LA SPASMOLYSE OBSTETRICALE ; UN FACTEUR DE SECURITE MATERNO-INFANTILE PENDANT LE TRAVAIL D’ACCOUCHEMENT

DEPARTEMENT KIMBANGUISTE DE LA SANTE « DKS »

LA SPASMOLYSE OBSTETRICALE ; UN FACTEUR DE SECURITE MATERNO-INFANTILE PENDANT LE TRAVAIL D’ACCOUCHEMENT

« EXPERIENCE DU C.S. KIMBANGUISTE DE MASINA, Z.S. DE MASINA I,

VILLE DE KINSHASA »

Par : 1. TSHIBINDA Musenga Clément, Secrétaire Général Administratif honoraire de l’université Simon Kimbangu de Kananga « USKK » ;

2. NTUMBA BATADJI Alphonse, chargé de cours à l’Institut Supérieur Kimbanguiste des Sciences de la Santé à Kinshasa ;  

3. MPINDA Tshimanga Patrick, Médecin Directeur du Centre Hospitalier de Kabemba, ZSR de Luebo ;

Mots clés : spasmolyse, obstétrique, césarienne, dystocie, parturiente

Contacts : Clément : Tél. +243 89 9398 678 ; Mail. clement_tshibinda@yahoo.com

Résumé

Sur une période d’une année révolue, soit de décembre 2018 à décembre 2019, nous avons pu mener cette étude clinique dans la ville de Kinshasa, zone de Santé de Masina I, plus notamment au Centre de Santé Kimbanguiste de Masina. Celle-ci a porté sur 42 parturientes sélectionnées sur base d’un critérium strict et très prononcé sur la primiparité, l’âge compris entre 15 et 30 ans, taille de la mère allant de 150 cm à plus, le poids de la mère situé à 50 Kg ou plus. Les participantes ayant suivi normalement leur CPN dans le même centre d’accueil, ont été reparties en deux catégorie : celle de cas, composé de 21 parturientes, soumises à l’administration de Buscopam soit en IVL, en IM ou en suppositoire selon le cas ; et celle de contrôle à qui l’administration de Buscopam n’était pas prévu. Cette cohorte prospective a généré le résultat ci-après à la fin de l’étude : 20 accouchements par voie basse ont été enregistrés dans le groupe soumis au Buscopam, contre 13 dans le groupe de contrôle, et 1 accouchement par voie haute dans le premier groupe contre 8 dans celui de contrôle. Le seul cas du premier groupe ayant échappé à l’accouchement par voie basse suite à l’état pathologique de son col de l’utérus qui a prouvé qu’il a été victime des traumatismes instrumentés faisant penser à des tripotage cervicaux mal-connus, chose qui serait à l’origine de cet échec. Et le 8 cas d’accouchement par la voie haute ont dénoté la dystocie fonctionnelle dont certaines liées à la stagnation du col, d’autres à la dissociation lamelleuse du col, d’autres encore au spasme du col. L’administration de Buscopam à temps réel s’est avère efficace dans la résolution de ces problèmes, ainsi que dans l’économie de temps scientifiquement imparti pour un travail obstétrical physiologique. Et l’évaluation des risques relatif et attribuable à l’AVH a été respectivement évaluée à RR= 8 et RA= 7 plus élevé dans le groupe contrôle. Cependant 5% de risque s’est manifesté dans le groupe des cas soumis au Buscopam. En déduction, le Buscopam serait utile dans la sécurité obstétricale avec probabilité déflation de césarienne et tous les risques y relatifs autour de 5%.

