ASPIRATIONS PROFESSIONNELLES DES PERSONNES VIVANT AVEC HANDICAP MENTAL INTERNEES AU CENTRE MEDICO-PSYCHO-PEDAGOGIQUE BALOU

Jean Hortone Dalako

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

   FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION Département de Psychologie

ASPIRATIONS PROFESSIONNELLES DES PERSONNES VIVANT AVEC

HANDICAP MENTAL INTERNEES AU CENTRE MEDICO-PSYCHO-

PEDAGOGIQUE BALOU

Travail de fin de cycle présenté

en vue de l’obtention du titre de gradué en Psychologie

                                                                                                                               Par

 DALAKO NSILA Jean-Hortone 

ANNEE ACADEMIQUE 2022-202

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

   FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE

L’EDUCATION

Département de Psychologie

ASPIRATIONS PROFESSIONNELLES DES PERSONNES VIVANT

AVEC HANDICAP MENTAL INTERNEES AU CENTRE MEDICO-

PSYCHO-PEDAGOGIQUE BALOU

Travail de fin de cycle présenté               en vue de l’obtention du titre                   de gradué en Psychologie

                      Directeur                                                         

KALUMBA NGOY Jacques

                                                                                                              Par

Professeur Ordinaire

Encadreur               DALAKO NSILA Jean-Hortone  KALOMBO Jean             

Assistant

ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023

EPIGRAPHE

« Ne jamais passer à l’étape suivante sans avoir maîtrisé la précédente. Ne jamais supposer que l’on connait déjà tout. Ne jamais travailler avec négligence. »

Ivan Pavlov, lettre aux jeunes dévoués à la science.

DEDICACES

Mon père, Nsila Landu Derrick

Ma mère, Masengu Irène

Ma grand-mère, Katumpa Syntiche

Toutes mes tantes

Ma seur, Tshisekedi Sarah

Mon frère, Franki Nsila

Toute ma famille

Tous mes proches, tous mes amis

Tous ces hommes, toutes ces femmes qui m’ont vu grandir

Tous ces hommes, toutes ces femmes qui ont manifesté de l’amour envers moi

Professeur Kambulu Nshimba

Professeur Johnny Bwanga 

Monsieur Ignace Vundula

Monsieur Kawit Yav

Monsieur Jean Kalombo

Toutes ces personnes qui ont contribué à mon bonheur, ma formation, mon éducation, mon développement, ma joie, mon sourire

Tous ceux qui sont partis, vivant encore dans mon cœur et dans l’au-delà

Toute personne pour qui je compte

Toute personne qui m’est très chère

PREFACE

Lorsque j’avais atteint la période de passage de l’enfance à l’âge adulte, comme tout enfant, je me demandais quel homme je devais être. J’aimais beaucoup les sciences, surtout la physique et la chimie. J’aimais beaucoup travailler dans un laboratoire, manipuler des objets, faire des découvertes étonnantes. Mais cela était presque irréalisable pour moi en raison de ma section d’étude. Arrivé en 4ème des humanités pédagogiques, je fis la rencontre de mon tout premier mentor, monsieur héritier EFOLOKO, j’appris les travaux d’Ivan PAVLOV…j’en fus fasciné, j’avais trouvé ma voie, j’avais trouvé ma passion : découvrir la Psyché dans toute sa profondeur…

Si j’avais su il y a six ans que la Psychologie était aussi méticuleuse et méthodique au tant que la physique, je ne me serais jamais complexé. Mais qui se serait douté de la bonté de Dieu à pouvoir tracer des chemins droits avec des lignes courbes pour ses enfants ? De toute évidence, nous bâtissons nos vies sur le chemin que nous choisissons nous-mêmes. C’est ainsi que j’avais choisi de faire des études de Psychologie. Le premier cycle se clôture par la rédaction d’un rapport de recherche.

La psychologie est une science encore jeune et possède beaucoup de mystères restant entier et des controverses qui attendent à être vérifiées et clarifiées. C’est pourquoi je choisis d’apporter ma première pierre à l’édifice de cette science en menant une recherche visant à étudier les aspirations professionnelles avec comme déterminent le handicap psychologique.

REMERCIEMENTS

Nous adressons nos remerciements à notre directeur, Monsieur KALUMBA NGOY

Jacques, dont la direction nous a été très nécessaire.

Nos remerciements s’adressent également à notre très cher encadreur, Monsieur Jean KALOMBO qui, toujours disponible, humble et serviable, nous a accompagné du début à la fin de ce travail. Puisse l’éternel le bénir infiniment !

Nos remerciements les plus ardents également à ma tante NZUZI BANGIKA MAGUY et à mon Oncle NA WEJ MBUNJ AARON ! A mon oncle, Dominique KWAMADIO ainsi que tous mes oncles dont Vignor MWEPU, Juguel KABONGO, Merveil MBULAY. A ma tante NSUKAMI MANGA ELISE et à toutes mes tantes qui l’une après l’autre ont pris soin de moi : Pauline BENDO, lda WANDOBA, Emilie ZOLA, Micheline NZUZI, Astride NSIMBA, Alda KABISA, Lagrâce NGANDU.

A ma grand-mère SYNTICHE KATUMPA. A tous mes frères dont FRANKI NSILA, Thierry Dalako, Landry LILAMA, Francis LILAMA, Aurlus Mbekele, Nathan KIKWIKA. A toutes mes seurs dont Sarah TSHISEKEDI, Doriane LILAMA, Fatou LILAMA, Divine MBEKELE, Clémence KIKWIKA.

A ma mère Irène MASENGU, à ma mère Méladine NSANGU. Enfin, à mon très cher père, mon géniteur, ma source de Motivation, Derrick NSILA Landu.

Trouvez tous ici mes sincères remerciements pour votre soutient, vos conseils, vos prières et votre amour inconditionnel !

Merci Seigneur notre Dieu, pour la vie, la force, la détermination, la santé et la protection par Jésus-Christ notre sauveur dans l’unité du le Saint-Esprit. Puisse ton Nom être glorifié pour l’éternité !

Résumé

L’étude que nous avons menée s’intitule « aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental internées au CMPP BALOU ».

Nous sommes parti du constat selon lequel toute personne aspire au moins à l’exercice d’un métier ; pour déceler ces aspirations, beaucoup de travaux scientifiques ont été réalisés. Mais hélas, ceux-ci se sont limités, pour la plupart, sur les personnes normaux (élèves, jeunes, filles, enfants en rupture familiale…). C’est ainsi que notre curiosité nous avait conduit à nous intéresser des aspirations de personnes (anormales) vivant avec handicap mental.

La question fondamentale de notre étude était celle de découvrir les aspects des aspirations professionnelles selon les types de handicap psychologique, en d’autres termes, les handicaps psychologiques et les aspirations professionnelles qui les accompagnent. De ce fait, nous formulés des hypothèses selon lesquelles les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental seraient multiples tout comme celles de personnes « normaux », les différences interindividuelles seraient plus influentes sur les aspirations professionnelles que le handicap mental commun, pour ceux qui ont des déficits intellectuels (handicapés mentaux) comme I’IMC, les aspirations seraient irréalistes, pour ceux qui ont un déficit d’ordre cognitif comme l’autisme, les aspirations seraient plus réalistes.

Tout au long de l’étude, nous poursuivions les objectifs suivants :

  • Déceler les métiers auxquelles aspirent les personnes vivant avec handicap mental internées au centre Médico-Psycho-Pédagogique Balou afin de faciliter (d’une manière ou d’une autre) leur orientation scolaire et professionnelle.
  • Classifier ces aspirations professionnelles selon les types de handicap mental des sujets.
  • Découvrir si les aspirations professionnelles sont influencées par les handicaps mentaux. 
  • Enfin, ressortir les différences intergroupes entre les types de handicap mental sur le plan des aspirations professionnelles.

Au sujet de la méthodologie, nous avions utilisé la méthode d’enquête psychoscociale qui s’est objectivée par la technique de l’entretien semi-directif et la technique d’observation psychoclinique. Pour traiter les données, nous avons fait recourt au test du Chi-deux et au test Binomial.

Après la vérification des hypothèses sur le terrain, nous avions découvert que les personnes vivant avec handicap psychologique ont effectivement des aspirations pour des métiers, que ces aspirations ont un niveau faible du fait qu’elles ne sont pas prestigieuses, que les aspirations à stéréotype féminin étaient plus dominantes chez les sujets de sexe féminin, que les différences individuelles étaient plus déterminantes sur les aspirations professionnelles que le handicap psychologique considéré comme caractéristique commune à tous les individus de notre population, et enfin, nous avons découvert que (dans notre population) les aspirations de personnes vivant avec un handicap mental, à l’internat du centre BALOU, sont réalistes. Celles de personnes vivant avec un handicap cognitif prennent les deux modalités ; elles peuvent ou ne pas être réalistes, cela dépend de facteurs individuels de chaque handicapé mental.

Abstract

The study we conducted is entitled “professional aspirations of people living with mental disabilities interned at CMPP BALOU”.

We started from the observation that everyone aspires to at least practice a profession; to detect these aspirations, a lot of scientific work has been carried out. But unfortunately, these were limited, for the most part, to normal people (students, young people, girls, children broken up in their family, etc.). This is how our curiosity led us to become interested in the aspirations of (abnormal) people living with mental disabilities.

The fundamental question of our study was to discover the aspects of professional aspirations according to the types of psychological disability, in other words, the psychological disabilities and the professional aspirations that accompany them. Therefore, we formulated hypotheses according to which the professional aspirations of people living with mental disability would be multiple just like those of « normal » people; interindividual differences would be more influential on professional aspirations than the common mental disability, for those who have intellectual deficits (mentally disabled) such as BMI, the aspirations would be unrealistic, for those who have a cognitive deficit such as autism, the aspirations would be more realistic.

Throughout the study, we pursued the following objectives:

  • Identify the careers aspired to by people living with mental disabilities interned at the Balou Medical-Psycho-Pedagogical Center in order to facilitate (in one way or another) their educational and professional guidance.
  • Classify these professional aspirations according to the types of mental disability of the subjects.
  • Find out if career aspirations are influenced by mental disabilities.
  • Finally, highlight the intergroup differences between types of mental disability in terms of professional aspirations.

Regarding the methodology, we used the method of psychosocial investigation which was objectified by the technique of semi-structured interview and the technique of psychoclinical observation. To process the data, we used the Chi-square test and the Binomial test.

After verifying the hypotheses in the field, we discovered that people living with psychological disabilities do indeed have aspirations for careers, that these aspirations have a low level due to the fact that they are not prestigious, that the aspirations of the feminine stereotype were more dominant among female subjects, that individual differences were more determining on professional aspirations than psychological disability considered as a characteristic common to all individuals in our population, and finally, we discovered that (in our population) The aspirations of people living with mental disabilities at the BALOU center boarding school are realistic. Those of people living with a cognitive disability take both modalities; they may or may not be realistic, depending on individual factors of each mentally disabled person.

INTRODUTION

            0.1. Présentation du sujet

L’étude des aspirations professionnelles est intéressante, mais complexe, puisqu’une multitude de facteurs les influencent tels que le genre, l’origine sociale et culturelle, la filière fréquentée (Fort.S, 2020). De nombreuses études (DURU-BELLAT, Mons, & SUCHAUT, 2004 ; Benhenda & Grenet, 2015 ; Buchmann & Park, 2009 ; Dupont & Lafontaine, 2017 &c2018 ; Dupriez & al., 2012 ; Dupriez, Monseur & Van Campenhoudt, 2012 ; Litalien& Guay, 2010 Gottfredson, 1981 ; etc.) portent en effet sur les déterminants des aspirations liés à l’individu, à l’école, mais également à la structure du système éducatif (Fort.S., 2020).

Ainsi, vu tous ces

Ainsi, vu tous ces déterminants qui ont conduit les chercheurs à étudier les aspirations professionnelles, nous avons eu de l’intérêt à y mener une recherche scientifique dans le cadre de notre travail de fin de cycle. Cette fois, avec comme déterminant les handicaps psychologiques.

Les aspirations peuvent être étudiées à plusieurs niveaux, entre autres : les individus, les écoles et le pays. Le premier niveau compare les aspirations des individus entre eux (les élèves pour la plupart d’étude), le second niveau compare les aspirations moyennes des élèves entre les écoles et le dernier confronte les aspirations moyennes des élèves entre les pays. Dans la plupart d’études, les analyses sont réalisées aux deux premiers niveaux (Fort. S., 2020).

Au cours de notre recension de littérature, nous avons constaté que les recherches sur les aspirations professionnelles portent généralement sur les élèves ou de personnes d’un intervalle d’âge allant de l’enfance à plus ou moins 30 ans, tout en prenant en considérations des facteurs pouvant les influencer comme le genre, l’origine sociale, le statut social, etc.

