AVERTISSEMENT
Tout chercheur désirant travailler sur le moyen orient sera inéluctablement confronté aux difficultés de traduction et d’orthographe. Dans notre cas, nous avons standardisé certains mots qui peuvent prendre différentes formes afin de faciliter la lecture de ce présent travail ; par exemple « shiite » s’écrira toujours de cette façon (chiite, chi’ite). Par soucis d’uniformisation et pour éviter toute confusion, cette règle s’appliquera à certains noms propres qui, lorsque traduit du persan ou de l’arabe s’écrive de plusieurs façon (Ahmadinejad, Khamenei, Khomeiny, khomeini, shah, chah, ayatollah, Nuri-al-Malik, etc.).
Christian BULE WIDI
EPIGRAPHE
« Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit donc être livrée »
RONALD Reagan 40ème président des Etats-Unis de 1981-1989.
DEDICACE
A ma chère et tendre mère Jeanne MUSANDA EZIKA, pour être la première à croire en mes talents, son amour intarissable et incontournable tel une rivière au courant ininterrompu, sa joie de vivre me transmise et ses encouragements.
Au couple Henri MUNANGA et Joëlle BULE pour le bonheur que vous m’apporté quotidiennement puisse ce travail sceller ma reconnaissance pour l’amour et les sages conseils me prodiguer.
Christian BULE WIDI
REMERCIEMENTS
Les meilleurs mémoires sont ceux qui sont terminés m’as répété inlassablement mon ami Béni MOKE, chaque fois que je remettais en question ma décision d’entreprendre ce projet éléphantesque qu’est la rédaction d’un mémoire ; aujourd’hui en écrivant ces lignes, je constate que cette affirmation porte en elle le poids du travail accompli. Après plusieurs mois de travail acharné, des journées moroses à contempler une page blanche, des brefs éclaires des génies et des nuits d’insomnie, j’arrive finalement au bout de ce processus qui aura fait partie de mon quotidien pendant près de 5 ans.
Toutefois, je ne peux ouvrir la cage et laisser ma plume s’envoler sans pourtant rendre un dernier hommage, désormais immortalisé dans les archives universitaires, à ces personnes sans qui, ce projet n’aura jamais vu le jour.
Je tiens tout d’abord à remercier mon Directeur, le professeur Laurent-Assomption NGILA MOKE pour avoir accepté de diriger ce travail en dépit de ses multiples occupations. En tant que nouvel étudiant à l’Université de Kinshasa il m’avait pris sous son aile et m’a aidé à naviguer les méandres académiques à première vue effrayante mais si vibrante et bouillonnante. Sans son implication salvifique et les opportunités qu’il m’a offerte, je n’aurai jamais eu autant de ressources pour compléter ce projet.
Un merci spécial aux chefs des travaux Nsamba MBOYO, Ngabu BURA, Papy
NSEKA dont les compétences n’ont d’égale que leur gentillesse ; chaque fois que les montagnes me semblaient trop haute, ils ont su prêter une oreille bienveillante tout en prodiguant des conseils utiles qui m’ont permis d’atteindre le bout du chemin.
Je souhaite ensuite remercier toutes ces personnes qui ont été présentes durant les moments de glissement ou d’euphorie, qui ont patiemment écouté les monologues de dépits ou les cris de joie à chaque étape franchie : à Ling Light TOY, Guelord LETA, Priscilla LUSILABO, à Manix BIDWAYA, à Bertrand ETSHINDO à Charles IBN NKUTA, à Martin PATESA, à Emmanuel NGAMAYAMA, à Patrick
MUTUBUNA, à Juress BIVULA, à Elvis KIBALA, aux amis de l’APSK29, pour votre générosité et votre forte amitié jamais ne s’est tarie malgré les obstacles et les difficultés qui ont sans relâche monté le bout de vos nez ; vous ferez toujours partie de ma vie.
Au collectif de Congo Love, je n’arriverai jamais à exprimer l’étendue de ma gratitude sans vous qui m’avez inlassablement ramené à l’ordre, encourager lorsque je perdais espoir, chicané lorsque je m’inventais des excuses et prêté vos épaules dans les moments lugubres, le monde serait un endroit beaucoup plus sombre ; vous rendez mon quotidien lumineux.
A mes tantes Marie José BULE et Jeanne BULE, à mes frères et sœurs Marbule BULE, Cédric BULE, Merveille BULE, Prisca BULE : ma vie, ma passion, tout le chemin parcouru et cette confiance absolue que rien n’est impossible ; vous êtes et serez toujours les piliers de ma vie, grâce à tout ce que vous m’avez donné, aucun sommet ne m’est inaccessible.
Je tiens également à remercier Yves KITUMBA, L’Homme MALWEBO et Cédric LODILA, votre présence est centrale dans ma vie, savoir que vous êtes là toujours à mes côtés me permet de respirer plus librement.
A mes nièces et neveux : Henrielle MUNANGA, Michelle Fredine MUNANGA, Saidatte BULE, Emmanuel TANSIA, Desmar BULE et Christian BULE pour le bonheur que vous m’apportez quotidiennement ; un jour plus grand, vous comprendrez ce sacrifice qui m’a couté ne pas vivre vos premiers moments d’innocences et vous a privé la présence d’un oncle ; sachez que je vous aime et ne cesserai de vous aimer énormément.
Ma gratitude s’adresse ensuite aux collègues de deuxième licence Relations
Internationales, cette grande famille qui m’a bercé tendrement. Il y règne un climat familial, pour cette raison mes remerciement vont droit à Liévin BILUMBU, Ilka ILUNGA, Evelyne BANYANGO, François KASONGO, Denise KINGUEZE, Cynthia MONSENGO, Beni MOKE, Beni B0LEMBO, Leonard HOMBO, Leonel BUVEKA, Ben KANYINDA, Moise MINGASHANGA, Noëlle KASAKE, Melissa ILUNGA, Jonathan MASSAMBA, Jonathan LOWE, Gemima SANTU qui ont positivement impacté la réalisation de ce mémoire.
Finalement un merci pêle-mêle à ces personnes nouvelles ou vieilles amitiés ou vieux complices, qui répondent à l’appel lorsque s’allume le signal : Fiston MUSANDA, Mireille MUSANDA, Joseph MBAMU, Nathalie BINDA, Samuel MAPATA, Ben TSHOKUTA, Modeste MUSANDA, Beranie NGONDO, Samuel TAMPWO, ADAM NGWANZA, Aggée KUYUNGANA. Votre présence dans ma vie m’emplit d’orgueil ; vous méritez votre place parmi les étoiles.
Christian BULE WIDI.
SIGLES ET ABREVIATIONS
A.D.M : Armes de Destruction Massive.
A.I.E.A : Agence Internationale de l’Energie Atomique
C.I : Communauté Internationale
C.I.A : Central Intelligence Agency
C.F.R : Council on Foreign Relations
C.S.N : Conseil de Sécurité National
CSNU : Conseil de Sécurité des Nations Unies
C.T : Chef des Travaux
DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
DES : Diplôme d’Etude superieure
E.I : Etat Islamique
FSSAP : Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques
M.O : Moyen-Orient
O.C.E : Organisation de Coopération Economique
O.C.I : Organisation de la Conférence Islamique
O.C.S : Organisation de la Coopération de Shanghai
UNIKIN : Université de Kinshasa
O.N.U : Organisation des Nations Unies
OPEP : Organisation des Pays Producteurs du Pétrole
P.E : Politique Etrangère
R.I : Relations Internationales
TNP : Traité de Non-prolifération sur les armes nucléaires
URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques
USA : United States of America
1.ETAT DE LA QUESTION
Les Etats-Unis et l’Iran ont toujours entretenu des
relations depuis la fin XIXe Siècle, depuis que le shah d’alors a envoyé son ambassadeur à Washington. Mais ces relations ont connu des tensions, menaces, ce qui attire l’attention de bon nombre d’observateurs de divers domaines de connaissances dans le monde qui ont abordé d’une manière ou d’une autre la question liée aux relations américano-iraniennes. Nous retenons les réflexions ciaprès :
Dans son étude, Steve EKOVICH [1] étaye les difficultés
auxquelles les Etats-Unis sont confrontés dans la recherche de normalisation des relations avec l’Iran et se demande « dans quelle mesure la maison blanche peutelle dialoguer et même négocier avec le régime en place ? ».