Sigles et abréviations

% : pourcentage

< : Inférieur à

< : Inferieur à

> : Supérieur à

AVB : Accouchement par Voie Basse

BCF : Battement Cardiaque Fœtal

Cm : centimètre

Cm/h : centimètre par heure

CS : Centre de Santé

CU : Contraction Utérine

DC : Dilatation Complète

DH : Drotaverine Hydrochloride

ESP : Ecole de Santé Publique

H : heure

HBB : Hyoscine Butyl-Bromide

HTA : Hyper Tension Artérielle

I.M : Intramusculaire

I.V : Intraveineuse

IVL : Intraveineuse lente

Kg : Kilogramme

Mg : milligramme

Min : minute

Ml : millilitre

Mm : millimètre

Mm Hg : millimètre de Mercure

Mmol / L : millimole par litre

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

SA : Semaines d’Aménorrhée

TV : Touché Vaginal

Unikin : Université de Kinshasa

VB : Valethamate Bromide

ZS : Zone de Santé

ZSR : Zone de Santé Rurale

Introduction

Dans certains pays ayant un Système National de Santé faible, les spasmolytiques ont une place d’honneur dans la prise en charge du travail obstétrical sécurisé. C’est alors qu’il faut remarquer avec amertume que dans la plupart de milieux obstétricaux de la RDC, l’utilisation de ce genre des molécules est restreinte et parfois nulle.

En effet, cet outil ne bénéficie pas le protocole d’administration établi, et ses répercussions sur la première phase du travail ainsi que sur le bien-être maternel et fœtal n’ont pas fait l’intérêt des professionnels de Santé ; les seuls qui pouvaient prêter toute leur attention au bienfait relatif à cette panacée.

Pourtant la prise en compte des effets spasmolytiques lors du travail obstétrical dans la salle d’ « accouchement » revêt un intérêt thérapeutique non-négligeable, tant pour la parturiente, les thérapeutes que pour le Bébé attendu. Cette attitude offrant d’opportunités à saisir en Santé publique, nous permet ce jour d’en mener cette étude intitulée « la spasmolyse obstétricale ; un facteur de sécurité Materno-infantile pendant le travail d’accouchement » ; en vue d’apporter un accent particulier dans le bien-être de la parturiente ainsi que du nouveau-né.

Cependant, la réalité obstétricale est bien plus complexe ; et la limite entre physiologie et pathologie pose quelquefois de problèmes de définition réelle. La grossesse étant un état qui modifie les mécanismes biologiques et psychiques influençant l’état général de la femme, elle altère les écarts à la norme qui, hors grossesse, définissent la pathologie ; il y a par conséquent, des limites tout à fait remarquables entre les faits physiologie et pathologie se voilant tout en créant une sorte de zone « grise » dans laquelle le rôle thérapeutique devient significatif et primordial.

Du coup, un des rôles principaux des thérapeutes en ce moment est de détecter les écarts à la norme, et si besoin, faire intervenir les obstétriciens au moment opportun. Pour effectuer son travail en face de la physiologie. Et d’une manière optimale, il faut lui être capable de proposer des stratégies visant à maintenir la physiologie adaptables à chaque situation. L’accouchement eutocique est souvent un moment à risque et peut à tout instant basculer dans la dystocie. Dans ce contexte, où la physiologie est fragile, réside l’intérêt de notre thème de réflexion. En dépit de cela, notre réflexion s’articule autour de la question centrale qu’est : quel mécanisme de déflation pour des naissances par la voie haute non-électives dans nos maternités ?

Certes, dans différentes maternités de la RDC, lorsqu’une parturiente s’y pointe pour se faire assister, il suffit qu’elle mette plus de huit heures en travail, les impressions d’une dystocie commencent à planer les cerveaux des soignants, malgré l’absence évidente des indications rationnelles d’une césarienne absolue ou encore élective. Souvent après échec de l’ocytocine, le chirurgien s’arme de bistouri pour induire un accouchement urgent par voie haute « césarienne » qui peu se solder dans un sens ou un autre, avec toutes formes de dépenses que cela engage en termes de temps, travail, finances et autres désagréments possibles. Voulant réduire la courbe, nous pensons répondre à cette gamme de questions phares dans le sens de savoir, pourquoi une césarienne doit être une indication absolue en obstétrique ? N’y a-t-il pas des procédés par lesquels certaines formes de dystocies seraient remédiées en vue de réduire le champ de la chirurgie obstétricale ?

Pourtant, la césarienne s’érige depuis un certain temps, la voie la plus rapide et la plus simple de traiter les dystocies surtout face à la souffrance fœtale qu’il faut nécessairement craindre, et/ou le danger maternel en présence. Mais, remarquablement, lorsqu’on programme une telle intervention en dehors de son indication rationnelle, il s’agit d’une intervention intempestive, motivée par l’insuffisance d’informations utile en obstétrique qu’en chirurgie.