Toutes ces études ont porté sur des personnes normales, c’est-à-dire, ayant une santé mentale non pathologique. C’est ainsi que dans le souci de contribuer à l’essor de la psychologie dans le domaine des aspirations professionnelles, notre curiosité nous a conduit à s’y intéresser sous l’angle des facteurs psychopathologiques. Dans cette étude, nous voulons découvrir les aspirations professionnelles des personnes vivant avec handicap mental, précisément les enfants vivant avec handicap mental scolarisés au centre médico-psycho-pédagogique Balou. En d’autres mots, nous voulons étudier l’influence de handicaps mentaux sur les choix d’une profession.

La particularité de notre préférence à ce sujet, qui a d’ailleurs été citée maintes fois, repose sur les aspirations professionnelles influencée par les handicaps mentaux. Car comme dit ci-haut, les chercheurs s’intéressant des aspirations professionnelles se sont beaucoup plus focalisés sur des individus normaux et sur les élèves.

Nous notons aussi (comme Astride Chevance et Al, 2022) que la personne « n’est pas sa maladie et les moments de crise peuvent être réversibles ». Car d’aucuns stigmatisent et marginalisent les malades mentaux comme des personnes à uniquement administrer des soins thérapeutiques, à uniquement amener hors de leur état pathologique, sans accorder une certaine importance à d’autres dimensions très intéressantes ; ce à quoi ils aspirent notamment. Voilà pourquoi notre recherche va vouloir donner une valeur à leurs aspirations de métiers.

Nous avons choisi ce sujet aussi parce que la société Lushoise considère le trisomique (par exemple) ou l’autiste comme des personnes ratées, sans plan, sans vision, sans aspirations. Eh bien, nous allons tenter de vérifier si cela est le cas ou pas.

Ce sujet s’adresse au corps scientifique (Professeurs, docteurs, chef des travaux, assistants, étudiants, bref chercheurs), aux psychologues cliniciens et aux psychiatres, et enfin à toute la société congolaise en générale et Lushoise en particulier.

  • Aux chercheurs : Notre investigation permettra de découvrir les avancées de la science psychologique dans le domaine des aspirations de métiers, de personne vivant avec handicap psychologique en particulier, et leur incitera à y investiguer encore plus loin pour pallier aux limites que nous aurons rencontrées et aux problèmes que nous n’aurons pas résolus.
  • Aux professionnels de santé mentale (Psychologues cliniciens et psychiatres) : Cette recherche permettra d’orienter leurs actions thérapeutiques pas seulement en fonction du handicap mais aussi en fonction des aspirations professionnelles. Cela favoriserait une bonne application de l’ergothérapie.
  • A la société : Le résultat de notre recherche va susciter en elle le sens de l’humanisme, afin qu’elle ait conscience que leurs proches trisomiques, autistes et toutes les personnes vivant avec handicap psychologique en général ont aussi des aspirations professionnelles. Il leur convient de leur faire suivre un bon accompagnement médico-psycho-sociale ensuite une orientation professionnelle pour d’abord l’épanouissement de ces personnes, de leur entourage et de toute la société.

Au cours de notre investigation, nous poursuivons les objectifs suivants :

  • Déceler les métiers auxquelles aspirent les personnes vivant avec handicap mental internées au centre Médico-Psycho-Pédagogique Balou afin de faciliter (d’une manière ou d’une autre) leur orientation scolaire et professionnelle.
  • Classifier ces aspirations professionnelles selon les types de handicap mental des sujets.
  • Découvrir si ces aspirations professionnelles sont influencées par les handicaps mentaux.
  • Enfin, ressortir les différences intergroupes entre les types de handicap mental sur le plan des aspirations professionnelles.

Il est important de mentionner que le mot « handicaps mentaux » que comprend notre sujet est pris dans un sens global pour signifier et les handicaps cognitifs et les handicaps mentaux ; L’état de la question nous permettra de différencier ces types de handicap psychologique.

0.2. Problème et Hypothèse

D’après Georges LANDSHEERE, la recherche scientifique nait de l’existence d’un problème à clarifier ou à résoudre. De ce fait, nous présentons notre problématique en partant de faits observés et de la théorie lue lors de la recension de littérature.

Nul parent n’envoie son enfant à l’école sans l’intention de voir ce dernier devenir une personne socialement respectable et capable d’exercer un métier qui le rendrait utile à lui-même et à sa famille. Nous nous demandons ce qu’il en est de ces enfants que la société considère comme « handicapés mentaux ».

En effet, certains de ces enfants sont scolarisés par leurs parents. Nous ne pouvons pas douter que ceux-ci espèrent voir ces enfants décrocher des emplois. Alors que la société les considère comme handicapés mentaux, nous pouvons être conduits à nous questionner s’il ne serait pas paradoxal de voir ces élèves aller à l’école avec 1’intention de pouvoir occuper un poste professionnel.

En 1842, Édouard CHARTON faisait apparaître en France le guide pour le choix d’un état ou dictionnaire de profession dans lequel il insistait sur l’importance du choix d’une profession car celui-ci influence sur toute la vie. KASONGO BWANGA (2022, p. 10) mentionne que dans le cadre de la justice sociale il est essentiel qu’aucun individu ne puisse être empêché de manière arbitraire et injuste de réaliser ses aspirations. Pour NKONGOLO

MUKENDI J.P. (2020, p.102), la distinction entre un comportement normal et un comportement anormal n’est pas toujours facile à faire. En effet, de fois une personne normale peut afficher un comportement bizarre qui étonne les gens ; et vice-versa une personne malade mentale peut adopter par moment un comportement normal. Nous savons aussi que tout individu est doté d’une personnalité, d’une conation, des intérêts et motivations, des ambitions et aspirations propres qui lui distinguent des autres. 

Alors, des observations ci-haut, nous pouvons pousser notre raisonnement plus loin en disant que si toute personne possède des intérêts et des aspirations, alors un malade mental en possède aussi d’autant plus qu’il est un humain qui vit en société et qu’il peut se comporter (par moment) comme un individu normal et peut penser (ambitionner) à exercer une profession.

TSHILONDA KASOLA a mentionné également que les différences humaines sont variées. Elles sont observables sur des plans divers notamment sur le plan socioprofessionnel : les intérêts professionnels ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes.

De par les écrits de ces auteurs, nous avons été amenés à penser aux personnes vivant avec handicap mental qui, comme tout homme selon la justice sociale, ont la liberté de vouloir exercer un quelconque métier. En plus de cette volonté, il y a aussi les différences interindividuelles qui rendent ce problème intéressant car nous sommes amenés à nous demander : 

 Quelles sont les aspirations professionnelles des personnes vivant avec handicap mental, internées au centre Médico-Psycho-Pédagogique BALOU ?

 Ces personnes auraient-elles des aspirations professionnelles en fonction de leur handicap ? 

 Leurs aspirations seront-elles réalistes ou non ? 

Ces questions combien intéressantes chatouillent notre curiosité et constituent nos questions de recherche auxquelles nous formulons les hypothèses suivantes :

  • Hypothèse 1 : Les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental seraient multiples tout comme celles de les personnes « normaux ».
  • Hypothèse 2 : Vu le bagage héréditaire qui n’est pas le même pour les sujets qui ont participé à notre étude, malgré que certains partagent le même handicap, les différences interindividuelles seraient plus influentes sur les aspirations professionnelles que le handicap mental commun.
  • Hypothèse 3 : Vu l’âge et le niveau de raisonnement caractérisant les personnes vivant avec handicap mental, nous pensons que pour ceux qui ont des déficits intellectuels (handicapés mentaux) comme l’ IMC, les aspirations seraient irréalistes ; pour ceux qui ont un déficit d’ordre cognitif comme l’autisme, les aspirations seraient plus réalistes.

0.3. Méthodes et techniques

Sachant que sans une méthode notre recherche n’aura aucune scientificité et que la méthode n’est matérialisée que par des techniques ayant un caractère concret, pour la production des données, nous avons utilisée la méthode d’Enquête psychosociale parce que nous abordons un problème qui ne peut être étudié que sur le terrain: cette méthode nous a permis de dénicher les professions que souhaiteraient exercer les élèves vivant avec handicap mental au moyen de l’Entretien semi- directif qui constitue la technique de production des données de notre investigation.

Au cours des entretiens, nous avions posé aux sujets la question suivante:

Q1. Quel métier désirez-vous exercer ?

En second lieu, nous avons utilisé la méthode statistique non plus pour la production des informations mais pour leur traitement afin que nous établissions une interprétation rigoureuse du résultat.

0.4. Délimitation du sujet

Toute recherche scientifique doit être située dans le temps, l’espace et dans le domaine scientifique de recherche (Umbunze.K., 2022). Les lignes qui suivent vous présenteront comment se délimitent notre travail de recherche.

0.4.1. Dans l’espace

Spatialement, nous avons mené notre investigation à l’internat du Centre Balou situé au quartier Joli site dans la commune Annexe. Nous avons choisi ce cadre car c’est un lieu favorable où nous pourrons trouver dans des bonnes conditions les sujets faisant partie de notre recherche.

0.4.2. Dans le temps

Notre étude a eu une échéance de huit mois, c’est-à-dire, de Février à Octobre 2023. Nous avons choisi cet intervalle en raison du temps qui nous est accordé pour la rédaction de notre travail de fin de cycle par le département.

0.4.3. Typologie

Les notes de cours de l’Initiation à la Recherche Scientifique (2021) élaborées par Kambulu et Ngoy Vundula nous permettrons de mieux délimiter notre étude d’après sa typologie.

La recherche scientifique est classée en fonction de six principaux critères, disent-ils. Nous n’en prendrons que quatre pour délimiter notre recherche.

  1. En fonction des résultats : Notre étude est fondamentale car elle va élaborer des savoirs théoriques (et non résoudre un problème pratique) pour enrichir les connaissances sur les aspirations professionnelles.
  2. En fonction du champ de la recherche scientifique : Nous menons une étude de terrain car nous aurons à effectuer une descente sur le terrain où les sujets faisant partis de notre recherche sont internés dans un centre qui n’est pas un laboratoire mais un lieu physique et concret en pleine société.
  3. En fonction de l’expérience du chercheur : Notre étude est rationnelle car déjà c’est notre première fois d’effectuer une recherche scientifique et surtout nous avons peu d’expérience sur les aspirations.
  4. Et enfin, en fonction des domaines : Concernant le domaine scientifique, notre recherche s’insère, d’un côté, dans la Psychologie du Travail et des Organisations et de l’autre dans la Psychopathologie.
    1. Dans la Psychologie du Travail et des Organisations notre étude se situe dans l’orientation professionnelle parce qu’il s’agit des métiers (travail) que peut désirer exercer l’élève vivant avec handicap mental. En effet, le travail entendu comme métier, ne préoccupe pas seulement ceux qui sont dans la vie active, mais aussi ceux qui y aspirent comme l’a dit C. Lemoine cité par Umbunze Kabangoy (2022, p. l0).
  • Dans la Psychopathologie, parce que les sujets participant à notre recherche vivent avec des problèmes d’ordre psychique dont la psychopathologie s’occupe de la description et de la classification. Pour mieux argumenter, nous pouvons justifier l’insertion de notre recherche en psychopathologie à travers la définition de cette dernière que donne JUIGNET, cité par Basile MULWANI (2023, p.3) : « la psychopathologie est une connaissance qui décrit et explique les manifestations du psychisme, en particulier dans leurs formes pathologiques ». Nous nous appuyons sur cette définition dans la mesure où le handicap mental renferme des manifestations pathologiques du psychisme qui peuvent influencer les aspirations que nous étudions. Ainsi, comme la psychopathologie a pour but de décrire le fonctionnement des conduites pathologiques afin de les classifier, les résultats de notre étude va lui permettre de décrire les aspirations professionnelles de tel ou tel autre handicap mental. N’oublions pas que le but de notre étude est de découvrir l’influence des handicaps mentaux sur les aspirations.

0.5. Subdivision du travail

Hormis cette introduction générale, notre travail se subdivise en trois chapitres comme tout rapport de recherche produit à l’Université de Lubumbashi. Le premier concerne le cadre théorique. Nous y avons abordé les définitions de concepts, la théorie explicative, et l’état de la question.

Le deuxième chapitre s’agit du cadre méthodologique. Il présente notre champ d’investigation, notre population d’étude et l’échantillon, les méthodes et les techniques utilisées ainsi que les difficultés rencontrées.

Le troisième chapitre s’articule autour de la présentation des données, leur interprétation et la discussion des résultats.

Le travail se clôture par une conclusion générale qui retrace l’essentiel du travail effectué et présente quelques suggestions.

CHAPITRE PREMIER

CONSIDERATIONS THEORIQUES

Ce premier chapitre est destiné à la clarification de l’objet de notre recherche. Ainsi, nous définissons quelques concepts en rapport avec notre sujet de recherche, présentons les théories gui expliquent le fait que nous étudions et enfin nous finissons par les études antérieures.