A ce questionnement, il démontre les contraintes
auxquelles les Etats-Unis doivent faire face dans la poursuite de cette diplomatie ; La plus importante est celle qui met le gouvernement américain dans une situation ambiguë d’autant plus que le gouvernement ne sait pas amorcer le dialogue avec un gouvernement qui ne répond pas à son entendement. C’est ainsi que Washington propose une gamme d’options que lui-même n’arrive pas à appliquer : La première consiste à recourir aux menaces et aux frappes envisageables. Mais il soutient plus loin que même dans l’hypothèse du scénario le plus modeste, de telles opérations seraient soumises à un certain nombre de contraintes dans le sens que l’opinion américaine n’est pas prête accepter une intervention militaire et une telle opération supposerait un travail de préparation diplomatique dans la région, au conseil de sécurité et avec les alliés des Etats-Unis, la seconde concerne la lutte anti-terroriste.
Faut-il recourir à la lutte directe ou indirecte ? Pourtant il existe une grande diversité des instances qui coordonnent cette lutte et comme résultat, il n’en résulte une absence de cohérence. Et une telle opération débouche sur l’emploi de la frappe préemptive, de défense anticipatoire, contre les Etats-Unis abritant des groupes terroristes et/ou susceptible de leur fournir des armes de destruction massive ce qui, est d’ailleurs proscrite par le D.I
En résumé, cette étude ne pose pas de base qui permettrait
aux Etats-Unis de surmonter toutes les contraintes auxquelles est confrontées sa politique étrangère. Les Etats-Unis se voient dans une situation inextricable dans ses relations avec l’Iran.
De son côté, Philipe Moreau DEFARGE renchérit que
les Etats-Unis adoptaient une position hostile à l’égard de l’Iran [2] surtout en ce qui concerne son programme nucléaire, arguant que ces activités avaient en réalité une portée militaire ; Et en 2006, les Etats-Unis ont décidé de soumettre le cas au conseil au conseil de sécurité en faveur d’embargo contre le gouvernement iranien, de son coté, Washington adopta une série des mesures destinées à empêcher les Banques américaines d’effectuer toute transaction avec les consœurs iraniennes, et à interdire les grands constructeurs aéronautiques mondiaux de vendre tout avion ou pièce de rechange aux compagnies aériennes iraniennes. Il soutient de même que le comportement américain s’est vite soldé par la haine du gouvernement iranien.
Pour Alexandre ALAOUI, l’Iran continue sans doute à
être au cœur des enjeux clés de la politique étrangère américaine lors du second
mandat du président OBAMA [3]. Assurément, les relations entre les Etats-Unis et l’Iran demeurent perturbées sur une multitude d’enjeux depuis la prise des otages de l’ambassade américaine à Téhéran.
Par conséquent, la politique officielle de Washington sur
ce dossier est de placer Téhéran devant ses obligations internationales en échange d’une plus grande intégration de l’Iran sur le plan politique et économique, tout en exerçant une pression sur les dirigeants du pays. Fort de sa réélection, OBAMA a les mains relativement libres pour orienter la politique étrangère américaine envers l’Iran selon son choix. Et OBAMA entend poursuivre la pression diplomatique, alternant entre des manœuvres militaires dans le golfe persique, des sanctions économiques et pourparlers multilatéraux. L’étude d’Alexandre ALAOUI, riche qu’elle soit n’a pas pris en compte le rôle joué par la communauté internationale afin de mettre en place la voie pacifique de résolution des conflits, laquelle a abouti par la signature de l’accord du 14 juillet 2015. C’est sur base de cet effort que repose la continuité de cette réflexion.
S’appuyant sur les relations américano-iraniennes, Vincent EIFLING4 a centré sa réflexion sur l’impact des relations tumultueuses et conflictuelles sur le système de référence des élites américaines. A la fin de son analyse, il conclut que le programme nucléaire iranien est perçu aux Etats-Unis comme une menace pour la sécurité nationale. Pour ses détracteurs, l’opacité et l’intransigeance de l’Iran couplées à la nature idéologique du régime de Mollahs font craindre l’existence d’un volet militaire clandestin. La perception de l’Iran par l’Etat américain est très péjorative. La République Islamique est plutôt assimilée à l’islamisme radical, aux mollahs, au terrorisme, à l’obscurantisme et à la violation des libertés fondamentales. L’arrivée de néoconservateurs dans l’administration
américaine, la qualification de l’Iran comme Etat appartenant à « l’axe du mal » et les révélations par l’OMP des activités nucléaires iraniennes non déclarées auprès de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique ont contribué pour leur part à renforcer l’isolement international de Téhéran.
En s’intéressant sur le nucléaire iranien, Etienne COPEL[4]
s’interroge sur la détention de l’arme nucléaire par l’Iran. Il soutient que dans le bras de fer politique et économique entre les Etats-Unis et l’Iran, la première question que l’on se pose naturellement porte sur la réalité de menace. Ce qui est sans doute le plus à craindre, par les occidentaux en général et les Etats-Unis en particulier, ce n’est pas tant les armes nucléaires que les iraniens seraient capables de produire pour leur propre usage que le fait qu’ils puissent être tentés de confier quelques kilogrammes d’iraniens enrichis à des mouvements terroristes proches d’eux sur le plan idéologique ou poursuivant des objectifs communs. Mais quel que soit les risques encourus et leur échéance, reste à savoir comment bloquer les velléités iraniennes, pour autant que ce soit encore possible.
Faut-il recourir aux raids aériens classiques, à l’attaque
nucléaire préemptive, à l’attaque terrestre des représailles militaires contre les sites économiques, le blocus économique ? Il admet donc que sur toutes ces propositions établies, il est très loin de trouver une solution qui résoudrait l’épineuse question de l’armement nucléaire iranien. En effet, que les durs de Téhéran restent ou non au gouvernement, le monde devra sans doute apprendre à vivre avec une bombe de plus : La bombe iranienne. La réflexion d’Etienne COPEL oublie le rôle de la diplomatie et du Droit international dans la résolution des conflits et la régulation de la société internationale.
Après une analyse critique porté sur le rapprochement
américano-iranien, Steve EKOVICH affirme que les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde ont été imprégnées de valeurs libérales conformément aux intérêts poursuivis, mais le réalisme politique les a amenés à s’allier avec des régimes iraniens qui n’étaient pas particulièrement libéraux[5]. Cependant, Washington qui a établi une mission diplomatique permanente à Téhéran en 1883 en vue de mettre sur pieds une bonne coopération, s’est vite donné l’obligation de rompre ses relations avec le gouvernement iranien suite à la révolution iranienne survenue en 1979. Il soutient en outre que des grands obstacles continuent d’empêcher l’amélioration des relations américano-iraniennes.
Les efforts iraniens d’acquérir les armes nucléaires et
autres armes de destructions massives ; son soutien et son implication dans le terrorisme international, son opposition virulente au processus de paix au Moyen-
Orient, et son triste record en matière des droits de l’homme, Washington reste sceptique quant aux résultats des actions diplomatiques et est resté distant vis-à-vis des efforts européens menés dans ce sens. Cette étude présente un intérêt particulier lorsqu’elle soutient à la fin qu’il existe un large espoir que dès que la prochaine occasion se présentera, les iraniens ne manqueront pas une fois leur rendez-vous avec la démocratie libérale. Mais Steven EKOVICH ne montre pas clairement comme cette occasion se présentera.
Ce bref sur vol sur les travaux antérieurs permet de
réaliser que nombreux sont les auteurs qui ont accordé beaucoup plus d’importance sur le rapprochement américano-iranien. Le problème révélé par ces auteurs sont multiples. Pourtant, ces études riches qu’elles soient ont plutôt tendance à n’aborder la problématique des relations américano-iraniennes que de façon conflictuelle. Les études ci-dessus laissent penser que si l’on privilégie plus
l’approche politique dans le rapprochement de deux Etats, l’appréciation de leurs valeurs, issues des essences diversifiées, ne décerne pas la possibilité de rapprocher les deux Etats.
Après que nous ayons émis une analyse sur les travaux
précédents, la spécificité de celui-ci est que, nous voulons examiner les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, ressortir les germes qui concourent au paradoxe de ces relations et d’en proposer des mesures palliatives pour sortir de la crise et parvenir à la normalisation des relations entre les deux Etats.
2. PROBLEMATIQUE
La mondialisation est devenue en quelques années l’une
des notions clés du débat international, et Manuel CASTELLS y voit la caractéristique qui définit la société contemporaine[6]. Pourtant, si la mondialisation est surtout définie en terme de « village planétaire », on est en train d’assister actuellement à un relâchement général des liens qui solidarisaient les différents éléments de ce que l’on appelle « l’Etat ». L’accord est général pour constater les graves défaillances qui affectent aujourd’hui les relations internationales. Alors que se manifeste l’unité planétaire, s’accroit aussi la conscience de la vulnérabilité de l’humanité et des liens interétatiques.