Le but de cette étude étant d’élaguer tant soit peu, certaines formes de dystocies curables dans le paquet de la chirurgie obstétricale, en l’occurrence, la dystocie du col cervical ; et  nous nous sommes assigner l’objectif tel que : étudier et d’évaluer l’impact de la spasmolyse, administrée en début du travail, sur le processus de dilatation du col chez les primipares.

Matériels et méthodes.

Matériels utilisés

La base des données de notre enquête a été facilitée par le recours à un lot de matériels ci-après :

  • Les fiches de consultation et partogramme ;
  • Registre de maternité ;
  • Un stylo à bille pour la prise des notes ;
  • Un ordinateur pour la saisie et la mise ensemble des informations relatives à notre recherche.

Méthodes et techniques utilisées

Méthodes

Nous avons utilisé les méthodes suivantes :

  1. 1.      Méthode empirique, qui nous a aidé à fonder notre raisonnement sur l’expérience en rapport avec les dystocies déjà observées ;
  2. 2.      Méthode statistique, qui nous a servi de collecter les données, les chiffrer et les organiser en Tableaux pour la bonne interprétation ;
  3. 3.      Méthode épidémiologique, qui nous a permis d’étudier la répartition des données, leurs fréquences et la description des relations statistiques entre les variables dépendantes et les variables indépendantes en tirant des conclusions ;
  4. 4.      Méthode dialectique, qui nous a été d’importance capitale dans l’enquête, en échangeant avec les chefs de  services concernés ;

Pour compléter ces méthodes, nous avons utilisé des techniques suivantes :

  1.  Recherche documentaire : Des précisions ont été collectées dans les différents ouvrages disponibles dans des bibliothèques et sur l’internet. Cette recherche documentaire a porté sur des ouvrages et articles généraux et spécifiques abordant la question obstétricale en milieu hospitalier.
  2. Observation du Terrain : notre observation sur terrain a permis de nous approprier le fait, en vue d’en dégager une problématique et formuler des hypothèses vérifiables ainsi que des conclusions utiles au bien-être Materno-infantile.

Echantillonnage 

42 parturientes ont été observées chacune à tour de rôle dans la maternité du Centre de Sante Kimbanguiste de Masina dans la Commune de Masina, ZS de Masina I, à Kinshasa sur une période allant de octobre 2018 à octobre 2019, soit un an révolu ; dont 21 cas ayant subies la thérapie spasmolytique durant le travail, et 21 autres ont constitué le groupe de contrôle.

Type d’étude : essai clinique

Critères d’éligibilités :

  • Primiparité
  • Age compris entre 15 et 30 ans au jour de l’admission
  • Consultation prénatale scrupuleusement observée dans le C.S. Kimbanguiste de Masina
  • Présentation longitudinale
  • Poids de la mère supérieur ou égal à 50 Kg
  • Taille de la mère supérieure ou égale à 150 cm
  • T.A. entre 90 sur 50 mm hg et 120 sur 70
  • Termes de grossesse supérieurs ou égaux à 37 semaines

Critère d’exclusion :

  • Macrosomie
  • Macrocéphalie
  • Grossesse gémellaire
  • Mal positionnement fœtal
  • Bassin asymétrique, androïde, luxation, infirmité de membres inferieurs de la mère
  • Monstruosité fœtale
  • Accouchement prématuré

Type de molécule administrable : antispasmodique (Buscopam®)

Description des étapes du travail dans un accouchement physiologique

1ère étape  Depuis le début du travail jusqu’à la fin de la dilatation cervicale.

Durée moyenne: primipares : 13.5 heures; multi 7.5 heures.

2ème étape

Depuis la fin de la dilatation cervicale jusqu’à la naissance de l’enfant (engagement /descente et rotation/dégagement).

Durée: 1 à 2 heures.

3ème étape

De la naissance de l’enfant à l’expulsion du placenta (Délivrance)

Durée: 5 à 30 min.

PP immédiat

Jusqu’à stabilisation des constantes maternelles

Durée: environ 2 heures.

Etape 1 : la dilatation cervicale (phase latente et phase active)

Etape 2 : la naissance

Etape 3 : la délivrance placentaire. (marpeau L., 2010)

Résultats.