1.1. Définition des concepts

Pour mieux appréhender l’objet d’une étude, il y a lieu a priori de définir les concepts qui le compose. C’est ainsi que nous allons définir les concepts suivants ; Aspiration, profession, Aspiration professionnelle et handicap.

1.1.1 Aspiration

Umbunze.K (2022, p. 12) considère ce concept « aspiration » comme un désir, un souhait ou encore un projet d’avenir qui fournit des buts à l’acteur ou la personne qui exprime ce désir.

D’autre part, les pédagogues définissent les aspirations de manière abstraite, c’est-à-dire qu’ils les décrivent en termes de motivation et en termes de désir, de but à atteindre (MEERSSEMAN, 1983, cité par Fort.S. 2020).

De son côté, E. Durkheim cité par Harold Bony lui-même cité par Umbunze. K (2022, p.12), souligne qu’on aspire de manière différente pour que l’on aboutisse au développement de la communauté. Nos aspirations, dit-il, sont exprimées dans la société en tenant compte de son développement et de ses moyens dans la division du travail.

Quant à nous, nous proposons de définir le terme Aspiration comme l’élan qui pousse un individu à vouloir atteindre ou réaliser quelque chose. Dans le cadre de notre recherche, nous nous occupons des aspirations professionnelles des élèves vivant avec la T21. Etant donné leur état, leurs aspirations seraient différentes de celles des élèves normaux.

1.1.2. Profession

Pour Thériault.R(1983, p.6l), la profession est un groupe d’emplois comportant des tâches semblables ou étroitement apparentées qui demandent des qualifications, des connaissances et des capacités semblables pour dire que le concept métier implique l’exécution des tâches de natures manuelles, alors que celui de profession correspond à des emplois dont les tâches sont plutôt d’ordre mental (Fontaine, 2022).

D’après Weber. M (2004, p.47I), la profession est comprise comme une « vocation » qui n’est pas héritée comme une puissance supérieure qui réglerait d’avance les événements futurs, mais voulue et exercée comme une tâche.

Selon Umbunze. K (2022, p. 13), la profession renferme un ensemble d’activités ou une occupation rémunératrice, qu’un homme ou un groupe d’individu exercent grâce à leurs expériences, ou des grandes habitudes pour s’en tirer leurs propres moyens d’existences. Par exemple, les footballeurs professionnels ont des grandes habitudes qu’ils savent mettre en pratique lors de l’accomplissement de leurs tâches et tirent leurs moyens de vie dans ce qu’ils exercent comme profession, c’est-à-dire le football.

D’après nous, la profession est un rôle que la société donne à un individu pour le permettre de subvenir à ses besoins et permettre le développement de sa société ; prenons l’exemple de l’enseignement comme profession. L’enseignant a pour rôle de former la jeunesse. Cette jeunesse, une fois instruite et socialisée pourra permettre l’essor de la société et assurera sa perpétuité.

Nous définissons le concept profession dans la mesure où il est, d’une part, fortement corrélé aux aspirations et d’autre part, tout individu envisage exercer un métier à la fin de sa formation. Il est alors intéressant de savoir à quelle profession aspirent les PVH mental.

1.1.3. Aspiration professionnelle

L’aspiration professionnelle d’un élève serait ce qui le pousse à choisir un métier qu’il considère comme adéquat pour sa future vie professionnelle (Sophie, 2020).

Pour R. Ali et Saunders cités par H. Rodrigue Njengoué Ngamaleu (2010, p.85), les aspirations professionnelles sont des buts à long terme (distal goal mechanisms) qui organisent les comportements de l’individu, elles sont liées assez souvent au choix des études, et ce, même dans un contexte où les renforcements immédiats sont absents. Il est donc question du désir d’un emploi ultérieur.

Pour GOTTEREDSON (1981) les aspirations professionnelles se créeraient en fonction d’une carte mentale qui relie différentes images des métiers en fonction du niveau du métier, du domaine d’activité ou encore de son association plus ou moins forte à un sexe. L’élève a donc une certaine représentation de chaque métier qui l’aide à construire ses aspirations professionnelles. Plus 1élève grandit, et plus ses aspirations se précisent. Les choix posés durant son parcours scolaire dirigent ses ambitions professionnelles. Cependant, ces choix limitent également l’élève dans le large panel de professions disponibles.

Pour nous, l’aspiration professionnelle désigne l’élan qui pousse un individu, en particulier un élève, à vouloir exercer une profession. Dans le cadre de notre étude, nous avons l’objectif de déceler les professions que veulent exercer les PVH mental.

1.1.4. Handicap

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le terme de handicap désigne la limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement, causée par une déficience provoquant une incapacité, permanente ou non. Il exprime une déficience vis-à-vis d’un environnement, que ce soit en termes d’accessibilité, d’expression, de compréhension ou d’appréhension. Il s’agit donc aujourd’hui plus d’une notion sociale que d’une notion médicale (FORMASSAD, 2015). « Est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises ».

Le « handicaps mentaux » que comprend notre sujet est pris dans un sens global pour signifier et les handicaps cognitifs et les handicaps mentaux dont voici les définitions :

a. Handicap Mental

Le handicap mental, ou déficience intellectuelle, est définit comme « un arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet, caractérisé par une insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence, notamment au niveau des fonctions cognitives, du langage, de la motricité et des performances sociales » (OMS) Il est la conséquence sociale d’une déficience intellectuelle.

Aces propos, le handicap psychique ne doit pas être confondu avec le « handicap mental », sOuvent appelé « la déficience intellectuelle ». Le handicap psychique est la conséquence d’une maladie psychique ou psychiatrique conme la psychose, les troubles bipolaires, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), phobie, dépression… (Handicapéesi, s.d.).

La personne qui a un handicap psychique a des facultés intellectuelles normales mais souffre d’un déficit relationnel, de difficultés de concentration, … Les symptômes sont instables et imprévisibles. La prise de médicaments est le plus souvent indispensable, associée à des techniques de soins visant à pallier, voire à réadapter les capacités à penser et à décider (Handicapéesi, s.d.).

A l’opposé, on associe le terme de handicap mental aux handicaps résultant d’une déficience intellectuelle. Souvent détectées précocement, les déficiences mentales limitent les activités de la personne en perturbant les fonctions cognitives comme la mémorisation, l’accès au langage… (FORMASSAD, 2015). Parmi les handicaps mentaux nous pouvons citer : 1infirmité motrice cérébrale, les trisomies.

En clair, la personne vivant avec handicap mental aura un niveau de Quotient Intellectuel (QI) très inférieur que la moyenne.

b. Handicap Cognitif

Le handicap cognitif est dû à des dysfonctionnements des fonctions cognitives comme les troubles de l’attention, de l’adaptation aux changements, de la mémoire, les troubles Dys (comme la dyslexie et la dyspraxie), etc. Les formes d’autisme, font parties de la famille du handicap cognitif (Handicapéesi, s.d.).

Lorsqu’il s’agit du handicap cognitif, seules certaines fonctions cognitives sont touchées, n’entrainant pas forcément une réduction globale du niveau intellectuel. C’est par exemple le cas des troubles DYS (dyslexie, dyspraxie etc…).

Les définitions et les distinctions entre handicaps mental, cognitif et psychique ne sont pas évidentes, notamment pour des non-spécialistes.

En définitive, nous pouvons retenir que le handicap cognitif est la conséquence de dysfonctionnements des fonctions cognitives : troubles de l’attention, de la mémoire, de l’adaptation au changement, du langage, des identifications perceptives (gnosies) et des gestes (praxies). Le handicap cognitif n’implique pas de déficience intellectuelle mais des difficultés à mobiliser ses capacités.

1.2. Quelques notions inhérentes aux les aspirations professionnelles

Avant de parler d’études antérieures, il sied de présenter les notions gravitant autour de la variable dont s’intéresse notre étude. C’est ainsi que dans ce point nous allons aborder quelques notions inhérentes aux aspirations professionnelles pour mieux les étudier sur les élèves vivant avec handicap mental.

1.2.1. Évolution des aspirations professionnelles

Si l’élève aspire à un moment donné à un certain type d’études et un certain type de métier, ces aspirations ne sont pas figées, elles évoluent avec le temps. Les aspirations exprimées à l’âge de 15 ans ne seront peut-être pas identiques à celles exprimées à 16 ou 9 ans plus tard. Elles sont en continuelle évolution (OCDE, 2018). Ce que l’élève dit vouloir faire comme étude ou comme métier, ne sera peut-être pas ce qu’il fera en réalité comme étude ou comme métier (Fort.S., 2020, p. 9).

Alors que les travaux de Rojewski et Yang (comme cité par MARCOUX-MOISAN et al.. 2010) montrent que les aspirations seraient relativement stables entre le début et la fin de l’adolescence, Helwig (2001) a quant à lui étudié l’évolution des aspirations grâce à une étude longitudinale sur une durée de 10 ans. Les résultats de ses recherches montrent que le niveau des aspirations professionnelles des enfants a tendance à augmenter au début de l’enseignement scolaire. Puis, les aspirations diminuent et se stabilisent vers la fin de l’école secondaire, car le jeune va doucement apprendre à connaitre ses capacités, ses limites et prendre connaissance du monde du travail. Helwig (2001) décrit les aspirations en début de secondaire comme étant des fantasmes qui évoluent ensuite pour devenir de plus en plus réalistes. Comme le dit Guichard (1995), à 14 ans, le fait d’aimer un métier ne suffit pas pour le choisir, il faut également être bon dans ce domaine (Fort.S., 2020, p. 9).

1.2.2. Analyse coût-bénéfice

Durant la période où l’élève revoit ses aspirations afin qu’elles deviennent plus atteignables et plus réalistes, il réalise une analyse que l’on nomme « coût-bénéfice ». Cet outil d’aide à la décision est détaillé par l’UNESCO (2004) dans un article écrit par WOODHALL. Il s’agit pour l’élève d’ajuster ses aspirations en fonction des coûts demandés et des bénéfices apportés. Dans le cadre de ses aspirations, l’élève va systématiquement s’interroger sur ce que cela va lui couter, tout en estimant ce que cela va lui apporter comme bénéfices. Ces derniers pourront être directs ou indirects, soit l’élève reçoit directement le bénéfice ou soit il doit passer par plusieurs étapes avant d’en percevoir les avantages. L’élève élabore alors une technique qui lui permet dans un premier temps d’analyser uniquement les couts des différentes options qui s’offrent à lui. WOODHALL (UNESCO, 2004) donne comme exemple le fait d’évaluer les coûts financiers (Fort.S., 2020, p. 9-10).

Dans un second temps, il évalue les bénéfices que peuvent avoir différentes options qui s’offrent à lui. L’étudiant va pour chaque option envisager (que ce soit en termes d’aspirations académiques ou professionnelles) calculer implicitement le ratio entre les coûts et les bénéfices liés à chaque aspiration. Cette analyse lui permettra de choisir parmi les études et les professions imaginées, l’orientation qui est la plus avantageuse pour lui. Selon I’UNESCO (2004) cette analyse est assez laborieuse pour l’élève malgré tout. En ce qui concerne les couts, l’élève doit avoir une bonne capacité d’auto-évaluation quant aux bénéfices, ils peuvent être difficiles à estimer (Fort.S., 2020, p. 10).

1.2.3. Mesure des aspirations

Nous avons développé jusqu’ ici la définition et la description des aspirations professionnelles, leur évolution et l’analyse coût-bénéfice qu’elles impliquent. Dans cette partie, il est question d’aborder la mesure des aspirations professionnelles car pour traiter et étudier les aspirations, il faut avant tout les mesurer et vérifier si ces données sont fiables et réalistes (Fort.S., 2020, p. 11). 

Chaque chercheur a sa particularité pour définir cette mesure, mais l’idée globale reste la même : regrouper les aspirations assez similaires afin de pouvoir concevoir des catégories en niveaux d’aspirations que ce soit académiques ou professionnelles (Fort. S., 2020, p. 1l).

Pour ce faire, il existe une Classification Internationale des Types des Professions (CITP) qui aide notamment à catégoriser les aspirations professionnelles. « La Classification Internationale des Types des Professions est une nomenclature servant à organiser les professions en des séries de groupes clairement définis, en fonction des tâches exécutées » (Service Public Fédéral Belge, 2017). La CITP aide les chercheurs dans divers domaines liés aux emplois, dont l’orientation professionnelle. Elle permet notamment d’optimiser la recherche statistique (Organisation Internationale du Travail, 2004). Depuis la première version publiée en 1988, la CIPT a été mise à jour plusieurs fois afin d’être en adéquation avec les évolutions mondiales. La dernière version de la CITP a été adoptée en 2008 (Fort.S., 2020, p. 15).

1.2.4. Déterminants des aspirations académiques et professionnelles

Nous abordons dans le présent point les variables pouvant influencer les aspirations professionnelles afin de mieux les appréhender dans leur globalité.

