. 1825
LUBUMBASHI
POLITIQUE DE LA GRATUITE ET QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE DANS VILLE DE LUBUMBASHI
Par : KABUNDA KALENGA Samuel
Mémoire présenté et défendu en vue de l’obtention du grade de licencié en sciences sociales politiques et administratives
Directeur : MUDIMBI KAPILU Jeff
Professeur Ordinaire
Année académique : 2023 – 2024
EPIGRAPHE
L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde mais à condition de préserver un enseignement de qualité.
Nelson MANDELA
KABUNDA KALENGA Samuel
DEDICACE
- Au ministère nationale et provincial de l’enseignement primaire, secondaire et technique
- Aux autorités politico-administratives du pays en général et en particulier ceux de la ville de Lubumbashi
- A tous les enseignants des écoles primaires de la ville de Lubumbashi
KABUNDA KALENGA Samuel
AVANT-PROPOS
La rédaction d’un travail scientifique est loin d’être une œuvre individuelle. Rédiger un mémoire de recherche est une œuvre complexe qui demande beaucoup de travail, une forte détermination et concentration. De la conception du sujet à la rédaction, en passant par différentes étapes telles que l’acquisition de divers documents, des lectures, des avis et des remarques, les interventions des uns et des autres contribuent à l’amélioration finale du travail. C’est pour cette raison que la contribution de certaines personnes mérite, dès lors, d’être appréciée et reconnue.
Voilà pourquoi avant tout, nous rendons gloire et honneur à notre Dieu, lui, le maître des temps et des circonstances pour son soutien sans faille dans la rédaction de cette œuvre scientifique. Sa présence nous a soutenu tout au long de notre parcours universitaire en nous donnant l’intelligence, la sagesse et la force nécessaire pour faire face aux défis et pour apprendre autant que possible.
Une autre personnalité à remercier se trouve être le directeur de cette dissertation de mémoire, le Professeur Ordinaire MUDIMBI KAPILU. Il nous a, non seulement, encadré pour la réalisation de ce projet académique, mais il a également rendu possible la finalisation de cette recherche par ses remarques, son suivi régulier et son attention qu’il a portée à ce travail. Sa passion pour son domaine d’expertise est contagieuse, et sa capacité à communiquer et à transmettre la connaissance est admirable. Il a su éveiller en nous une véritable passion pour la recherche et il nous a guidé avec bienveillance tout au long de ce parcours académique. Au-delà de son rôle de directeur de mémoire, il a été un véritable soutien, un Papa. Sa présence bienveillante et ses conseils avisés ont joué un rôle crucial dans notre réussite. Nous partageons également cette citation qui reflète l’impact qu’il a eu sur nous : « Le succès n’est pas seulement le résultat des efforts individuels, mais aussi du soutien et des conseils d’un mentor dévoué ».
Nous remercions également le corps professoral de l’Université de Lubumbashi, particulièrement le corps professoral de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives, qui tous, durant notre cursus académique se sont dévoués énormément pour notre excellente formation morale et intellectuelle.
Nos remerciements vont, tout particulièrement, à nos parents KABUNDA Jacques et MUJINGA Claudette, de nous avoir accordé leur soutien indéfectible tout au long de cette vie universitaire. Leur amour, leurs encouragements et leurs sacrifices ont été les piliers sur lesquels nous nous sommes appuyé pour atteindre nos objectifs académiques. Leur confiance en nous est une source d’inspiration et nous a donné la force de persévérer dans les moments difficiles. Nous sommes reconnaissant pour les sacrifices qu’ils ont consentis afin de nous permettre de nous consacrer pleinement à nos études. Leur soutien financier, logistique et émotionnel a été essentiel pour que nous puissions nous concentrer sur nos recherches et rédiger ce mémoire malgré ce moment très difficile. Nous souhaitons encore une fois exprimer notre gratitude pour les valeurs qu’ils nous ont transmises tout au long de notre vie. Leur éducation bienveillante et amour inconditionnel ont façonné la personne que nous sommes aujourd’hui. C’est grâce à eux que nous avons acquis les compétences nécessaires pour bien mener ce projet académique. Nous tenons à les remercier du fond de notre cœur pour tout ce qu’ils ont fait pour nous. Leur soutien indéfectible a été un véritable moteur dans la réalisation de ce mémoire. Nous sommes fier de pouvoir partager cette réussite avec eux et nous savons que sans eux, cela n’aurait pas été possible.
C’est avec honneur, joie et sincérité du cœur que nous remercions tous les membres de notre famille, nos frères et sœurs : Rodrigue YUMBA, Arlette KABUNDA, Alice KASONGO, Isabelle NDELELA, Angel KABUNDA, Fifi KABANGE, Joseph KABILA, Artur KABUNDA.
Nos remerciements s’adressent aussi à notre famille spirituelle en général et en particulier au Révérend Apôtre Jacob Israël KALENDA NGUVULU, au pasteur David BEYA, à l’Administrateur de l’Eglise Blanchard TSHOZ et à l’Ancien Jean-Marie LUPUWE pour leurs encouragements et leur soutien.
A vous nos ami(e)s, trouvez dans ces petits mots nos remerciements les plus distinguer : Esther MWAPE, Shekinah KASONGO, Jenovic SHINDANI, Samson KANIKI.
A vous compagnons de lutte avec qui nous avons commencé cette aventure estudiantine depuis la promotion de recrutement jusqu’à ces jours, nous citons : SWEDI KANYANDURU Eben Ezer, KAMUNGA KAYEMBE Bonheur, YUMBA MBUYA Iben, KALENGA MBUYU Rinha. Merci pour tous vos encouragements, le travail et efforts consentis.
A ce sentiment, nous associons tous ceux qui se sentent marginalisés, étant non énumérés sur cette liste et ayant contribué d’une manière ou d’une autre à ce que nous sommes devenu aujourd’hui. Qu’ils trouvent aussi l’expression de notre profonde gratitude.
KABUNDA KALENGA Samuel
INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX ET INTERET DU SUJET
Selon l’Unesco, depuis 1990 et plus particulièrement depuis les années 2000, l’objectif d’atteindre l’éducation pour tous a mobilisé plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne et les a incités à conforter leur taux d’enrôlement scolaire historiquement bas. Leurs initiatives, pour attirer plus d’enfants à l’école, ont connu un succès remarquable.
C’est ainsi que la République Démocratique du Congo, pays membre des Nations unies, a déclaré vouloir, il y a quelques années, se conformer aux Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’adoption de ces objectifs répondait en particulier aux aspirations des parents congolais concernant la scolarisation de leurs enfants.
C’est dans cet ordre que l’article 43 de la Constitution actuelle de la République Démocratique du Congo (RDC) indique que l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics. S’appuyant sur cette disposition constitutionnelle, la nouvelle Loi – Cadre de l’Enseignement National N° 14/004 du 11 Février 2014, en son article 7, point 18 parle de la gratuité de l’enseignement, en termes de prise en charge par l’Etat, des frais de scolarité de l’éducation de base dans les établissements publics.
Avant l’adoption de cette loi par le Parlement, le Gouvernement a instauré, dès le début de l’année scolaire 2010-2011, la gratuité dans les trois premières classes du primaire, mais cette première expérience de la gratuité ne concernait pas toute la RDC, elle concernait seulement quelques provinces comme la Province de Kinshasa, le Nord et Sud Kivu, le Bas-Congo (actuellement Kongo Central), projetant son extension aux classes de 4ème, 5ème et 6ème années au cours de l’année scolaire 2011-2012. L’ensemble de ces orientations constitutionnelles, légales et gouvernementales constituent un important progrès dans l’optique de la réalisation de l’Education Pour Tous. En effet, la scolarité ne peut être obligatoire, ni universelle si elle n’est pas en même temps gratuite.
L’application effective de cette disposition légale est perçue différemment par les acteurs éducatifs œuvrant aussi bien à l’école qu’en dehors de celle-ci. Si l’on veut en avoir une idée plus au moins exacte, il est impérieux d’approcher ces différentes catégories sociales, surtout celles qui pourraient être en mesure de fournir des informations fiables, du fait de leur participation au fonctionnement de l’institution. Nous pensons ici aux enseignants. Il est important d’évaluer aussi l’incidence de la réforme de la gratuité sur la formation des élèves.
Par et à travers la gratuité de l’enseignement, le Gouvernement visait, entre autres, la réduction du taux d’abandon scolaire, de l’écart entre la scolarité des filles et celle des garçons, ainsi que du taux d’analphabétisme. Voilà ce qui nous a conduit à mener cette étude dont le titre est : politique de la gratuité et qualité l’enseignement primaire dans la ville de Lubumbashi.
Il n’est pas superflu de rappeler qu’à chaque fois que l’encre est au bout de la plume d’un chercheur, une dimension téléologique traverse ses écrits[1]. Lorsqu’on parcourt certaines productions scientifiques, on est frappé par la diversité des préoccupations ainsi que par la multiplicité des raisons à la base du choix du sujet et des intérêts de la recherche. Les écrits de cette étude ne dérogent pas à cette règle.
Le souci personnel qui motive cette recherche découle du constat selon lequel l’éducation, en tant qu’un des piliers du développement durable d’un pays, doit accorder une importance particulière à la formation des individus appelés à diriger les différentes institutions nationales. C’est ainsi que nous avons désiré informer et nous informer au travers différents sujets autour de l’éducation.
Nous aborderons le sujet de la politique de la gratuité et qualité de l’enseignement primaire, qui à notre sens, devrait être un dispositif clé pour faire baisser le taux d’analphabètes et d’enfants non-scolarisés, pour miser sur l’apprentissage et la qualité de l’enseignement en RDC en général et en particulier dans la ville de Lubumbashi, mais qui semble trouver des difficultés à être mis en place.
Sur le plan du savoir scientifique, nous voulons, au travers cette œuvre, contribuer à l’amélioration de la qualité du système éducatif congolais en analysant les facteurs qui influent la qualité de l’enseignement primaire, tels que la formation des enseignants, les ressources pédagogiques disponibles, les méthodes d’enseignement utilisées, etc. Nous voulons également mettre en lumière malgré la politique de la gratuité, les pratiques efficaces pouvant améliorer la qualité de l’enseignement primaire.
Nous voulons également analyser la perception de la politique de gratuité par les parents ainsi que par le corps des enseignants de la République Démocratique du Congo en général et ceux de la ville de Lubumbashi en particulier.
C’est ainsi que ce présent travail a pour objectif :
- D’analyser dans quels mesures la RDC peut assurer un enseignement primaire à la fois gratuit et de qualité.
- D’identifier le défi de la politique de la gratuité sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement de base dans les écoles primaires publiques de la RDC ;
- De connaitre l’impact de la politique de la gratuité sur la qualité de l’enseignement en terme de : nombre de livres, le nombre de classes, le nombre d’enseignants, le nombre d’élèves et la moyenne de réussite des élèves.
Du point de vue de la société, le choix d’un tel sujet se justifie par son actualité avérée au regard des conséquences que la gratuité de l’enseignement peut présenter, telles que le surpeuplement des salles de classe. Certains parents ont transféré leurs enfants des écoles privées aux écoles publiques afin de réduire le coût lié à la vie quotidienne. Cependant cette transition a entrainé des conditions d’apprentissage précaires pour les enfants et a mis les enseignants dans une situation difficile pour les encadrer.
C’est pourquoi l’objectif de cette étude au niveau sociétal est d’interpeller les autorités politico-administratives de s’investir davantage dans cette politique de gratuité afin que celle-ci puisse apporter des résultats qui seront bénéfiques au regard de toutes les parties concernées à savoir : les élèves, les enseignants, les parents.
2. ETAT DE LA QUESTION
Il serait peut-être imprudent de se prévaloir comme étant le premier à s’être livré à une telle étude. Nous croyons que bien d’autres, avant nous, ont conjugué leurs efforts pour produire des travaux scientifiques axés, soit sur le même objet, soit sur le même domaine.
Le domaine scientifique, plus précisément celui de la recherche, reste un domaine où complémentarité, reformulation et critique se succèdent. Ainsi, il nous a semblé judicieux de chercher si notre préoccupation n’aurait pas fait objet d’un autre travail.
En effet, il est vrai que la question de la politique de la gratuité et qualité de l’enseignement primaire a déjà été au cœur des préoccupations des plusieurs auteurs. Mais dans le cadre de cette étude, nous allons en évoquer quelques-uns à savoir :
- SHAMAVU BYANJIRA John Kissa[2] fait constater que, aujourd’hui le grand défi auquel le politique congolais ou encore le gestionnaire du système éducatif devrait s’intéresser est celui de concilier les deux secteurs d’enseignement, non seulement en termes de qualité, mais aussi en termes de conditions de travail.
Or, il s’observe de plus en plus des mécontentements dans les chefs des enseignants du secteur public et du côté de ceux du secteur privé. Pour ceux du secteur public, ils expriment souvent leurs mécontentements par des grèves chaque année et surtout à la rentrée scolaire. Pour ceux du secteur privé, leur non-satisfaction n’est pas clairement exprimée, car on n’a jamais, depuis 1990, suivi une grève de leur part, mais cela serait dû peut-être au fait que ces derniers n’ont pas de syndicats. Les conditions de travail des enseignants ainsi que le contexte pédagogique dans les écoles du secteur privé suscitent ainsi plusieurs questions touchant les facteurs des inégalités scolaires et sociales chez les enseignants et chez les apprenants. Néanmoins, d’autres observations faites par l’auteur font état d’une fréquentation des écoles privées par les élèves dont les parents sont d’une classe moyennement ou fortement favorisée et pendant ce temps, certains enseignants expriment le souhait d’appartenir aux écoles du secteur privé que public.
Les conditions de travail des enseignants sont –elles les mêmes dans les écoles privées et dans les écoles publiques ? Les enseignants des écoles publiques ne sont-ils pas bien rémunérés que ceux du privé ? Pour les enfants de familles moins nanties ne sont-ils pas inscrits dans les écoles privées ? Les mécontentements des enseignants ne peuvent-ils pas avoir d’impact négatif sur les apprentissages ?
Partant de ce questionnement autour du système éducatif congolais entre deux secteurs, l’auteur a mené une étude scientifique sur la comparaison des conditions de travail des enseignants.
De tout ce qui vient d’être dit par l’auteur, sa préoccupation était de savoir La différence des conditions de travail des enseignants dans les écoles publiques et les écoles privées peut-elle avoir d’impact sur la qualité de l’enseignement ?
En guise des hypothèses à la préoccupation avancée, l’auteur note que bien qu’ils aient reçu la même formation initiale et utilisent le même programme scolaire, dans la société congolaise actuelle et dans certains pays de l’Afrique subsaharienne, il observe une conception divergente entre les enseignants des écoles du secteur public et ceux du secteur privé. En effet, certaines personnes croient abusivement que les conditions d’enseignement et les contextes d’enseignement sont mieux dans les écoles privées que dans les écoles publiques et pour cela, l’école privée est plus efficace que l’école publique et d’autres par contre pensent l’inverse. « Dans cette perspective, chaque parent d’élèves a son opinion sur l’’enseignement public et privé ». Et pourtant, l’efficacité d’une institution scolaire peut dépendre de plusieurs facteurs.La différence des conditions de travail des enseignants dans les écoles publiques et les écoles privées ont un impact sur la qualité de l’enseignement.
L’auteur a abouti aux résultats selon lesquels, les enseignants des écoles du secteur privé reçoivent un salaire mensuel supérieur à celui des enseignants du secteur public. La comparaison des moyennes mensuelles entre les enseignants du privé indique qu’un enseignant reçoit en moyenne 180 dollars américains contre 110 dollars américains chez le public ; soit 70 dollars américains d’écart. Les enseignants des écoles privées sont le mieux satisfaits de leurs salaires actuels que leurs collègues des écoles publiques. Concernant l’usage des manuels et des matériels didactiques, l’auteur montre que les enseignants du secteur privé ont plus la possibilité d’utiliser les outils d’enseignement contrairement aux enseignants du secteur public à qui on observe une insuffisance des matériels didactiques ; ce qui infirme les hypothèses avancées par l’auteur.
La ressemblance avec l’auteur est établie par le fait que nous cherchons une amélioration de la qualité de l’enseignement des écoles publiques de l’Etat, l’apport que celui-ci peut apporter pour que l’enseignement ait une dimension effective et efficace.
A la différence de l’auteur de cette œuvre qui a beaucoup plus consacré son étude à la comparaison des conditions de travail entre les enseignants du secteur public et ceux du secteur privé qui impacterait la qualité de l’enseignement, nous allons essayer de voir les défis qu’a la politique de la gratuité pour rendre supérieure la qualité de l’enseignent primaire.
- Emilie AUCLAIRE[3], dans sa réflexion, constate que le néolibéralisme, la nouvelle gestion publique et la gestion axée sur les résultats ont fait leur entrée dans le système scolaire québécois officiellement en 2002 avec l’adoption de la Loi 124.
Peu à peu, les valeurs humanistes du réseau ont laissé leur place à une idéologie promouvant l’économie, l’efficacité, l’évaluation et l’efficience. Ces pratiques de management ont cependant des répercussions négatives sur le bien-être des directions d’établissement, des enseignants et des élèves. Ce qui affecte tout aussi négativement la réussite éducative. En 2017, le gouvernement du Québec adoptait sa dernière politique de la réussite éducative avec pour mission d’améliorer la qualité de l’éducation, de favoriser la réussite des élèves et de soutenir les élèves en difficulté, en s’inscrivant dans une tendance internationale y réintroduisait les valeurs de bienveillance et de bien-être.
En parcourant ces écrits, l’auteur cherchait à répondre à la question suivante : Quels facteurs expliquent l’intégration des valeurs humanistes de la bienveillance et du bien-être dans la nouvelle politique éducative ? Les résultats de cette étude suggèrent que l’introduction des valeurs humanistes dans la politique de la réussite éducative est le fruit d’une dynamique prescriptive du référentiel global d’économie de marché sur son référentiel sectoriel, celui de la politique à l’étude. La bienveillance et le bien-être à l’école sont présentés comme des déterminants de réussite qui contribuent à former des travailleurs performants.
Nous partageons l’avis de l’auteur sur l’importance de certaines conditions préalables, telles que l’amélioration de la qualité de l’éducation et la promotion de la réussite des élèves, pour parvenir à la formation de cadres et de travailleurs compétents. En effet, une éducation de qualité constitue un levier essentiel pour garantir cette réussite.
Toutefois, il faut noter la démarcation entre nous et cet auteur qui est à signifier par l’idée qu’il cherche à décrire le référentiel global et sectoriel de l’éducation à l’introduction des valeurs humanistes de la bienveillance et du bien-être dans la politique québécoise sur la réussite éducative ; décrire la dynamique entre les référentiels global et sectoriel de l’éducation et son influence sur l’introduction des valeurs humanistes du bien-être et de la bienveillance, et notamment les adaptations du référentiel sectoriel en lien avec le référentiel global. Mais de notre part, nous, nous avons orienté notre travail à l’étude de l’écart entre cette nouvelle politique de la gratuité et les réalités sur le terrain, de quelle manière la gratuité a-t-elle eu un impact sur la qualité de l’enseignement primaire, de donner les aptitudes de base, en mettant l’accent sur la lecture, l’écriture et l’arithmétique, qui doivent être considérées comme des parties essentielles de toute éducation de qualité.
- BAPOLISI BAHUGA Paulin[4] note que, tout pays digne de ce nom, met chaque année à la disposition de différents ministères un budget capable de répondre aux besoins de la population dans des domaines spécifiques.