Le regard tourné vers le rapport américano-iranien n’en
souffre pas moins, et sous-tend le paradoxe des relations internationales en ce siècle présent. Certes, les Etats-Unis et la République Islamique d’Iran ont, à bien égard connu une histoire chargée dans leurs relations. Depuis la révolution iranienne de
1979 jusqu’aujourd’hui, les deux Etats construisent leurs relations sur base de logique antagoniste. Ayant chacun des ambitions géostratégiques au Moyen-
Orient, ils cherchent à se dicter leur vision du monde ; Cela fait dégénérer leurs relations à une situation d’aversion. Les caractéristiques majeures restent la vision
des Etats-Unis d’un grand Moyen-Orient en soutenant les régimes non-favorables aux visées iraniennes ; et le rêve iranien d’un Etat-phare de la civilisation musulmane et le soutien iranien des factions mécontente de l’influence géopolitique des Etats-Unis au Moyen-Orient. Dès lors que la répugnance prend corps dans leur lien, chacun cherche à se recroqueviller dans son tour d’ivoire.
Cette logique défie fondamentalement la règle de
coopération internationale et favorise la rupture ou du moins fragilise tout simplement leur rapprochement ; Et les conséquences néfastes sont multiples tant sur le plan sécuritaire, économique que social.
Pourtant bien que les Etats-Unis et l’Iran aient pris des
positions fondamentalement extrêmes dans leurs relations, il est à noter que des efforts énergétiques ont été fournis en vue de favoriser le rapprochement entre les deux Etats. La rencontre de Genève de 2008 entre la communauté internationale et l’Iran, la correspondance d’Obama à l’égard du guide suprême en 2009, la rencontre discrète entre les responsables américains et iraniens à Mascate en juillet
2012, suivi d’une autre rencontre secrète à Oman toujours en 2013 entre William BURNS le principal conseiller diplomatique de Joe BIDEN, Jake SULVIAN et une petite équipe d’experts techniques d’une part et des négociateurs Iraniens d’autre part ; l’accord arraché à Genève le 24 novembre 2013 et enfin l’accord cadre du 02 avril 2015 à Lausanne sur les principaux paramètres d’un compromis final en sont autant d’exemples.[7]
Il a fallu attendre le 14 juillet 2015 pour qu’un accord soit
signé à vienne entre la communauté internationale et l’Iran ; en dépit de cet accord la vie interne des Etats-Unis et de l’Iran n’offre toujours pas la possibilité de rétablir une relation harmonieuse. Chacun se voit dans une situation où le choix de l’une ou l’autre position devient de plus en plus difficile.
Au regard du paradoxe que connaissent les relations
américano-iraniennes, le souci est de cristalliser le rapprochement entre les deux pays. De ce point de vue les préoccupations ci-après doivent retenir notre attention :
- Pourquoi les relations irano-américaines reposent-elles sur un dilemme ?
- L’Iran constitue-t-il un danger pour la sécurité américaine ?
- Comment les Etats-Unis et l’Iran entendent-ils sortir de ce dilemme ?
3. HYPOTHESE DU TRAVAIL.
Lorsque la problématique de recherche est clairement
identifiée, la question de recherche clairement établie, il est alors important d’apporter une tentative de réponse c’est-à-dire une hypothèse. Dès lors l’hypothèse se définit, selon le dictionnaire Robert Méthodique comme une proposition relative à l’explication des phénomènes naturels, admise provisoirement avant d’être soumise au contrôle de l’expérience [8].
Elle est également selon Pinto et Grawitz, une série des
réponses supposées provisoires ou vraisemblables au regard des questions soulevées par la problématique[9].
Ainsi nous pouvons dire anticipativement que :
- Les relations irano-américaines reposeraient sur un dilemme parce qu’une succession de conflit et d’incidents, allant relativement de la révolution iranienne de 1979 en passant par les activités nucléaires secrètes jusqu’aux enjeux
géopolitiques de chacun auraient conduit à l’impasse des relations entre les deux Etats ; ce qui implique que leur relation oscille entre rupture et négociation.
- L’hypothèse d’un Iran possédant l’arme nucléaire va souvent de pair avec l’idée d’une possible guerre nucléaire au moyen orient principalement dirigée contre les alliés américains l’Israël et l’Arabie saoudite. Perçu de cette manière l’Iran se présente aujourd’hui comme la première nation qui obstrue les intérêts américains au moyen orient et qui menace la paix et la stabilité de cette région ; ainsi la confection et la détention de l’arme nucléaire par l’Iran aurait un effet dissuasif visà-vis des Etats-Unis et entrainerait de ce fait la prolifération dans un monde où les USA veulent rester le seul maitre à bord.
- Le rétablissement des relations prometteuses au sein de la sphère politique de deux Etats supposerait la normalisation de leurs relations, entamer un dialogue d’égal à égal, respecter les principes du Droit international et des engagements issus de l’accord du 14 juillet 2015.
4. CHOIX ET INTERET DU SUJET.
4.1 CHOIX DU SUJET
Rien n’est plus aberrant de procéder à l’esquisse d’une
œuvre scientifique sans pourtant relever l’intérêt qu’il pourra apporter dans la science comme dans la communauté.
Ainsi le choix de ce sujet n’est pas aléatoire, il se justifie
par sa pertinence dans l’actualité. Dès lors l’intérêt de cette étude se situe à trois niveaux :
- Sur le plan personnel : le regard intéressant que nous avons vis-à-vis du moyen orient dont fait partie l’Iran ; en effet, cette partie du monde, riche en ressource énergétique, est secouée par des récurrentes crises depuis des décennies, celles-ci dues à la visée impérialiste des grandes puissances, a du mal à se stabiliser ce qui nous amène à pousser plus loin notre réflexion pour une possible stabilité au moyen orient.
- Sur le plan scientifique : la présente étude permet de dévisager les relations internationales contemporaines entre les Etats-Unis et l’Iran en vue de rendre compte des motivations géopolitiques de deux Etats ; ainsi les spécialistes des Relations Internationalistes peuvent tirer profit de ce mémoire pour expliquer les réalités touchant aux relations des Etats issus des civilisations diversifiées.
- Sur le plan pratique : l’analyse avancée dans cette étude permettra aux décideurs deux Etats de repenser leur Politique Etrangère en mettant au centre des valeurs communes répondant à leurs aspirations, cela pourrait entrainer un changement qualitatif dans la conduite de leur Politique étrangère.
5. METHODOLOGIE
5.1 METHODE
Tout travail scientifique nécessite une méthode. Le choix
de celle-ci s’opère par le chercheur lui-même au regard de la problématique de son travail. Ainsi dit, la méthode doit rendre compte des produits de l’investigation scientifique.
De ce fait, en sciences sociales, la méthode est définie par MADELEINE Grawitz comme « un ensemble d’opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre et les vérifie »[10].
C’est aussi à juste titre que Benoit VERHAEGEN affirme
qu’il est vrai que chaque objet de connaissance informe et conditionne la méthode mais il est également vrai que la méthode se transforme et s’ajoute constamment au cours de son application[11].
Dans le cadre de cette étude nous allons nous servir de la
méthode Dialectique d’autant plus qu’elle s’identifie bien à ce sujet et est la mieux indiquée car elle consiste à privilégier la recherche des contradictions au sein d’une réalité, en mettant en relief derrière l’apparente unité réelle les tensions, les oppositions, les conflits, les luttes, les contactions et les contraires.
Cela étant, la méthode Dialectique nous a permis de
déceler les contradictions qui caractérisent le fonctionnement des relations américano-iraniennes, où nous avons d’une part les Etats-Unis qui exercent les prérogatives d’hyperpuissance et d’autre part l’Iran qui s’affirme comme puissance régionale et qui rencontre une résistance farouche vis-à-vis des alliés américains dans la région.
5.2. APPROCHES
Deux approches ont servi de base pour orienter cette recherche ; il s’agit notamment de l’approche historique et celle géopolitique :
- L’Approche historique : celle-ci nous a permis d’appréhender les différentes phases historiques des relations américano-iraniennes partant de la révolution islamique de 1979 et bien plus qu’avant ça afin de mieux nous positionner dans la structure des relations actuelles.
- L’Approche Géopolitique : elle nous a permis d’identifier les acteurs, d’analyser leurs motivations, de décrire leurs intentions, de repérer les alliances en gestations
ou au contraire les alliances qui se défont, que ce soit au niveau régional qu’international.
5.3 TECHNIQUES.
Par technique, nous entendons l’ensemble des procédés
exploités par le chercheur dans la phase de collecte des données qui intéresse son étude.
En bref, nous retiendrons à la suite de GOODE William
qui stipule que : « les techniques sont des outils utilisés dans la collecte des informations qui devront plus tard être soumises à l’interprétation et l’explication grâce aux méthodes[12].