Entre les pays et au sein de chaque pays, les aspirations sont influencées par de multiples variables. L’influence de celles-ci est complexe dans le sens où certaines de ces variables interagissent entre elles (Fort.S., 2020, p. 18).

Les variables les plus communément étudiées dans la littérature vont être développées, en détaillant les déterminants des aspirations au niveau individuel, puis au niveau de l’école.

Les variables liées au type de pathologie mentale, qui ne nous a pas été fournies par la littérature, seront développées dans la présentation des résultats de notre étude.

a. Origine socio-économique et culturelle

L’origine socio-économique et culturelle de l’élève est un facteur influençant de nombreuses variables dans le domaine de l’éducation. Il essentiel de la prendre en compte, car elle a un impact considérable sur les aspirations comme le montre une multitude de recherches citées par Fort.S. (2020, p.19) : (Rocher & Donné. 2012 ; Dupriez, Monseur & Van Campenhoudt, 2012 ; GOTTFREDSON, 1981 : Assogba. 1990 ; Dupont & al., 2012 ; Duru-Bellat & al. 2004 ; Friant 2006).

Des études montrent que selon le diplôme des parents, même s’il existe des différences entre pays, les probabilités d’orientation seront différentes. Ils ont en effet plus de chance de réaliser des études supérieures si leurs parents ont eux-mêmes obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur (Lafontaine, Felouzis, Crahay & Monseur, 2012). De même, pour Daverne & Masy (2012) les chances de s’orienter vers des études supérieures sont plus grandes pour les enfants de cadres que d’ouvriers. Ainsi, le diplôme des parents est souvent utilisé comme un indice du capital socio-économique et culturel et constitue un déterminant des aspirations (Dupriez, Monseur & Van Campenhoudt, 2012).

1.2.5. Performances scolaires

De nombreuses études rapportent 1’influence importante des performances académiques sur les aspirations des élèves.

Les recherches de Dupont & al. (2012) montrent que toutes choses égales par ailleurs, plus les performances en mathématiques augmentent plus les aspirations professionnelles augmentent également. De plus, selon Dupriez & al. (2012), dans la majorité des cas, plus les performances en mathématiques sont élevées, plus l’élève a des chances d’aspirer à aller à l’université. Les auteurs arrivent aux mêmes conclusions pour les performances en lecture.

Rocher et Donné (2012) vont dans le même sens lorsqu’ils démontrent que dans la plupart des pays, les performances en sciences ont aussi un effet positif sur les ambitions de l’élève.

Litalien & Guay (2010) résument en disant que les notes scolaires prédiraient les aspirations professionnelles. Dupriez & al. (2012) nuancent cette influence des performances sur les aspirations en exprimant qu’elle est moindre lorsque l’on tient compte du statut socioéconomique. Un élève avec un statut socio-économique plus élevé aura des aspirations plus hautes que ses pairs ayant un statut moins élevé et à performances égales.

Comme évoqué précédemment, le milieu socio-culturel influence les aspirations. Cette influence sera majorée en fonction des performances des élèves. Ainsi, un élève qui a de bonnes performances scolaires et est issu d’un milieu social et culturel favorisé a 9 chances sur 10 d’avoir des aspirations élevées (Assogba, 1990).

Les performances scolaires sont elles-mêmes influencées par une quantité de facteurs comme « l’engagement, la participation et la persistance dans l’accomplissement d’une tâche » (Pintrich et al., as cited in Barbeau, Montini & Roy, 1997, p.24).

1.2.5. Le Genre

Le genre occupe une place centrale depuis l’avènement de la parité. Il y a lieu de le mentionner car il a une grande influence sur les aspirations professionnelles.

Bien que le nombre de femmes sur le marché du travail ait doublé depuis 1950 (Meece, cité par Amélie Groleau et Al. 2010) et qu’elles représentent aujourd’hui de 45 à 48% des travailleurs aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni, force est de constater que cette mixité homme-femme du marché du travail ne se retrouve pas dans toutes les professions. Ainsi, les femmes occupent toujours très peu d’emplois dans les filières scientifiques et technologiques (Acker et Oatley ; Costes, Houadec et Lizan, 2008 ; Fontanini ; Messersmith, Garrett, Davis-Kean, Malanchuck et Eccles, tous cités par Amélie Groleau et Al., 2010) et les hommes, dans les filières en lien avec l’éducation des enfants et le soin aux personnes (Besnard et Diren ; Carrington, cités par Amélie Groleau et Al., 2010).

Dans une étude menée par Jake Murdoch, Amélie Groleau et Al. (2010) au Canada sur l’effet du choix d’un domaine d’étude non traditionnel sur les aspirations professionnelles, les résultats indiquent que contrairement aux femmes dans un domaine non traditionnel, les hommes qui sont dans cette situation ne maintiennent pas nécessairement leurs aspirations professionnelles au fil du temps. De fait, plusieurs aspirations déclarées à 21 ans sont spécifiques aux hommes dans les domaines non traditionnels, notamment la vente et les services (ex. aidecuisinier, serveur, caissier), l’enseignement à l’université ou le fait de souhaiter travailler comme personnel « para-professionnel » dans les secteurs du droit et des services sociaux (ex. technicien juridique, technicien en travail social).

Concernant les femmes dans un domaine non traditionnel, c’est-à-dire un domaine à stéréotype masculin, Jake Murdoch, Amélie Groleau et Al. (2010) affirment que les femmes dans les domaines d’études non traditionnels ont des aspirations davantage communes avec les hommes qui étudient dans les mêmes domaines qu’avec les femmes en général. Elles souhaitent faire les mêmes métiers que leurs confrères, et cette idée semble se renforcer avec l’âge. A priori, le manque de modèle féminin dans les domaines non traditionnels ne semble pas affecter négativement la perception qu’ont ces jeunes femmes de leur future profession ou, du moins, leur motivation à choisir un de ces domaines comme premier programme d’études postsecondaires.

Il y a deux différences nettes entre l’orientation des filles et celle des garçons : les filles sont moins présentes dans les filières les plus prestigieuses qui sont le plus souvent des filières scientifiques ; filles et garçons se retrouvent souvent dans des filières sexuellement typées (voir genre). La moindre présence des filles dans les filières prestigieuses peut paraître paradoxale dans la mesure où elles sont scolarisées plus longuement et où, globalement, leur réussite scolaire est supérieure à celle des garçons. On doit cependant noter qu’à la fin du premier cycle secondaire il y a peu de différences entre filles et garçons dans les performances scientifiques et que quelques indices permettent de penser que celles-ci, fortement en voie de réduction, seraient encore en faveur des garçons. Il semble bien que la cause principale des écarts d’orientation observés soit la plus forte autosélection des filles. A réussite scolaire égale, elles se sous-estiment par rapport aux garçons. Elles sont aussi moins attirées que les garçons par les positions sociales prestigieuses. Ceci s’explique pour une part par une moindre adhésion à des valeurs comme le pouvoir ou le prestige. Les filles anticipent aussi des difficultés que ne rencontreront pas les garçons et qui tendent à réduire leur niveau d’ambition : difficultés à s’insérer dans un monde professionnel qui reste largement masculin, difficulté à coordonner l’activité professionnelle et les activités familiales, domestiques et relatives à l’éducation des enfants, qui reposent toujours largement sur les femmes (Jean Guichard et Michel Huteau, 2007, p. 250).

Les orientations vers l’enseignement professionnel sont fortement associées au sexe :

aux filles les spécialités du tertiaire, aux garçons les spécialités industrielles. Lorsque l’enseignement général se différencie, les filles vont plutôt vers la voie littéraire, les garçons vers les voies scientifiques. Ces orientations reproduisent les modalités de la division du travail entre les sexes et montrent bien le poids que jouent les stéréotypes du « masculin » et « féminine » (Jean Guichard et Michel Huteau, 2007, p. 250).

1.2.6. Motivation

Pour Dupriez & al., (2012) il est évident que la motivation a un impact positif sur les aspirations. Dans le cadre de cette recherche, les auteurs ont étudié la motivation liée aux mathématiques, celle-ci étant le domaine majeur en 2003 dans les tests PISA. Les auteurs entendent par variables motivationnelles : « la motivation instrumentale (liée à l’utilité), la perception de ses capacités personnelles, et dans une moindre mesure, la perception de « soi » (Dupriez & al., 2012, p.9). En d’autres mots, la motivation des performances scolaires à un impact positif sur les aspirations professionnelles. Cette conclusion pourrait également être transposée aux aspirations académiques.

En outre, la perception de sa compétence scolaire permet d’accroitre sa motivation et influence positivement les aspirations professionnelles (Litalien & Guay, 2010). Pour Lent (as cited in Dupont & al., 2012), les aspirations académiques et/ou professionnelles liées à un certain domaine sont associées à l’intérêt personnel qu’a l’élève pour celui-ci.

L’influence de la motivation sur les aspirations des élèves va aussi dépendre « de leur perception de leur capacité d’atteindre leurs objectifs » (0CDE, 2018, p. l06). Si les élèves ont de bonnes perceptions d’eux-mêmes alors leurs aspirations seront plus élevées.

1.3. Théories explicatives

D’après P. EASTON (2004, p. 187, cité par KAMBULU NSHIMBA.J., 2021,p.26) une théorie est un fil conducteur qui permet de se retrouver dans la complexité de la réalité.

P. Foulquié cité par KUYUNSA BIDUM et SHOMBA KINYAMBA (cité par

KAMBULU NSHIMBA.J., 2021, p.26) affirme que la théorie est une construction intellectuelle par laquelle un ensemble de lois particulières sont rattachées à un principe qui les explique ou les justifie et d’où elles peuvent être déduites logiquement.

Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes référé à la théorie du développement des aspirations professionnelles de GOTTFREDSON en raison du fait qu’elle est pertinente est qu’elle cadre directement avec notre sujet d’étude.

LA THÉORIE DU DÉVELOPPEMENT DES ASPIRATIONS PROFESSIONNELLES DE GOTTFREDSON

Depuis le début des années quatre-vingt, la théorie du développement des aspirations professionnelles de GOTTFREDSON constitue une référence pour de nombreux auteurs et praticiens du champ vocationnel. Cette théorie « se propose d’expliquer comment les représentations professionnelles se forment, comment les aspirations se circonscrivent progressivement et comment chacun effectue des compromis lorsqu’il veut réaliser ses choix professionnels » (Guichard, 1993, p. 80, cité par Bernaud J-L et al, 2007).

On comprend mieux l’importance des représentations dans les conceptions de GOTTFREDSON en prenant connaissance des huit concepts principaux qui les structurent :

  • Le concept de soi : il s’agit sensiblement de l’image de soi, de Super, qui renvoie à la façon dont l’individu se perçoit, du type de personne qu’il pense ou voudrait être et qu’il pense ou voudrait ne pas être. Certaines composantes du concept de soi sont centrales comme les capacités, les intérêts, la place dans la société ou le groupe d’appartenance.
  • Les représentations professionnelles : les individus perçoivent les professions et ceux qui les exercent selon les informations dont ils disposent et les croyances, les stéréotypes qu’ils véhiculent. Ces représentations peuvent donc s’avérer inexactes, déformées, floues… ;
  • La carte cognitive des professions : GOTTFREDSON a mis en évidence deux dimensions principales qui, selon elle, structurent de façon très prégnante et largement partagée les représentations des professions : le caractère masculin-féminin de la profession et son degré de prestige ;
  • Les préférences professionnelles : elles résultent d’un processus de comparaison entre les représentations des professions et le concept de soi. Les professions en accord avec le concept de soi ont tendance à être jugées attractives alors que celles qui paraissent dissonantes ont tendance à être rejetées. D’après Munoz-Sastre (1994, p. 235), le jugement de compatibilité entre les deux types de représentations qui est opéré par l’individu lui-même permet de distinguer la conception de GOTTFREDSON de celle de Holland pour qui «la compatibilité est le fait du jugement d’un expert, guidé par la typologie RIASEC. Les préférences professionnelles résultent ici d’un processus de jugement, exercé sur les représentations des professions en fonction de la perception que l’on a de soi » ;
  • L’accessibilité des professions et des formations : L’individu porte un jugement sur les obstacles ou sur les éléments favorables susceptibles d’intervenir, selon lui, dans sa progression vers les professions préférées et il le fait en tenant compte des connaissances et de sa perception de l’environnement socio-économique. Comme les autres représentations, celles-ci peuvent être marquées par plus ou moins de réalisme qui concerne ici l’évaluation des débouchés, les possibilités de formation, les contraintes financières et matérielles… ;
  • Les alternatives professionnelles : elles résultent de la confrontation des désirs (préférences) et de la réalité perçue (accessibilité). Le poids relatif de chacune de ces deux polarités connote l’alternative comme plutôt idéaliste ou plutôt réaliste ;
  • La zone des alternatives acceptables : cette zone, sur la carte cognitive, est celle des alternatives professionnelles jugées acceptables et qui ont tendance à se regrouper dans l’espace et figurent la place que l’individu estime pouvoir être la sienne dans le monde du travail et la société ;
  • L’aspiration professionnelle c’est la profession constituant la meilleure alternative, selon 1’individu, pour lui et à un moment donné.