C’est ainsi que le budget de l’Etat Congolais alloué dans le domaine de l’éducation était de 11,3 % soit 1,13 milliard USD pour la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement de base, budget général de l’exercice 2020 du gouvernement de la RDC. D’où la nécessité d’une mise en œuvre effective de la gratuité de l’éducation de base en RDC d’une manière progressive.
Après le discours d’investiture du Président Felix TSHISEKEDI du 24 janvier 2019, soucieux de répondre aux préoccupations des accords internationaux sur l’éducation de base, le Président de la République Démocratique du Congo a proclamé la gratuité de l’enseignement primaire et elle a été rendue effective dans les établissements publics à partir de la rentrée scolaire de septembre 2019, et cela dans un contexte de pauvreté généralisée et multidimensionnelle.
La question relative à la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo, selon l’auteur fait l’objet de plusieurs débats de la part des divers acteurs de ce secteur. Bien que la décision présidentielle soit impopulaire et aussi courageuse, l’auteur cherche à évaluer l’incidence de la gratuité sur le fonctionnement des institutions d’enseignement primaire dans la ville de Bukavu afin de vérifier l’effectivité d’un changement par rapport aux charges des parents. C’est ainsi qu’il s’est posé la question de savoir Quels sont les effets du lancement du programme de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC ?
La pertinence de cette recherche est dictée par l’argument selon lequel, depuis la rentrée scolaire 2019-2020, il s’observe des grèves et protestations dans la ville de Bukavu dénonçant le manque ou l’insuffisance des mesures d’accompagnement de la décision du Chef de l’Etat.
Les résultats révèlent que la gratuité a été à l’origine de plusieurs problèmes empêchant les écoles de fonctionner comme il se doit à savoir : la non prise en charge des enseignants (nouvelles unités et les non payés), l’insignifiance des salaires payés aux enseignants et des frais de fonctionnement des écoles, le besoin de soutien psychologique et social des enseignants, le manque des locaux pouvant contenir des matériels pour l’éducation.
Comme nous pouvons le constater, l’étude de BAPOLISI intéresse de prêt notre étude lorsqu’elle détermine la qualité de l’enseignement avec la mesure de la gratuité et les conditions de fonctionnement des écoles primaires en mettant l’accent sur la rémunération des enseignants.
Toutefois, notre étude est aussi différente de la sienne par le fait que nous ne recherchons pas à évaluer l’incidence de la gratuité de l’enseignement primaire sur le fonctionnement des écoles, mais de connaitre l’impact de la politique de la gratuité sur le nombre de livres, le nombre de classes, le nombre d’enseignants, le nombre d’élèves, qui peuvent conditionner la qualité de l’enseignement.
- Yves Valentin KANEZA HABIYAMBERE[5], fait constater que dans le cadre d’accès à l’éducation pour tous, la Communauté Internationale s’est mobilisée à partir de l’année 1990, pendant la conférence tenue à Jomtien en Thaïlande avec l’objectif ambitieux de faire de l’accès à l’éducation de base en l’an 2000, une priorité des gouvernements et de l’aide internationale.
Dix ans après Jomtien, la communauté Internationale s’est de nouveau réunie en avril 2000 à Dakar et partant du bilan de ces 10 ans, s’est engagée sur six grands objectifs de l’éducation pour tous avec un horizon étendu à 2015. Les plus prioritaires étaient de « permettre à tous les enfants en 2015, de faire un cycle complet d’études primaires de qualité et d’éliminer les disparités tenant au sexe à tous les niveaux de l’enseignement.
Cependant, alors que certains pays avancent vers l’atteinte de ces objectifs, ceux de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) sont confrontés tôt à des conflits ethniques et armés qui ont non seulement détruit les infrastructures, les ressources humaines, les équipements d’appui, mais également les espoirs et les ambitions d’une génération entière d’enfants, entrainant comme conséquence le ralentissement des progrès vers l’éducation pour tous.
C’est dans ce sens que l’auteur comprend le contexte dans lequel l’enseignement primaire aux pays de la CEPGL a évolué de 1990 à 2000. Pendant cette période atroce, les systèmes éducatifs ont fonctionné sous forme d’urgence et puis de développement vers les années 2000 pour le Rwanda et le Burundi et 2003 pour la RDC.
Mais après cette période, ces systèmes ont-ils enregistré des progrès considérables vers les engagements tenus à Dakar en 2000 ? Les différents rapports sur ces pays montrent, selon l’auteur, que des progrès dans le domaine de la scolarisation net au primaire ont été réalisés par rapport à la période de conflits. De 1995 à 2008 par exemple, la RDC est passée de 58% en 1995 à 74,8% de taux de scolarisation net, le Rwanda de 70,1% à 96% et le Burundi de 34,3% à 99%.
Cependant, ces mêmes rapports montrent que le taux de redoublement (36,6% Burundi, 18% Rwanda, 15,3% RDC) et d’abandon (4,9% Burundi, 11,8% Rwanda et 6,5% RDC) sont parmi les plus élevés de l’Afrique subsaharienne. C’est ainsi que, l’auteur s’est posé la question de savoir quels sont les facteurs individuels, familiaux et scolaires qui expliquent le redoublement et l’abandon scolaire ?
Parmi les facteurs explicatifs de redoublement scolaire à l’école primaire au Rwanda, il y a le statut de l’école, le milieu de vie, des variables individuelles qui caractérisent l’élève (sexe, âge), des variables qui caractérisent la famille (niveau d’études de la mère, nombre d’enfants en famille, distance domicile-école) ainsi que d’autres variables comme la taille des classes, âge et ancienneté professionnelle de l’enseignant et connaissance d’ordinateur. Parmi les facteurs qui expliquent l’abandon scolaire à l’école primaire au Rwanda il y a principalement la survie des parents, leur profession, la taille des classes et le fait d’avoir redoublé.
Après analyse et investigation, l’auteur affirme l’hypothèse selon laquelle le redoublement aurait un impact sur l’abandon scolaire et amène à un gaspillage des ressources et ainsi à l’inefficacité interne de l’éducation.
Plus le taux de redoublement est élevé, plus le taux d’abandon est important et le gaspillage. Conséquent, l’élève qui abandonne ses études avant la fin de la scolarisation primaire, a toutes les chances de perdre rapidement les acquis et peut devenir analphabète. D’un autre côté, cet abandon aurait comme conséquence l’inégalité de distribution des ressources publiques que chacun d’enfants devrait bénéficier via l’éducation de base.
La convergence avec l’auteur précité réside sur l’idée relative à l’éducation pour tous dans la mesure où le gouvernement cherche à répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes ayant pour objectif l’acquisition des connaissances nécessaires dans la vie courante, l’accès équitable aux programmes d’éducation de base et d’éducation permanente. L’éducation doit être efficace pour atteindre ses objectifs.
La divergence avec cet auteur se manifeste par le fait qu’il aborde une étude sur l’inefficacité interne de l’enseignement primaire dans les pays de la CEPGL durant la période de conflit. Il met en évidence le facteur du redoublement, qui contribue à expliquer l’abandon scolaire au niveau de l’école primaire. En revanche, dans le cadre de ce travail nous parlons de la gratuité de l’éducation tout en examinant les différents facteurs qui influencent l’efficacité et la qualité de l’éducation de base.
- EMMANUEL Kasongo Munongo[6]part de l’observation selon laquelle La République Démocratique du Congo a édicté dans l’article 43 de sa nouvelle Constitution que : « L’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics. »
Après des années d’inaction, l’application immédiate de cette mesure a été annoncée par l’ex Chef de l’État JOSEPH KABILA le 30 août 2010, à la veille de la rentrée scolaire 2010-2011. Quelques changements de dernière minute dans la stratégie de l’introduction de la gratuité (comme l’exonération de Kinshasa et une limitation aux trois premières années de l’enseignement primaire dans une phase initiale) ont à la fois limité son impact et créé d’autres problèmes notamment l’augmentation significative du nombre d’élèves inscrits dans les écoles, les insuffisances des ressources financières, etc.
En constatant une augmentation de la population scolaire, celle-ci confirme en fait la poursuite d’une tendance déjà entamée bien avant la réforme de la gratuité plutôt que l’effet de la gratuité. Bien évidemment, c’est en dernière instance au niveau local que se réalise ou non la politique de la gratuité. Et, dans le cas de la gratuité en RDC, l’auteur remarque que la réponse est plutôt négative.
D’après ses enquêtes de terrain dans les provinces du Bandundu et du Bas-Congo, les acteurs/exécutants de la politique de gratuité ont réagi par des « adaptations » locales. Ces adaptations résultent en partie du fait que l’introduction de la gratuité qui ne s’est pas accompagnée d’une augmentation conséquente du budget de l’Éducation.
Nous convergeons avec l’auteur sur les idées relatives à l’introduction de la politique de gratuité dans l’enseignement qui a créé d’autres problèmes à l’instar de : l’augmentation d’élèves dans des écoles publiques, ce qui peut conduire à une surcharge des infrastructures scolaires existantes et qui peut impacter la qualité de l’enseignement des élèves. Des insuffisances des ressources financières, qui peuvent entrainer des difficultés budgétaires et des retards dans le paiement des salaires des enseignants.
Contrairement à cet auteur qui aborde la gratuité dans le contexte d’une politique de reconstruction et de développement répondant aux objectifs mondiaux de développement, nous aborderons la question de la gratuité en mettant en lumière les défis auxquels elle est confrontée en matière de qualité de l’enseignement primaire.
3. PROBLEMATIQUE
DEL BAYLE LOUBET[7], note que tout travail scientifique est une explication donnée à un problème observé, ainsi la problématique constitue un des facteurs importants qui permet de démarrer une recherche scientifique, en ce sens qu’elle pose les étapes indispensables qui soutiennent les horizons scientifiques du chercheur.
Depuis la colonisation et même après l’indépendance, l’enseignement au Congo et puis au Zaïre, était gratuit et les parents envoyaient leurs enfants à l’école où ils étaient même nourris du lait le matin et la bouillie à midi. Mais au début des années 1990, sous le coup de vent de la perestroïka avec le Président Russe, Michaël Gorbatchev et aussi suite à l’échec des différents programmes d’ajustement structurel dû à l’indiscipline fiscale, la Banque Mondiale décide d’interrompre son soutien.
Ainsi l’Etat fait face à une crise économique, politique et sociale ; le pays n’arrive plus à payer les enseignants ; d’où le début des grèves longues des enseignants.
Mais, pour éviter que les années ne soient déclarées blanches, les parents réunis en association et le syndicat d’enseignants du Zaïre concluent un protocole d’accord en 1993 où les parents s’engagent à payer une prime de motivation aux enseignants temporairement en attendant que l’Etat se réorganise pour reprendre ses responsabilités. C’est ainsi que l’Etat va instituer officiellement ces pratiques qui demeurent près de 31 ans ; avec comme conséquence la non scolarité de beaucoup des jeunes pendant plus de 31 ans.
C’est ainsi que l’Assemblée nationale va voter une loi instituant la gratuité de l’enseignement primaire, celle – ci est restée lettre morte jusqu’à l’avènement du Président Felix TSHISEKEDI qui, par et à travers un discours, avait promis l’applicabilité de cette loi dans toute l’étendue de la RDC.
L’annonce était ambitieuse, et devait marquer le début d’une nouvelle ère pour la jeunesse congolaise. Le 20 août 2019, Tina Salama, porte-parole du nouveau Président Félix Tshisekedi, annonçait que l’école serait désormais entièrement gratuite pour la jeunesse congolaise. L’objectif était de garantir que les enfants, en particulier ceux issus de familles et communautés à faibles revenus, aient accès à une éducation de base. La nouvelle avait été bien accueillie par la population et les organisations internationales qui portent assistance au pays.
Quatre ans sont passés et la politique de gratuité scolaire fait encore débat. Les critiques sont vives. Depuis la rentrée 2023, plusieurs écoles ont fait parler d’elles. Dans les unes, les enseignants se sont mis en grève pour réclamer le paiement de leurs salaires. Dans les autres, des organisations de parents d’élèves ont décidé de payer des « frais de motivation » aux enseignants (Ep. 1 MAPINDUZI de la commune de la Kenya dans la ville de Lubumbashi).
Par ailleurs, on peut noter que de nombreuses écoles ont vu leurs effectifs exploser depuis l’entrée en vigueur de la gratuité. Le manque de ressources pose toutefois de nombreuses difficultés : les salles de classe bondées sont une réalité fréquente, au détriment de la qualité de l’éducation, et nombre d’enseignants se plaignent d’un système de rémunération insatisfaisant. Nous avons donc vu des écoles où les enfants étudiaient à même le sol. Selon les normes de l’Unesco, un enseignant ne peut enseigner à plus de 50 élèves. Aujourd’hui, nous sommes au double, voire plus dans certaines écoles. De nombreux problèmes de ce type sont rapportés d’un peu partout dans le pays, et la crainte des parents est de voir la qualité de l’enseignement baisser.
Depuis la mise en place de la politique de gratuité, la surcharge des classes, le manque d’infrastructures et de matériel pédagogique adéquats, ainsi que la qualification parfois insuffisante des enseignants ont contribué à une dégradation de la qualité de l’enseignement. Cette situation a entraîné une baisse potentielle du niveau des élèves, affectant leur capacité à assimiler les connaissances et à développer leurs compétences.
Par ailleurs, la politique de gratuité a exacerbé les inégalités d’accès à une éducation de qualité. Les établissements situés dans les zones rurales ou défavorisées ont été particulièrement touchés par les problèmes liés à la surcharge des classes et au manque d’infrastructures. De plus, le manque de ressources financières et humaines a été un obstacle majeur à l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire.
C’est dans cette optique, qu’à travers notre étude, nous voulons essentiellement traiter ce problème soulevé partant d’une interrogation suivante : pourquoi la politique de la gratuité n’arrive-t-elle pas à améliorer la qualité de l’enseignement primaire dans la ville de Lubumbashi ?
4. HYPOTHESES
Dans le langage courant, les hypothèses constituent la présomption que l’on peut construire d’un problème donné.[8] Ces présomptions seront vérifiées après avoir traité les données qui seront recueillies sur le terrain dont la vérification fera l’objet de la dernière partie de ce présent travail.
En rapport avec la préoccupation soulevée dans la problématique de cette étude, nous estimons que plusieurs facteurs expliqueraient pourquoi la politique de la gratuité ne parvient pas à améliorer la qualité de l’enseignement notamment :
- Manque de financement adéquat : La gratuité de l’enseignement implique que le gouvernement prenne en charge les coûts liés à l’éducation des élèves. Cependant, le financement alloué à l’éducation en RDC est souvent insuffisant pour assurer une bonne qualité d’enseignement, notamment en termes de salaires des enseignants, infrastructures scolaires, matériel pédagogique, etc.
- Surpopulation des classes : La gratuité de l’enseignement a entraîné une augmentation du nombre d’élèves inscrits dans les écoles primaires, ce qui a conduit à des classes surchargées. Les enseignants ont alors du mal à assurer un suivi individuel des élèves et à dispenser un enseignement de qualité.
- Corruption et mauvaise gestion : La corruption et la mauvaise gestion des ressources allouées à l’éducation peuvent également nuire à la qualité de l’enseignement. Les fonds destinés à l’éducation peuvent être détournés ou mal utilisés ; ce qui impacte directement les conditions d’apprentissage des élèves.
- Manque de la motivation des enseignants : les salaires insuffisants et des conditions de travail précaires peuvent se traduire par une baisse de la qualité de l’enseignement dispensé, car les enseignants moins motivés peuvent être moins investis dans leur travail et moins enclins à fournir un enseignement de qualité.
5. THEORIE EXPLICATIVE DE REFERENCE
La nécessité d’une théorie explicative est reconnue par tous ceux qui s’intéressent à l’étude du phénomène social, car elle est la condition ultime pour atteindre la scientificité des autres champs d’analyse.
Ainsi dans le cadre de notre travail nous avons fait recours à la théorie systémique qui selon Ludwig von Bertalanffy[9] est une approche interdisciplinaire qui étudie les systèmes complexes en mettant l’accent sur les interactions entre les éléments qui les composent.
La théorie systémique Selon von Bertalanffy, repose sur l’idée que les systèmes sont des ensembles d’éléments interconnectés qui interagissent de manière dynamique pour former un tout fonctionnel et cohérent. Il a développé le concept de « système ouvert », qui se caractérise par des échanges continus avec son environnement et une capacité d’auto-organisation et d’adaptation.
La théorie systémique considère que tout élément du social est un système, entendu comme un ensemble d’éléments interdépendants, c’est-à-dire liés entre eux par des relations telles que si l’une d’elles est modifiée, les autres le sont aussi par conséquent tout l’ensemble est transformé.
C’est en ce sens que Jean William Lapierre[10] parle du « système philosophique » (ensemble d’idées), du « système métrique » (ensemble d’unités de mesure), du « système solaire » (ensemble des astres), du « système nerveux » (ensemble de cellules vivantes d’un type particulier).
Cette définition met l’accent sur l’interdépendance des éléments constitutifs d’un système. Cependant, cette interdépendance des éléments du système ne doit pas être confondue avec l’équilibre ou l’harmonie interne du système. Elle signifie que les éléments sont liés et non nécessairement que leurs relations sont immuables.
Jean William Lapierre[11] renchéri en disant que tout système possède des propriétés fondamentales dont chaque chercheur doit constamment tenir compte. C’est notamment le fait que les éléments dont le système est constitué sont en rapport d’interdépendance, la totalité formée par l’ensemble des éléments n’est pas réductible à leur somme ; les rapports d’interdépendance entre les éléments et la totalité qui en résulte obéissent à des règles qui peuvent s’exprimer en termes logiques.
Dans le cadre de cette recherche l’enseignement est entendu comme un système constitué d’un ensemble d’éléments (les enseignants, les apprenants ou les élèves, le contenu pédagogique, les ressources pédagogiques…) qui sont en interdépendance de telle manière que lorsqu’un groupe d’acteurs (les enseignants, les élèves, l’Etat, les parents, le salaire…) subit un changement, par conséquent le tout change.
Ainsi L’augmentation du nombre d’élèves dans une salle de classe peut entraîner des changements du comportement des enseignants dans la mesure où ils doivent gérer des classes plus nombreuses, ce qui peut augmenter leur charge de travail et affecter leur capacité à fournir une attention individuelle à chaque élève. Cela peut également entraîner un stress accru pour les enseignants et affecter leur bien-être général, et L’État peut être confronté à des défis supplémentaires en termes de financement de l’éducation pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves.
Cela peut nécessiter des ajustements budgétaires et des politiques éducatives pour garantir que tous les élèves reçoivent une éducation de qualité malgré la surpopulation des salles de classe, en termes de finances. Cela peut également conduire à des discussions sur les salaires des enseignants, car ils peuvent être appelés à assumer une charge de travail plus importante sans augmentation de rémunération.
Du coté des parents, ils peuvent également être affectés par l’augmentation du nombre d’élèves, car cela peut influencer la qualité de l’éducation que leurs enfants reçoivent. Ils peuvent être préoccupés par le manque d’attention individuelle pour leurs enfants et peuvent demander des mesures pour améliorer la situation, comme des classes plus petites ou un soutien supplémentaire pour les enseignants.
Le changement du côté des infrastructures, une augmentation du nombre d’élèves peut mettre à rude épreuve les infrastructures existantes des écoles, telles que les salles de classe, les installations sportives, les cantines, etc. Cela peut nécessiter des investissements supplémentaires dans la construction ou la rénovation d’infrastructures pour répondre à la demande croissante.