Quant au moyen nous permettant de recueillir les
informations indispensables pour la réalisation de ce travail, nous avons fait usage de la technique documentaire ; elle nous a été utile pour la consultation des ouvrages, des revues, des journaux, l’internet et autres publications scientifiques en rapport avec le sujet analysé.
6. DELIMITATION DU TRAVAIL
Pour mener à bon port le sujet du présent opus, il est
évident de le circonscrire dans le temps et dans l’espace.
Dans le temps notre analyse couvre la période allant de 2002, période à laquelle des révélations ont été faites sur le programme secret du développement des armes nucléaires par l’Iran jusqu’en 2017 période à laquelle a débuté le premier mandat du Président américain Donald TRUMP.
Toutefois, il y aura implication de plusieurs facteurs
explicatifs allant de la révolution islamique du 1979 en passant par le nucléaire iranien, les enjeux géostratégiques jusqu’au soutien des groupes terroristes.
Dans l’espace, nous porterons notre réflexion sur les
Etats-Unis et l’Iran, étant donné que les relations entre les deux pays se dirigent vers un nouveau moment paroxystique de son histoire, vers une glaciation durable des relations entre les deux pays qui avaient d’ailleurs toutes les raisons de s’entendre au lieu de fonder leurs relations sur les tensions réciproques.
7. DIFFICULTES RENCONTREES.
Chaque fois que nous prenions soin d’écrire ce mémoire,
nous avons été bombardés d’informations issues de tout bord. Les canaux utilisés étaient multiples et variés : Des ouvrages nombreux qu’ils soient, écrits parfois en langue Persane, des médias, des journaux, des blocs aux radios ; les moyens de s’informer étaient foisonnant. L’excès d’information pouvait nous conduire à une certaine confusion. La difficulté cependant, ne réside pas dans la recherche de l’information mais plutôt dans sa sélection, son tri et sa mise en perspective.
Hormis cela, les difficultés d’interprétation des
documents où l’on trouvait parfois certains concepts écrits parfois de deux ou plusieurs manières mais signifiant la même chose ; Le flot était de plus en plus fort et le flux de plus en plus rapide. De ce nombre nous pouvons aussi énumérer les difficultés d’ordre financier parce que une recherche scientifique en soi est plus dispendieuse.
8. PLAN SOMMAIRE.
La complexité du traitement de ce sujet qui tient à ses
aspects multiformes, nous conduira à structurer ce travail en trois chapitres.
Le premier chapitre sera basé sur les considérations
générales qui traiteront les définitions de concept pertinent et donnera une explication sur la situation iranienne et américaine aussi bien interne qu’externe.
Le second chapitre présentera le cadre global des
relations entre l’Iran et les Etats-Unis d’Amérique suivant un schéma historique : Pendant la révolution, après la révolution ainsi que la nature des relations actuelles ; il détaillera tout de même la politique iranienne des Etats-Unis ainsi que ses moyens d’action.
Le troisième chapitre mettra en avant plan les relations
américano-iraniennes en perspective, par rapport à l’action globale des EtatsUnis au Moyen-Orient, en étayant en premier lieu la politique américaine au Moyen-Orient sous différentes administrations commençant du Président Georges Washington BUSH en passant par Barack OBAMA jusqu’au premier mandat de Donald TRUMP ; en suite il expliquera les différentes approches existantes au sein de la classe dirigeante américaine face à la question iranienne ; Il détaillera l’action d’autres grandes puissances dans la région et enfin viendront les perspectives dans les relations entre les deux pays qui évoqueront les moyens rendant possible la normalisation des relations entre les deux pays.
CHAPITRE I LES CONSIDERATIONS GENERALES
Le passage et la perception du message, écrit ou verbal
soit-il suscite dans le processus de la communication, le décodage et le déchiffrage des termes usités. Partant de la meilleure analyse de notre sujet, il nous a convenu de passer par l’esquisse des concepts et notions à même de porter aux mues la compréhension de la matière sous investigation ; ceci nous amène à passer en revue dans ce chapitre quelques concepts pertinents tels que : les relations internationales, la politique étrangère, ainsi qu’une mise en situation de l’Iran et des Etats-Unis.
SECTION I DEFINITION DES CONCEPTS
Pour mener à bonne fin les taches à la réalisation
desquelles ce guide se propose de contribuer à la présente étude, il nous semble nécessaire de commencer par expliciter ce qui constitue les termes de références.
§1. LES RELATIONS INTERNATIONALES
Il en découle que les définitions diverses sont avancées
pour cerner la notion des relations internationales.
A ce sujet, les définitions varient selon les auteurs ; ceci
est affirmé avec autorité par Marcel MERLE quand il écrit : « les relations internationales sont d’une telle complexité qu’on peut les appréhender de multiples manières à des termes simples et univoques débouchent sur autant des définitions controversées »[13]
RAYMOND ARON dans son livre « Paix et guerre entre
nations » définit les relations internationales comme : « les relations entre unités politiques ». ce dernier concept couvrant les cités grecques, l’empire romain ou
égyptien aussi bien que les monarchies européennes, les républiques bourgeoises, ou les républiques populaires[14].
Philipe BRILLAND et MOHAMMED RIZA DJALILI
définissent les relations internationales comme un ensemble des relations et communications susceptibles d’avoir une dimension politique et s’établissent entre les groupes sociaux en traversant les frontières.16
Max GOUNELLE , quant à lui définit les relations
internationales comme les rapports et les flux sociaux de toute nature qui traversent les frontières, échappant ainsi à l’empire d’un pouvoir étatique unique ou auxquels participent des acteurs qui se rattachent à des sociétés étatiques différentes.17
D’autres auteurs au moins insisteront sur les
caractéristiques humaines et plus sur la nature du système international comme condition de ce que WALTZ décrit comme « Anarchie » et Robert GILPIN définit les relations internationales comme « une lutte continue pour le pouvoir et le bien-être entre acteurs indépendants qui évoluent dans l’état d’anarchie »[15].
Les relations internationales avant l’avènement des Etats-
nations, considérées essentiellement comme les relations de voisinage et portaient sur la sécurité des frontières, des approvisionnements et des débouchés.
Avec l’avènement des Etats-nations au 18e Siècle, les
relations internationales étaient considérées comme l’ensemble des contacts, des liens ou rapport entre les Etats-nations et portaient sur les interactions étatiques sous forme des conflits et de coopération politique, économique et culturelles,
stratégiques etc. Elles étaient animées par les dirigeants étatiques : les diplomates et consuls.
Aujourd’hui, le retournement du monde a diversifié
l’objet des relations internationales qui porte non seulement sur la sécurité et le bon voisinage mais sur tous les domaines de la vie sociale.
1.1LES ACTEURS DES RELATIONS INTERNATIONALES
La scène internationale est animée par plusieurs acteurs
et par acteurs nous entendons l’ensemble d’entités qui participent au fonctionnement du système international.
Ainsi compris, ce concept nous permet d’identifier ces
acteurs en tenant compte de leur nature et de leur statut. De ce point de vue, nous pouvons les cerner à deux niveaux notamment : les acteurs publics et les acteurs privés.
Les acteurs publics sont constitués des Etats indépendants
et souverains ainsi que des organisations internationales.[16] Par contre les acteurs privés sont composés de tous les autres agents privés ayant une influence certaine et démontrée sur la scène internationale. Parmi ceux-ci nous pouvons citer les ONG, les multinationales, l’opinion publique internationale, le cartel de drogue, les individus.
§2 LA POLITIQUE ETRANGERE
Chaque Etat, en sa qualité d’acteur privilégié des
relations internationales, cherche constamment à agir sur son environnement multiforme dans le but de le transformer dans un sens qui lui soit favorable.
Chaque Etat, selon ses capacités et ses atouts, essaie par le biais de politique
étrangère d’étendre son influence, son pouvoir sur la communauté internationale dans son ensemble.
De ce fait la politique étrangère est une politique
publique, c’e st-à-dire une politique mise en place par un gouvernement avec des objectifs et moyens assignés à la réalisation de ces objectifs. Il s’agit certes, d’une politique publique particulière pour au moins trois raisons :
Son caractère réactif, d’abord du fait qu’elle doit en
permanence s’adapter aux événements survenus hors du territoire national, donc plus complexe encore à prévoir et à gérer, la difficulté, de son évaluation ensuite, car si une politique publique de lutte contre le chômage ou sécurité routière s’évalue sur base des chiffres tangibles, comment évaluer les résultats d’une politique étrangère, à quelle échéance, sur quel critère.