C’est en construisant progressivement un concept de soi en interaction avec la formation des préférences professionnelles que l’individu en arrive à constituer un projet personnel et professionnel. A partir de 14 ans, le niveau de développement vocationnel, selon GOTTFREDSON, est celui de la construction de l’identité. L’adolescent dispose de structures psychiques (concept de soi, carte cognitive des professions) favorisant son autonomie dans ses évaluations et ses orientations.

Une des principales critiques formulées à l’égard de la théorie Gottfredsonienne vise l’unicité (universalité) de la carte cognitive des professions. Selon Guichard cité par Bernaud, J-L. et al (2007, p.65), compte tenu des apports de la psychologie sociale cognitive et de la sociologie, cette position théorique est difficile à tenir. Les individus élaboreraient en fait des cartes cognitives qui seraient en partie fonction de leur situation personnelle, ce qui conduit à des différences de cartes cognitives. Les travaux empiriques et la revue de question opérés par Munoz-Sastre (1996, p.327, cité par Bernaud, J-L. et al. 2007, p.65) mènent cet auteur à conclure à propos de la théorie de GOTTFREDSON qu’il est vraisemblable que les dimensions Genre et Statut social structurent de façon prégnante la plupart des cartes cognitives des professions (puisque ces dimensions ont, été retrouvées en interrogeant des publics variés) mais qu’il faut sans doute y adjoindre d’autres dimensions comme notamment celle des valeurs. Cet auteur estime qu’il existe un consensus suffisant pour considérer que les cartes cognitives des professions peuvent être appréhendées au niveau du groupe homogène d’individus (l’auteur ne précise pas les critères d’homogénéité), par exemple élèves citadins de terminale dans une filière littéraire. En effet, les représentations des professions y seraient elles-mêmes d’une homogénéité autorisant l’interprétation à ce niveau. En revanche, l’importance des critères de choix (Genre, Statut, Intérêts…) des professions est marquée par une forte variabilité intergroupale et interindividuelle. Le seul niveau d’analyse adéquat pour comprendre le poids des critères serait donc le niveau individuel.

Malgré les critiques qu’elle a inspirées, les apports de la théorie de GOTTFREDSON sont sensibles. Notons, pour servir notre propos sur les représentations et amorcer déjà la section consacrée aux processus, le déplacement de l’étude traditionnelle des intérêts, valeurs et maturité vocationnelle, vers celle des processus cognitifs intervenant dans la formation des projets (Guichard, 1993, p. 107, cité par Bernaud, J-L. et al, 2007, p.65).

1.4. Etudes antérieures

Les aspirations professionnelles sont de plus en plus analysées dans les travaux scientifiques et cela depuis les années 70 lorsque la recherche ASOPE (Aspirations Scolaires et Orientation Professionnelle des Etudiants) a débuté (GAUDREAULT et al., 2004, cités par Fort.S., 2020, p. 6).

Au sujet des aspirations professionnelles, en particulier celles de personnes vivant avec handicap mental, nous ne pouvons pas prétendre être le premier à y mener des investigations.

Il y a des chercheurs qui nous ont précédé. Il est alors important de présenter quelques travaux cadrant avec notre étude.

1.4.1. Etudes sur le développement évolution des aspirations professionnelles

Pour GOTTFREDSON (1981) les aspirations professionnelles se créeraient en fonction d’une carte mentale qui relie différentes images des métiers en fonction du niveau du métier, du domaine d’activité ou encore de son association plus ou moins forte à un sexe. L’élève a donc une certaine représentation de chaque métier qui l’aide à construire ses aspirations professionnelles. Plus l’élève grandit, et plus ses aspirations se précisent. Les choix posés durant son parcours scolaire dirigent ses ambitions professionnelles. 

Irène Kriesi et Ariane Basler (2020, pp.3-4), soulignent que le développement des aspirations professionnelles sert d’orientation pour le parcours de formation et influe sur la situation professionnelle à l’âge adulte. Elles insistent en soutenant que la détermination des aspirations et des objectifs professionnelles joue un rôle essentiel à l’adolescence. Les jeunes avec des objectifs professionnelles claires parviennent plus facilement à choisir une formation et sont plus motivés à la réussir.

Les aspirations professionnelles comptent également parmi les principaux facteurs qui déterminent le statut professionnel que l’on doit acquérir ultérieurement. Les jeunes peuvent définir leurs aspirations professionnelles en fonction de caractéristiques telles que le type d’activités souhaitée, ou en fonction du statut social et des possibilités de revenus offerts par la profession (Umbunze.K., 2022, p. 18).

Les aspirations et ambitions changent fréquemment pour certains adolescents (OCDE, 2018). A 15 ans, lors des tests proposés par PISA, l’élève donne ses aspirations à un moment donné. Elles ont évolué et peuvent, dans une certaine mesure, encore évoluer par la suite.

14.2. Etudes sur la nature des Aspirations

Une enquête menée par GAUDREAULT et al. (2004), propose des questionnaires qui mettent en évidence deux types d’aspirations : « idéales » et « réalistes ». MARCOUXMOISAN et al. (2010) et MARCOUX-MOISAN (2015) définissent ces deux notions. En exprimant des aspirations « idéales », 1’étudiant ne prend pas en compte les contraintes qu’elles nécessitent. A ce moment, l’élève ne tient pas nécessairement compte des tâches à accomplir et peut même ne pas les percevoir ; il/elle ne connaît pas ou ne reconnait pas les avantages et inconvénients liés au domaine désiré, n’identifie pas les obstacles possibles et susceptibles de freiner la réalisation du projet scolaire (MARCOUX-MOISAN, 2015, p.40). Pour ce qui est des aspirations « réalistes », l’élève prend en compte toutes les contraintes « personnelles et structurelles pouvant faire obstacle » à la réalisation des aspirations (MARCOUX-MOISAN et al. 2010, p.2). Elles tiennent compte du contexte existant, c’est-à-dire de l’environnement, du milieu social et culturel, du parcours scolaire, ou encore de l’emploi désiré. Lorsque le jeune exprime une aspiration réaliste, il anticipe les problèmes qu’il pourrait devoir surmonter afin d’atteindre le niveau et le type d’études souhaité en fonction de son contexte personnel et environnemental (MARCOUX-MOISAN, 2015).

Richard (2020) définit ces aspirations idéales et réalistes sous forme de buts. Le but « idéal » représente le but que l’élève voudrait atteindre. Le but « réaliste » correspond au but que l’élève veut atteindre. L’auteur met en exergue l’utilisation du terme « niveau d’aspiration » lorsqu’on évoque les aspirations et les buts réalistes. Les tests PISA questionnent donc les aspirations réalistes de l’élève par ces deux questions (OCDE, 2014, p.26-27) :

  • Aspiration académique : Lequel des diplômes suivants comptez-vous obtenir 
  • Aspiration professionnelle : Quel type de métier espérez-vous exercer quand vous aurez environ 30 ans ?

Ces aspirations peuvent être surestimées ou sous-estimées. En tenant compte des études de GAUDREAULT et al. (2004) et MARCOUX-MOISAN et al. (2010), les aspirations « idéales » peuvent être surestimées, car les contraintes liées aux aspirations ne seraient pas prises en compte. D’ailleurs, l’enquête de GAUDREAULT et al. (2004) révèle que les aspirations dites « idéales » sont dans 13,4 % des cas plus élevées que les aspirations dites « réalistes ». L’aspiration idéale d’un élève est revue à la baisse lorsque l’on demande à celui-ci d’être davantage réaliste. En outre, il est intéressant de faire un lien avec l’analyse coût-bénéfice expliquée précédemment. Elle permet à l’élève d’analyser ses aspirations « idéales » en termes de coût-bénéfice. De cette manière, il pourra évaluer cette aspiration « idéale » et déterminer si elle est « réaliste » ou pas.

1.4.3. Etudes sur la qualité des mesures et du réalisme des aspirations professionnelles

Comment s’assurer de la qualité des mesures et du réalisme des aspirations professionnelles ? L’aspiration (académique ou professionnelle) est-elle une variable fiable et en conformité avec la réalité du marché du travail ? Ces questions ont fait l’objet des recherches de Rocher et Donné en 2012. Pour ces auteurs, la question des aspirations n’est pas toujours évidente pour des adolescents de 15 ans. Leur projet tant académique que professionnel n’est pas toujours bien défini et il leur est parfois difficile de répondre précisément. Dans les tests PISA, il y a un taux de non-réponses qui varie très fortement en fonction des pays. Cela affecte donc la haute fiabilité que peuvent avoir des tests comme PISA. Leurs recherches montrent que « le niveau des ambitions de l’élève de l5 ans est supérieur au niveau réel des situations professionnelles de la population active ». Il y a donc plus d’élèves qui aspirent à des professions intellectuelles, scientifiques, etc. que de personnes qui les exercent réellement. Ce constat est d’autant plus important chez les filles qui aspirent beaucoup plus à ces emplois sans les exercer par la suite. Donc, les aspirations professionnelles de l’élève ne représentent pas toujours la réalité de terrain en particulier pour les filles (Rocher & Donné, 2012).

Le rapport de l’OCDE (2012) montre, néanmoins que les aspirations de l’élève peuvent fonctionner comme des prophéties autoréalisatrices parce que l’élève s’investit amplement dans celles-ci. Comme cela a déjà été spécifié dans 1’évolution des aspirations, elles peuvent donc être changeantes, mais également restées assez stables.

1.4.4. Aspirations professionnelles et différences interindividuelles

Les activités professionnelles que souhaitent exercer les élèves après leurs études ne s’ordonnent pas de la même manière chez les filles et chez les garçons. Une enquête (Wach et al., 1992, cité par Huteau, 2002) montre que les garçons préfèrent étudier, rechercher, inventer, fabriquer, réaliser, produire ; tandis que les filles préfèrent informer, communiquer, aider, soigner, s’occuper des autres, enseigner (Kasol’a, 2021).

1.4.5. Les études menées en Afrique

Dans une étude menée par Bertin NGUETOUM sur les facteurs socio-économiques et aspirations professionnelles des jeunes camerounais, les résultats attestent que les jeunes discriminent les métiers et les positions à occuper parce qu’ils recherchent un niveau de rémunération qui puisse satisfaire leurs attentes et celle de leur entourage. Salon MARCYAN, l’orientation professionnelle s’articule autour d’un exercice permanent de répulsion envers certains rapports au travail et à l’emploi. Cette répulsion au regard des expériences personnelles rencontrées par l’étudiant au cours de sa vie, l’amène en même temps à préciser ses aspirations professionnelles. Quelle que soit l’origine sociale des étudiants, tous aspirent plus ou moins à l’occupation d’un emploi de cadre, très qualifié et qui génère un intérêt personnel à l’exercice des tâches demandées (BERTIN, 2010).

Les résultats de 1’étude menée par UMBUNZE KABANGOYI Fontaine en 2022 confirment que les enfants en rupture familiale, à Lubumbashi, désirent effectivement l’exercice d’une profession, entendue au sens formel, qui leur permettra d’être utiles à eux-mêmes et à la communauté. La somme des métiers choisis par les enfants en rupture familiale était de 26 au total. Ces métiers n’exigeaient pas une longue formation scolaire. Ils peuvent être exercés grâce à une formation sur le tas, sauf celui d’enseignant et celui de militaire qui exigeaient une longue formation et appropriée.

1.4.6. Etude menée sur les élèves vivant avec handicap

Contrairement aux études antérieures citées dans ce travail, celle-ci s’intéresse non pas des aspirations professionnelles mais des élèves vivant avec handicap. Dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée « Trajectoires scolaires et construction identitaire d’élèves en situation de handicap : rôle du sens de l’expérience scolaire », Emilie Chevallier-Rodrigues visait à contribuer à la construction des connaissances sur l’inclusion scolaire d’élèves en situation de handicap en appréhendant le sens que ces élèves accordent à leur expérience scolaire et leurs représentations de soi, eu égard à leur trajectoire scolaire.

Les résultats de sa thèse indiquent l’existence d’une pluralité de trajectoires scolaires révélatrices de la scolarisation d’élèves en situation de handicap. Les contextes actuels de scolarisation ainsi que les modalités d’enseignement sont des dimensions saillantes composant ces trajectoires. Le sens de l’expérience scolaire de ces élèves, qui se construit sur la base de ces trajectoires, souligne une importante valorisation des apprentissages intellectuels et scolaires. L’enseignant est perçu comme le principal agent de médiation entre les élèves et les savoirs.