A l’instar de tout travail qui se veut scientifique, notre étude pour atteindre sa fin, a dû produire des résultats chiffrés que nous avons pu présenter en forme des Tableaux, reprenant les Paramètres étudiés ci-après.  

Tableau 1 : Contingence

ordTranches d’âge (année)Fréquences casFréquences contrôle
0115 – 1831
    
0219 – 2267
    
0323 – 2645
    
0427 – 3088
    
 total2121

Tableau 2 : Dystocies cervicales fréquentes

Types de dystociesdescriptions
dissociation lamelleuse du col  lorsque le col reste épais et forme des anneaux concentriques de consistance ferme, séparés par du tissu cervical souple
  
agglutination du collorsque le col ne se dilate pas après s’être effacé et malgré une bonne dynamique utérine
  
œdème du col,souvent associé avec une dystocie utérine dynamique
  
spasme du col lorsque le col est rigide
  
Col cicatricielCol ayant subit de traumatismes instrumentés et/ou autres types de lésions

Tableau  3 : Evaluation

 AVBAVHTotal
Busc+20121
Busc13821
Total33942

Valeur prédictive positive de cas : 20/21=0,95

Valeur prédictive positive de contrôle : 13/21=0,61

Valeur prédictive négative de cas : 0,05

Valeur prédictive négative contrôle : 8/21=0,38

RR= 8/1=8

RA= 8-1=7

Interprétation des résultats 

Le risque d’accoucher par la voie haute dans ce groupe des cas, est 7 fois plus élevé dans le groupe de parturientes qui n’ont pas consommé l’antispasmodique (Buscopam), soit le groupe de contrôle et 1 fois élevé dans le groupe de celles qui ont consommé le (Buscopam). Et le risque de subir une césarienne d’une manière relative est 8 fois plus élevé dans cette étude. L’administration de Buscopam en début du travail permettrait d’éviter 7 fois plus l’accouchement par la voie haute.

Discussion des résultats

  1. Temps de travail

Les résultats de notre étude démontrent que les antispasmodiques ont un effet favorisant la dilatation cervicale. Nous y constatons, également, une augmentation de la vitesse de dilatation et par conséquent, influence positivement le temps total du travail obstétrical ; et la déflation de la fréquence de l’Accouchement par Voie Haute (AVH).

Nos résultats s’accordent avec ceux de Samuels et al., (2007) qui observent une diminution du temps de travail de 31.7% (72 min) avec l’utilisation de Buscopam® (20mg en I.V) par rapport à un groupe contrôle (p=0.001). Dans le même sens, Aggarwal et al. (2008) montrent que le travail est raccourci de 4h30 chez des primipares grâce à l’administration de BytilBromure de Hyoscine  (40 mg en I.V). De plus, son étude démontre que 96% des primipares ayant reçu l’antispasmodique ont accouché en moins de 8 heures, alors que ce n’est le cas que pour 34% dans le groupe contrôle. Ce résultat appuie l’influence des antispasmodiques sur la dilatation cervicale démontrée par les auteurs. (Samuels & col, 2007)

Dans le même sens, Sirohiwal et al. (2005) observent un effet similaire suite à l’administration de Buscopam® (2 x 10mg en suppositoire). En effet, ils reportent comme valeurs moyennes de temps de travail : 141.5 min +/- 80.7 pour le groupe étude et 433.9 min +/- 96.0 pour le groupe contrôle (p<0.001). De plus, ils mesurent la vitesse de dilatation qui est, respectivement de 0.8 cm/h et de 2.9 cm/h. (Sirohiwal & al, 2005) Dans la même logique, Tabassum et al. (2005) relatent aussi une diminution significative du temps de la première phase lors de l’utilisation du Buscopam suppositoire 10 mg. Ils trouvent une durée moyenne de 66.15% par rapport au groupe contrôle (différence de 117 minutes). De plus, la vitesse de dilatation est de 0.87 cm/h plus rapide dans le groupe étude (p value=0.000). (Tabassum & al, 2005)