6. METHODE DE RECHERCHE
Le dictionnaire universel définit la méthode comme une démarche rationnelle de l’esprit pour arriver à un résultat. Elle est également définie comme étant un modèle théorique, un ordre ou un raisonnement établi, un chemin à suivre pour arriver à la vérité poursuivie.[12]
Pour être en mesure de comprendre notre thématique, nous avons effectué plusieurs descentes sur terrain pour palper la réalité du terrain. Pour ce faire, nous avons opté pour la méthode systémique. La méthode systémique selon Ludwig von Bertalanffy est une approche interdisciplinaire qui étudie les systèmes complexes en mettant l’accent sur les interactions entre les éléments qui les composent.
Dans ce travail l’enseignement primaire est saisi comme système qui comprend l’Etat, les enseignants, les élèves…. qui interagissent dans le sens que l’Etat définit les politiques éducatives, telles que les programmes d’enseignements, les normes de qualité, etc. ces politiques influences directement le travail des enseignants en déterminant ce qu’ils doivent enseigner. Les enseignants à leur tour jouent un rôle essentiel dans la transmission des connaissances aux élèves en organisant les cours, en expliquant les concepts, en répondant aux questions, etc. Leur capacité à transmettre efficacement ces connaissances influence directement l’apprentissage des élèves.
7. TECHNIQUES DE RECHERCHE
Les sciences sociales ont un plus grand nombre des techniques de recherche. Ainsi pour compléter cette méthode systémique, dans cette recherche scientifique, trois techniques ont été prises en compte afin de mieux récolter les informations pour la bonne marche et constitution de notre travail. Il s’agit de : la technique d’observation directe, la technique d’entretien semi-dirigé, la technique documentaire.
- Technique d’observation directe
Selon MULUMBATI NGASHA[13], la technique d’observation directe est cette forme d’observation qui porte directement sur les faits sociaux étudiés, qu’il s’agit des individus, des groupes d’individus, ou des institutions. C’est une observation qu’un scientifique doit réaliser à l’aide de ses sens.
En effet, le contact direct avec le terrain nous a permis de récolter des données sur terrain en observant directement les faits relatifs au déroulement des enseignements dans certaines écoles primaires de Lubumbashi grâce à nos enquêtes sans passer, par les intermédiaires.
- Technique d’entretien semi-dirigé
Raymond QUIVY[14], rapporte qu’elle implique des processus fondamentaux de communication et d’interaction humaine. Alors que pour Jean POUPART[15], ces processus permettent au chercheur de retirer de ces entretiens des informations et des éléments de réflexion, très riches et nuancés.
Voilà pourquoi Jean Poupart confère à l’entretien dirigé ou semi-dirigé un approfondissement, de l’intérieur, de la compréhension et de la connaissance des dilemmes et des enjeux auxquels sont confrontés les acteurs sociaux et comme une base des outils d’information susceptibles d’éclairer les réalités sociales, mais surtout comme instrument privilégié d’accès à l’expérience des acteurs.
L’entretien semi-dirigé favorise, d’après Raymond QUIVY[16], un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et se caractérise par une faible directivité de la part du chargé de recherche. Ce qui confère à l’interlocuteur du chercheur, une liberté d’expression au cours de cet échange, de ses perceptions d’un événement ou d’une situation, ses interprétations ou ses expériences. Tandis que, par ses questions ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression, évite qu’elle s’éloigne des objectifs de la recherche et permet à son vis-à-vis d’accéder à un degré maximum de sincérité et de profondeur.
Ainsi l’entretien semi-dirigé possède la capacité et la liberté d’expression dont dispose l’interviewé dans le traitement des thèmes de recherche. Cet instrument nous a aidé dans la collecte des données dans la mesure où sur base de certains thèmes, nous avons eu à échanger avec nos enquêtés de bouche à l’oreille, par des enregistrements téléphoniques (enseignants, élèves, parents, etc.) sur les enjeux que la politique de la gratuité a sur la qualité de l’enseignement primaire.
- Technique documentaire
Notons également que la technique documentaire va nous permettre de procéder à l’analyse du contenu chaque fois que nous aurons à faire à n’importe quel matériel de communication mis en jeu à l’échelle nationale. Il s’agit, des textes écrits, tels que les journaux, revues, documents officiels, ouvrages.
8. DELIMITATION DU SUJET
Pour faire œuvre utile, il faut savoir limiter ses ambitions. Cette limitation porte à la fois sur l’étendue spatiale et l’étendue temporelle.
Dans le cadre de ce travail, notre champ d’étude est la ville de Lubumbashi. Nous avons choisi cette ville, car c’est l’endroit où nous avons passé la majorité de notre temps, ce qui nous a facilité la collecte des données nécessaires pour le traitement de notre problématique. De plus, étant donné les moyens limités dont nous disposons, il nous était plus pratique de mener nos recherches dans un environnement familier comme Lubumbashi.
Du point de vue de la temporalité, l’étude s’étend de 2019 à 2024. En 2019, le Président Félix Tshisekedi a officiellement annoncé la gratuité de l’enseignement primaire sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo. Quant à l’année 2024, elle marque la fin de nos recherches pour la rédaction de ce travail.
9. PLAN DESCRIPTIF DU TRAVAIL
Hormis l’introduction générale et la conclusion générale, le cheminement de notre étude tournera autour de trois chapitres, qui seront subdivisés en sections et paragraphes.
Le premier chapitre sera relatif à la définition des concepts opératoires. Il y sera traité successivement des notions liées à la politique de gratuité, à la qualité et celles affiliées au concept de l’enseignement primaire.
Le deuxième chapitre traitera de la politique de la gratuité en République Démocratique du Congo en explorant son histoire son évolution dans le temps, ainsi que les objectifs et les principes directeurs qui la sous-tendent.
Le troisième et le dernier chapitre quant à lui, fait une réflexion praxéologique sur la politique de la gratuite et la problématique de l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire. Nous aborderons les défis majeurs tels que le manque de financement adéquat, la surpopulation des salles de classe, la corruption et la mauvaise gestion de l’environnement scolaire, ainsi que le manque de motivation des enseignants.
CHAPITRE I : DEFINITION DES CONCEPTS OPERATOIRES
La compréhension d’un concept en français est d’abord fonction du sens premier que lui reconnaissent les membres de l’académie française. Dans le monde scientifique, elle est surtout fonction du domaine et contexte dans lesquels les scientifiques la placent. Cette précision signifie que le chapitre relatif à la définition des concepts opératoires est d’une importance non négligeable dans une étude, car il permet de minimiser l’équivocité pour laisser place à la compréhension homogène de concepts.
Il sied de noter que la définition des concepts opératoires ici n’a aucune prétention à l’exhaustivité tant dans les approches que dans la compréhension. Elle entend plutôt rendre en des termes plus compréhensifs, les différents concepts de base du sujet faisant objet de notre étude.
Il sera question de parler de la politique de gratuité, de la qualité et de l’enseignement primaire.
SECTION I. POLITIQUE DE GRATUITE
Le concept politique de gratuité est composé de deux mots à savoir : politique et gratuité. Mais bien avant de comprendre ce que signifie politique de gratuité, nous allons définir les deux mots séparément.
1.1. POLITIQUE
D’après Wendy BROWN[17] la politique est un processus complexe et dynamique qui vise à organiser la vie en société, à garantir la paix sociale et à promouvoir le bien commun en prenant en compte les intérêts et les opinions divergentes des individus et des groupes.
Le termefrançais « politique » comporte trois sens dans la langue anglaise :
polity, politics et policy .
Le premier terme « polity » dérive du grec polis et politeia (au sens de « chose publique », c’est-à-dire l’ensemble des acteurs et des institutions composant la cité), renvoie au sens large.
Le deuxième terme, « politics », renvoie ou désigne les activités et les luttes des acteurs politiques traditionnels individuels ou collectifs (notamment les partis politiques, les groupes d’intérêts, les syndicats ou les nouveaux mouvements sociaux) visant la conquête du pouvoir politique (législatif ou gouvernemental) dans le respect des règles constitutionnelles et institutionnelles.
Le troisième terme, « policy », renvoie à l’idée d’un ensemble d’actions (et d’inactions) motivées, sur la base d’un jugement rationnel d’un acteur politique (la politique sociale du gouvernement, la politique énergétique, la politique agricole, la politique culturelle d’une collectivité locale, d’un secteur ou d’une chefferie) ou d’un acteur non politique (la politique commerciale d’une entreprise, d’un responsable au sein d’une institution).
Retenons dans le cadre de ce travail la politique avec HASSANTEUFEL. P[18] comme l’ensemble des principes d’action d’un Etat ou d’un Gouvernement, qui détermine des objectifs, de manière générale ou dans des domaines particuliers, et décide des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
Les formes de politique peuvent varier en fonction de leur champ d’application, de leur niveau de Gouvernement et de leur approche. Voici quelques formes courantes de politique :
- Politique publique : Ensemble des décisions prises par les autorités publiques pour réguler un domaine spécifique de la société.
- Politique économique : Ensemble des mesures prises par un gouvernement pour influencer l’économie d’un pays, comme la fiscalité, la réglementation des marchés, les politiques monétaires, etc.
- Politique sociale : Ensemble des mesures prises par un gouvernement pour améliorer le bien-être social des citoyens, comme les politiques de santé, d’éducation, de logement, d’emploi, etc.
- Politique environnementale : Ensemble des mesures prises par un gouvernement pour protéger l’environnement et lutter contre le changement climatique, comme les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de protection de la biodiversité, etc.
- Politique éducative : Ensemble des mesures prises par un gouvernement pour améliorer le système éducatif et favoriser l’accès à l’éducation pour tous.
- Politique de sécurité : Ensemble des mesures prises par un gouvernement pour assurer la sécurité des citoyens, comme les politiques de lutte contre la criminalité, de prévention du terrorisme, etc.
1.2. GRATUITE
Selon le dictionnaire Pichoche[19], le terme « gratuité » tire son origine du latin « gratis » ou « gratuitus » qui veut dire « pour rien, gracieusement, avec complaisance ».
Le dictionnaire Robert Micro[20] précise que l’adjectif « gratuit » qualifie ce que l’on reçoit sans payer, ce qui est fait ou donné sans que rien ne soit redemandé en échange. La gratuité est, à cet effet, le caractère de ce qui est gratuit.
Au sens figuré, le terme « gratuité » renvoie à ce qui n’a pas de motif, de fondement, qui échappe à toute idée de logique. Ceci est le cas d’une méchanceté gratuite. La gratuité a également un sens péjoratif dans la mesure où elle renvoie à quelque chose qui manque de valeur.
Dans le cadre de ce travail, la gratuité signifie que la prestation de service, en l’occurrence, l’enseignement dispensé par les maîtres, ne fait l’objet d’aucune contrepartie financière de la part des usagers du service public. La gratuité implique par conséquent l’absence des frais de scolarité pour les bénéficiaires et le financement de l’enseignement par des partenaires de l’éducation autres que les familles.
La gratuité peut prendre différentes formes et elle peut être mise en place pour différentes raisons, telles que favoriser l’égalité des chances, garantir l’accès aux services essentiels, ou encore encourager des comportements bénéfiques pour la collectivité.
Voici quelques exemples de formes de gratuité :
- Gratuité de l’éducation : La gratuité de l’éducation primaire, secondaire ou même supérieure signifie que les frais de scolarité, de fournitures scolaires ou d’autres coûts liés à l’éducation sont pris en charge par l’État.
- Gratuité des soins de santé : Certains pays offrent la gratuité des soins de santé pour tous les citoyens, ce qui signifie que les consultations médicales, les médicaments, les hospitalisations et d’autres services médicaux sont entièrement pris en charge par le système de santé public.
- Gratuité des transports en commun : Dans certaines villes ou pays, les transports en commun peuvent être gratuits pour les résidents ou pour certaines catégories de la population. Cela vise à encourager l’utilisation des transports en commun, à réduire la congestion routière et à limiter la pollution.
- Gratuité des services sociaux : Certains services sociaux essentiels, tels que les services de garde d’enfants, les services d’aide sociale, les services d’urgence, peuvent être offerts gratuitement ou à des tarifs réduits pour soutenir les populations vulnérables.
- Gratuité des bibliothèques, des musées ou d’autres services culturels : Dans certaines régions, l’accès à la culture et à l’information peut être gratuit pour tous les citoyens, afin de favoriser l’accès à la connaissance et à la culture.
1.3. POLITIQUE DE LA GRATUITE
À strictement parler, le terme politique de gratuité fait référence à une approche politique ou économique qui vise à offrir des biens ou des services sans frais pour les utilisateurs. Cela peut être mis en place par des gouvernements, des organisations ou des entreprises dans le but de répondre à des besoins essentiels de la population, d’encourager la participation sociale ou culturelle, ou de favoriser l’accès à des services publics.
La politique de la gratuité peut concerner divers domaines tels que l’éducation, la santé, les transports en commun, la culture, les loisirs, etc. Elle peut être mise en place de manière totale ou partielle, et peut être financée par des fonds publics, des dons, des subventions ou d’autres mécanismes de financement.
Dans le cadre de notre travail, la politique de gratuité implique par conséquent l’absence des frais de scolarité pour les bénéficiaires et le financement de l’enseignement par des partenaires de l’éducation autres que les familles (l’État, les entreprises, les communautés, les donateurs extérieurs, etc.). Seul un financement accompli par ces partenaires, épargnant donc les familles, permet de garantir le respect du droit de l’élève à étudier et à disposer des ressources pour étudier. On ne le dira jamais assez, l’instauration des frais scolaires fait de l’éducation non un droit, mais un privilège lié aux conditions socio-économiques des familles.
Si la politique de gratuité signifie que les bénéficiaires de l’action éducative sont affranchis des frais scolaires, elle suppose en même temps que le financement nécessaire pour le fonctionnement du système éducatif soit endossé par d’autres composantes de la communauté nationale et internationale. Ceci peut se faire de plusieurs façons à travers des taxes, l’aide au développement, etc. Cependant, “même dans les pays où le principe semble désormais ancré, la gratuité de l’éducation n’implique pas que les dépenses privées soient nulles. En ce sens, la gratuité de l’éducation est un vœu pieu et s’arrête bien souvent à la gratuité de l’enseignement. Elle n’exclut généralement pas certains coûts tels que ceux liés au transport, à l’uniforme, à la participation à l’association des parents, etc.
SECTION II. QUALITE
Comme le souligne S. Pillard[21], la qualité est un terme polysémique, voire impossible, car sujet à interprétation. Au niveau étymologique, le mot provient du latin qualitas (manière d’être) dont le sens évolue au fil du temps pour signifier, à partir du XVII° siècle, la manière d’être jugée bonne qui renvoie bien à une reconnaissance partagée, à une appréciation, à un jugement de valeur.
La qualité renvoie à un “ attribut propre de l’être ” et, pour les choses, à un attribut, une propriété, une caractéristique. Opposée à la quantité, la qualité est de l’ordre de “ sensible et du non mesurable ”. Sur le plan humain, la qualité est ce qui rend une personne bonne, meilleure (capacité, vertu, mérite). La qualité “ qualifie ” : ce qui fait qu’une chose est plus ou moins recommandable qu’une autre de même espèce, par rapport à l’usage ou au goût humain ; degré plus ou moins élevé d’une échelle de valeurs pratiques. La qualité est donc définie par des critères positifs.
Gustin[22] note que, le concept qualité véhicule lui-même beaucoup d’implicites. Un recensement des communications sur ce thème permet de présenter de multiples visages. En fonction des acteurs concernés (enseignants, directeurs, étudiants, décideurs politiques ou encore consultants), la qualité revêt plusieurs significations. Pour certains, la qualité se juge en fonction de l’atteinte des objectifs ; pour d’autres, c’est l’approche des talents, c’est la pertinence des programmes d’études en rapport avec le marché de travail. Quelques-uns enfin trouvent ce concept équivalent à l’innovation, à la compétitivité, à la revitalisation, à la prospérité, à l’intégration, à un rendement élevé chez les étudiants et les professeurs, à l’efficience, à la promptitude à répondre aux besoins de la société, aux améliorations de toutes sortes, à la définition du potentiel le plus élevé…
Sans vouloir nous attarder sur les différentes définitions et composantes de la qualité de l’enseignement, nous pouvons néanmoins faire remarquer “qu’une définition adéquate doit inclure les résultats des élèves. La plupart des éducateurs aimeraient aussi y inclure la nature de l’expérience éducative aidant à produire de tels résultats – l’environnement de l’apprentissage.”[23] Aussi pour l’enseignement primaire, les aptitudes de base, dont la lecture, l’écriture et l’arithmétique, doivent être considérées comme des parties essentielles de toute éducation de qualité.
Tous les pays n’ont pas la même conception de ce que signifie la qualité. Les différents acteurs de l’éducation et organisations ont aussi leur propre définition. Pourtant, ils s’accordent souvent sur trois grands principes : le besoin de pertinence, d’équité sur le plan de l’accès et des résultats, ainsi que d’un véritable respect des droits individuels[24].
Le cadre de l’UNESCO sur les variables de la qualité de l’éducation comprend cinq dimensions :
- Caractéristiques des apprenants : notamment leur aptitude, leur persévérance, leur disposition à la scolarité, leurs connaissances préalables, les obstacles aux apprentissages et les variables démographiques.
- Contexte : notamment les ressources publiques destinées à l’éducation, le soutien parental, les normes nationales, les exigences du marché de l’emploi, les facteurs socioculturels et religieux, l’influence des pairs et le temps disponible pour aller à l’école et faire ses devoirs.
- Apports facilitateurs : notamment le matériel d’enseignement et d’apprentissage, l’infrastructure et les installations matérielles, ainsi que les ressources humaines.
- Enseignement et apprentissage : notamment le temps consacré à l’apprentissage, les méthodes pédagogiques, l’évaluation et la taille des classes.
- Résultats : notamment les compétences en lecture, écriture et calcul, les valeurs et les compétences nécessaires à la vie courante.
2.1. L’UTILISATION D’INDICATEURS DE LA QUALITE
Pour améliorer la qualité de l’éducation et les acquis scolaires, les planificateurs doivent avoir accès à des analyses de la situation actuelle fondées sur des données probantes, des tendances sur la durée et des informations sur les points forts et les points faibles d’un système, ainsi que leurs causes.
Un système fiable de suivi et d’évaluation fondé sur des indicateurs pertinents peut permettre d’obtenir ces données. Les indicateurs peuvent contribuer à suivre les progrès des stratégies et programmes au sein d’un plan sectoriel pour l’éducation. Les indicateurs de la qualité de l’éducation peuvent avoir des implications significatives en matière d’orientation politique, car ils permettent de réaliser des comparaisons dans le temps, dans différents lieux ou contextes, ou par rapport à des normes ou des critères mondiaux comme l’Objectif de développement durable.
Plus spécifiquement, les indicateurs permettent aux planificateurs de l’éducation et aux décideurs de :suivre les changements dans des domaines tels que la qualité d’enseignement, le programme scolaire et les performances des élèves, qui peuvent attirer l’attention des responsables politiques sur des problèmes imminents, mesurer l’impact des réformes éducatives, encourager l’amélioration d’un système éducatif en le comparant, en intégralité ou en partie, à d’autres pays ou systèmes, mettre en évidence des sous-systèmes éducatifs qui pourraient avoir besoin d’être améliorés, par exemple des secteurs ou des niveaux d’éducation particuliers, mettre en évidence des indicateurs clés d’équité, comme les performances de différents sous-groupes, par exemple les filles, les élèves vivant dans la pauvreté ou les élèves en situation d’handicap.