Voilà les résultats des travaux lus lors de notre recension de littérature. Toutefois, nous n’avons pas pu trouver des travaux similaires à notre étude, traitant spécifiquement de 1’influence des handicaps mentaux sur les aspirations professionnelles. C’est en cela que notre recherche se différencie de toutes celles citées ci-haut.

DEUXIEME CHAPITRE

CADRE METHODOLOGIQUE

Le chapitre précédent nous a permis de définir les mots clés de notre sujet de recherche, de présenter les théories explicatives relatives à notre étude et les études en rapport avec les aspirations professionnelles et les personnes vivant avec handicap mental qui ont été menées avant la nôtre.

Ce présent chapitre qui est le deuxième, consiste en une description du cadre dans lequel s’est effectuée notre recherche, à décrire la population et l’échantillon de notre recherche, à présenter et justifier les méthodes illustrées par les techniques qui ont été utilisées dans notre investigation. Puis enfin, il prendra fin avec la présentation des difficultés rencontrées au cours de l’étude.

2.1. Description du champ d’investigation

Nous avons mené notre recherche à l’internat du Centre Médico-Psychopédagogique BALOU. Notre choix est porté à ce centre car il est la plus grande institution de prise en charge de personnes vivant avec handicap mental. En plus de cela, il sied de signifier que le choix porté sur cet internat est dû aux contraintes du temps ; les écoles BALOU avaient déjà fermé leurs portes pour les vacances. Ainsi nous n’avions pas eu d’autres solutions que celui d’aller à l’internat.

2.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DE L’INTERNAT DU CMPPB

L’internat du Centre Médico-Psychopédagogique BALOU se situe sur la route Likasi, dans le quartier Joli Site, dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga en République Démocratique du Congo.

Cet internat est lié à d’autres extensions du centre Medico-psycho-pédagogique BALOU (CMPPB), parmi lesquelles l’école BALOU de l’avenue Gambela, dans la commune de LUBUMBASHI, quartier GAMBELA I.

2.1.2. HISTORIQUE DU CMPPB

Le CMPPB a connu une petite histoire avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Dans la grande province du Haut- Katanga, il est le centre le mieux connu parmi tant d’autres ; les lignent qui suivent démontre une brève description de son histoire.

Sous l’appellation d’école, BALOU a vu le jour en septembre 1980, à l’initiative de deux dames : UTE SENN (allemande) et KAYOMBO MAGUY (congolaise).

Elles ont rêvé et mis en œuvre un centre éducationnel avec la particularité de s’occuper de la réadaptation des enfants dits « spéciaux » ou « vivant avec handicap mental ».

Elles avaient commencé avec 4 enfants au golf, sur l’avenue Lofoi dans la maison de madame UTE SENN. L’école BALOU a mis en place un système d’éducation intégratif qui a créée des remous par mise en commun des enfants dits normaux et des enfants vivant avec handicap mental. Ce remous a été résorbé par une sensibilisation et une démonstration du bienfait et de la non-nuisance de l’action éducative.

L’école BALOU a donné le meilleur d’elle-même en assurant un enseignement de haute qualité certifié par les échanges scolaires nationaux et internationaux.

L’école BALOU, à la suite des aléas de la vie, a été domicilié au Bel Air, cette fois dans le domicile de madame Maguy avant de migrer vers le Complexe Scolaire Kiwele à l’insistance de la Division de l’Enseignement de la province du Katanga.

De par son nom BALOU (Ours) est tiré du livre de la Jungle. BALOU se veut être le symbole de la protection. Cette protection est pour l’école « BALOU » une forme d’attachement, de respect à la personne de l’enfant en particulier. Comme le prône son hymne « Que l’enfant soit-il noir, blanc, rouge, jaune, ou avec handicap, il demeure et demeurera un enfant, une personne à part entière ».

C’est ainsi que BALOU vise à construire un enfant pétrit d’énergie, instruit en riant, abordant les défauts avec douceur, forgé à combattre la peur et à apprendre à ne plus avoir peur de la peur dans tous les domaines de la vie. Cela est devenu une passion pour BALOU et même une seconde nature de devoir baigner nos enfants dans la culture de l’excellence en poussant autant que possible leur horizon de la vie.

2.2.3. FONTIONNEMENT ET MOYENS FINANCIERS DU CMPPB

a. Fonctionnement

Depuis sa création, le centre BALOU organise deux structures d’enseignement :

  • L’enseignement structuré, dit normal et l’enseignement spécialisé individualisé (Médico-psycho-pédagogique)
  • L’enseignement spécial a toujours été, au sein de l’école Médico-psycho pédagogique BALOU (CMPPB) bénéficiant d’une structure, des installations et d’un personnel autonome pour la poursuite de ses activités.

Le centre Médico-psycho-pédagogique BALOU est dirigée par Madame la directrice Musole Kayombo Maggy qui se trouve assistée par le superviseur, Mr Sam.

Le centre Médico-psycho-pédagogique BALOU organise en son sein :

Une école de formation dénommée Ecole BALOU-MOOGLI qui accueille les différents récipiendaires à qui on dispense une formation scolaire spécialisée et adaptée selon les aptitudes que présente l’élève. Ainsi, il est organisé les classes de niveau 0 à 4.

Le centre Médico-psycho-pédagogique BALOU aussi un Internat adapté et spécialisé pour les personnes vivant avec handicap, de 6 ans à plus de 50 ans. C’est dans cet internat que s’effectue même notre recherche.

Le CMPPB dispose d’un centre de santé capable de faire face à tous les besoins de première urgence qui peuvent survenir sur le site au bénéfice de ses protégés d’abord et de la communauté riveraine ensuite.

b. Moyens financiers

Le financement du centre BALOU est assuré en général par la structure de l’enseignement formel du complexe scolaire BALOU, Centre BALOU et de quelques donateurs épisodiques.

Nous avons terminé avec la description du cadre où a eu lieu notre étude, nous passons à présent à la description de la population de notre recherche.

Organigramme du CMPP BALOU

2.2. Description de la population de l’étude

Dans toute investigation scientifique, le chercheur est appelé à déterminer la population sur laquelle porte son étude (U. KABANGOY, 2022, p.59). Voilà pourquoi nous allons présenter la population qui a fait l’objet de notre étude.

Interné à l’écart de la ville, la situation économique de ces personnes vivant avec handicap psychologique est défavorable : la plupart ont été abandonnés par leur famille et l’internat vit de dons provenant de bienfaiteurs et de peu de ressources financières que produisent les écoles BALOU.

Quelques-uns qui présentent de déficiences mentales légères apprennent la couture ou vont travailler dans des ateliers de couture, de soudure, de mécanique… Les autres qui restent à l’internant, filles ou garçons, s’occupent de différents travaux ménagers et manuels parmi lesquels nous citons : balayage, lessive, vaisselle, peinture, mécanique, électricité, … Tableau n°.2. 1. Structure de la population selon le sexe

Sexe                                    Effectif
Masculin                                        6  
Feminin                             3
Total                                   9

Comme mentionné à maintes reprises, notre population est constituée de personnes vivant avec handicap psychologique, précisément celles internées à l’internat du centre BALOU (site zawadi za imani), 45 au total dont 33 garçons et 12 filles. Cependant, 36 ne sont pas en mesure de communiquer. C’est ainsi que notre population d’étude est de 9 sujets. Certains sont trisomiques 21, d’autres vivent avec infirmité moteur cérébrale et d’autres encore présentent des problèmes cognitifs et intellectuels. Leur âge varie entre ± 8 et 70 ans. Mais ceux qui ont fait partie de notre étude, leur âge va de 8 à 30 ans.

Tableau n°2.2. Structure de la population selon les types de handicap mental

Handicap                            Effectif
Imc                                     6
Macocéphalie                    1
Autisme                             1
Débilité mentale                 1
Total                                   9

Nous contentant de sujets que nous avons pu interviewés, 6 vivent avec Infirmité motrice cérébral(IMC), 1 macrocéphale, 1 autre est autiste et un autre encore est débile mentale.

2.3. Méthodes et techniques

Sans la méthode, il n’y a pas de scientificité. Les méthodes sont illustrées par des techniques qui les rendent concrètes. C’est ainsi que dans cette partie nous allons vous présenter les méthodes utilisées dans notre travail pour parvenir au résultat.

A. La méthode d’enquête Psychosociale

Cette méthode a deux caractéristiques principales : elle s’utilise sur le terrain et elle implique le recours à plusieurs techniques. Elle consiste en une descente sur le terrain pour mettre en évidence les faits, qui se produisent naturellement, qu’il faut dénicher au moyen de diverses techniques.

En nous servant de cette méthode, nous avons d’abord commencé par effectuer une pré- enquête sur le lieu de notre investigation pour observer notre population afin de vérifier la faisabilité de notre étude.

Après cette période, nous sommes revenus une seconde fois sur notre champ d’investigation pour, cette fois, récolter les informations sur les personnes vivant avec handicap mental internées à l’internat du centre BALOU.

a. La technique d’entretien semi-directif

M.GRAWITZ (comme cité par Fontaine, 2022, p. 71) définit l’entretien en termes d’une forme de communication établit entre deux personnes ayant pour but de recueillir certaines informations concernant un objet précis.

Chilland.C. (1983) distingue 3 formes d’entretien selon l’objectif recherché. Il s’agit de:

l’entretien directif ; l’entretien non directif et ; l’entretien semi-directif. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé l’entretien semi-directif parce que nous ne voulions pas obtenir les informations fermées, prédéfinies par nos questions ; nous voulions laisser les sujets participant à notre étude libres de donner les réponses.

Cette technique nous a permis de déceler les métiers auxquels aspirent les jeunes vivants Avec handicap mental internés au centre BALOU.

b. La technique d’observation pychoclinique

Nous nous sommes servi de cette technique pour diagnostiquer les participants de notre étude afin de déterminer le handicap avec lequel ils vivent.

Indicateur du handicap mental

  • Trisomie
  • Autisme
  • IMC
  • Macrocéphalie

B. La méthode statistique

Cette méthode nous a permis d’analyser les données obtenues dans notre travail pour comparer les différentes fréquences obtenues afin de déterminer si les différences entre elles sont aléatoires ou significatives. En utilisant cette méthode, nous nous sommes servi du test de chi- deux et du test binomial.

a. Le test de chi-deux

Le test de Khi-deux, aussi appelé chi-carré, est utilisé pour déterminer la signification de la différence entre les fréquences des K échantillons indépendants (KAMBULU, 2021). Selon la nature des catégories en fonction desquelles les fréquences sont réparties, le test de chi-carré pour K échantillon peut être utilisé pour les catégories continues et les catégories discontinues. Dans notre étude, nous l’avons utilisé pour les catégories discontinues parce que la répartition des fréquences nous l’exigeait.

b. Le test binomial

Le test Binomial est applicable aux situations où on compare une distribution à deux catégories (2 classes, deux groupes) à une distribution théorique. Il est utile pour remplacer les chi- carré quand celui-ci ne peut être utilisé : échantillon trop petit (N< 50), effectif théorique < 5, dl égale à 1 (KAMBULU, 2021, p. 15). C’est-à-dire, lors de la comparaison de fréquences de deux groupes indépendants, si dans la distribution des fréquences N est supérieur ou égale à 30, l’on utilise le chi-carré ; Si N est inférieur à 30 (comme dans notre cas), l’on recourt au test binomial, Voilà pourquoi nous nous sommes servis de ce test.

2.3. Difficultés rencontrées

Tout au long de notre investigation nous avons croisé pas mal de difficultés dans la poursuite des objectifs de notre recherche, parmi lesquelles nous retenons celles qui suivent.

La toute première difficulté à laquelle notre étude a été butée est la population d’étude. En effet, notre population de départ était les élèves vivant avec handicap psychologique. Mais il s’est fait que nous n’étions pas en mesure de travailler avec ces derniers parce qu’ils étaient en vacance ; nous ne pouvions pas attendre leur retour en raison du temps qui nous était imparti pour le dépôt de notre travail de fin de cycle. Nous avons donc dû mener notre étude avec de personnes vivant avec handicap mental non-élève.

La taille de notre population d’étude a été si petite que nous n’avons pas pu déceler l’influence du handicap psychologique sur les aspirations professionnelles. Cette petite taille ne nous a pas non plus permis de ressortir les différences intergroupes entre les personnes vivant avec handicap psychologique sur le plan de leurs aspirations professionnelles.

Troisièmement, nous n’avons pas pu découvrir les raisons (motivations) des aspirations professionnelles obtenues auprès des participants de l’étude. En effet, ils étaient incapables de donner le pourquoi de leur préférence au métier désiré. En découvrant ces motivations, nous aurions pu découvrir si les personnes vivant avec un handicape psychologique réalise l’analyse coût-bénéfice afin d’ajuster leurs aspirations en fonction des coûts demandés et des bénéfices à obtenir.