D’enrichir, Madhu et al. (2009) mettent en avant l’efficacité de deux autres substances antispasmodiques Drotaverine Hydrochloride  et Valethamate Bromide (DH et VB) sur la dilatation cervicale. Dans leur travail, les moyennes de durée du temps de travail sont de 206.5 minutes pour VB, 183.2 min pour DH contre 245 min pour le groupe contrôle. Ces différences entre VB, DH et le groupe contrôle sont statistiquement significatives (p value de 0.0074 et 0.0001 respectivement). (Madhu & al,, 2010)

De plus, ces auteurs relèvent que la vitesse de dilatation est significativement plus rapide suite à l’administration de DH: 2 cm/h +/- 1.4 contre 2.4 +/- 0.96 avec VB. Tous ces résultats sont en contraste avec ceux de Gupta et al. (2008) qui ne trouvent aucune différence significative en comparant un groupe recevant du DH (40 mg I.M chaque 2 heures), un groupe recevant de l’HBB (20 mg I.V chaque 30 minutes) et un groupe contrôle ne recevant aucune médication. Ce temps de travail non diminué pourrait être dû à l’inclusion de grossesses à haut risque. En effet, ces dernières sont plus fréquemment associées à des dystocies pouvant influencer le temps de travail.

De ce fait, l’effet de l’administration d’antispasmodique n’est pas complètement évaluable dans ce contexte. Aussi, dans cette étude, l’estimation du temps de travail est basée sur des TV à intervalle de 4 heures, ce qui peut augmenter le biais de signalé auparavant.

Nous pouvons sur base de notre étude, dire que, les antispasmodiques testés dont le chef de file dans le cas d’espèce est le BytilBromure de Hyoscine, (Buscopam®), semblent jouer un rôle pendant la phase active du travail en favorisant la dilatation. L’efficacité des antispasmodiques est justifiée par deux paramètres complémentaires : la diminution du temps de la première phase du travail et l’augmentation de la vitesse de la dilatation.

  • Durée de la deuxième étape

Selon les résultats de notre revue de la littérature, les antispasmodiques n’ont pas d’effets sur la deuxième phase du travail. Selon Makvandi et al. (2011) ont montré une diminution significative de la durée de la deuxième phase suite à l’administration de HBB (20mg en rectal). Makvandi explique ce résultat par le fait que les parturientes ayant bénéficié d’un travail plus court sont moins fatiguées lors de la phase expulsive. Ceci est un argument qui peut en effet justifier cette différence, retrouvée que ponctuellement dans les autres résultats de la littérature. (Makvandi & al,, 2011) Par exemple, l’étude de Tabassum et al. (2005) montre également une différence dans la durée de la deuxième phase associée à l’utilisation d’un antispasmodique. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les primipares et les multipares apparaissent de manière confondue dans leurs résultats et que la parité joue un rôle primordial dans le déroulement de la 2ème étape.

Hormis cette exception, la littérature s’accorde sur le fait que la deuxième phase n’est pas raccourcie lors de l’utilisation d’un antispasmodique. En effet, Samuels et al. (2007) ne montrent pas de différence significative de la durée de la deuxième phase suite à l’administration d’HBB (20 mg en I.V). Quant à Shirowal et al. (2005), ils ne trouvent non plus de différence significative pour la deuxième phase avec une utilisation de l’HBB (par voie rectale). Madhu et al. (2009) ne montrent pas de différence significative concernant le temps de la deuxième phase, ni avec VB ni avec DH par rapport à un groupe contrôle. (Madhu, 2010)

De là, il y a lieu de déduire qu’il n’y pas d’association possible entre l’efficacité des antispasmodiques sur la première phase et un éventuel raccourcissement de la deuxième phase. Ceci nous amène à diminuer notre inquiétude vis-à-vis du potentiel rôle accélérateur des antispasmodiques.

 En effet, ce rôle ne devrait pas influencer la deuxième phase car nous savons qu’une phase expulsive trop rapide peut comporter des risques néonataux et maternels, par exemple : une mauvaise adaptation néonatale ou des déchirures compliquées.

  • Le risque d’Accouchement par Voie Haute (AVH) et intérêt de Buscopam

Au regard l’évolution de notre enquête, les résultats inscrit au tableau 1, dénotent la taille et le type de notre échantillon tel que reparti en tranche d’âge. Cela se conforme à la théorie épidémiologique.