2.2. INDICATEURS POUR SUIVRE LA QUALITÉ DE L’ÉDUCATION
Les systèmes éducatifs sont généralement analysés sur le plan du contexte, des moyens spécifiques mis en œuvre, des processus sociaux ou institutionnels et des produits ou résultats obtenus. Des indicateurs peuvent être développés pour mesurer les problèmes qui relèvent de chaque catégorie.
Indicateurs de contexte : ils fournissent des informations sur les facteurs contextuels qui ont une incidence sur les apprentissages, par exemple les caractéristiques des élèves, les conditions socioéconomiques, les aspects culturels, le statut de la profession enseignante et les problèmes de la population locale. Les indicateurs de contexte sont souvent difficiles à mettre au point et à mesurer, car ils portent sur des questions qualitatives. Les outils couramment utilisés pour collecter les données peuvent être des enquêtes, des observations de classe, des rapports d’inspection et des auto-évaluations.
Indicateurs de moyens : ils mesurent principalement le déploiement et l’utilisation de ressources pour faciliter l’apprentissage. Ils indiquent si les ressources financières, matérielles et humaines prévues sont livrées dans les quantités prévues, à tous les niveaux du système. Les informations sur les indicateurs de moyens mis en œuvre sont relativement faciles à obtenir puisque ces moyens sont souvent « comptables » par nature, et les dispositifs de gestion intègrent l’enregistrement automatique de nombreuses ressources. L’un des problèmes qui peut se poser est que, même si des moyens ont été fournis, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils seront finalement disponibles. Par exemple, le ratio manuel/élève peut être mesuré en prenant en compte le nombre de manuels livrés, ou le nombre de manuels utilisés dans les écoles. Dans certains cas, ces deux chiffres peuvent être différents.
Indicateurs de processus : ils mesurent comment les activités des programmes éducatifs ont été conduites – si elles ont permis d’atteindre le niveau de qualité souhaité. Ils portent notamment sur la mise en œuvre pratique de dispositifs éducatifs spécifiques, par exemple l’application de normes, la qualité de l’enseignement, le temps passé sur une tâche, le climat de l’école et l’encadrement pédagogique. Comme les indicateurs de contexte, les indicateurs de processus concernent des questions qualitatives et peuvent être obtenus grâce à des enquêtes et des observations pédagogiques, des rapports d’inspection et des auto-évaluations.
Indicateurs de résultats : les indicateurs de résultats mesurent les effets des activités des programmes pour déterminer si leurs objectifs ont été atteints. Ils révèlent les performances du système éducatif en matière de savoirs disciplinaires, de compétences, de taux de redoublement, de progression et d’achèvement, ainsi que de satisfaction des employés. Les indicateurs de résultats peuvent être obtenus grâce à des examens nationaux, des évaluations internationales, des enquêtes et des observations systématiques sur le terrain.
Ces indicateurs impliquent généralement de mesurer les acquis scolaires sur la base d’examens nationaux ou d’évaluations internationales. Les indicateurs de résultats fournissent les données les plus importantes pour déterminer si l’amélioration de la qualité de l’éducation et des acquis scolaires est conforme aux objectifs.
Les indicateurs doivent tenir compte du contexte et des objectifs d’apprentissage spécifiques du système éducatif. Ils doivent être conçus pour permettre de mesurer l’évolution sur la durée et être ventilés par genre, zone géographique, situation socioéconomique et autres questions relatives à l’équité.
SECTION III. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Comme nous pouvons le constater, le concept de l’enseignement primaire est formé de deux mots : « enseignement » et « primaire ». Pour mieux comprendre ce concept, commençons par expliquer ces deux termes séparément.
3.1. ENSEIGEMENT
Fulrea, C[25]. définitl’enseignement (du latin « insignis », remarquable, marqué d’un signe, distingué) comme une pratique d’éducation visant à développer les connaissances d’un élève par le biais de communication verbale et écrite. Les professeurs, dans les écoles modernes, enseignent activement afin de transmettre un ensemble de savoirs. Il se distingue de l’apprentissage qui permet d’acquérir et de développer des savoir-faire, particulièrement dans les domaines artistiques et techniques.
Selon Bambi, G[26].L’enseignement est l’action de transmettre des connaissances nouvelles ou savoirs à un élève (instruire et endoctriner tout en respectant certaines règles). Il s’agit du système et de la méthode d’enseigner, composée par tout un ensemble de connaissances, de principes et d’idées transmis à quelqu’un. Au pluriel (« enseignements »), le terme désigne plutôt des choses morales : instructions, préceptes, leçons.
L’enseignement ne doit pas non plus être confondu avec l’éducation : ce dernier terme (du latin « educare », tirer hors de), beaucoup plus général, correspond à la formation globale d’un individu, à divers niveaux (au niveau religieux, moral, social, technique, scientifique, médical, etc.)
Selon Marguerite Altet[27], »L’enseignement couvre donc deux champs de pratiques :
1. celui de la gestion de l’information, de la structuration du savoir par l’enseignant et de leur appropriation par l’élève, domaine de la Didactique
2. celui du traitement et de la transformation de l’Information en Savoir par la pratique relationnelle et l’action de l’enseignant en classe, par l’organisation de situations pédagogiques pour l’apprenant, c’est le domaine de la Pédagogie. »
L’enseignement implique l’interaction de trois éléments : le professeur ou enseignant ; l’élève ou étudiant ; et l’objet de connaissance. D’après la tradition encyclopédiste, le professeur est la source du savoir et l’élève est tout simplement le récepteur illimité de celui-là. Le processus de l’enseignement renferme donc la transmission de connaissances de l’enseignant à l’étudiant à l’aide de plusieurs moyens et techniques.
L’enseignement en tant que transmission de connaissances est basé sur la perception, en particulier par le biais de l’oratoire et de l’écriture. L’exposition de l’enseignant, le recours à des textes et à des techniques de participation et le débat entre les étudiants sont quelques-uns des moyens employés au cours du processus d’enseignement.
Avec les progrès scientifiques, l’enseignement a intégré les nouvelles technologies et fait appel à d’autres canaux de communication pour transmettre les connaissances, tels que la vidéo et le net. La technologie favorise également l’apprentissage à distance et l’interaction au-delà du fait de partager un même espace physique.
3.2. PRIMAIRE
Désigne le premier niveau d’enseignement obligatoire pour les enfants.
Il existe plusieurs formes d’enseignement dont notamment : l’enseignement maternel, primaire, secondaire, supérieur, professionnel, etc.
- L’enseignement maternelle : également appelé éducation préscolaire, est une étape clé du système éducatif qui vise à accompagner le développement des jeunes enfants avant leur entrée à l’école primaire. Il s’adresse généralement aux enfants âgés de 3 à 6 ans, bien que l’âge d’admission puisse varier selon les pays.
L’enseignement maternel a pour objectif principal de favoriser le développement global de l’enfant sur les plans cognitif, affectif, social et moteur. Les activités proposées dans les classes maternelles visent à stimuler la curiosité, l’imaginaire, la créativité et les compétences sociales des enfants, tout en les préparant progressivement aux apprentissages plus formels de l’école primaire.
Les programmes d’enseignement maternel peuvent inclure des activités ludiques, des jeux éducatifs, des activités artistiques, des manipulations sensorielles, des comptines, des histoires, des activités de motricité fine et globale, etc. L’accent est souvent mis sur l’apprentissage par le jeu, l’exploration et la découverte, dans un environnement bienveillant et sécurisant.
Les enseignants en maternelle jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des enfants et dans la mise en place d’un cadre éducatif adapté à leurs besoins et à leur rythme de développement. Ils veillent à créer un environnement propice à l’épanouissement de chaque enfant, à favoriser les interactions positives entre les enfants et à encourager l’autonomie et la confiance en soi.
L’enseignement maternel est reconnu comme une étape cruciale dans le parcours éducatif des enfants, car il contribue à poser les bases d’un apprentissage réussi ultérieur en développant les compétences essentielles pour la scolarité future.
- L’enseignement secondaire : est une étape de l’éducation qui suit l’enseignement primaire et précède l’enseignement supérieur. Il est généralement destiné aux adolescents âgés de 12 à 18 ans. L’objectif de l’enseignement secondaire est de consolider les connaissances acquises au primaire, d’approfondir les matières enseignées et de préparer les élèves à leur orientation future.
En fonction du pays, l’enseignement secondaire peut être divisé en plusieurs cycles, tels que le collège et le lycée en France, le cycle inférieur et le cycle supérieur en Belgique, ou le junior secondary et le senior secondary dans d’autres pays anglophones.
L’enseignement secondaire vise à offrir aux élèves une formation solide et polyvalente pour les préparer à leur vie future, que ce soit dans la poursuite d’études supérieures ou dans l’entrée sur le marché du travail.
- L’enseignement supérieur : fait référence à l’ensemble des études et formations qui sont dispensées après l’enseignement secondaire. Il s’agit d’un niveau d’éducation plus avancé qui vise à approfondir les connaissances et les compétences des étudiants dans des domaines spécifiques. L’enseignement supérieur comprend notamment les universités, les grandes écoles, les instituts de technologie, les écoles d’ingénieurs, les écoles de commerce, les écoles d’art, etc.
Les études supérieures se déroulent généralement sur une durée de plusieurs années et peuvent mener à l’obtention de différents diplômes, tels que des licences, des bachelors, des masters, des doctorats, des diplômes d’ingénieur, des diplômes de commerce, etc. Ces diplômes sont délivrés en fonction du niveau d’études et des compétences acquises par les étudiants.
L’enseignement supérieur offre aux étudiants la possibilité de se spécialiser dans un domaine particulier, de développer des compétences professionnelles et techniques, et d’acquérir une expertise dans un domaine spécifique. Il constitue également une étape importante pour l’insertion professionnelle des étudiants et leur permet d’accéder à des postes plus qualifiés et mieux rémunérés sur le marché du travail.
- L’enseignement professionnel, également appelé enseignement technique et professionnel (ETP) : est un type d’enseignement qui vise à former les étudiants aux métiers et aux compétences spécifiques nécessaires pour intégrer le marché du travail dans des secteurs professionnels variés. Contrairement à l’enseignement général qui met davantage l’accent sur les matières académiques et théoriques, l’enseignement professionnel se concentre sur la pratique et la formation professionnelle.
Les établissements d’enseignement professionnel proposent une large gamme de formations dans des domaines tels que l’artisanat, l’industrie, le commerce, les services, la santé, le social, l’agriculture, etc. Les étudiants peuvent y suivre des cursus menant à l’obtention de diplômes professionnels, de certifications ou de qualifications reconnues dans leur domaine d’études.
L’enseignement professionnel offre aux étudiants la possibilité d’acquérir des compétences pratiques et techniques directement applicables sur le marché du travail. Il inclut généralement des stages en entreprise, des périodes de formation en milieu professionnel et des projets concrets permettant aux étudiants de se familiariser avec le monde du travail et de développer leurs compétences professionnelles.
Les diplômés de l’enseignement professionnel sont souvent très recherchés par les employeurs en raison de leur expertise technique et de leur capacité à s’adapter rapidement aux exigences du monde professionnel. L’enseignement professionnel constitue donc une voie privilégiée pour l’insertion professionnelle des jeunes et offre de nombreuses opportunités de carrière dans des secteurs variés.
3.3. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Selon la loi cadre dans ses articles 72 et 73[28], l’enseignement primaire est celui qui assure une formation de base et générale aux enfants à partir de 6 ans révolus. Il est obligatoire et gratuit. Il a pour mission de préparer l’enfant à s’intégrer utilement dans la société en lui apprenant à lire, à écrire, à calculer et à s’exprimer et le préparer à poursuivre des études ultérieures.
L’enseignement primaire est aussi l’ensemble de connaissances et de compétences essentielles requises pour la vie, principalement la capacité de lecture, d’écriture, de calcul, d’expression orale et écrite.
L’enseignement primaire est essentiellement et précisément consacrée, d’où son nom, aux apprentissages fondamentaux : savoir lire et écrire, savoir calculer (les quatre opérations arithmétiques élémentaires) et résoudre des problèmes simples.
L’apprentissage de la lecture et de l’écriture s’appuie en partie sur une suffisante maîtrise de l’expression orale, partie donc de l’éducation de base, tandis qu’eux-mêmes conditionnent celui du calcul. Ce qui justifie la priorité qu’on leur accorde. L’ensemble de ces apprentissages est nécessaire à l’apprentissage de tous les savoirs comme à l’accès à tous les autres enseignements (enseignement secondaire et enseignement supérieure et universitaire).
En raison de ce qu’apportent à la vie de chacun ces savoirs et ces enseignements, l’éducation de base n’est pas seulement une nécessité absolue, mais aussi un droit universel. Ainsi s’explique que le projet ‘Éducation pour tous (EPT) issu de la Conférence mondiale de Jomtien (1999), actualisée par le forum mondial sur l’éducation de Dakar (2000)[29], ait fait de l’éducation de base étendue à tous l’objectif primordial à atteindre pour tous les pays (…). »
3.3.1. MISSIONS ASSIGNEES A L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Le but est de former la jeunesse, par une éducation perméable à toutes les catégories sociales, afin de combattre le phénomène d’analphabétisme sur l’étendue du Territoire national et de faire de chaque enfant congolais un élève.
Pour ce faire, les missions assignées sont entre autres :
- Etendre la scolarisation à tous les jeunes, en assurer la gratuité et sa plénitude au niveau fondamental,
- Institutionnaliser l’alphabétisation fonctionnelle en développant les centres d’alphabétisation et de récupération,
- Privilégier l’étude du milieu dans les programmes de formation et organiser un enseignement préscolaire généralisé,
- Multiplier les structures de formation administrative et pédagogique en fonction de besoins réels et de spécificités régionales et locales,
- Renforcer la capacité de dotation des écoles en manuels, programmes scolaires et matériel didactique, promouvoir les valeurs culturelles et linguistiques africaines à partir de nos langues nationales comme langues de l’enseignement de base.
3.3.2. ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
L’enseignement primaire a une durée de 6 ans pour les enfants entre 6 et 11 ans. Il est subdivisé en trois degrés de deux ans chacun, le degré élémentaire, le degré moyen et le degré terminal. Ce niveau d’enseignement est sanctionné par le Certificat de fin d’études primaires accordé sur la base d’une évaluation des résultats en classe et des notes de l’élève à un test national le « TENAFEP ».
3.3.3. LE BUDGET DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
L’organisation de l’enseignement primaire relève de la souveraineté nationale. La Constitution du pays réserve exclusivement au pouvoir central la compétence de fixer ou d’établir les normes standards en matière de l’enseignement primaire.[30] Une mise en œuvre judicieuse de la gratuité de l’enseignement est fonction du budget national et de la part qu’il réserve au secteur de l’enseignement.
Il est nécessaire que le budget de l’enseignement primaire soit géré de manière à couvrir judicieusement les besoins du système éducatif du pays. La part du secteur de l’éducation dans le budget national avait atteint 21,6% en 2022. Elle a été de 16% dans le budget 2023.
Le gouvernement dispose des mécanismes internes et externes solides pour générer des recettes et aménager son budget à partir des ressources naturelles, minières, énergétiques, etc. Il gère plusieurs secteurs qui crient urgence comme le sous-secteur de l’éducation. La politique de la gratuité veut rejoindre la vision de l’Etat et de son parlement pour satisfaire les besoins du sous-secteur de l’éducation avec le budget disponible.
CHAPITRE II : DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC
Dans ce chapitre nous allons explorer l’historique de cette politique de la gratuité, en examinant son évolution au fil du temps. Ensuite, nous aborderons le cadre dans lequel cette politique s’inscrit, en mettant en lumière les objectifs et les principes directeurs qui la sous-tendent.
SECTION I. HISTORIQUE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC
À son accession à l’indépendance, en 1960, le Congo occupait le 3ème rang en Afrique au regard du développement de son enseignement primaire. Ceci était principalement dû à la politique coloniale belge qui favorisait plus le développement de l’enseignement primaire que celui des autres niveaux du système éducatif. N’eût été la sélectivité qui caractérisait cet enseignement avant l’indépendance, l’expansion de l’enseignement primaire au Congo serait encore plus importante qu’elle ne l’a été en 1960.
Aussi suite aux multiples défis apportés par l’indépendance, la réforme du système éducatif s’imposait impérieusement. Cette nécessité a été une fois de plus rappelée, pour le Congo, et pour tous les pays Africains réunis à la Conférence d’Addis-Abeba en 1961. Pour cette conférence, les nations africaines se devaient de planifier leurs systèmes éducatifs dans le but de les rattacher aux objectifs du développement économique et social. Le plan à long terme, élaboré à l’issue de la conférence d’Addis-Abeba, insistait particulièrement sur l’impératif d’un enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous. C’était là le prix à payer pour assurer le développement de l’Afrique.
Ayant pris part à la conférence d’Addis-Abeba, la RDC a retenu, dans sa première Constitution, adoptée en 1964, connue sous le nom de la Constitution de Luluabourg, la gratuité et l’obligation scolaire comme principes fondamentaux devant régir le fonctionnement de son système éducatif. L’article 33 de cette Constitution énonce que “tous les Congolais ont accès aux établissements d’enseignement national sans distinction de lieu, d’origine, de religion, de race ou d’opinion politique ou philosophique.”
La Constitution de Luluabourg n’a été que de courte durée. Son application a été suspendue par le coup d’État du 24 novembre 1965, conduit par le Colonel Mobutu.
Seulement, ni le Manifeste de la N’Sele, ce catéchisme du Mouvement Populaire de la Révolution, ni la Constitution du 24 juin 1967 n’ont repris la gratuité et l’obligation comme principes de base de l’enseignement primaire. De même, les différentes révisions constitutionnelles effectuées tout au long de la dictature mobutienne, voire toutes les réformes du système éducatif réalisées dans l’entre-temps, sont restées muettes au sujet de la gratuité de l’enseignement. Des actions concrètes allant dans le sens d’application de ce principe n’ont pas non plus été entreprises.
Et pourtant, on pouvait lire dans le Manifeste de la N’Sele le passage ci-après qui donne à penser que la gratuité était une préoccupation qui, au-delà du caractère doctrinal, pourrait engendrer des initiatives concrètes : “Aucun jeune Zaïrois ne doit pâtir de l’insuffisance des moyens d’enseignement…Un effort essentiel doit être fait pour que tous les jeunes du pays obtiennent les mêmes chances et puissent nourrir les mêmes espérances devant la vie.”[31] Il n’en était simplement rien dans la réalité des faits.
Editée dans la dynamique de la Constitution de 1967 et des révisions constitutionnelles intervenues tout au long de la décennie 70 et de la première moitié de la décennie 80, la loi cadre de l’enseignement, promulguée le 22 septembre 1986, s’est limitée, à travers les articles 115 et 116, à énoncer l’obligation scolaire sans pour autant l’appuyer sur la gratuité.
De l’obligation scolaire
Article 115 :
L’enseignement est obligatoire pour tout enfant Zaïrois, garçon et fille, âgé de six à quinze ans. L’obligation scolaire atteint tout enfant Zaïrois, entrant en première année primaire et cesse lorsque l’enfant termine ses études primaires ou lorsque, sans les avoir achevées, il a atteint l’âge de 15 ans.
Toutefois, l’obligation scolaire s’établira par phases successives déterminées par le Conseil Exécutif suivant les particularités locales et le plan de développement général de l’enseignement national.