Quatrièmement, ayant une durée limitée, notre étude n’a pas pu vérifier l’évolution ou la stabilité des aspirations professionnelles relevées.

Nous espérons que les prochaines études, tacherons de palier à ces différentes difficultés.

TROISEME CHAPITRE

RESULTATS DE LA RECHERCHE

Nous visons dans cette recherche à découvrir les aspects des aspirations professionnelles en cas de handicap mental. C’est dans ce chapitre présent que nous présentons les données et analysons les résultats recueillis au cours de l’investigation, l’interprétation et enfin la discussion de ces résultats pour les confronter aux études antérieures.

3.1. Présentation des données et analyse des résultats

Pour de raisons de clarté, nous présentons toutes les données dans un tableau. Ensuite s’en suivra des petits commentaires. Nous avons analysé les données au moyen de tests statistiques dont nous avons déjà parlé dans le deuxième chapitre. Commençons par les données concernant les garçons.

Tableau 3.1 : données relatives aux garçons

Nous avons travaillé avec 5 garçons vivant avec infirmité moteur cérébrale et l seul autiste. Au sujet des aspirations, nous avons obtenu 2 IMC aspirant à la musique, 2 autres aspirant aux travaux ménagers, 1 chauffeur et 1 menuisier.

Avec ces données, nous constatons que 4 aspirations s’insèrent dans la catégorie  d’aspirations à stéréotype masculin (Musicien, menuisier, chaufeur,) et 2 sont dans la catégorie à stéréotype féminin (ménages). Ainsi, pour déterminer si les garçons aspirent à des métiers à stéréotype masculin ou féminin, nous avons utilisé le test binomial pour la comparaison de fréquences de deux groupes indépendant dont N est inférieur à 30. Pour N=6 et a (catégorie la moins fournies) = 2, nous avons une probabilité associée de 0.1094 ≈ 0.11. Nous avons donc accepté l’H0 parce que la p = 0.11 > 0.05 et avons conclu que les aspirations à stéréotypes masculins ne sont pas plus nombreuses que les aspirations à stéréotypes féminins. Cela signifie que les personnes vivant avec handicap mental (de notre étude spécifiquement), internées au centre BALOU, peuvent avoir des aspirations à stéréotypes masculins tout comme féminin.

Passons à présents à la présentation de données au sujet des filles.

Tableau 3.2 : données relatives aux Filles

Au sujet des filles, nous avons obtenu les données suivantes : Une débile mentale aspirant à l’enseignement, une macrocéphale aspirant au commerce, enfin une fille vivant avec IMC souhaitant exercer un métier ménager.

Nous constatons que les aspirations de filles se regroupent dans la catégorie de « s’occuper des autres ». Nous n’avons donc pas besoin d’utiliser de tests statistiques pour conclure ainsi, car les 3 aspirations sont toutes conformes. Ainsi donc, dans notre étude, les personnes du sexe féminin vivant avec handicap mental aspirent à des métiers consistant à s’occuper des autres (métier à cliché féminin).

Les deux tableaux ci-dessus confirment l’atteinte de notre premier objectif qui est de ressortir les aspirations de métiers auxquelles aspirent les personnes vivant avec handicap mental internées au centre Médico-Psycho-Pédagogique BALOU.

Présentons maintenant un tableau qui catégorise les aspirations professionnelles et les handicaps mentaux.

Tableau 3.3 : Catégorisation des métiers en fonction des handicaps mentaux

                              HANDICAPS ASPIRATIONSIMC   AUTISME   DEB.MENTALE  MACROCEPHALIE  Total  
Maitresse       0010 
Commerçante0001 
Trav.Ménag.3000 
Musicien        2000 
Menuisier 0100 
Chauffeur                1000 
             61119

Nous constatons que parmi les personnes vivant avec IMC 3 préfèrent faire les ménages, 2 préfèrent devenir musicien et 1 chauffeur. Pour L’autisme, notre unique sujet préfère devenir menuisier ; pour la débilité mentale, l’unique sujet souhaite devenir enseignante ; enfin, au sujet de la macrocéphalie, l’aspiration professionnelle est le commerce.

Nous devons déterminer si l’un de ces groupes d’aspirations est significativement supérieur aux autres en ce qui concerne la taille. Pour ce faire, comme nous avons 6 groupes de fréquences d’aspirations indépendantes, nous avons utilisé le test du Khi-carré (pour les catégories discontinues) qui est un test de comparaison de fréquences pour K échantillons indépendants. Nous avons abouti à la valeur calculée de 2 = 2.33 < à la valeur tabulaire de 2

= 9.24. Nous avons donc accepté l’hypothèse nulle en concluant qu’aucun de groupes n’est plus supérieur aux autres sur le plan de la taille. Cela signifie que les aspirations professionnelles de notre population sont moins marquées par le handicap mental considéré comme caractéristique commune à toute la population, et beaucoup plus par les différences individuelles. Cfr Annexe 1.

Notons également que du point de vue « prestige », tous les aspirations professionnelles recueillies ont un niveau faible car elles ne tendent pas à un statut social élevé.

Ce dernier tableau nous permet d’atteindre notre deuxième objectif qui est de classifier les aspirations professionnelles selon les types de handicap mental.

Nous allons à présent classer les aspirations de personnes vivant avec handicap mental en fonction de leur réalisme.

Tableau 3.4 : Catégorisation des métiers en fonction de leur réalisme

                              HANDICAPS ASPIRATIONSIMC  AUTISME   MACROCEPHALIE  DEB.MENTAL.  fs  
Musicien             Réaliste2
Menuisier           Réaliste1
Chauffeur            Irréaliste1
Maitresse            Irréaliste1
CommerçanteRéaliste1
Trav.menag.                   Irréaliste3
                Total9

Pour lire ce tableau, il faut croiser les handicaps (en colonne) avec les aspirations professionnelles (en ligne), et le nombre de personnes auxquelles correspond cette situation est indiquée dans la colonne de fréquences. Ainsi, nous avons 2 personnes vivant avec IMC désirant devenir musicien, cette aspiration est réaliste car bien que leurs membres sont atrophiés, ces personnes peuvent bien utiliser leur voix. L’autiste souhaite devenir menuisier, cette aspiration est réaliste. Une personne vivant avec IMC aspire à devenir chauffeur, cette aspiration est irréaliste car ses membres ne le lui permettront pas. Une débile mentale veut devenir maitresse, cette aspiration est irréaliste. Une macrocéphale aspire au commerce, cette aspiration est réaliste. Enfin, 3 personnes vivant avec IMC veulent devenir travailleur dans les ménages, ces aspirations sont irréalistes.

Pour découvrir les aspirations les plus significativement nombreuses entre les réalistes et les irréalistes, nous avons utilisé le test binomial pour la comparaison de deux groupes de fréquences indépendantes. Avec N= 9 et la valeur la moins fournies = 4, nous avons trouvé une probabilité associée de 0.2539 ≈ 0.25 sur la table4 avec ɑ.05 (sévère) comme seuil. Comme la probabilité associée 0.25 est > au seuil ɑ.05, nous avons accepté l’hypothèse nulle en concluant que les aspirations irréalistes ne sont pas plus nombreuses que les aspirations réalistes, Cfr annexe II Tableau n°1. Ainsi, il nous faut donc déterminer quel groupe de handicap, handicap cognitif (autisme) soit handicap mental (IMC, débilité mentale, macrocéphalie), a donné le plus d’aspirations réalistes.

Pour y arriver, nous avons procédé comme suit : pour le handicap cognitif (autisme), comme il n’y a qu’un seul individu, nous avons directement conclu que les personnes handicapées cognitives, dans notre étude, ont des aspirations réalistes, Concernant le handicap mental, nous avons 8 individus parmi lesquels 5 ont des aspirations idéales (irréalistes) et 3 ont des aspirations réalistes. Comme ce sont deux groupes de fréquences indépendantes dont N est inférieur à 30, nous avons recouru encore au test Binomial pour déterminer si cette différence est due au hasard ou elle est significative. En calculant, avec N=8 et a = 3, nous avons trouvé une probabilité associée de 0.1445 ≈ 0.14. Cette probabilité est > au seuil choisi 0.05. Ainsi, nous avons accepté l’hypothèse nulle en concluant que les aspirations irréalistes ne sont pas plus nombreuses que les aspirations réalistes. Cela signifie que dans notre étude, les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap cognitif (IMC, débilité mentale, macrocéphalie) peuvent être réaliste ou pas. Cfr Annexe II tableau n°2.

3.2. Interprétation des résultats

C’est l’interprétation que le chercheur donne aux données obtenues dans son investigation qui constituent les « résultats » d’une recherche scientifique. Ainsi, eu égard aux données présentées dans le point précédent, nous allons montrer les résultats que nous avons trouvés dans notre recherche.

Nous avons découvert que tout autant que les personnes normales, les personnes vivant avec handicap mental, interné au CMPP BALOU, possèdent des aspirations professionnelles. Qu’ils soient macrocéphales, débiles mentaux, autistes ou vivant avec infirmité moteur cérébrale, ces personnes aspirent à l’exercice d’un métier ; 3 individus vivant avec IMC aspirent aux travaux ménagers, 2 aspirent à la musique, 1 aspire à devenir chauffeur, 1 macrocéphale aspire au commerce, 1 débile mentale aspire à l’enseignement et 1 autiste aspire à devenir menuisier.

Au sujet de la variable genre et son influence sur les aspirations professionnelles de handicapés mentaux, nous avons découvert que pour les garçons internés au centre BALOU, leurs aspirations acceptent les deux modalités de stéréotype : masculins et féminins. Par contre, toutes les filles aspirent à des métiers à « stéréotypes féminins », qui impliquent la prise en charge des autres.

Nous avons aussi découvert que les différences interindividuelles sont plus déterminantes, sur les aspirations professionnelles, que le handicap psychologique considéré comme caractéristique commune à tous les individus de notre population, sans pour autant soustendre que les handicaps psychologiques n’influencent pas les aspirations professionnelles ; dans le cas de notre étude, les différences individuelles les ont marquées beaucoup plus.

Le niveau d’aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental internées au centre BALOU est faible. Car elles ne témoignent pas d’une tendance vers le prestige ou un statut social élevé que la moyenne. Cela serait dû au fait que vivant avec un handicap mental, ils n’ont pas une bonne perception d’eux-mêmes.

Enfin, notre étude a montré que les aspirations de personnes vivant avec handicap mental (déficit intellectuel), à l’internat du centre BALOU, sont réalistes. Celles de personnes vivant avec un handicap cognitif prennent les deux modalités ; elles peuvent ou ne pas être réalistes, cela dépend de facteurs individuels de chaque handicapé mental.

Concernant la vérification de nos hypothèses, veillons d’abord les rappeler puis ensuite dire si elles sont confirmées ou infirmées :

Notre première hypothèse stipulait que « les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental seraient multiples tout comme celles de personnes normaux ». Cette hypothèse est confirmée.

Dans la deuxième hypothèse, nous pensions que « vu le bagage héréditaire qui n’est pas le même pour les sujets qui ont participé à de notre étude, malgré que certains partagent le même handicap, les différences interindividuelles seraient plus influentes sur les aspirations professionnelles que le handicap mental commun », cette hypothèse est également confirmée.

 Au sujet de la dernière hypothèse nous pensions que ceux qui ont des déficits intellectuels (handicapés mentaux) comme I’IMC, les aspirations seraient irréalistes ; pour ceux qui ont un déficit d’ordre cognitif comme l’autisme, les aspirations seraient plus réalistes. Cette hypothèse, prise dans son ensemble est infirmée. Car, les résultats trouvés dans notre recherche nous montrent que même les personnes qui ont un déficit intellectuel (handicap mental) ont des aspirations réalistes.

3.3. Discussion des résultats

Les deux précédentes parties de ce chapitre nous ont permis de présenter les données et les résultats de notre travail. Dans le point présent, nous allons mesurer ces résultats avec ceux que d’autres auteurs avaient trouvés dans leurs recherches.

TSHILONDA KASOL’A, dans les notes de cours de psychologie différentielle destinées aux étudiants, de G2 psychologie, affirmait que les activités professionnelles que souhaitent exercer les élèves après leurs études ne s’ordonnent pas de la même manière chez les filles et chez les garçons. Une enquête (Wach et al., 1992, cité par Huteau, 2002) montre que les garçons préfèrent étudier, rechercher, inventer, fabriquer, réaliser, produire ; tandis que les filles préfèrent informer, communiquer, aider, soigner, s’occuper des autres, enseigner. Nos résultats s’ordonnent, d’une part, avec ceux de ces auteurs. Car nous avons trouvé que les filles handicapées mentales internées au centre BALOU avaient des aspirations à stéréotype féminin comme vendre, enseigner, travailler dans les ménages. D’autre part, nos résultats ne vont pas ensemble, car nous avons trouvé que les garçons vivant avec handicap mental du centre BALOU ont des aspirations tant à stéréotypes masculins que féminins.