Le tableau 2 indique l’efficacité de l’assistance médicamenteuse au Buscopam, ayant produit des effets positifs dans le groupe de cas (parturientes ayant consommé Buscopam) et accouché dans le timing record ; soit 20 sur 21 accouchement par voie basse (AVB), représentant une proportion de 95% de succès. La différence de 5% soit 1 accouchement par voie haute (AVH) s’explique par le simple fait que la parturiente a accusé une lésion cervicale importante, ayant rendu son col pathologique et par conséquent l’indication d’une césarienne s’est avère salutaire.

Cependant, dans le groupe contrôle, on enregistre 13 accouchements par voie basse contre 8 par voie haute. Il y a lieu d’accuser les dystocies cervicales telles que décrites au tableau 2. Lansac J., & al, en font mention : « les antispasmodiques favorisant la dilatation pourraient avoir un rôle dans la prise en charge du travail lorsque celui-ci présente des signes dystociques. L’évolution non favorable de la première phase du travail peut mener à des dystocies, telles que la stagnation de la dilatation aboutissant à des naissances par césarienne.

10 à 15% des parturientes avec une présentation céphalique à terme auraient une anomalie dans la progression du travail. Dans 75 à 80 % des cas, l’accouchement se termine par les voies naturelles mais dans 20 à 25% des cas, une césarienne est nécessaire. C’est ainsi que la dystocie représente l’indication la plus fréquente de la césarienne pendant le travail, la souffrance fœtale ne venant qu’en deuxième position. (J. LANSAC & al, 2011) Le risque relatif étant une fois élevé dans le groupe de cas, il en est huit fois dans le groupe de contrôle. Et le risque attribuable est sept fois plus élève lorsqu’on n’est pas soumise au Buscopam en début du travail. Ceci concorde avec le notes de cours d’épidémiologie à l’Ecole de Santé publique de l’université de Kinshasa : « risque relatif : Le risque de la maladie (taux d’attaque, dans une étude prospective) chez les exposés par rapport au risque (taux d’attaque) chez les non exposés : RR = Te/Tne. Risque attribuable : Le risque attribuable donne une idée de l’impact envisageable d’une intervention (combien de la maladie resterait-il si on supprime tout à fait le facteur de risque). Il est la différence entre le taux d’attaque chez les exposés et le taux d’attaque chez les non-exposés (toujours dans une étude prospective). RA = Te -Tne . (OKITOLONDA & al, 2015)

 Ceci permet de comprendre que l’assistance médicamenteuse aux antispasmodiques réduirait sensiblement la fréquence de l’accouchement par voie haute qui n’est pas sans désagréments divers. A ce propos, MULINGANYA M.G. & al, ont démontré que : « la césarienne est un accouchement artificiel après une ouverture chirurgicale de l’utérus gravide par voie abdominale. Elle est une intervention majeure demandant à l’obstétricien l’expérience et dextérité. Le taux optimal de césarienne pour atteindre le meilleur pronostic Materno-fœtal reste une question débattue. L’OMS recommande un taux en population compris entre 5 et 15%… ce taux est utilisé comme un indicateur de la qualité de soins obstétricaux. Pendant les huit années de cette étude, 119570 césariennes ont été réalisées sur 1430499 accouchements, soit 8,36% pour l’ensemble des ZS du Nord-Kivu. (https://www.ripsec.org/ersp-ucb/evolution-de-frequence-cesariennes-zs-sud-kivu)

Conclusion

En Santé Publique, les antispasmodiques peuvent avoir un rôle primordial grâce à leur capacité de favoriser l’accouchement par voie basse, lors d’une dystocie du col de l’utérus. Comme nous pouvons théoriquement le remarquer, les deux causes principales de Césarienne en cours de travail sont : la non-progression de la dilatation et la détresse fœtale en présence des contractions utérines exerçant ainsi une pression maniaque sur le fœtus.

L’inflation des césariennes dans ces dernières décennies est incroyablement devenue un problème majeur de Santé publique ; qui concerne la presque tous les pays et toutes les couches sociales.