Article 116 :
Le chef de famille est tenu de satisfaire à l’obligation scolaire, en confiant ses enfants, soit à un établissement public d’enseignement, soit à un établissement privé agréé d’enseignement.[32]
Il a fallu attendre l’organisation de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), en 1992, pour voir le peuple congolais, en quête de libertés et de droits fondamentaux, inclure dans le projet de Constitution et dans la charte de l’éducation élaborés au cours de ce forum, l’obligation et la gratuité de l’enseignement primaire.
L’article 40 du projet de Constitution préparée par la CNS est à ce propos suffisamment clair : “l’enseignement est obligatoire et gratuit jusqu’au niveau d’études et jusqu’à l’âge prévus par la loi.”[33] L’article 33 de la charte de l’éducation est davantage plus précis quant au niveau de la scolarité concerné par la gratuité et l’obligation scolaires : “C’est l’éducation de base qui doit atteindre tous les enfants scolarisables. Elle repose sur les principes d’obligation et de gratuité scolaires.” Malheureusement, à l’instar des autres recommandations et actes de la Conférence Nationale Souveraine, la Constitution et la charte de l’éducation ont été des véritables mort-nés et n’ont guère vu le début de leur application.
La longue période de guerres traversée par la RDC de 1996 à 2003 a, tout naturellement, porté un coup dur à son système éducatif, de sorte qu’il n’a pas été possible d’imaginer la réalisation de la gratuité de l’enseignement, ni celle de l’obligation scolaire. Arrivé au pouvoir en 1997, le Gouvernement de Laurent Désiré Kabila, par exemple, s’est à peine contenté, dans son programme triennal, des déclarations générales de ce genre : “Au niveau fondamental (enseignement préscolaire et primaire), la politique consiste à promouvoir l’éducation pour tous, c’est-à-dire, à assurer l’accès à l’éducation à tous les enfants en âge de scolarisation.”[34]
La Constitution de la transition politique, appliquée de 2003 à 2006, ne s’est pas non plus préoccupée de la gratuité de l’enseignement. Comme les Constitutions antérieures à la Conférence Nationale Souveraine, elle s’est contentée, à travers l’article 46, de l’obligation scolaire.
Article 46 de la Constitution de transition
Tout Congolais a droit à l’éducation. Il y est pourvu par l’enseignement national.
L’enseignement national comprend les établissements publics et les établissements privés agréés.
Une loi organique en fixe les conditions de création et de fonctionnement.
Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. L’enseignement est obligatoire jusqu’au niveau d’études et à l’âge prévus par la loi.
Comme affirmé au début de ce texte, c’est la Constitution du 18 février 2006 qui a fondé l’obligation scolaire sur la gratuité de l’enseignement primaire, reprenant ainsi l’une des dispositions de la Constitution et de la Charte de l’éducation élaborées antérieurement par la Conférence Nationale Souveraine. En disposant en son article 43 que “l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit”,cette Constitution a franchi une étape décisive dans la réalisation des objectifs de l’Éducation Pour Tous. Mais cela ne suffit pas pour mettre en œuvre la gratuité de l’enseignement. C’est pourquoi une nouvelle loi portant organisation et fonctionnement de l’enseignement national, en remplacement de la loi-cadre de 1986, a été élaborée par le Gouvernement et adoptée par le Parlement en 2011, soit cinq années après la promulgation de la Constitution en vigueur.
Au-delà de la loi portant organisation et fonctionnement de l’enseignement, le Président Joseph Kabila avait chargé, le 30 août 2010, le Gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour rendre effective, dès la rentrée scolaire 2010-2011, la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics. On était à peine à une semaine de la rentrée scolaire ! Pour le Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel, les dispositions exigées par le Chef de l’État revenaient essentiellement à l’application de la gratuité en deux phases : la première phase concernerait uniquement les classes de 1ère, 2ème et 3ème primaires de toutes les provinces de la RDC, à l’exception des villes de Kinshasa et de Lubumbashi. La seconde phase interviendrait au cours de l’année scolaire 2011-2012 et couvrirait le reste des classes de primaire (4ème, 5ème et 6ème) de l’ensemble du pays, y compris celles du Katanga et de la ville de Kinshasa.
La gratuité de l’enseignement primaire a donc été instaurée en RDC dans la précipitation. Les écoles ont ainsi ouvert les portes le 6 septembre 2010 sans en avoir le même entendement et sans savoir exactement quoi faire pour sa mise en œuvre. C’est le 20 septembre 2010 que le Ministre adressera une lettre aux Gouverneurs des provinces dans laquelle il a indiqué des dispositions relatives aux frais de scolarité et aux manuels scolaires. Plus tard, le vice-ministre va, à son tour, écrire aux Représentants légaux des Églises pour expliquer la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire. Dans cette lettre, le plan d’application de la gratuité a été présenté et le concept spécifié de la manière suivante : “…par gratuité, il faut entendre la prise en charge par l’État de tous les frais scolaires directs, à savoir le minerval, l’assurance scolaire, les frais des imprimés, les frais administratifs (ou de fonctionnement), les frais de promotion scolaire ainsi que les frais institués de fait par les écoles dits frais de motivation. […] il est donc entendu que la gratuité ne s’applique pas aux frais indirects notamment l’achat des uniformes, des manuels et fournitures scolaires, les frais d’internat et le transport scolaire.”
Contrairement au plan initialement conçu par le Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP) la gratuité de l’enseignement n’a pas été étendue à toutes les classes du primaire au cours de l’année scolaire 2011-2012, elle s’est plutôt bornée en 4ème année. Par ailleurs, même si le Gouvernement supplée au manque à gagner provoqué par la suppression de la prise en charge des enseignants de 4 premières années du primaire par les parents, on ne peut affirmer que les dispositions prises par le Ministère de l’EPSP sont strictement d’application dans les écoles primaires.
À la place des frais de prise en charge, d’autres frais ont été imaginés par plusieurs écoles. Cette situation conduit certains observateurs à affirmer qu’après la gratuité égale avant la gratuité. C’est le cas de quelques enseignants de la ville de Lubumbashi impliqués dans une enquête menée en 2011 par l’étudiant Kasikira[35], qui estiment que la gratuité n’est pas du tout effective dans les écoles. Comme qui dirait la gratuité est partout dans les discours et nulle part dans les faits.
La Constitution du 18 février 2006, telle que modifiée en 2011, a renoué avec la gratuité et l’obligation de l’enseignement primaire dans les établissements publics. Après des années d’attentisme, l’application immédiate de la gratuité de l’enseignement dans les établissements publics, fut annoncée par Monsieur Joseph Kabila, alors Chef de l’État et Président de la République, le 30 août 2010.
Pour matérialiser cette décision du Chef de l’Etat, les acteurs et partenaires ont convenu d’une mise en œuvre graduelle de ladite gratuité dès la rentrée scolaire 2010 2011. Les classes de 1ère, 2ème et 3ème années primaires des écoles publiques du pays, excepté Kinshasa et Lubumbashi, furent les premières à être concernées.
Le 11 février 2014, le Parlement vote la Loi-cadre n° 14/004 de l’Enseignement National, laquelle en application de l’article 43 de la Constitution, précise les modalités de la prise en charge par l’Etat de l’éducation de base.
Par ailleurs, aux termes de cette même loi, la gratuité couvre l’enseignement au secondaire général (7ème et 8ème) et s’étend également aux manuels et fournitures scolaires (article 76).
Ainsi donc, la Loi-Cadre a adapté les spécificités du système éducatif Congolais à l’évolution constitutionnelle ainsi qu’aux réalités culturelles et aux Objectifs du millénaire sur le Développement durable poursuivis par toutes les nations. La finalité étant : « l’accès à l’école de tous et partout, la formation des élites pour un développement harmonieux et durable, et l’éradication de l’analphabétisme ».
L’Etat congolais a souscrit pour un enseignement primaire obligatoire et gratuit, la revalorisation du personnel enseignant, en améliorant les conditions de sa formation et en organisant, à son avantage, un statut particulier qui promeut la fonction enseignante et qui lui assure des conditions de travail motivantes et sécurisantes.
En 2019, monsieur Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Chef de l’Etat et Président de la République a annoncé la mise en œuvre de la disposition constitutionnelle de la gratuité de l’enseignement. Il s’agissait cette fois-ci d’une gratuité totale dans toutes les écoles primaires publiques.
Aujourd’hui, après deux années d’application systématique, le besoin de définir le contenu et les contours de la gratuité de l’éducation de base est plus qu’impérieux pour une application claire par toute la communauté nationale et les partenaires éducatifs.
1.1. JUSTIFICATION DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE
En référence aux instruments internationaux, à la constitution de la république et à la Loi-cadre de l’Enseignement National promulguée en 2014, la Stratégie Sectorielle de l’Education et de la Formation 2016-2025 a défini les priorités d’actions pour le secteur de l’éducation.
S’appuyant sur la Constitution de la RDC, la Loi-cadre de l’Enseignement National et d’autres textes régissant le sous-secteur de l’enseignement, la politique de la gratuité capitalise les acquis de tous ces instruments pour orienter les stratégies dans la perspective de la mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base.
1.2. VISION ET OBJECTIF DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE
La politique de gratuité est une question de justice sociale pour que tous les enfants en âge de scolarisation bénéficient d’une éducation de base gratuite, de qualité et pérenne.
1.3. COHERENCE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC
- Une Politique endossée à la Loi-Cadre de l’Enseignement National
La Constitution de la RDC parle de la gratuité de l’enseignement primaire. Par contre, la Loi-cadre de l’Enseignement qui est un instrument spécifique en matière d’enseignement étend cette gratuité à l’éducation de base. Ce faisant, la Loi-cadre engage le pays dans gratuité pour les huit premières années de l’enseignement.
C’est donc une grande responsabilité qu’endosse la Loi-cadre de l’Enseignement National en prolongeant la volonté de la Constitution en matière de gratuité pour la conformer aux impératifs du système éducatif Congolais ainsi qu’aux Objectifs du millénaire sur le Développement durable.
La présente Politique tire donc sa substance dans la Loi-cadre. Elle fait ressortir la difficulté à gérer la gratuité, dans la situation actuelle, où les deux dernières années de l’éducation de base sont collées aux humanités et l’épineuse question de la section maternelle qui semble être exclue de l’éducation de base.
- Cohérence avec les orientations de la Stratégie Sectorielle de l’Education et de la Formation (SSEF)
La Stratégie Sectorielle de l’Education et la Formation 2016-2025 présente la vision du Gouvernement de la RDC pour le secteur de l’éducation. Cette vision est « la construction d’un système éducatif inclusif et de qualité contribuant efficacement au développement national, à la promotion de la paix et d’une citoyenneté démocratique active ». Elle est fondée sur trois axes stratégiques pour construire un système éducatif cohérent à l’horizon 2025 (Accès, qualité et Gouvernance).
La politique de mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base transcende les trois grands axes de la SSEF.
L’axe accès rend le système éducatif équitable, l’équité favorise l’éducation de base et elle est également en lien direct avec l’amélioration de la gouvernance du système pour permettre une mise en cohérence us à us de la constitution mais également pour poser les bases d’une amélioration de la transparence et l’efficacité du mode de financement du système.
- Une Politique conçue comme levier de la réforme dans le sous-secteur
La Deuxième Table Ronde Nationale sur la Gratuité, tenue à Kinshasa du 22 au 24 août 2019, a souligné l’importance de cette dernière en tant que levier essentiel pour l’accès à une éducation universelle, inclusive et de qualité. [36]
Les participants à cette Table Ronde ont réaffirmé l’importance de l’éducation dans le développement socio-économique du pays et ont reconnu que seul un investissement conséquent dans le domaine permettrait au pays de profiter de son dividende démographique à travers sa jeunesse.
- Une Politique conçue comme stratégie pour la construction d’un consensus sur les enjeux des réformes du secteur de l’EPST
Les bénéfices de la gratuité sont multiples : promouvoir et favoriser l’accès à l’école des enfants issus des ménages démunis, éradiquer le taux d’analphabétisme, rendre à l’enseignant sa dignité d’agent de l’Etat et épargne les chefs d’établissement du souci financier pour s’adonner davantage à l’administration scolaire et pédagogique, faire profiter la jeunesse des fruits des ressources économiques du pays.
Cependant, plusieurs préalables ont constitué un déficit à la réussite de la mise en œuvre de la gratuité de l’éducation. L’on peut citer notamment :
- Les remous de grève engagés par les enseignants pour réclamer leur droit à une rémunération décente et honorable pour tous ;
- Les tentatives des parents à s’opposer au principe de la gratuité de peur de sacrifier la qualité de l’éducation de leurs enfants ;
- Les mécontentements de certains Bureaux Gestionnaires ne disposant plus de frais ascendants ;
- Les craintes d’une baisse de la qualité de l’éducation (Faible frais de fonctionnement, Enseignant démotivé, mal formé, …) liée à une hausse des effectifs d’élèves ;
- L’absence de politique de redevabilité dans le sous-secteur qui n’a pas satisfait les partenaires éducatifs ;
- Le fonctionnement aléatoire des structures de cogestion (Conseils de Gestion dans les Etablissements scolaires, Comité des Parents, …) ;
- L’absence d’un système de communication interne et externe aux établissements et aux Bureaux Gestionnaires ;…
A ce stade, l’utilisation des outils standards pour rendre compte de la gestion financière des Etablissements d’Enseignement redonneraient confiance à tous les partenaires éducatifs.
Ainsi, est-il urgent que la présente Politique travaille à la construction d’un consensus sur les réformes entreprises dans le secteur de l’éducation nationale pour une mise en œuvre réussie et pérenne de la gratuité de l’éducation de base.
- Une politique comme nécessité face au caractère multidimensionnel des enjeux et à la diversité des intérêts des acteurs
Les obstacles à l’application de la gratuité peuvent résulter des gouvernants, des structures de l’EPST, des acteurs et des partenaires éducatifs (ménages, enseignants, Inspecteurs, élèves, chefs d’établissements, etc.). Ce qui confère à la gratuité un caractère multidimensionnel dans ces enjeux.
Chaque catégorie de ces personnes réagit pour ou contre la gratuité selon ses intérêts avoués ou inavoués. Il est donc impératif que la présente politique soit mise en œuvre en tenant compte du caractère multidimensionnel des enjeux de la gratuité.
- Une politique conçue comme outil de gestion de la croissance démographique et urbanisation
Les premières années d’expérience de la gratuité ont documenté un afflux massif d’élèves vers l’école. La majorité de ces élèves étaient exclus du système éducatif à cause des frais scolaires. Les écoles se sont retrouvées face aux effectifs pléthoriques d’élèves avec des enseignants démotivés et non formés en pédagogie de masse.
En réalité, l’insuffisance des infrastructures scolaires et des enseignants motivés a donné l’impression que la gratuité sacrifierait la qualité.
Le taux de croissance démographique de la RDC gravite autour de 3% (3,3% en 2015, 3,28% en 2016, 3,25% en 2017, 3,2% en 2019, 3,1% en 2020 par exemple). Cette statistique montre le taux de croissance démographique de la République Démocratique du Congo de 2015 à 2020, par rapport à l’année précédente.
La présente Politique oriente le Ministère à travailler selon les prévisions démographiques pour l’implantation rationnelle, équitable et équilibrée des infrastructures scolaires au profit des générations futures.
La carte scolaire à laquelle la Politique va travailler aidera à collecter les données relatives à l’implantation équitable des écoles à travers le pays pour ainsi favoriser l’accueil des élèves partout à travers le pays.
Par ailleurs, l’agenda 2063 des Etats Africains entrevoie à juste titre en 2013 que dans les cinquante ans qui suivent l’Afrique aura « des villes, des communautés périurbaines et rurales dynamiques et équipées d’infrastructures de communication, d’assainissement, d’éducation et de santé modernes, d’une économie de marché dynamique, et où les populations ont accès à des logements abordables et décents grâce notamment au financement du logement et de l’ensemble des services de base essentiels, ainsi qu’à la valorisation et la préservation du capital social »[37].
Dans cette logique, l’urbanisation ne fera que progresser à travers la RDC, et l’implantation des écoles devra s’adapter au mouvement d’urbanisation. C’est là un facteur dont doit tenir compte la politique d’une gratuité réussie et pérenne.
- Une politique conçue comme vecteur de lutte contre les antivaleurs dans le secteur
La corruption, phénomène longtemps décrié dans le secteur de l’éducation, a pris plusieurs formes au cours des années en RDC.
La politique préconise le renforcement de la gouvernance notamment par l’installation et le fonctionnement effectifs des organes de cogestion de l’établissement scolaire, en renforçant la redevabilité.
La politique ouvre des possibilités de prise des lois et Edits qui permettront de lutter contre les antivaleurs dans le sous-secteur, sans oublier que des sanctions administratives et pénales peuvent être infligées aux personnes reconnues coupables.
A ce propos, et dans le cadre de la décentralisation, les responsables des ETD seront mis à contribution pour combattre et éradiquer les antivaleurs non seulement au sein des établissements d’enseignement mais aussi dans l’environnement immédiat des ceux-ci.
Pour une gratuité réussie et pérenne la corruption, sous toutes ses formes, devra disparaître des écoles publiques du pays.
- Une politique conçue comme instrument de lutte contre la faiblesse des moyens d’intervention et déficit de capacités des Entités Territoriales Décentralisées en matière de pilotage du sous-secteur
La décentralisation en RDC est fondée sur la délégation de compétences aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD) mais également sur l’existence de ressources financières suffisantes pour les assumer.
Elle implique le transfert partiel des pouvoirs, des compétences, des responsabilités, des ressources et des charges de l’Etat aux provinces et aux ETD. Les dispositions constitutionnelles dotant les provinces et les ETD de la personnalité juridique et de l’autonomie de gestion de leurs ressources et de la libre administration (article 3 de la Constitution) sont accompagnées de celles qui déterminent les compétences des provinces et des lois sur la décentralisation qui définissent les attributions des ETD.
L’article 104 de la Loi organique n° 08/016 de 7 octobre 2008, pris en application de l’article 3 de la Constitution, stipule également que les finances d’une ETD sont distinctes de celles de la province.
Malheureusement toutes ces dispositions ne suffisent pas pour que les provinces et les ETD exercent effectivement ces compétences et attributions. Elles doivent également disposer des moyens nécessaires. Sans autonomie financière, il ne peut y avoir d’autonomie de gestion. La faiblesse des moyens d’intervention et le déficit de capacité des ETD, en matière de pilotage du sous-secteur de l’enseignement de base ne permettent pas, à proprement parler, la mise en œuvre de la gratuité dans le sous-secteur.
Cette politique établit des ponts réalistes qui élargissent la marge de manœuvre des ETD dans la mise en œuvre d’une gratuité réussie et pérenne.
SECTION II. CADRE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE
Pour mieux comprendre les fondements et les implications de la politique de la gratuité de l’enseignement primaire, il est essentiel d’examiner en détail son cadre stratégique et institutionnel, ainsi que son cadre juridique.
2.1. CADRE STRATEGIQUE ET INSTITUTIONNEL
La politique nationale de la gratuité de l’éducation de base s’inscrit dans le cadre du développement humain. Elle vise l’amélioration du système national d’éducation et de formation afin de répondre aux besoins du pays. A ce jour seul, l’enseignement de base est pris comme cycle prioritaire pour assurer l’équité et l’égalité des chances à l’ensemble des enfants pour l’accès à un enseignement de qualité.