La difficulté enfin, même dans une démocratie, à
communiquer au public la totalité des éléments concernant des dossiers mettant en jeu la sécurité la sécurité nationale ou des intérêts importants. « Le décideur s’expose là, par un dévoilement partiel de l’information à voir son éthique de responsabilité contrée, concurrencée, contestée par l’éthique de conviction souvent plus populaire dans l’opinion dont se réclame d’autres acteurs tels que les ONG »[17]
Pour ANDREW. H. BERDING, la politique étrangère est
la base et le cadre des relations d’une nation avec les autres. Elle est fondée sur un ensemble des principes guidant la conduite d’une nation dans ses rapports avec l’étranger ; elle a pour but la sécurité et le progrès de cette nation. Certaines nations cherchent à atteindre cet objectif par des moyens justes, en tenant compte
comme il convient de droit et aspirations d’autrui ; pour d’autres tous les moyens sont bons[18].
SECTION II. LA SITUATION IRANIENNE
§1. POLITIQUE INTERIEURE
a. Histoire récente de l’Iran
La situation politique actuelle en Iran se doit d’être
abordée en regard de certains éléments de l’histoire du pays. Pour ce faire, il faut remonter à la révolution Islamique de 1979 et à l’accession au trône, l’Iran étant alors une monarchie de Mohammed REZA PAHLAVI, le dernier Shah d’Iran, en 1941 ; celui-ci va lancer une politique d’industrialisation massive (principalement basée sur l’industrie lourde) et des travaux d’équipements afin de combler le retard de l’Iran en la matière. Ces projets sont financés par l’argent provenant du pétrole, principale source des revenus de l’Etat et au centre de nombreux enjeux. Le début de ce qu’il est convenu d’appeler « le capitalisme d’Etat » et de l’industrialisation rapide du pays vont contribuer à lancer l’Iran sur les voies de la modernité mais vont aussi générer dans ce pays les inégalités profondes. En effet, l’enrichissement dû à la politique de Mohammed REZA PAHLAVI va surtout bénéficier à une catégorie des personnes proches du Shah et va dès lors créer une fosse énorme entre riches et pauvres.
La monarchie iranienne redoute alors que ces inégalités
favorisent la montée en puissance des partis du clergé et des communistes. Elle va donc lancer une réforme agraire et des vastes campagnes d’alphabétisation dès 1962. Néanmoins, les oppositions islamiste et communiste voient leur influence augmenter d’année en année, se nourrissant de l’exaspération de la population face
aux inégalités sociales et des fortes critiques à l’encontre de la dépendance de l’Iran envers les Etats-Unis[19].
C’est en 1979 que la révolution islamique iranienne
survient grâce à l’alliance entre le clergé, les communistes et les bazaris (marchands du bazar). La nature réelle de cette révolution est très difficile à cerner car elle ne revêt pas seulement une idéologie islamiste fondamentaliste. En effet, les révolutionnaires étaient soit des musulmans modérés influencés par des idées marxistes et tiers-mondistes. Par la suite, les premiers prendront le pas sur les seconds. L’Iran devient donc une République Islamiste qui aura pour base légale « la charia »[20]. Cependant, le degré de radicalité est très variable suivant les domaines : si la lapidation des femmes adultères et l’amputation de la main pour les voleurs sont légales, la loi islamique ne fait aucune discrimination entre hommes et femmes et protège les minorités religieuses. Le chef de l’Etat est donc un président élu démocratiquement mais le guide de la révolution, l’Ayatollah
Khomenei (aidé par le conseil des gardiens de la révolution), reste l’arbitre suprême en cas de conflit.[21]
En 1980, profitant de la faiblesse de l’armée iranienne,
l’Irak de Saddam HUSSEIN attaque le régime des Mollah. Les Etats-Unis soutiendront l’Irak Baathiste et Laïc contre l’Iran islamiste. Cette guerre que Saddam HUSSEIN imaginait courte et victorieuse, se terminera sept ans plus tard par un statuquo ; Khomenei meurt en 1989, et l’assemblée des experts désigne l’Ayatollah Ali Khamenei comme nouveau guide suprême. C’est la même année que Rafsandjani est nommé Président. Il tentera de moderniser le pays et de lui impulser un essor économique, sans réel succès. A la suite de cet échec, c’est le modéré Mohammad Khatami qui lui succède en 1997. Ce dernier essayant de
rendre le pays conservateur et plus ouvert, s’attire la haine de religieux et de leurs partisans[22].
En 2005, le très conservateur maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad devient le nouveau président de la République Iranienne. Il va développer une politique beaucoup plus réactionnaire et nationaliste de Khatami, tout en installant des nouvelles infrastructures en Iran (Hôpitaux, écoles, accès à l’eau potable et à l’électricité). Sur le plan international, l’Iran est de plus en plus isolé. En effet, Ahmadinejad relance le fameux « programme nucléaire iranien ». Le gouvernement de la République Islamiste est d’avis que ce programme est nécessaire afin de devenir une nation moderne qui pourrait, à terme, se passer du pétrole lorsque celui-ci sera tari. La crainte de l’Union Européenne et des Etats-Unis est de voir l’Iran se servir de ce programme pour fabriquer les armes de destruction massive (ADM).
Ahmadinejad s’est également fait remarquer en affichant
des opinions antisémites, notamment en organisant une conférence révisionniste en décembre 2006 ; lorsque les élections présidentielles du 12 juillet 2009, les chiffres officiels créditent Mahmoud Ahmadinejad de 62,6% des voix, et Mir Hossein Moussavi de 33,7%, les résultats sont directement contestés par les partisans du candidat défait. De nombreuses manifestations, rassemblant les partisans de Moussavi ont lieu dans les rues pour réclamer la destitution d’Ahmadinejad accusé d’avoir truqué les élections. Ces manifestations seront jugées illégales par le guide suprême.
b. Situation socio-politique
Signalons d’emblée que la République Islamiste d’Iran proclamée le 1er Avril 1979 est un régime autoritaire revendiquant une double légitimité théocratique et populaire. Elle repose sur la charia et sur le principe de tutelle de juris consulte
(Velayat-e-faqih) la constitution iranienne place l’ensemble des institutions politiques, judiciaires, militaires et médiatiques sous l’autorité du guide suprême de la révolution et du conseil des gardiens de la révolution. Cette fonction est assumée depuis le décès de l’Ayatollah Khomeiny en juin 1989 par Ayatollah Khamenei. Il est assisté du conseil suprême de sécurité nationale dont le responsable est le vice-amiral Ali Shamkani et du conseil de discernement des intérêts supérieur du régime, présidé par l’Ayatollah Sadegh Larijani qui exerce depuis décembre 2017 cette fonction de supervision de pouvoir exécutif[23].
Le président de la république Hassan ROHANI, exerce la
fonction du chef de l’Etat (signataires des traités, accréditations des ambassadeurs) et assume aussi celle de chef de gouvernement, il est responsable devant le guide et devant le parlement. ROHANI a été élu à la présidence de la république islamique dès le premier tour du scrutin, le 14 juin 2013 avec 50% des suffrages exprimés, puis réélu le 19 mai 2017 au premier tour avec 57% des suffrages ; le président conservateur modéré avait fait campagne sur un programme réformateur et obtenu l’appui des grandes figures réformatrices comme l’ancien président khatami. Investi pour un second mandat le 05Aout 2017, ROHANI a fait le choix de la prudence et de la continuité en reconduisant la moitié de ses ministres.
Les élections du majiles ( assemblée consultative Islamique) en février et avril 2016 ont conforté le président ROHANI et ont vu la victoire de liste de la coalition[24].
c. L’Economie Iranienne.
L’Economie Iranienne est principalement axée sur les
hydrocarbures. En effet, le pétrole représente 80% des exportations iraniennes et près de 60%des recettes budgétaires. Le pays produit en réalité peu des produits
manufacturés et exportés ; outre son pétrole, principalement des textiles
(notamment des tapis, des produits agro-alimentaires et des métaux). L’Etat Iranien mène une politique dirigiste en matière économique[25].
L’Iran souffre largement des sanctions internationales et
du blocus que les occidentaux mènent à son égard, ce qui pousse les milieux d’affaires iraniens à demander un assouplissement de la diplomatie intransigeante de Téhéran, concrètement depuis 2008, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont décrété un embargo total sur le pétrole et la banque centrale d’un Iran. Cet embargo handicape largement l’économie iranienne de même que le niveau de vie des habitants qui est à peu près la même qu’en 1970. L’Etat toutefois empêcher le pays de sombrer dans une pauvreté profonde en investissant massivement dans les infrastructures intérieures et politiques sociales29.
§2 POLITIQUE EXTERIEURE
a. L’Iran comme puissance régionale.