L’étude menée par l’organisation internationale d’études économiques (OCDE) en 2018, montre que l’influence de la motivation sur les aspirations des élèves dépend « de leur perception, de leur capacité d’atteindre leurs objectifs ». Cela revient à dire que, si les élèves ont de bonnes perceptions d’eux-mêmes alors leurs aspirations seront plus élevées. Au cas contraire, elles seraient faibles. Nous avons aussi trouvé ce résultat dans notre étude.

Les aspirations professionnelles constituent un domaine de recherche beaucoup exploité par les chercheurs, mais celles de personnes vivant avec handicap mental restent encore peu étudié. C’est ainsi que pour les recherches avenir sur les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap psychologique, nous proposons les sujets suivant :

Stabilité des aspirations professionnelles des élèves vivant avec handicap psychologique au centre MPPB
Analyse coût-bénéfice des aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap psychologique
Etude    des     handicaps     psychologiques    comme    déterminant    des      aspirations

professionnelles au CMMP Balou et Motivation de ces aspirations

CONCLUSION

L’étude que nous avons menée s’intitule « aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental internées au CMPP BALOU ».

Nous sommes parti du constat selon lequel toute personne aspire au moins à l’exercice d’un métier ; pour déceler ces aspirations, beaucoup de travaux scientifiques ont été réalisés. Mais hélas, ceux-ci se sont limités, pour la plupart, sur les personnes normaux (élèves, jeunes, filles, enfants en rupture familiale…). C’est ainsi que notre curiosité nous avait conduit à nous intéresser des aspirations de personnes (anormales) vivant avec handicap mental.

La question fondamentale de notre étude était celle de découvrir les aspects des aspirations professionnelles selon les types de handicap psychologique, en d’autres termes, les handicaps psychologiques et les aspirations professionnelles qui les accompagnent. De ce fait, nous formulés des hypothèses selon lesquelles les aspirations professionnelles de personnes vivant avec handicap mental seraient multiples tout comme celles de personnes « normaux », les différences interindividuelles seraient plus influentes sur les aspirations professionnelles que le handicap mental commun, pour ceux qui ont des déficits intellectuels (handicapés mentaux) comme I’IMC, les aspirations seraient irréalistes, pour ceux qui ont un déficit d’ordre cognitif comme l’autisme, les aspirations seraient plus réalistes.

Tout au long de l’étude, nous poursuivions les objectifs suivants :

 Déceler les métiers auxquelles aspirent les personnes vivant avec handicap mental internées au centre Médico-Psycho-Pédagogique Balou afin de faciliter (d’une manière ou d’une autre) leur orientation scolaire et professionnelle.

 Classifier ces aspirations professionnelles selon les types de handicap mental des sujets.

 Découvrir si les aspirations professionnelles sont influencées par les handicaps mentaux. 

 Enfin, ressortir les différences intergroupes entre les types de handicap mental sur le plan des aspirations professionnelles.

Au sujet de la méthodologie, nous avions utilisé la méthode d’enquête psychoscociale qui s’est objectivée par la technique de l’entretien semi-directif et la technique d’observation psychoclinique. Pour traiter les données, nous avons fait recourt au test du Chi-deux et au test Binomial.

Après la vérification des hypothèses sur le terrain, nous avions découvert que les personnes vivant avec handicap psychologique ont effectivement des aspirations pour des métiers, que ces aspirations ont un niveau faible du fait qu’elles ne sont pas prestigieuses, que les aspirations à stéréotype féminin étaient plus dominantes chez les sujets de sexe féminin, que les différences individuelles étaient plus déterminantes sur les aspirations professionnelles que le handicap psychologique considéré comme caractéristique commune à tous les individus de notre population, et enfin, nous avons découvert que (dans notre population) les aspirations de personnes vivant avec un handicap mental, à l’internat du centre BALOU, sont réalistes. Celles de personnes vivant avec un handicap cognitif prennent les deux modalités ; elles peuvent ou ne pas être réalistes, cela dépend de facteurs individuels de chaque handicapé mental.

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KAMBULU, N. J. (2021). La statistique inductive II. Notes des cours, UNILU, Lubumbashi.

Kasol’a, T. (2021). Cours de Psychologie différentielle. Notes de cours inédit, Lubumbashi.

Morjane, A. (2019, 15, 12). psychiatrie-nevrose-histrionique-hysterique: Concilio. com. Consulte le 3  juillet 2023, sur Concilio.com : https://www.concilio.com/psychiatrienevrosehistrionique hysterique/ 

RABEYRON, T. (2018). PSYCHOLOGIE CLINIQUE et PSYCHOPATHOLOGIE. Paris : Armand Colin.

Rossant, J. R.-L. (2017, 01 27). En ce moment : Doctissomo.fr. Consulté le 03 JUILLET, 2023, sur 

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Sophie, F. (2020). Étude comparative des aspirations académiques et professionnelles entre les  différents pays de l’OCDE à travers l’influence des facteurs économiques et scolaires. Mémoire  présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master en sciences de l’Education, Liège 

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44

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Table des matières

0.2. Problème et Hypothèse………………………………………………………………………………………………… 3

0.3. Méthodes et techniques ……………………………………………………………………………………………….. 5

0.4. Délimitation du sujet …………………………………………………………………………………………………… 5

0.4.1. Dans l’espace ………………………………………………………………………………………………………… 5

0.4.2. Dans le temps ……………………………………………………………………………………………………….. 6

0.4.3. Typologie ……………………………………………………………………………………………………………… 6

0.5. Subdivision du travail …………………………………………………………………………………………………. 7

CHAPITRE PREMIER ………………………………………………………………………………………………………… 8

CONSIDERATIONS THEORIQUES ……………………………………………………………………………………. 8

1.1. Définition des concepts ………………………………………………………………………………………………… 8

1.1.1 Aspiration ……………………………………………………………………………………………………………… 8

1.1.2. Profession …………………………………………………………………………………………………………….. 8

1.1.3. Aspiration professionnelle …………………………………………………………………………………….. 9

1.1.4. Handicap ……………………………………………………………………………………………………………. 10

1.2. Quelques notions inhérentes aux les aspirations professionnelles ………………………………… 11

1.2.1. Évolution des aspirations professionnelles ……………………………………………………………. 12

1.2.2. Analyse coût-bénéfice ………………………………………………………………………………………….. 12

1.2.3. Mesure des aspirations ………………………………………………………………………………………… 13

1.2.4. Déterminants des aspirations académiques et professionnelles ……………………………… 13

1.2.5. Performances scolaires ………………………………………………………………………………………… 14

1.2.5. Le Genre …………………………………………………………………………………………………………….. 15

1.2.6. Motivation ………………………………………………………………………………………………………….. 17

1.3. Théories explicatives …………………………………………………………………………………………………. 17

1.4. Etudes antérieures …………………………………………………………………………………………………….. 20

1.4.1. Etudes sur le développement évolution des aspirations professionnelles ………………… 20

14.2. Etudes sur la nature des Aspirations …………………………………………………………………….. 21

1.4.3. Etudes sur la qualité des mesures et du réalisme des aspirations professionnelles ….. 22

1.4.4. Aspirations professionnelles et différences interindividuelles ………………………………… 22

1.4.5. Les études menées en Afrique ……………………………………………………………………………… 23

1.4.6. Etude menée sur les élèves vivant avec handicap ………………………………………………….. 23

DEUXIEME CHAPITRE ……………………………………………………………………………………………………. 25

CADRE METHODOLOGIQUE …………………………………………………………………………………………. 25

2.1. Description du champ d’investigation ………………………………………………………………………… 25

2.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DE L’INTERNAT DU CMPPB ………………………… 25

46

2.1.2. HISTORIQUE DU CMPPB ………………………………………………………………………………… 25

2.2.3. FONTIONNEMENT ET MOYENS FINANCIERS DU CMPPB ………………………….. 26

Organigramme du CMPP BALOU ……………………………………………………………………………………… 28

2.2. Description de la population de l’étude ………………………………………………………………………. 29

2.3. Méthodes et techniques ……………………………………………………………………………………………… 30

TROISEME CHAPITRE ……………………………………………………………………………………………………. 33

3.2. Interprétation des résultats ……………………………………………………………………………………….. 37

3.3. Discussion des résultats ……………………………………………………………………………………………… 38

CONCLUSION …………………………………………………………………………………………………………………… 40

Références ………………………………………………………………………………………………………………………….. 42

 ANNEXES

Annexe I

LES CALCULS DU TEST DE CHI-DEUX DANS LES CATEGORIES DISCONTINUES

3 individus vivant avec IMC aspirent aux travaux ménagers, 2 aspirent à la musique, 1 aspire à devenir chauffeur, 1 macrocéphale aspire au commerce, 1 débile mentale aspire à l’enseignement et 1 autiste aspire à devenir menuisier. Pouvons-nous scientifiquement conclure que l’un de ces groupes d ‘aspirations professionnelles est plus dominant que les autres ?

I. Etapes de la décision statistique

H0 : Il n’y a pas de différence significative entre ces groupes au sujet de leur taille. 

H1 : Il y a une différence significative entre ces groupes au sujet de leur taille.

  • Seuil de signification

Le moins sévère : ɑ. l0

  • Choix du test

Le test du chi-deux dans les catégories discontinues

4. Calculs
fe =        N/K   =1,5    
ASPIRATIONSfofefo-fe(fo-fe)2(fo-fe)2/fe
Trav.menag.31,51,52,251,5
Musicien21,50,50,250,1666667
Chauffeur11,5-0,50,250,16666667
Commerçante11,5-0,50,250,1666667
Maitresse11,5-0,50,250,16666667
Menuisier11,5-0,50,250,1666667
TOTAL99  ꭕ2=2,33333333

N = 9       K = 6     dl= K-1= 6-1= 5

5. Décision

2= 2.33 < 2ɑ.=9.24

Nous acceptons l’hypothèse nulle.

6. Conclusion

Aucun de groupes n’est supérieur aux autres sur le plan de la taille.

Annexe II

LES CALCULS DU TEST BINOMIAL

Tableau n° l : Répartition des aspirations selon leur réalisme

                                      REALISTE IRREALISTE

HANDICAPS IMC2  4
AUTISME10
MACROCEPHALIE10
DEB. MENT.01
TOTAL45
I. Etapes de la décision statistique

H0 : Aucun de deux groupes n’est significativement plus dominant que l’autre. 

H1 : Les aspirations irréalistes sont plus nombreuses que es réalistes.

  • Seuil de signification

Le sévère : ɑ.05

  • Choix du test

Le test du chi-deux dans les catégories discontinues

4. Calculs
  • n = 5+4 ou 9 
  • p = q = 0,5
  • a = 4
  • Pour n = 9 et a = 4, nous avons une probabilité associée de 0.2539 ≈ 0.25

5. Décision p = 0.25 > 0.05

Nous acceptons l’hypothèse nulle.

6. Conclusion

Les aspirations irréalistes ne sont pas plus nombreuses que les aspirations réalistes.

Tableau n°2 : Répartition des aspirations des personnes handicapées cognitives selon leur réalisme

                        ASPIRATIONS RéalistesIrréalistes   
HANDICAPS                                TOTAL
Cognitif                                            358
1. Etapes de la décision statistique

-HO : Aucun de deux groupes n’est significativement plus nombreux que l’autre. 

-H1 : Les aspirations irréalistes sont plus nombreuses que les réalistes.

  • Seuil de signification

Le sévère : ɑ.05

  • Choix du test

Le test binomial

4. Calculs
  • n = 5+3 ou 8
  • p = q = 0,5
  • a = 3
  • Pour n = 8 et a = 3, nous avons une probabilité associée de 0.1445 ≈ 0.14

5. Décision p = 0.14 > 0.05

Nous acceptons l’hypothèse nulle.

6. Conclusion

Les aspirations irréalistes ne sont pas plus nombreuses que les aspirations réalistes.

Tableau n° 3 : Fréquences des aspirations professionnelles selon leur stéréotype 

STÉRÉOTYPE                               fs
Masculin                                     4
Féminin                                       2
TOTAL                                                      6
1. Etapes de la décision statistique
  • HO : Aucun de deux groupes n’est significativement plus nombreux que l’autre.
  • H1 : Les aspirations à stéréotypes masculins sont plus nombreuses que celles à stéréotypes féminins.
    • Seuil de signification

Le sévère : ɑ.05

  • Choix du test

Le test binomial

4. Calculs
  • n = 4+2 ou 6
  • p = q = 0,5
  • a = 2
  • Pour n = 6 et a = 2, nous avons une probabilité associée de 0.1094 ≈ 0.11

5. Décision p = 0.11 > 0.05

Nous acceptons l’hypothèse nulle.

6. Conclusion

Les aspirations à stéréotypes masculins ne sont pas plus nombreuses que les aspirations à stéréotypes féminins.