La stratégie est d’offrir à tous les enfants un cycle de base (de la 1ère à la 8ème année) complet et gratuit. Pour cela, il faut développer les capacités pour permettre au système éducatif d’accueillir tous les enfants en âge d’être scolarisés en renforçant la lutte contre déperdition scolaire.
A la sortie de l’éducation de base, un examen à triple vocation sera mis en place pour permettre :
- La certification des sortants ;
- La régulation des flux ;
- L’orientation des élèves vers le second cycle des humanités générales et techniques, la formation professionnelle et les formations pédagogiques.
Une réforme des curricula est entamée pour donner du sens à la continuité des parcours scolaires sur huit années ainsi qu’aux finalités, désormais plus larges, du premier cycle du secondaire.
L’objectif de cette réforme est d’identifier les compétences de base qui doivent être acquises par tous les enfants à la fin de l’école primaire dans sa nouvelle version. Le test national de fin d’étude primaire (TENAFEP) sera maintenu pour permettre au Gouvernement de maitriser les effectifs accédant au premier cycle du secondaire et de certifier les connaissances acquises à la fin du primaire.
La mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base à travers la présente politique requiert un examen minutieux de quatre axes principaux, à savoir l’accessibilité, la qualité, l’éthique et la gouvernance, l’inclusion des genres.
2.2. CADRE JURIDIQUE DE LA POLITIQUE
Dans ce point, nous examinerons comment la politique de la gratuité s’inscrit dans le cadre juridique international et national existant, ainsi que son alignement avec la législation à venir dans le sous-secteur de l’éducation primaire. En analysant ces aspects, nous pourrons mieux comprendre les implications légales et réglementaires de la gratuité de l’enseignement primaire et son impact sur le système éducatif dans son ensemble.
2.2.1. Endossement de la politique dans le cadre juridique international et national existant
La deuxième table ronde nationale[38] sur la gratuité de l’éducation de base tenue en 2019, souligne l’importance de cette dernière en tant que levier essentiel pour une éducation universelle, inclusive et de qualité. Les participants à cette table ronde ont réaffirmé l’importance de l’éducation dans le développement socioéconomique du pays. Ils ont reconnu que seul un investissement conséquent dans ce domaine permettrait au pays de profiter de son dividende démographique à travers sa jeunesse.
Les modalités de l’application immédiate de la gratuité dans toutes les écoles publiques du pays, à l’issue de cette table ronde, sont l’expression d’une volonté manifeste, celle de promouvoir l’éducation de base pour tous et de contribuer à la diminution effective du taux d’analphabétisme dans le pays. Elle fait de l’éducation un devoir et un droit pour la population. Elle a exprimé le souci de diminuer fortement la pression financière sur les parents. Elle diminue la circulation de l’argent dans les écoles et remet ainsi l’attention des chefs d’établissement sur la pédagogie et l’administration scolaire que sur la gestion financière qui prenait le dessus.
Cette table ronde a consacré l’effectivité de la gratuité dans toutes les écoles publiques du pays. Elle a dégagé un consensus national sur les points suivants :
a. Le contenu de la gratuité qui consiste notamment à :
- L’amélioration des salaires de tous les enseignants (mécanisés et Nouvelles Unités) et au paiement régulier de ce salaire ;
- L’octroi puis le réajustement, par la suite, des frais de fonctionnement aux écoles et bureaux gestionnaires et la liquidation régulière desdits frais ;
- La dotation des manuels scolaires et kits pédagogiques ;
- La construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires conséquentes
- Le recrutement des enseignants et inspecteurs et leur formation ;
- L’effectivité de la gratuité dès la rentrée scolaire 2019-2020 ;
- La mise en place d’un dispositif de suivi-évaluation de la mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base assorti d’un plan de communication ;
- La création d’un impôt de solidarité en faveur de l’éducation ;
- L’amélioration à la hausse du budget alloué à l’éducation pour se donner les moyens conséquents pour la prise en charge de la gratuité dans tous ses aspects ;
- La recherche des financements innovants ;
- La réforme du Fond de Promotion de l’Education Nationale (FPEN).
2.2.2. Alignement à la législation à venir dans le sous-secteur
Pour une application réussie et pérenne de la gratuité dans les établissements publics de l’éducation base, une loi d’application s’avère impérieuse et nécessaire pour contrer toute démarche de négociations interminables, grèves et remous de grève des enseignants et autres tergiversations des acteurs éducatifs
La loi permettra de définir le champ d’application, les modes d’évaluation de la mise en œuvre, les infractions en la matière ainsi que les sanctions applicables en cas de violation.
SECTION III. MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC
Dans cette section, nous examinerons la mise en œuvre de la politique de la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo (RDC). Nous nous pencherons sur les différents aspects clés de cette mise en œuvre, notamment le cadre de concertation et de communication, le mécanisme de suivi et d’évaluation, ainsi que les mécanismes de recevabilité.
3.1. LE CADRE DE CONCERTATION ET DE COMMUNICATION
La mise en œuvre de la gratuité dans les écoles publiques de la RDC ne peut pas aller sans difficulté. Les deux premières années d’application de la gratuité l’ont démontré. Pour éviter ces écueils, un cadre de concertation et de communication est nécessaire. Un tel cadre permettrait de comprendre d’abord l’esprit même de la gratuité. Il n’est pas évident que tous les citoyens de la RDC aient jusqu’à ce jour la même intelligence du sens de la gratuité.
En vue d’instaurer un dialogue permanent et un climat de confiance et de transparence dans la mise en œuvre de la gratuité, un cadre de concertation doit être institué. Ce cadre comprend les représentants de toutes les parties prenantes dont ceux des institutions de la République, du système des Nations Unies, des représentants des partenaires locaux et des programmes de développement du secteur.
Ce cadre devrait se réunir périodiquement en temps ordinaire et en cellule d’urgence en cas de contingence ou de nécessité.
3.2. LE MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION
Le mécanisme de suivi et d’évaluation est comme un tableau de bord sur le pilotage de la politique de mise en œuvre de la gratuité. Le suivi-évaluation est un examen constant du projet dans le cadre de son organisation par un dispositif combinant les résultats intermédiaires fixés, les questions d’évaluation et les indicateurs. L’évaluation se fait avant, pendant et après la réalisation de l’œuvre.
Les réalisations issues de la mise en œuvre seront diffusées aux travers des comptes rendus, les rapports des Revues Annuelles des Performances ou encore des évaluations des performances des Directions et Services pris individuellement. Au-delà des mécanismes ci-haut cités, la mise en œuvre de cette politique requière des revues spécifiques des actions. Ces revues (annuelles, triennales et quinquennales) réunissant les représentants des Ministères concernés, les partenaires techniques et financiers et l’ensemble des membres du GTE, doivent être organisées.
De même, les revues sont à organiser par l’Etat à tous les niveaux du système (Ecole, Sous-Division, Province et national)
Un dispositif de suivi-évaluation axé sur les résultats doit être mis en place pour :
̶ mettre en cohérence les différents cadres programmatiques et opérationnels ;
̶ mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre ;
̶ procéder aux évaluations périodiques afin de mieux comprendre les raisons des réussites ou des échecs éventuels de la mise en œuvre ;
̶ partager diverses expériences nationales ;
̶ valoriser les bonnes pratiques afin d’améliorer les actions futures pour répondre aux objectifs de la gratuité.
Il doit être assorti des mesures conservatoires et sanctions suivant le mode de gestion des finances publiques dans les établissements scolaires.
3.3. LES MECANISMES DE REDEVABILITE
La redevabilité est la pièce maîtresse dans la gestion du sous-secteur de l’éducation. Les objectifs de développement durable exigent que les gouvernements s’engagent avec tous les acteurs par le biais des processus participatifs multipartites et qu’ils fassent preuve de redevabilité dans les décisions qu’ils prennent pour réaliser la gratuité de l’enseignement primaire.
De plus, les partenaires éducatifs sont tenus de s’aligner derrière le leadership des gouvernements, et doivent également être tenus redevables de leurs actions pour faire progresser le sous-secteur de l’éducation.
La redevabilité concerne trois aspects principaux : rendre compte, prendre en compte, et demander des comptes. Ces aspects sont entremêlés et doivent être simultanés afin que la redevabilité aboutisse. Le compte-rendu implique que les acteurs éducatifs dialoguent et partagent des informations sur la mise en œuvre de la gratuité. La prise en compte désigne l’écoute active des besoins et opinions des parties prenantes (autorités politico-administratives, enseignants, chefs d’établissement, élèves et ménages) dans l’œuvre de la gratuité.
La demande de comptes consiste essentiellement en la capacité des parties prenantes à influencer la mise en œuvre de la gratuité et à l’évaluer.
CONCLUSION PARTIELLE
En conclusion, ce chapitre qui a porté sur la politique de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC, a mis en lumière l’importance de cette initiative pour garantir un accès équitable à l’éducation pour tous les enfants du pays. L’historique de la politique, la justification de la gratuité, la vision et la cohérence de cette mesure ont été examinés en détail, soulignant la volonté du gouvernement de promouvoir l’éducation comme un droit fondamental. Le cadre stratégique et institutionnel, ainsi que le cadre juridique mis en place, offrent des bases solides pour la mise en œuvre efficace de cette politique, tandis que les mécanismes de concertation, de suivi et d’évaluation sont essentiels pour assurer sa réussite.
La mise en œuvre de la politique de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC nécessite une coordination efficace entre les différents acteurs, une communication transparente et des mécanismes de suivi rigoureux. Les efforts déployés pour garantir la recevabilité des fonds alloués à l’éducation primaire sont cruciaux pour assurer une utilisation efficiente des ressources et une amélioration continue du système éducatif.
En somme, la politique de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC constitue un pas important vers une éducation de qualité et inclusive, mais des défis persistent et des actions supplémentaires sont nécessaires pour renforcer sa mise en œuvre et garantir son impact positif à long terme sur la société congolaise
CHAPITRE III : LA POLITIQUE DE LA GRATUITE ET LA PROBLEMATIQUE DE L’AMELIORATION DE LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
La politique de la gratuité, annoncée par le Président de la République, visait à garantir l’accès à l’éducation primaire pour tous les enfants du pays, indépendamment de leur situation économique, afin de réduire les inégalités en matière d’éducation.
Malgré les progrès réalisés en termes d’accès à l’éducation, de nombreux défis persistent concernant la qualité de l’enseignement dispensé. Il est crucial de veiller à ce que les enfants bénéficient d’un enseignement de qualité pour acquérir les compétences nécessaires à leur réussite future.
C’est dans ce contexte que le chapitre troisième se propose de répondre à la question inscrite à la problématique du sujet d’étude qui est celle de savoir « pourquoi la politique de la gratuité n’arrive-t-elle pas à améliorer la qualité de l’enseignement primaire dans la ville de Lubumbashi ? » Face à cette question, nous avons pensé que cette situation pourrait être expliquée par le manque de financement adéquat, de la surpopulation des classes, la corruption et la mauvaise gestion de l’enseignement primaire et enfin le manque de motivation des enseignants. C’est ce que nous essayerons de démontrer dans ce chapitre.
SECTION I. MANQUE DE FINANCEMENT ADEQUAT
Le manque de financement adéquat dans le secteur de l’éducation en RDC est une réalité préoccupante qui entrave significativement l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire. Tout d’abord, le budget alloué à l’éducation en RDC est souvent insuffisant par rapport aux besoins réels du système éducatif. Les ressources financières disponibles ne permettent pas de couvrir les coûts liés à l’infrastructure, aux salaires des enseignants, à la formation continue, aux manuels scolaires et aux équipements pédagogiques.
1.1. FINANCEMENT DU SYSTEME EDUCATIF EN RDC
Depuis les années 1990 jusqu’en 2018, le gouvernement congolais a semblé être démissionnaire de ses responsabilités dans la prise en charge des divers secteurs sociaux de base en l’occurrence l’éducation, les infrastructures de base, etc.
Le rapport sur le système éducatif de la RD Congo de la banque mondiale indique que le système éducatif de la RDC était issu en grande partie, de contributions des privés et c’est une originalité pour le système[39].La situation a déjà subi des changements positifs importants suite aux changements de pouvoirs publics en 2019 où le gouvernement congolais a pris l’initiative de prendre en mains la charge de l’enseignement primaire.
L’éducation est considérée comme un service nation essentiel et comme une des missions les plus importantes de l’Etat, car elle conditionne la qualité individuelle ainsi que le rythme et le niveau de développement et de progrès collectif dans tous les domaines ; c’est pour cette raison que l’Etat congolais a scrupuleusement veillé d’assurer l’accessibilité aux services éducatifs pour toutes les régions, à tous les niveaux, ainsi que la répartition équitable de l’effort financier requis. Les modalités de la politique de financement doivent s’inspirer de ces préoccupations fondamentales.
Dans ce sens, accorderun financement nécessaireen faveur du système éducatif et sa rentabilité serait l’un des facteurs qui permettraient la réalisation des objectifs assignés, entre autres : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Mais malgré toutes ces considérations le financement de l’enseignement primaire est largement insuffisant pour répondre aux besoins scolaires (paiement des enseignants, achat des livres, craies, registres, etc.), les budgets alloués à l’éducation sont souvent limités et ne permettent pas de couvrir les couts nécessaires pour assurer un enseignement de qualité.
Tableau 1 : Evolution relative des dépenses sur l’éducation en RDC de 2019 à 2023
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
Dépenses courantes | 33% | 25% | 17% | 9% | 7% |
Dépenses en capital | 3% | 7% | 8% | 9% | 6% |
TOTAL | 36% | 32% | 25% | 18% | 13% |
Source : cellule budgétaires de l’EPSP (2023)
Nous remarquons que les dépenses allouées à l’éducation diminuent progressivement de 2019 à 2023 suite à la guerre qui a pris de l’ampleur a l’est du pays. En fait, le pourcentage des dépenses de l’éducation dans l’ensemble des dépenses publiques de l’Etat de 2019 à 2021 est presque le triple des dépenses respectivement depuis l’année 2022 à 2023. Cette situation montre en réalité que l’éducation ne constitue pas une priorité nationale ces dernières années parce que la proportion accordée à l’enseignement est moins élevée par rapport au seuil de 20% au moins proposé par la Banque Mondiale.
Tableau 2 : Evolution du budget de l’enseignement primaire de 2020- 2023 Ville de Lubumbashi
Budget | Nombre d’enseignants | Salaire mensuel d’un enseignant | |
Année | Millions $ USD | ||
2020 | 43.742.700 $ | 285,900 | 153 $ |
2021 | 42.875.550 $ | 285,837 | 150 $ |
2022 | 32.343.877 $ | 217,073 | 149 $ |
2023 | 31.273.200 $ | 214,200 | 146 $ |
Source : cellule budgétaires de l’EPSP (2023).
Il est clair que les ressources financières allouées à l’éducation sont moins élevées et montrent que l’éducation en général ne constitue pas une priorité nationale.
Le budget alloué à l’enseignement primaire public souffre d’une insuffisance criante, se limitant souvent au seul paiement des salaires des enseignants. Or, ce budget devrait également couvrir l’acquisition de matériel didactique, l’achat de livres, voire la réhabilitation de certains bâtiments scolaires.
Cette situation financière précaire contribue à la diminution du nombre d’enseignants dans le secteur public, comme en témoigne le tableau N°2. En effet, face à ce manque de moyens, de nombreux enseignants sont tentés de rejoindre les écoles privées, souvent mieux dotées en ressources pédagogiques, technologiques et infrastructurelles. Ces dernières offrent également des salaires plus attractifs et des avantages sociaux plus avantageux, contribuant ainsi à accentuer l’exode des enseignants du public vers le privé.
Dans ce contexte, la communauté internationale devrait prendre des mesures favorisant la priorité de l’éducation et incitant le gouvernement de changer sa politique de distribution des derniers publics entre secteurs.
1.2. FINANCEMENT EXTERIEUR DE L’EDUCATION
Le financement de l’éducation en général et de l’enseignement primaire en particulier par les partenaires externes passe par la politique nationale de financement extérieur. De façon générale, le financement extérieur peut être classé en deux grands groupes :
- Le financement qui passe directement au secteur ou sous-secteur concerné. Il s’agit généralement des jumelages, des ONG locales ou internationales, des coopérations bilatérales, etc. Pour cette catégorie, les fonds sont en grande partie gérés par les bailleurs.
- Le financement par appui au budget : pour ce type de financement, les fonds sont versés directement au Ministère de finance et ils sont utilisés dans l’exécution des prévisions budgétaires de l’Etat.
Tableau 3 : Financement extérieur de l’éducation au Congo Brazzaville en 2022
Niveau d’enseignement | B.M | UNICEF | PAM | CTB | AFD | Coop. Française | CNR | Autres | Total | % |
Préscolaire | 0 | 320 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 320 | 1% | |
Primaire | 8,053 | 12653 | 6896 | 6514 | 0 | 69 | 1618 | 0 | 27758,053 | 69% |
Source : rapport de la banque mondiale sur le financement de l’éducation en Brazzaville
En République du Congo par exemple, les données du Ministère des Finances indiquent que pour l’ensemble de financement extérieur de l’éducation, l’enseignement primaire a une part considérable. Sur 40.229.053 millions de Franc CFA, il en a eu 27.758.053 millions Franc CFA (soit, 69%). Les données relatives au financement extérieur de l’éducation au Congo Brazzaville sont présentées dans le tableau 3.
Mais ce qui n’est pas le cas dans notre pays, en effet la seule information obtenue est que le Département for International Développent (DFID), dans le cadre du plan stratégique en RDC financera la réduction des frais de scolarisation des élèves du primaire. Ce dernier se fera par le biais d’un fonds spécial de la Banque mondiale auquel la Belgique et d’autres bailleurs contribueront et qui est mis en place pour cofinancer le propre programme d’éducation de la Banque. Ainsi, 55 millions de Livre sterling devraient être octroyés par DFID pour une période de 5 ans, mais jusque-là, la RDC n’a pas encore reçu cette somme.
1.3. CONSEQUENCES DU MANQUE DE FINANCEMENT
En conséquence, les écoles primaires publiques en RDC font face à des défis majeurs tels que le manque d’infrastructures adéquates, le manque de matériel pédagogique et le manque de formation des enseignants. Ces conditions défavorables ont un impact direct sur la qualité de l’enseignement dispensé. Les enseignants sont souvent contraints d’enseigner dans des conditions précaires, ce qui limite leur efficacité pédagogique et leur capacité à motiver les élèves.
Le manque de financement adéquat se traduit également par un faible taux de scolarisation et un taux d’abandon élevé des élèves. Les familles les plus pauvres ont du mal à assumer les coûts indirects de l’éducation tels que les uniformes, les fournitures scolaires et les frais de scolarité, ce qui contribue à perpétuer le cycle de la pauvreté et de l’ignorance.
Par ailleurs, le manque de financement adéquat affecte également la qualité de la formation des enseignants. Les programmes de formation initiale et continue sont souvent insuffisants et ne répondent pas aux besoins spécifiques du contexte éducatif congolais. Les enseignants ne sont pas toujours bien préparés pour faire face aux défis complexes de l’enseignement primaire et n’ont pas toujours accès à des formations de qualité pour améliorer leurs compétences.
En outre, le manque de financement adéquat se traduit par un manque d’innovation pédagogique et de modernisation des méthodes d’enseignement. Les écoles primaires ont souvent du mal à intégrer les nouvelles technologies et les approches pédagogiques innovantes en raison du manque de ressources financières nécessaires pour investir dans ces domaines.