Globalement l’Iran apparait sur la carte du monde comme
un pays pivot, faisant la jonction entre la moyen orient et le monde Indopakistanais, entre la Russie et la péninsule arabique. L’Iran est de facto, une puissance régionale incontournable. Dans sa sphère régionale, c’est avant tout avec l’Irak que les relations ont été les plus tendues, avec comme point culminant la guerre entre l’Iran de l’Ayatollah Khomeiney et l’Irak de Saddam HUSSEIN entre 1980 et 1988. Durant le conflit, Téhéran s’est efforcé d’isoler Bagdad en nouant des liens avec l’Algérie et le Yémen mais surtout en nouant une alliance forte avec l’autre pays revendiquant une idéologie baathiste : la Syrie (appartenant à la minorité alaouite, une autre branche du shiisme).
Depuis la chute de Saddam HUSSEIN en 2003, l’Iran
entretient bien des meilleurs relations avec son voisin irakien, notamment en raison de l’arrivée de la majorité chiite irakienne aux commandes de l’Etat ; en moins de
dix ans l’Irak est devenu l’un de partenaire de l’Iran[26].
Au sud, l’arrivée au pouvoir de Rafsandjani en 1989,
contribue fortement à créer des liens avec l’Arabie saoudite, liens qui sont entrain de sonner le glas vu l’influence des USA dans ce pays mais aussi avec l’ensemble des monarchies arabes du golfe qui accusent souvent l’Iran d’aide au soulèvement de leur minorité, tel est le cas du Bahreïn [27].
Au nord, après la dislocation de l’URSS, l’Iran nouera
également des relations avec les nations issues du Caucase et de l’Asie centrale. La Turquie connait, elle aussi, depuis l’arrivée au pouvoir de « l’APK »[28] en 2001, une intensification des relations avec la république Islamique d’Iran, au point de devenir le sixième partenaire commercial de Téhéran . Ankara s’est par ailleurs opposé avec Brasilia à l’ONU en mai 201033.
Dans sa sphère régionale, l’Iran apparait comme la pièce
maitresse d’un croissant chiite, allant des communautés chiites du Pakistan et d’Afghanistan, au Hezbollah libanais en passant par l’Irak, les alaouites syriens et les minorités chiites d’Arabie saoudite, de Bahreïn et des autres monarchies du golfe. Toutefois, si l’Iran apparait comme pièce maitresse, il n’est cependant pas le leader de ces pays ou même de ces communautés chiites dont beaucoup se départissent politiquement de Téhéran, beaucoup de militants chiites politiques n’étant prompts à déclarer la république islamique iranienne comme modèle à
suivre ; de plus au niveau religieux, la majorité des communautés chiites ne font pas allégeance au clergé iranien[29].
Prenant fait et cause pour la situation palestinienne, l’Iran
apparait également comme l’un des plus grands soutiens du mouvement islamiste Hamas. Loin d’être isolé dans son contexte régional, Téhéran participe de plus en plus durant ces derniers aux différentes organisations internationales comme l’organisation de la conférence islamiste(OCI), l’organisation de coopération économique(OCE) ou différents forum régionaux. Téhéran est aussi devenu un membre observateur de l’organisation de coopération de Shanghai, Russie et chine, refusant toutefois, d’en faire un membre à part entière en raison de la question nucléaire35.
b. L’Iran et la communauté Internationale.
La diplomatie Iranienne a subi un changement radical
depuis l’avènement de la république islamique. Concrètement, elle se traduit par une volonté d’exportation de sa révolution dans le monde entier. Elle s’affiche nettement comme anti-américaine (et anti-israélienne) et voudrait être une puissance régionale avec laquelle, il ‘agit de composer. Cependant, la plupart des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, considèrent l’Iran comme infréquentable et ne traite avec l’Iran qu’en cas d’absolue nécessité[30].
Si les relations avec Moscou et pékin sont meilleures
qu’avec Washington, ces deux pays sont toutefois réservés quant à l’attitude à adopter face à la bouillante république islamique. La Russie est souvent apparue comme un allié objectif de l’Iran : Moscou bloquant des nombreuses résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, collaborant à la construction de la centrale nucléaire de Bushehr et signant plusieurs contrats de vente d’armes avec Téhéran.
Moscou est un allié de poids pour la république islamique tandis que la Russie profite de sa proximité avec l’Iran pour former un front anti-américain au moyen orient et ainsi réaffirmer sa place sur la scène internationale. Cependant, depuis
2010, Moscou tend à revoir sa copie : il a ainsi voté contre l’Iran et renoncera à livrer ses missiles commandés en 2005. Cette volte-face peut non seulement être perçu comme un rapprochement mais aussi comme une réponse vis-à-vis de
l’Iran[31].
Avec son anti-américanisme forcené, l’Iran est devenu,
pour certains pays ou certains penseurs empreints de « tiers-mondistes » une sorte de symbole de résistance à l’hégémonie américaine. De nombreux pays sudaméricains développent de plus en plus des partenariats avec Téhéran en ce sens.
Le meilleur exemple en est le Venezuela, devenu l’allier principal de Téhéran en Amérique latine[32].
SECTION III LA POLITIQUE EXTERIEURE AMERICAINE
§1 DESCRIPTION GENERALE
Lors de la chute de l’IRSS, les Etats-Unis ont perçu ce
fait majeur du 20e Siècle comme la première opportunité réelle d’instaurer un nouvel ordre mondial basé sur les valeurs américaines et dont les USA deviennent la seule superpuissance mondiale, dominant largement les autres puissances au niveau non seulement militaire mais également économique.
Or depuis le début du 21e Siècle, on assiste à une
importance croissante des autres grandes puissances mondiales, UnionEuropéenne, Chine, Russie, Brésil et Japon principalement grignotant petit à petit l’influence des Etats-Unis dans différentes régions du monde. Il devient dès lors impératif pour les Etats-Unis de lutter contre la perte de cette hégémonie mondiale
tout en essayant d’endiguer la crise économique que le pays subit ; et il est tout aussi impératif pour les Etats-Unis de régler la crise identitaire qu’ils subissent dans la manière de se positionner dans l’échiquier mondial et dans le rôle qu’ils aimeraient endosser. En effet, la lutte contre le terrorisme et la promotion des idéaux démocratiques ne suffisent plus aujourd’hui à justifier la volonté de gendarme du monde.
A cette fin, les Etats-Unis ont pu justifier ces dernières
décennies l’emploi de la force afin de lutter contre la menace terroriste (ou supposée telle) d’une part, les droits de l’homme et la démocratie d’autre part, tout en occultant les visées réalistes de certaines actions : buts économiques, financiers, géostratégiques, militaires etc. cet interventionnisme américain se fait tantôt de manière unilatérale tantôt multilatérale en coopérant avec ses alliés. De plus en plus d’ailleurs, cet interventionnisme se fait en corrélation avec d’autres grandes puissances régionales ou mondiales[33] .
§2 LES GRANDES THEORIES DE POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE
Pour comprendre cet interventionnisme, il faut
appréhender le concept de « destinée manifeste ». Il s’agit d’une vision partagée par l’ensemble des différents groupes politiques américains qui tend à penser que, depuis le commencement de son histoire, le peuple américain a toujours eu la conscience de sa spécificité et de sa mission historique (à la limite divine).
L’Amérique se doit de défendre l’idée d’une idéologie universelle visant à améliorer le sort de l’humanité qui lui donnerait une sorte de mission civilisatrice pour propager la démocratie, la liberté économique, le libre-échangisme et le démantèlement des zones préférentielles[34].
Parallèlement à cette théorie de la « destinée-manifeste »,
se trouve celle du « clash de civilisation » développée par Samuel HUNGTON en 1993. Cette théorie explique que dans l’avenir, les relations internationales ne seront plus définies suivant les facteurs économiques, idéologiques ou géostratégiques mais bien en fonction du facteur culturel. Il affirme que : « Dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l’humanité et la source principale des conflits sont culturelles. Les Etats-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes et des groupes relevant des civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l’échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisation seront lignes de front de batailles du futur »[35]. De grands blocs civilisationnels se formeraient alors en fonction de la culture et de la religion principalement se faisant une concurrence pacifique tant que chacun respecte la zone d’influence de l’autre.
HUNTINGTON renchérit également que les civilisations
qui vont s’opposer aux Etats-Unis sont les civilisations confucéennes et islamiques.
Il convient dès lors non seulement d’empêcher leurs unifications respectives mais également le dialogue entre les deux42.