Dans le cadre de notre étude, force est de constater allégrement que l’usage des antispasmodiques répond à une problématique obstétricale de longue date, qui est sans doute vu sous l’angle : du temps prolongé de travail obstétrical aboutissant éventuellement à des césariennes parfois mal-expliquées, s’écartant autrefois des indications proprement dites de celle-ci. Cette question ayant fortement marqué les pratiques obstétricales, elle a sa réponse en ce jour, lorsqu’on remarque que : sur 21 parturientes soumises à l’administration de Buscopam en début du travail, une seule donne naissance par voie haute, cela en raison de son col auparavant caractérisé par des lésions traumatiques, et ne put se soumettre au effet de Buscopam d’une manière favorable. Ce qui dénote le 5% de négativité parmi le cas ; contre 8 césariennes enregistrées dans le groupe contrôle soit 38%

Ceci permet de comprendre que les antispasmodiques utilisés en assistance obstétricale médicalisée, apportent un bénéfice non-négligeable, et assurent ainsi, la sécurité obstétricale contre la gamme de césariennes intempestives battant le plein en milieux obstétricaux. Il serait donc, raisonnable d’incorporer les antispasmodiques par leur pouvoir spasmolytique, dans le paquet des médicaments d’urgence obstétricale.

Suggestions

  1. Aux autorités socio-sanitaires : prendre en ligne de compte les résultats de ce travail, et en faire dans la mesure du possible, un outil indispensable dans les milieux obstétricaux de la République Démocratique du Congo, en vue de bien contrôler ce problème de Santé Publique détruisant sournoisement à petit feu.
    1. Aux professionnels de Santé : par la dévotion et scientificité probant dans l’exercice des nos aptitudes, tenir compte des exigences tant physiologiques, pathologiques qu’interventionnelles utiles à l’assistance médicalisée de parturiente, au profit de la déflation possible de l’accouchement par voie haute, communément dit « césarienne » dans le respect des indications rationnelles y afférentes, aussi bien, dans l’incarnation d’un professionnel dévoué, non sans reflexes éthiques.
    1. Aux chercheurs : cultiver le sentiment d’approfondissement de cette étude pouvant servir d’ébauche d’une plus importante qu’elle dans l’avenir, de façon à alimenter encore plus, la sphère scientifique ayant besoin de notre apport fondamentaliste.
    1. Aux étudiants : s’approprier la question de la sécurité obstétricale au delà de cette étude, afin de bien assimiler le mécanisme pour une pratique idoine dans l’avenir des uns et des autres.
    1. Aux parturientes : observer scrupuleusement les exigences du contrôle prénatal, l’éducation sanitaire ainsi que les conseils médicaux pour en être mieux informées par rapport à la sécurité obstétricale, et les simples gestes en tant que reproductrices averties.

BIBLIOGRAPHIE

  1. LANSAC J. & al (2011), pratique de l’accouchement [Livre]. – issy les moulineau : Elsevier
  2. Madhu & al, (2010)A randomised controlled study comparing Drotaverine, [Revue]. – [s.l.] : Archives of Gynecology and Obstetrics, 282, 11-15
  3. Makvandi & al, (2011)Effect of hyoscine-N-butyl bromide rectal suppository on labor progress in primigravid women : randomized double-blind placebocontrolled clinical trial, [Revue]. – [s.l.] : Croatian Medical Journal. (CMJ) 15, 52(2), 159-63
  4. marpeau L. (2010), traité d’obstétrique [Livre]. – Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson
  5. Okitolonda & al (2015), Notes de cours d’épidémiologie // ESP/Unikin. – Kinshasa : inédit
  6. Samuels & al, (2007), hyoscine butylbromide on the first stage of labour in term pregnancies. // British Journal of Obstetrics and Gynecology, 114, 1542-1546
  7. Sirohiwal & al, (2005) Efficacy of hyoscine butyl bromide (Buscopan) [Revue]. – [s.l.] : Australian and New Zeland Journal
  8. Tabassum & al, (2005), Phloroglucinol for acceleration of labour : double blind, [Revue]. – [s.l.] : Journal of Pakistan Medical Association (JPMA), 55(7), 270
  9. Mulinguanya M.G. & al. Evolution de la fréquence des césariennes dans les Zones de Santé du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, de 2007 à 2016. https://www.ripsec.org/ersp-ucb/evolution-de-frequence-cesariennes-zs-sud-kivu