Enfin, le manque de financement adéquat compromet la mise en œuvre de politiques éducatives efficaces visant à améliorer la qualité de l’enseignement primaire. Les initiatives visant à renforcer la gouvernance éducative, à promouvoir l’équité et l’inclusion, à garantir la qualité des programmes scolaires et à assurer le suivi et l’évaluation des politiques éducatives sont souvent entravées par le manque de ressources financières nécessaires pour les mettre en œuvre efficacement.
SECTION II. SURPOPULATION DES CLASSES
En République Démocratique du Congo, la surpopulation des classes est un phénomène courant dans de nombreuses écoles primaires publiques. Plusieurs facteurs contribuent à cette surpopulation, notamment le manque d’infrastructures scolaires adéquates, le manque d’enseignants, le manque de financement pour ouvrir de nouvelles écoles et le taux élevé de croissance démographique. En effet, la RDC fait face à une forte pression démographique avec une population en constante augmentation, ce qui entraîne une demande croissante d’éducation primaire.
2.1 CAPACITE D’ACCUEIL AU SEIN DES ECOLES PRIMAIRES PUBLIQUES
La quasi-totalité des écoles primaire publiques sont dans un état vétuste, leur capacité d’accueil est devenue insignifiante face à la poussée de la politique de la gratuité de l’enseignement primaire. Cette dernière conduit à une augmentation de l’effectif doublement ou triplement, et pourtant selon les normes internationales de plant de l’éducation, une classe avec un enseignant doit être constituée avec un effectif de 40 à 45 élèves.
En effet, BUVUIDINSI.A[40] estime que, réaliser ou réussir une reforme sans tenir compte des contraintes liées aux conditions de vie et de travail peut paraitre illusoire. Une des plus urgentes de ces contraintes est la réhabilitation des infrastructures et la construction des nouveaux établissements, la recherche de la documentation scientifique et des équipements.
Evidemment, l’enseignement nécessite la mise en place des infrastructures viables. Certes, les établissements publics ont un problème de délabrement généralisé. L’inconfort des conditions de travail constitue un sérieux problème pour les enseignants à bien dispenser les cours aux apprenants, les bâtiments manquent d’éclairage, et la détérioration des matériels didactiques, des immobiliers, des vitres brisées, des portes sans poignets, etc. Certains élèves manquent de place faute des bancs, la destruction des conduites d’eau, l’absence des canalisations, le manque d’entretiens des fosses septiques, des caniveaux bouchés ne permettant pas l’évacuation d’eau pour plus d’hygiène.
En considérant des aspects ci-haut cités, il est clair de dire que, la détérioration des infrastructures scolaires est un facteur perturbateur qui ne favorise pas l’intégration de la réforme de la gratuité. Cependant, les établissements publics dans la ville de Lubumbashi présentent un véritable problème d’infrastructures. En ce qui concerne leurs fonctionnements, il y a lieu de noter que certaines écoles primaires de la ville de Lubumbashi ne reçoivent rien depuis l’introduction de la politique de la gratuité de l’enseignement primaire. Il est difficile aux établissements scolaires publics d’engager des travaux de réhabilitation ou encore de construction des nouveaux bâtiments pour harmoniser les conditions de travail pour les enseignants d’une part, et d’autre part permettre aux élèves de suivre les enseignements dans des bonnes conditions.
Tableau 4 : Echantillon des effectifs d’élèves avant la gratuité dans quelques écoles de la ville de Lubumbashi en 2017
N° | ECOLES | 1ere toutes | 2eme Toutes | 3eme toutes | 4eme Toutes | 5eme toutes | 6eme Toutes | TOTAL Des élèves | INFRAST |
1 | EP TWELIMISHE | 130 | 105 | 75 | 75 | 70 | 52 | 507 | 11 Classes |
2 | EP KIWELE 1 | 251 | 222 | 205 | 132 | 132 | 105 | 1047 | 23 Classes |
3 | EP MAPINDUZI 1 | 237 | 195 | 165 | 172 | 167 | 125 | 1061 | 24 Classes |
4 | EP ZAMIRI | 301 | 267 | 174 | 129 | 139 | 131 | 1141 | 25 Classes |
5 | EP HODARI | 397 | 256 | 237 | 179 | 139 | 95 | 1303 | 28 Classes |
EP NJANJA | 230 | 192 | 158 | 122 | 117 | 109 | 928 | 21 classes | |
TOTAL | 5987 | 132 Classes |
Source : Données récoltées lors de nos enquêtes
Tableau 5 : Echantillon des effectifs d’élèves pendant la gratuité dans quelques écoles de la ville de Lubumbashi en 2023
N° | ECOLES | 1ere toutes | 2eme Toutes | 3eme toutes | 4eme Toutes | 5eme toutes | 6eme toutes | TOTAL Des élèves | INFRAST |
1 | EP TWELIMISHE | 278 | 258 | 242 | 197 | 181 | 172 | 1328 | 11 Classes |
2 | EP KIWELE 1 | 320 | 278 | 252 | 244 | 200 | 195 | 1489 | 23 Classes |
3 | EP MAPINDUZI 1 | 286 | 278 | 256 | 231 | 205 | 185 | 1441 | 24 Classes |
4 | EP ZAMIRI | 431 | 331 | 304 | 287 | 263 | 218 | 1834 | 25 Classes |
5 | EP HODARI | 543 | 432 | 368 | 251 | 192 | 122 | 1908 | 28 Classes |
EP NJANJA | 340 | 298 | 256 | 208 | 187 | 165 | 1454 | 21 classes | |
TOTAL | 9454 | 132 Classes |
Source : Données récoltées lors de nos enquêtes
Au regard de ce résultat, en comparant les deux tableaux qui nous montrent la situation des effectifs d’élèves avant la gratuité et pendant la gratuité, on peut comprendre qu’avant la politique de la gratuité, les écoles primaires publiques avait un nombre des salles des classes qui pouvait accueillir une capacité d’élèves dans des conditions favorables à leur apprentissage, mais pendant la gratuité dans les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023 l’effectif total des élèves 9454 avec une infrastructure de 132 classes pour quelques écoles publiques de Lubumbashi. Si on tient compte des normes internationales du ratio de 40 ou 45 élèves par classe, mais la réalité sur terrain démontre le contraire, d’où nous avons le doublement voir même le triplement des effectifs selon les informations, la plupart de ces écoles qu’on observe à faible fréquence, elles n’avaient pas beaucoup d’élèves suite aux infrastructures déjà dégradées et les autres écoles ont les fréquences élevées sont la plupart des écoles conventionnées qui ont des infrastructures viables et qui avaient des conditions d’accès limitées aux parents pauvres d’envoyer leurs enfants a ces écoles, grâce à la gratuité ainsi les redoublements des effectifs sont observés.
2.2. IMPACT DE LA SURPOPULATION DES CLASSES SUR LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
La surpopulation des classes a des conséquences néfastes sur la qualité de l’enseignement primaire en RDC. Tout d’abord, les enseignants se retrouvent souvent dépassés par le nombre élevé d’élèves dans leurs classes, ce qui rend difficile la gestion de la discipline, le suivi individualisé des élèves et l’adaptation des méthodes pédagogiques à chaque enfant. Les élèves peuvent se sentir négligés ou ignorés dans un environnement surchargé, ce qui peut affecter leur motivation et leur engagement dans l’apprentissage.
Tableau 6 : Avis des élèves sur l’attention du maitre accordée dans la classe.
QUESTION: Le maitre, s’occupe-t-il individuellement de chaque élève ? | ||
REPONSES | EFFECTIFS | % |
Non | 42 | 95,45 |
Oui | 2 | 4,55 |
TOTAL | 44 | 100% |
Source : Données récoltées lors de nos enquêtes
A la lumière de ce résultat, nous remarquons que 42 répondants soit 95,45% des enquêtés ont affirmés qu’il est difficile de voir leur maitre s’occuper de chaque élève d’une manière individuel suite à un nombre exagérer d’élèves dans la classe, tandis que 2 répondants soit 4,55% des enquêtés sont certains que leur maitre s’occupe de tous les élèves sans difficulté aucun.
La surpopulation des classes entraîne une diminution de la qualité de l’interaction entre l’enseignant et les élèves. Les enseignants ont moins de temps pour répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant, pour fournir un feedback personnalisé et pour encourager la participation active des élèves. Cela conduit à une approche d’enseignement standardisée et uniforme qui ne tient pas compte des différences individuelles des élèves.
Par ailleurs, la surpopulation des classes a un impact négatif sur le climat scolaire. Les salles de classe surchargées peuvent être bruyantes et chaotiques, ce qui rend difficile la concentration et l’apprentissage des élèves. Les conditions de travail affectent le bien-être des enseignants et leur capacité à dispenser un enseignement de qualité.
La surpopulation des classes entraîne également une utilisation inefficace des ressources pédagogiques disponibles. Les manuels scolaires, le matériel didactique et les équipements pédagogiques sont insuffisants pour répondre aux besoins de tous les élèves, ce qui limite les possibilités d’apprentissage et de développement des compétences. Comme le dit un élève que lors d’un cours de FRANÇAIS LECTURE l’enseignent est obligé de le regrouper trois à quatre élèves pour un seul livre afin ces derniers puissent suivre la lecture qui peut être silencieuse ou à haute voix.
De plus, la surpopulation des classes accentue les inégalités sociales et économiques dans l’éducation. Les enfants issus de milieux défavorisés sont davantage affectés par la surpopulation des classes, car ils ont moins de chances de recevoir un soutien supplémentaire à la maison pour compenser les lacunes éducatives. Et cela contribue à perpétuer le cycle de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Enfin, la surpopulation des classes compromet la qualité globale du système éducatif en RDC, Les taux d’échec et d’abandon scolaire augmentent en raison du manque d’attention individualisée accordée aux élèves, ce qui nuit à la réussite scolaire et à l’acquisition de compétences essentielles. Cela affecte la réputation des écoles et leur capacité à attirer et à retenir les meilleurs enseignants.
SECTION III. CORRUPTION ET MAUVAISE GESTION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
La corruption et la mauvaise gestion sont des problèmes endémiques qui affectent de nombreux secteurs, y compris l’éducation. La corruption se manifeste sous différentes formes, telles que le détournement de fonds, les pots-de-vin, les fraudes et les malversations. Ces pratiques sont souvent favorisées par un manque de transparence, de contrôle et de responsabilité dans la gestion des ressources publiques.
3.1. LES FACTEURS INFLUENÇANT LA CORRUPTION
Il existe plusieurs facteurs qui favorisent la corruption dans l’enseignement, mais dans le cadre de ce travail, deux facteurs nous semblent importants à savoir : le facteur économique et social.
- Facteur économique : qui est à prendre en compte dans la mesure où le faible salaire des enseignants pousse ces derniers à accepter les pots-de-vin pour compenser leurs revenus insuffisants. La précarité financière des enseignants, un facteur clé qui pousse à s’engager dans des actes de corruption, souvent mal rémunérés et doivent faire face à des conditions de travail difficiles (s’occuper de plus de soixantaine d’élèves individuellement, enseigner parfois sans matériels didactiques, le retard dans le paiement de salaire, parfois ils rentrent à leurs domiciles sans un frais de transport, etc.) ce qui les amènent à chercher des ressources supplémentaires, dans ce cas ils sont tentés de demander des pots-de-vin ou des frais supplémentaires aux élèves et même aux parent d’élèves pour compenser leurs revenus insuffisants.
- Facteur social : le facteur social contribue également à la corruption dans le domaine de l’enseignement. En effet la normalisation de la corruption dans la fonction publique crée un environnement propice à la pratique de cette dernière, souvent elle est considérée comme un moyen de survivre dans un pays où l’économie est en difficulté où la pauvreté bat son plein, les parents souvent confronter a des difficultés financières, donnent de l’argent aux enseignant pour garantir la réussite et obtenir un meilleur résultat de leurs enfants dans un contexte où l’éducation est perçue comme un moyen d’ascension sociale, les parents et même les élèves sont prêts à donner de l’argent aux enseignants pour leurs facilité la réussite.
3.2. LA MAUVAISE GESTION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
La mauvaise gestion de l’enseignement primaire est appréhendée par plusieurs indicateurs, notamment : l’absentéisme des enseignants, la pénurie d’enseignants qualifiés, l’insuffisance des matériels didactiques.
L’absentéisme des enseignants est un élément crucial de la mauvaise gestion de l’enseignement primaire. Lorsque les enseignants sont absents de manière récurrente, cela a un impact direct sur la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves. Les cours manqués ne peuvent pas être rattrapés efficacement, ce qui compromet le niveau d’apprentissage des élèves. Celui-ci crée un climat d’incertitude et de méfiance parmi les parents et les élèves. Ces derniers perdent confiance dans le système éducatif et sont moins motivés à fréquenter l’école régulièrement, il entraîne des perturbations dans le calendrier scolaire, ce qui a des conséquences néfastes sur le déroulement des programmes d’études et la préparation aux examens.
L’insuffisance des matériels didactiques est un élément qui montre la mauvaise gestion de l’enseignement primaire pour plusieurs raisons : Dans certains cas, le manque de matériels didactiques tels que des manuels scolaires, des fournitures, des équipements de laboratoire, etc., oblige les familles à acheter pour leurs enfants, ce qui représente un fardeau financier supplémentaire pour les ménages déjà précaires. Sans les outils nécessaires, les élèves ont du mal à comprendre les concepts enseignés et à développer leurs compétences.
La pénurie d’enseignants qualifiés signifie que de nombreux enseignants n’ont pas reçu une formation adéquate en matière de pédagogie, de méthodes d’enseignement et de gestion de classe. En raison du manque d’enseignants qualifiés, ceux qui sont en poste peuvent être confrontés à des classes surchargées, ce qui rend difficile pour eux de répondre aux besoins individuels des élèves et de maintenir un environnement d’apprentissage efficace.
Il est aussi très important de savoir que La pénurie d’enseignants qualifiés entraîne une forte rotation du personnel enseignant, car les enseignants qualifiés cherchent souvent des opportunités, des meilleures rémunérations ou des conditions de travail plus favorables ailleurs. Et cela crée une instabilité dans les écoles et nuit à la continuité de l’enseignement.
3.3. IMPACT DE LA CORRUPTION ET LA MAUVAISE GESTION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SUR LA QUALITE DE L’EDUCATION
La corruption et la mauvaise gestion dans le secteur de l’éducation en RDC ont des conséquences néfastes sur la qualité de l’enseignement primaire. Tout d’abord, les fonds alloués à l’éducation détournés ou mal utilisés, ce qui limite les ressources disponibles pour améliorer les infrastructures scolaires, former les enseignants, fournir du matériel pédagogique adéquat et assurer un environnement d’apprentissage propice.
La corruption peut entraîner une mauvaise répartition des ressources, favorisant certaines écoles ou régions au détriment d’autres. Cela accentue les inégalités d’accès à l’éducation et compromet l’égalité des chances pour tous les enfants congolais. Les écoles les plus touchées par la corruption sont celles situées dans des zones défavorisées, où les besoins en matière d’éducation sont déjà importants.
La corruption et la mauvaise gestion affectent également le recrutement et la gestion des enseignants. Les postes attribués sur base de critères autres que la compétence et la qualification, ce qui nuit à la qualité de l’enseignement dispensé. Les salaires des enseignants sont retardés ou réduits en raison de détournements de fonds, ce qui entraîne un mécontentement et une baisse de motivation chez ces derniers.
Par ailleurs, la corruption compromet l’intégrité des examens et évaluations scolaires. Des pratiques frauduleuses telles que la falsification des résultats ou la vente de notes faussent les performances des élèves et compromettent l’évaluation objective des compétences acquises. Cela conduit à une dévaluation du diplôme et à une perte de confiance dans le système éducatif.
Qui plus est, la corruption et la mauvaise gestion entravent la mise en œuvre des réformes éducatives visant à améliorer la qualité de l’enseignement primaire en RDC. Les initiatives de formation continue des enseignants, de développement des programmes scolaires ou d’évaluation de la performance compromise par des pratiques corrompues qui sapent les efforts visant à renforcer le système éducatif.
La corruption et la mauvaise gestion ont également un impact sur le climat scolaire. Les pratiques corrompues favorisent un environnement de méfiance, de favoritisme et d’injustice au sein des écoles, ce qui nuit à la cohésion sociale et à l’épanouissement des élèves. Les élèves perdent confiance dans le système éducatif et se sentent désillusionnés face à l’injustice et à l’inefficacité qui y règnent.
Bref, la corruption et la mauvaise gestion contribuent à perpétuer un cercle vicieux de sous-investissement dans l’éducation en RDC. Lorsque les ressources allouées à l’éducation sont détournées ou mal gérées, cela nuit à la qualité de l’enseignement et décourage les investissements futurs dans ce secteur vital pour le développement du pays. Cela entraîne un appauvrissement du capital humain congolais et compromettent les perspectives d’avenir pour les générations futures.
SECTION IV. MANQUE DE MOTIVATION DES ENSEIGNANTS
Le manque de motivation des enseignants en République Démocratique du Congo est un problème majeur qui affecte le secteur de l’éducation primaire. Plusieurs facteurs contribuent à ce manque de motivation, notamment les conditions de travail difficiles, le manque de formation continue, le retard dans le paiement des salaires, le manque de reconnaissance professionnelle.
4.1 SALAIRE DES ENSEIGNANTS
Le salaire du personnel administratif en général et enseignant en particulier est l’un des éléments nécessaires à leur motivation. Pour atteindre ses objectifs, toute entreprise éducative se doit d’obtenir de ses salariés une productivité et une qualité de travail importante. Dans cette optique, il est nécessaire de rassembler les compétences adéquates et d’adopter une organisation adaptée, mais surtout de développer et d’entretenir la motivation de l’ensemble du personnel. Les enseignants faisant partie du personnel de la fonction publique, il convient de s’interroger sur la correspondance du salaire des enseignants par rapport aux restes du personnel de la fonction publique d’une part et d’autre part, de la considération des enseignants sur leur salaire.
Tableau 7 : Salaire mensuel des enseignants en 2023
Catégories | Diplôme secondaire | 1er cycle université | 2eme cycle université |
Salaire de base Primes Assurance maladie Indemnité de logement Indemnité de transport | 100.000 Fc 200.000 Fc 0 Fc 0 Fc 40.000 Fc | 100.000 Fc 275.000 Fc 0 Fc 0 Fc 60.000 Fc | 100.000 Fc 350.000 Fc 0 Fc 0 Fc 80.000 Fc |
Total | 340.000 Fc | 435.000 Fc | 530.000 Fc |
Source : cellule budgétaires de l’EPSP
Les données du tableau ci-dessous indiquent que par mois, un enseignant de l’école primaire reçoit de la fonction publique un salaire mensuel de 340.000 Fc, plus 200.000 Fc par mensualité de prime de la contribution des parents. Il existe une disparité entre salaires par diplôme, car, celui qui a un diplôme de premier cycle universitaire, reçoit plus le salaire qu’un enseignant ayant un diplôme des humanités, et celui d’un diplôme de 2ème cycle reçoit beaucoup plus que ceux qui procèdent le diplôme de l’humanité et ceux du premier cycle d’université.
Alors que Tony MWAMBA Ministre de l’EPSP avait déclaré dans une interview accordée à la radio Okapi le 16/10/2023 que, l’enseignant de l’école primaire touche actuellement un salaire de plus de 541 000 Fc.
« Faux », a répliqué, le 8/02/2024 le syndicat national des enseignants des écoles publiques que le salaire nage entre 396 et 398 000 Fc, plus une 60 000 Fc de la prime de gratuité. « Dans les territoires, le salaire de l’enseignants est de 247 000 Fc », a dit Reagan INTUMBI, pour lui les enseignants du primaire sont victimes de la gratuité de l’enseignement et il a invité le ministre de l’EPSP à éviter la démagogie.