Au début des années 90, le géopolitologue, Francis FUKUYAMA explique, à la suite de la chute de l’Union Soviétique et de ses régimes satellites d’Europe de l’Est, sa théorie de la « fin de l’histoire ». Il y explique désormais, la démocratie et le libéralisme n’ont plus d’ennemis directs et que plus rien ne s’oppose à ce que ces valeurs s’imposent au monde comme système de gouvernance et des valeurs. La démocratie libérale deviendrait alors la forme finale des communautés humaines. Il pense cependant que certaines sociétés
vont résister à l’avènement final de cette démocratie libérale, seule capable de maintenir une paix durable (la théorie de la paix démocratique postule en effet que les pays démocratiques ne se font pas la guerre). L’Islam et les sociétés islamiques sont alors définis comme la principale force d’opposition à la « fin de l’histoire » étant donné leur nature antimoderne, ce qui donne alors le droit à l’Amérique de se permettre d’entrer en guerre contre une telle civilisation, ou certains de ses représentants les plus radicaux[36].
§3 LE TOURNANT DU 11 SEPTEMBRE 2001
Les attentats Kamikaze d’Al-Qaeda sur Washington et New-York en Septembre 2001 vont marquer un tournant dans la politique étrangère américaine. Soutenu justement par des théoriciens comme HUNTINGTON ou FUKUYAMA, Georges W. BUSH va lancer la guerre contre le terrorisme, avec comme conséquence immédiate l’attaque de l’Afghanistan des talibans par une coalition internationale sous l’égide américaine, Kaboul étant servi de repaire à AlQaeda et à son chef Oussama Ben Laden.
Dans le temps, l’administration BUSH met en garde la
communauté internationale sur les Etats voyous, accusés de menacer la paix mondiale en raison de leur soutien au terrorisme et/ou par leur volonté d’acquérir l’arme nucléaire. Dès lors, une guerre peut être légitime si elle a pour but d’anéantir le dessein terroriste ou guerrier d’un Etat voyou[37].
Les Etats-Unis entament donc une période
d’interventionnisme fort, pouvant s’appliquer via du soft power (coopération, dialogue…) ou via du hard-power (contrainte, menaces, attaques ciblées). Cet interventionnisme est tantôt multilatéral, impliquant la participation d’autres pays, tantôt unilatéral quand la capacité de Washington à imposer sa vision à ses voisins
s’avère impossible. Ils visent en réalité à conserver son statut hégémonique et à créer les bases d’un système international dont les USA seraient au poste de commandement afin d’assurer la sécurité mondiale. Cette vision amène les Etats-
Unis à entrer en guerre contre l’Irak en 2003 et à se positionner clairement contre la Corée du Nord et l’Iran, considérés comme des nations potentiellement menaçantes pour la paix au mondial en raison de leur programme nucléaire respectif.
Considérant la menace représentée par les Etats voyous,
Washington explique que la politique de dissuasion n’est plus suffisamment efficace pour lutter contre le terrorisme. Il s’agit dès lors de pouvoir agir militairement contre un Etat voyou avant que celui-ci n’ait le moyen de lancer une attaque terroriste ou militaire sur les cibles américaines et alliés. Cette stratégie est dite de la guerre préventive. Donald RUMSFELD explique que : « Lorsque les terroristes possèdent ces armes avec lesquelles ils peuvent nous nuire… la défense des Etats-Unis exige de le devancer et de temps en temps de procéder à une guerre préventive ; la défense contre le terrorisme et les autres menaces émergentes du
21e Siècle pourraient exiger de lancer la guerre contre l’ennemi. Dans ce cas la meilleure défense n’est qu’une attaque convenable »[38].
Cette stratégie sous-tend que, sans l’aval de la
communauté internationale pour la mettre en place, Washington s’autorise le droit d’agir en faveur de ce qu’il considère comme son droit à la légitime défense.
CHAP II LES RELATIONS AMERICANO-IRANIENNES : EVOLUTION HISTORIQUE.
Aucune collectivité sociale, culturelle ou nationale n’est
absolument fermée sur les autres ; leurs interactions permanente se règlent en fonction des structures d’échange et de pouvoir, organisant le système international[39]. Cet aphorisme a servi de base dans rédaction de la politique étrangère Iranienne vis-à-vis des Etats-Unis ; il leur avait permis de faire de va et vient dans la solidarité naturelle et la solidarité artificielle[40]. Dès lors les relations américano-iraniennes sont caractérisées par deux climats : la cordialité et la tension ; pour mieux cerner ces relations, il est donc important de les situer avant et après la révolution iranienne.
SECTION I HISTORIQUE
§1 LES RELATIONS AVANT 1979
Les relations entre les Etats-Unis et l’Iran débutent au 19e
Siècle. A cette époque commencent les premières relations commerciales et Washington est perçue comme une puissance bénéfique pour l’Iran, comme une force possible de contrer les ambitions contradictoires des empires russes et britanniques sur le pays. En 1941, l’URSS et le Royaume-Uni occupent l’Iran. Les Etats-Unis obtiennent, lors de la conférence de Téhéran de 1943, la garantie de deux autres puissances sur l’indépendance de l’Iran. Au commencement de la guerre froide, les Etats-Unis n’auront cesser d’utiliser ce soutien à la souveraineté iranienne afin de contrer l’influence soviétique dans la région[41].
La période allant de la fin des années 1950 à 1979 est
margée par une forte dépendance de l’Iran vis-à-vis des USA. Ceux-ci aident économiquement l’Iran, l’arment et lui donnent le rôle de « gendarme du golfe
persique » afin de protéger son allié et de l’empêcher de tomber dans le giron de l’URSS. A cette époque, Téhéran calque directement sa politique de sécurité sur le dessein américain[42].
§2 LES RELATIONS APRES 1979
La révolution de 1979 de Khomenei marque un point de
rupture totale dans les relations entre Téhéran et Washington. Le nouveau pouvoir affirme non seulement ne plus vouloir défendre les Etats-Unis mais l’accuse de plus d’attitude colonialiste envers l’Iran en particulier et envers la nation musulmane en général. Khomeini dira les Etats-Unis et les étrangers sont la base de toutes les difficultés de la nation iranienne et des pays musulmans. Cette attitude hostile amène le président Carter à décréter un embargo sur le pétrole iranien et à inciter ses alliés à prendre en charge des sanctions économiques contre Téhéran.
En 1980, les Etats-Unis poussent l’Irak de Saddam HUSSEIN à entrer en guerre contre l’Iran afin d’affaiblir la jeune république islamique. Ce faisant, les Etats-
Unis espéraient toutefois qu’aucune de deux nations ne puisse sortir vainqueur de ce conflit afin de ne pas empiéter sur leur influence dans la région50.
RONALD Reagan continuera une politique d’isolement
de l’Iran durant ses deux mandats (1981-1989) alors que Georges BUSH adoptera une politique différente dès1989. En effet, on assiste durant cette période à une normalisation des relations diplomatiques et à une hausse significative des échanges commerciaux notamment au niveau du pétrole51. Cet assoupissement est toutefois de courte durée et prend fin avec l’arrivée au pouvoir du président Bill CLINTON en 1993. Son second mandat en 1997, coïncide avec l’arrivée au pouvoir du président iranien Mohammad KHATAMI. On note à ce moment une volonté commune de deux présidents d’aller de l’avant : coopérations culturelles,
assoupissement de l’embargo… ce rapprochement sera toutefois condamné officiellement par le guide suprême iranien l’Ayatollah Ali Khamenei qui déclare en 1999 que : « la reprise des pourparlers avec l’Amérique à ce stade du rétablissement des relations bilatérales est un irrespect et une trahison envers la nation iranienne ». Cette position de l’homme le plus important de la nation iranienne, sonna le glas aux espoirs de la normalisation des relations. L’arrivée au pouvoir de Georges W. BUSH en 2001 ira également dans ce sens ; il apparait même comme peu désireux d’aider le mouvement réformiste iranien, persuadé d’avoir affaire à des loups déguisés en agneau[43].
Les événements du 11 septembre 2001 changeront toutes
la diplomatie. Washington et Téhéran en viendront même à coopérer dans le sens d’intérêt parallèle s’agissant de l’Afghanistan : lutte contre le terrorisme sunnite et le fondamentalisme, lutte contre le trafic de drogue, soutien de longue date de deux pays à l’alliance nord du feu commandant MASSOUD… S’ensuit alors une phase de dialogue et de coopération importante ; on voit même à ce moment, les EtatsUnis utiliser le territoire iranien pour des opérations de ravitaillement. Cependant, après cette courte phase positive dans les relations américano-iraniennes, s’en suivra une nouvelle politique de Washington au Moyen-Orient, partant du principe que les Etats-Unis passent par une région pacifiée et débarrassée des régimes autocratiques. C’est ainsi qu’en 2002, Georges W. BUSH exprime cette nouvelle doctrine en plaçant l’Iran au même titre que l’Irak et la Corée du Nord, dans ce qu’il désigne comme étant « l’axe du mal ». L’année suivante Washington obtient des informations sur le programme nucléaire qui ne viserait pas simplement l’idée de développer du nucléaire civil mais également militaire. Les USA dénoncent alors une violation par l’Iran des normes internationales relatives à l’acquisition des armes nucléaires. L’Iran comprend alors que cet enjeu du nucléaire peut rapidement devenir une carte importante dans son jeu diplomatique.