Pour cela nous avons interrogé quelques enseignants pour avoir l’idée de ce qu’ils pensent de leur rémunération par rapport à politique de la gratuité instaurer par le gouvernement.
Tableau 8 : Avis des répondants sur la rémunération de salaire.
QUESTION: Comment trouvez-vous la rémunération de votre établissement ? | ||
REPONSES | EFFECTIFS | % |
Très satisfaisante | 0 | 0 |
assez satisfaisante | 0 | 0 |
Satisfaisante | 2 | 20 |
pas satisfaisante | 4 | 80 |
TOTAL | 6 | 100% |
Source : Données récoltées lors de nos enquêtes
De ce tableau il ressort que 20% des enquêtés confirment que la rémunération est satisfaisante, ceci se justifie par le fait ces employés sont mécanisés. Tandis que 80% des enquêtés confirment que la rémunération est insatisfaisante.
Tableau 9 : Avis des enquêtés sur l’appréciation du salaire de la politique de la gratuité.
QUESTION: Appréciez-vous vos salaires pendant la gratuité plus qu’avant ? | ||
REPONSES | EFFECTIFS | % |
Non | 42 | 95,45 |
Oui | 2 | 4,55 |
TOTAL | 44 | 100% |
Source : Données récoltées lors de nos enquêtes
A la lumière de ce résultat, nous remarquons que 42 répondants soit 95,45% des enquêtés ont manifestés le mécontentement de leur salaire pendant l’application de la politique de la gratuité, tandis que 2 répondants soit 4,55% des enquêtés sont contents ou satisfaits de leur salaire.
Le niveau de salaire des enseignants jugés bas, a été aussi souligné par le ministère de l’Education comme un défi à relever dans la politique sectorielle de l’éducation en 2023 : «de façon générale, les salaires des enseignants sont assez bas, ils ont été définis en 1990 et sont restés inchangés depuis, en dépit de l’érosion monétaire et de l’évolution du coût de la vie.
Le bas salaire de la fonction publique est secondé par les primes des parents aux enseignants. Ces dernières sont supportées par les parents des élèves et varient suivant les possibilités des parents. En fait, pendant les vacances, les parents au cours de l’assemblée générale des parents décident de la prime qu’ils devront verser par élève au cours de l’année scolaire suivante. Cette prime est souvent adoptée parce que les parents sont conscients de la problématique des salaires des enseignants qui sont moins élevés par rapport au reste du personnel de la fonction publique.
Pour la RDC, le gouvernement ne considère pas l’éducation comme une priorité malgré l’introduction de la politique de la gratuité, les ressources allouées au secteur de l’éducation sont très moins élevées. Bien que l’éducation est sous la responsabilité de l’Administration Publique, le salaire non seulement est moins élevé, mais presque inexistant. Selon le rapport de recherche réalisé par Verhaghe[41], Jusqu’à la réalisation de ce travail, les frais de l’Etat, les frais des examens, les frais connexes les frais de scolarité supportés par les parents servent à payer les suppléments de salaire, le fonctionnement des écoles, l’organisation des examens, etc. Donc financièrement le gouvernement est absent dans le processus de réalisation de la politique de la gratuité.
4.2 CONSEQUENCES DE LA NON MOTIVATION DES ENSEIGNANTS SUR LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Il est important de dire que les conditions de travail dans les écoles congolaises sont souvent précaires. Les infrastructures sont souvent vétustes, les salles de classe surpeuplées, le matériel pédagogique insuffisant et les ressources limitées. Les enseignants doivent souvent faire face à des défis logistiques et organisationnels qui rendent difficile l’exercice de leur métier dans des conditions optimales.
En effet les salaires des enseignants en RDC sont souvent très bas par rapport au coût de la vie. Les retards fréquents dans le paiement des salaires créent des difficultés financières pour les enseignants, les obligeant parfois à chercher des revenus complémentaires ou à se tourner vers des pratiques corrompues pour subvenir à leurs besoins.
Le manque de formation continue et de possibilités d’avancement professionnel décourage également les enseignants et les empêchent de se perfectionner dans leur métier. Sans un soutien adéquat pour développer leurs compétences et améliorer leurs pratiques pédagogiques, les enseignants se sentent stagnants dans leur carrière et perdent leur motivation.
Le manque de reconnaissance professionnelle et sociale accordée aux enseignants en RDC a un impact sur leur motivation. Le statut social des enseignants est souvent peu valorisé, ce qui conduit à un sentiment de dévalorisation et de démotivation chez ces derniers.
Les pressions politiques et sociales auxquelles sont confrontés les enseignants en RDC jouent un rôle dans leur manque de motivation. Les ingérences politiques dans le système éducatif, les tensions sociales et les conflits locaux créent un climat d’instabilité et d’incertitude qui affecte la motivation des enseignants.
Le manque de motivation des enseignants en RDC a un impact direct sur la qualité de l’enseignement primaire. En effet, des enseignants démotivés sont moins susceptibles d’investir pleinement dans leur travail, ce qui peut se traduire par une baisse de la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves.
Les enseignants peu motivés sont moins impliqués dans la préparation des cours, moins attentifs aux besoins individuels des élèves, moins innovants dans leurs méthodes pédagogiques et moins disponibles pour offrir un soutien supplémentaire aux élèves en difficulté. Cela entraîne une diminution de l’engagement des élèves, une baisse des résultats scolaires et une détérioration du climat d’apprentissage en classe.
De plus, le manque de motivation des enseignants se traduit également par un taux élevé d’absentéisme et d’abandon de poste. Les enseignants peu motivés sont plus susceptibles de manquer des jours de classe, ce qui perturbe le déroulement des cours et compromet la continuité pédagogique pour les élèves.
En outre, le manque de motivation des enseignants favorise aussi l’émergence de pratiques frauduleuses telles que la falsification des résultats ou la vente de notes, compromettant ainsi l’intégrité des évaluations scolaires et faussant les performances des élèves. Le manque de motivation des enseignants en RDC constitue un obstacle majeur à l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire.
CONCLUSION GENERALE
A l’issue de cette étude, la nécessité de faire une synthèse s’impose en vue d’établir le cheminement ayant conduit à l’aboutissement de notre recherche. Ainsi conclure un travail scientifique ne signifie pas achever dans tous ses aspects, mais plutôt donner une vue d’ensemble dans ce que l’on peut retenir. Pour rappel, l’étude qui couronne la rédaction de ce mémoire a consisté à mener une réflexion sur : la politique de la gratuité et qualité de l’enseignement primaire.
A travers notre étude, nous nous sommes efforcé d’analyser tant soit peu les raisons qui entravent la politique de la gratuité pour offrir un enseignement de qualité, efficace et accessible à tous les enfants qualifiés de fréquenter l’enseignement primaire.
Nous sommes parti de l’observation selon laquelle depuis la colonisation jusqu’à l’indépendance, l’enseignement primaire en RDC était gratuit jusqu’à ce qu’il a eu des évènements comme l’échec des différents programmes d’ajustement structurel dû à l’indiscipline fiscale en 1990 qui ont influencé négativement l’enseignement primaire. Ainsi face à cette situation l’Etat se retrouve confronté à une crise économique, politique et sociale ; le pays n’arrive plus à payer les enseignants ; d’où le début des grèves longues des enseignants. Et pour éviter cette situation les parents se sont engagés à payer une prime de motivation aux enseignants temporairement en attendant que l’Etat se réorganise pour reprendre ses responsabilités.
Après 31 ans, l’Assemblée nationale va voter une loi instituant la gratuité de l’enseignement primaire, celle – ci est restée lettre morte jusqu’à l’avènement du Président Felix TSHISEKEDI en 2019. L’annonce était ambitieuse, et devait marquer le début d’une nouvelle ère pour la jeunesse congolaise. Tina Salama, porte-parole du nouveau Président annonçait que l’école primaire serait désormais entièrement gratuite. La nouvelle avait été bien accueillie par la population et les organisations internationales qui portent assistance au pays. Quatre ans sont passés et la politique de gratuité scolaire fait encore débat. Les critiques sont vives. Depuis la rentrée 2023, plusieurs écoles ont fait parler d’elles. Dans les unes, les enseignants se sont mis en grève pour réclamer le paiement de leurs salaires.
Depuis la mise en place de la politique de gratuité, la surcharge des classes, le manque d’infrastructures et de matériel pédagogique adéquats, ainsi que la qualification parfois insuffisante des enseignants ont contribué à une dégradation de la qualité de l’enseignement. Cette situation a entraîné une baisse potentielle du niveau des élèves, affectant leur capacité à assimiler les connaissances et à développer leurs compétences.
Par ailleurs, la politique de gratuité a exacerbé les inégalités d’accès à une éducation de qualité. Les établissements situés dans les zones rurales ou défavorisées ont été particulièrement touchés par les problèmes liés à la surcharge des classes et au manque d’infrastructures. De plus, le manque de ressources financières et humaines a été un obstacle majeur à l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire.
Ainsi, devant cette situation, nous avons fait graviter l’essentiel de notre préoccupation autour de l’interrogation suivante : pourquoi la politique de la gratuité n’arrive-t-elle pas à améliorer la qualité de l’enseignement primaire dans la ville de Lubumbashi ?
Pour répondre rigoureusement à cette interrogation, nous avons émis les hypothèses suivantes : pour plusieurs facteurs la politique de la gratuité n’arrive pas à améliorer la qualité de l’enseignement notamment : Manque de financement adéquat, surpopulation des classes, corruption et mauvaise gestion de l’enseignement primaire, manque de la motivation des enseignants.
Après avoir émis ces hypothèses du travail, et dans le souci de mener une analyse performante du présent travail, nous avons opté pour un cadre théorique comprenant le systémisme ainsi que la méthode systémique.
Nous avons choisi d’accompagner cette méthode par les outils qui sont les techniques que voici : la technique d’observation directe, la technique d’entretien semi-dirigé et la technique documentaire. Ces techniques nous ont permis de récolter les données nécessaires pour accomplir notre recherche.
En vue d’arriver à vérifier nos hypothèses, nous avons structuré notre travail en trois chapitres, outre l’introduction générale et la conclusion générale.
Le premier chapitre de notre étude a abordé la définition des concepts opératoires. Nous avons traité successivement des notions liées à la politique de la gratuité, à la qualité et à celles affiliées au concept de l’enseignement primaire.
Le deuxième chapitre est intitulé, de la politique de la gratuité en République Démocratique du Congo. Dans ce chapitre nous avons exploré l’histoire de la politique de la gratuité ainsi que son évolution dans le temps, mais également nous avons mis en lumière les objectifs et les principes directeurs de la politique de la gratuité.
Le troisième chapitre pour finir, était intitulé : la politique de la gratuite et la problématique de l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire. Il était question dans ce chapitre de décrire l’impact qu’a la politique de la gratuité sur la qualité de l’enseignement primaire, ensuite nous avons démontré quelques difficultés qui entravent la politique de la gratuité pour rendre l’enseignement primaire efficace, meilleur et de bonne qualité.
Parvenu au terme de notre étude, nous pouvons noter que nos hypothèses de travail se confirment.
S’agissant de la première hypothèse qui est celle du manque de financement, les résultats sur terrain montrent que, ce manque de financement affecte la qualité de la formation des enseignants. En effet, Les programmes de formation initiale et continue sont souvent insuffisants et ne répondent pas aux besoins spécifiques du contexte éducatif congolais. Les enseignants ne sont pas toujours bien préparés pour faire face aux défis complexes de l’enseignement primaire et n’ont pas toujours accès à des formations de qualité pour améliorer leurs compétences.
Le manque de financement adéquat se traduit par un manque d’innovation pédagogique et de modernisation des méthodes d’enseignement. Les écoles primaires ont souvent du mal à intégrer les nouvelles technologies et les approches pédagogiques innovantes en raison du manque de ressources financières nécessaires pour investir dans ce domaine.
Concernant la deuxième hypothèse, la surpopulation des salles de classe, les résultats montrent qu’elle entraîne une utilisation inefficace des ressources pédagogiques disponibles. Les manuels scolaires, le matériel didactique et les équipements pédagogiques sont insuffisants pour répondre aux besoins de tous les élèves, ce qui limite les possibilités d’apprentissage et de développement des compétences. Comme l’avait dit un élève que, lors d’un cours de français lecture par exemple, l’enseignant est obligé de les regrouper à trois, à quatre élèves pour un seul livre afin qu’ils puissent suivre la lecture qui peut être silencieuse ou à haute voix.
Les enseignants ont moins de temps pour répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant, pour fournir un feedback personnalisé et pour encourager la participation active des élèves. Cela conduit à une approche d’enseignement standardisée et uniforme qui ne tient pas compte des différences individuelles des élèves.
La troisième hypothèse de notre étude porte sur l’impact de la corruption et de la mauvaise gestion dans le domaine de l’enseignement primaire, en mettant en lumière leur influence sur le climat scolaire. Il est essentiel de souligner que ces pratiques néfastes ont des répercussions significatives sur l’environnement éducatif, compromettant ainsi la qualité de l’enseignement et le bien-être des élèves. Les pratiques de corruption favorisent un environnement de méfiance, de favoritisme et d’injustice au sein des écoles ; ce qui nuit à la cohésion sociale et à l’épanouissement des élèves. Les élèves perdent confiance dans le système éducatif et se sentent désillusionnés face à l’injustice et à l’inefficacité qui y règnent. Lorsque les ressources allouées à l’éducation sont détournées ou mal gérées, cela nuit à la qualité de l’enseignement et décourage les investissements futurs dans ce secteur vital pour le développement du pays. Cela entraîne un appauvrissement du capital humain congolais et compromet les perspectives d’avenir pour les générations futures.
Enfin la dernière hypothèse qui est le manque de motivation des enseignants. En parcourant le terrain de cherche, nous avons constaté que les enseignants démotivés sont moins susceptibles d’investir pleinement dans leur travail, ce qui traduit une baisse de la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves.
Les enseignants peu motivés sont moins impliqués dans la préparation des cours, moins attentifs aux besoins individuels des élèves, moins innovants dans leurs méthodes pédagogiques et moins disponibles pour offrir un soutien supplémentaire aux élèves en difficulté. Cela entraîne une diminution de l’engagement des élèves, une baisse des résultats scolaires et une détérioration du climat d’apprentissage en classe.
Les résultats que nous avons obtenus nous ont permis de confirmer nos hypothèses. Nous ne pouvons pas terminer ce travail sans pour autant émettre quelques recommandations, donner quelques remèdes à ce stade, notamment :
Il est essentiel que les autorités congolaises et la communauté internationale accordent une priorité accrue à l’éducation et mobilisent les ressources financières nécessaires pour garantir un accès équitable à une éducation de qualité pour tous les enfants congolais.
Que les autorités prennent des mesures concrètes pour réduire les effectifs par classe, en investissant dans la construction de nouvelles écoles, en recrutant d’avantages d’enseignants qualifiés et en mettant en place des politiques efficaces pour garantir un environnement d’apprentissage optimal pour tous les enfants.
Les autorités doivent prendre des mesures pour lutter contre la corruption, renforcer la transparence et la reddition de comptes, et promouvoir une gestion saine et responsable des ressources allouées à l’éducation. Une gouvernance éducative intègre et transparente permettra de garantir un enseignement de qualité.
Pour relever ce défi, que les autorités prennent des mesures pour valoriser la profession d’enseignant, améliorer les conditions de travail, offrir des opportunités de formation continue et reconnaitre le rôle crucial des enseignants dans le développement du pays. La mise en place d’une politique éducative qui place les enseignants au cœur du système éducatif pourra garantir un enseignement de qualité pour les enfants de la RDC.
Nous terminons en reconnaissant ne pas avoir épinglé tout le contour de ce sujet si difficile et pensons que ce travail pourra servir d’une source de référence pour toute personne qui jugera nécessaire d’y recourir et pourra être le point de départ pour une nouvelle étude scientifique, en souhaitant à nos lecteurs une performance et une critique, car toutes les erreurs commises sont humaines.
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- Document cadre de l’Agenda 2036 de la Commission de l’Union Africains, 2015
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- UNESCO. 2000. Cadre d’action de Dakar. L’Éducation pour tous : tenir nos engagements collectifs. Paris : Unesco.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE……………………….…….……………………………………………… I
DEDICACE………………………..……………………………………………….…… II
AVANT-PROPOS.……………..………………………….…………………………… III
1…. CHOIX ET INTERET DU SUJET. 1
5…. THEORIE EXPLICATIVE DE REFERENCE.. 14
7…. TECHNIQUES DE RECHERCHE.. 17
9…. PLAN DESCRIPTIF DU TRAVAIL.. 19
CHAPITRE I : DEFINITION DES CONCEPTS OPERATOIRES. 20
SECTION I. POLITIQUE DE GRATUITE.. 20
1.3….. POLITIQUE DE LA GRATUITE.. 23
2.1. L’UTILISATION D’INDICATEURS DE LA QUALITE.. 26
2.2. INDICATEURS POUR SUIVRE LA QUALITÉ DE L’ÉDUCATION.. 27
SECTION III. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.. 28
3.3. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.. 32
CHAPITRE II : DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC 35
SECTION I. HISTORIQUE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC.. 35
1.1….. JUSTIFICATION DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE.. 40
1.2….. VISION ET OBJECTIF DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE.. 41
1.3. COHERENCE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC 41
SECTION II. CADRE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE.. 46
2.1. CADRE STRATEGIQUE ET INSTITUTIONNEL.. 46
2.2. CADRE JURIDIQUE DE LA POLITIQUE.. 47
SECTION III. MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC.. 48
3.1. LE CADRE DE CONCERTATION ET DE COMMUNICATION.. 49
3.2. LE MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION.. 49
3.3. LES MECANISMES DE REDEVABILITE.. 50
SECTION I. MANQUE DE FINANCEMENT ADEQUAT. 52
1.1….. FINANCEMENT DU SYSTEME EDUCATIF EN RDC.. 52
1.2….. FINANCEMENT EXTERIEUR DE L’EDUCATION.. 54
1.3….. CONSEQUENCES DU MANQUE DE FINANCEMENT. 55
SECTION II. SURPOPULATION DES CLASSES. 56
2.1 CAPACITE D’ACCUEIL AU SEIN DES ECOLES PRIMAIRES PUBLIQUES 57
2.2. IMPACT DE LA SURPOPULATION DES CLASSES SUR LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.. 59
SECTION III. CORRUPTION ET MAUVAISE GESTION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 60
3.1. LES FACTEURS INFLUENÇANT LA CORRUPTION.. 60
3.2. LA MAUVAISE GESTION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.. 61
SECTION IV. MANQUE DE MOTIVATION DES ENSEIGNANTS. 63
4.1 SALAIRE DES ENSEIGNANTS. 64
4.2 CONSEQUENCES DE LA NON MOTIVATION DES ENSEIGNANTS SUR LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.. 66
[1] PLANE, S.,Manuel de recherche en Sciences Sociales, Paris, Editions DUNOD, 2017, p32.
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[13] MULUMBATI NGASHA, A., Manuel de sociologie générale, Lubumbashi, Ed. Africa, 2010, p.24.
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[15] POUPART, J., L’entretien de type qualitatif : considérations épistémologiques, théoriques et méthodologiques, Montréal, Gaëtan Morin,1997, p. 42
[16] QUIVY, R, op cit. p.75
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