Les pays européens, eux, tentent d’arriver à un dialogue
entre l’Iran et les USA qui, après la chute du régime de Saddam HUSSEIN, perçoivent cette étape comme un marchepied vers une transformation fondamentale de toute la région. L’élection d’Ahmadinejad en 2005 confirme de part et d’autre les relations conflictuelles entre les deux nations. L’année suivante, les Etats-Unis débloquent un budget de 75 millions de dollars destiné à promouvoir la démocratie en Iran, soutien à peine masqué l’opposition iranienne. Dans le même temps, l’Amérique s’annonce prête à des négociations sur le dossier du nucléaire iranien, à la condition sine qua non de l’arrêt du programme en cours de celui-ci, Téhéran refuse catégoriquement cette condition, ce qui amène des sanctions économiques et diplomatiques successives votées à l’ONU contre l’Iran[44].
L’arrivée de Barack OBAMA à la maison blanche en 2008 marque le début d’une volonté de dialogue dans le giron américain, volonté qui prend fin l’année suivante avec la réélection contestée d’Ahmadinejad. La politique d’OBAMA vis-à-vis de la République Islamique redevient similaire à celle de Georges BUSH. En 2010, les USA parviennent à faire voter un élargissement des sanctions sur l’Iran à l’ONU avec l’aval de Moscou et de Pékin et ce, malgré une tentative de dernière minute de la diplomatie iranienne s’appuyant sur la Turquie et le Brésil. Les conséquences pour l’Iran sont une chute importante de son commerce avec les pays occidentaux, handicap supplémentaire au développement de son économie.
§3 NATURE DES RELATIONS ACTUELLES
De nos jours, les relations entre Washington et Téhéran
vont au rythme de sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés à l’encontre de la République Islamique. Cette république qui connait une instabilité croissante au niveau interne, la reprise en main du pouvoir par les Mollahs au détriment d’Ahmadinejad et la contestation grandissante allant dans ce sens. Toutefois, il est
important de noter que ces sanctions successives fédèrent la nation iranienne sur au moins un point : l’unité nationale autour de la République Islamique, unissant les ultra-conservateurs religieux de Khamenei, les nationaux populistes conservateurs de ROHANI et les réformistes.
La question du programme nucléaire se situe au cœur
des relations entre les deux pays. Pour Téhéran, il s’agit d’une arme à doubletranchant permettant de monnayer le développement de son programme et l’exposant en contrepartie à des sanctions internationales condamnant son obstination. L’acquisition de l’arme nucléaire, si elle pouvait être échangée par un assouplissement des relations diplomatiques, économiques et commerciales avec la communauté internationale en général, et les Etats-Unis en particulier, reste une option importante dans la protection de la souveraineté iranienne et à la survie de son régime. En effet, l’acquisition d’une telle arme aurait une portée hautement dissuasive et permettrait d’empêcher une invasion occidentale sur son territoire. La chute de la Jamahira libyenne du Mouhammar KADHAFI, qui avait renoncé à cette arme en est d’ailleurs un récent exemple ; Téhéran n’a que peu d’intérêt à abandonner son programme nucléaire même si ce dernier handicape lourdement son économie[45].
SECTION II. LA POLITIQUE IRANIENNE DES ETATS-UNIS
§1 LE CARACTERE POTENTIELLEMENT DANGEREUX DU REGIME IRANIEN
Depuis 1984, les Etats-Unis ont placé l’Iran sur la liste
des Etats qui soutiennent le terrorisme. Cette accusation a été maintes fois répétée depuis lors, notamment en 2002 lorsque les services secrets israéliens interceptent le navire « Karine A », transportant des armes à destination des groupes palestiniens. Les Etats-Unis et l’Israël en connivence accusent alors de concert l’Iran d’avoir tenté de fournir des armes à des terroristes tandis que Téhéran
dénonce une manipulation des Israéliens. Le soutien de Téhéran au Hezbollah, avec lequel, il partage la même religion, le Chiisme, et un ennemi commun, l’Israël, a également été l’occasion pour Washington de lancer des accusations de soutien au terrorisme. De même, à la suite du 11 septembre 2001, alors que les deux pays avaient coopéré lors de la guerre en Afghanistan, les Etats-Unis ont de nouveau accusé l’Iran de soutien actif au terrorisme en hébergeant des chefs d’Al-Qaeda.
L’Iran est donc une cible de choix pour l’administration américaine qui a fait de la lutte contre le terrorisme international son principal cheval de bataille en matière de politique étrangère[46].
Le programme nucléaire iranien est la deuxième
principale raison de l’inquiétude américaine à l’encontre de la République Islamique. Alors que cette dernière affirme qu’il ne s’agit que de développer des centrales nucléaires civiles, Washington l’accuse de vouloir accéder à l’arme nucléaire. Un Iran doté d’une pareille arme est une source d’inquiétude importante pour l’Amérique car elle ferait de ce pays une force hostile qui renforcerait considérablement sa position au Moyen-Orient menaçant directement les forces militaires américaines dans la région ainsi que l’ailier israélien. De plus, il deviendrait alors dangereux pour les Etats-Unis de lancer une guerre préventive contre un Iran doté de l’arme nucléaire.
Le conseil des Affaires étrangères américaines expliquait
d’ailleurs dans un rapport de juillet 2004 que les ambitions nucléaires de l’Iran sont liées d’une part à la réflexion de ce pays contre les dangers potentiels qui le menacent, et d’autre part à la réflexion qu’une capacité nucléaire s’avèrera utile pour la dissuasion[47] .
La volonté d’acquérir ce type d’arme ne serait donc pas
principalement dictée par des volontés idéologiques mais bien politiques. En effet, l’Iran se trouve dans une région où d’autres pays ont déjà accès à ce type d’armes (Israël, Pakistan, Inde). La détention de l’arme nucléaire permettrait à l’Iran d’accéder à une nouvelle forme de respect ou de crainte de la part de la communauté internationale qu’il assurerait davantage contre le risque d’une attaque occidentale ou d’une volonté extérieure du changement de régime politique[48].
Cette accusation de vouloir développer des armes de
destruction massive, non seulement de type nucléaire mais également de nature chimique et biologique, constitue depuis 2002 le principal enjeu des relations qu’entretiennent les Etats-Unis avec l’Iran, bien que ce dernier ait ratifier le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, les administration BUSH et OBAMA ont toutes deux affirmé que l’Iran dissimulé ses véritables intentions en la matière ; cette accusation se base d’une part sur les réserves importantes de Gaz et de Pétrole dont jouit l’Iran, rendant le développement du nucléaire civil superfétatoire aux yeux des américains, et d’autre part sur le soutien au terrorisme dont l’Iran ferait part qui le mènerait à se doter de l’arme atomique afin d’en faire profiter à ses alliés liés des organisations terroristes ennemies de Washington. De plus, l’acquisition de ce type d’armes encouragerait certains voisins de l’Iran comme la Turquie ou l’Arabie-Saoudite à s’équiper également sur le terrain des armes nucléaires, pouvant alors créer une course à un tel armement dans la région. De son côté, l’Iran se défend de vouloir accéder à l’arme atomique en mettant en avant plusieurs arguments : sa ratification du traité de non-prolifération des armes nucléaires, sa participation active à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, la visite
d’inspection de l’AIEA dans les installations iraniennes et enfin la condamnation de ce type d’armes par l’Ayatollah Khomenei les jugeant contraires à l’Islam[49].
§2 LA SECURITE DU MOYEN-ORIENT ET LA CONCURRENCE ENTRE WASHINGTON ET TEHERAN DANS LA REGION
Depuis des décennies, les Etats-Unis entretiennent des
relations fortes avec Israël, se déclinant de différentes manières : aide économique, coopération militaire, appui stratégique, diplomatie pro-sioniste… Washington perçoit en effet l’Etat hébreu comme une base arrière au Moyen-Orient et comme son principal allié de la région ; c’est notamment, ce pourquoi il a toujours soutenu Israël dans ses conflits ses voisins (Liban, Egypte et Syrie notamment) ou dans sa politique envers les palestiniens.
Les Etats-Unis affirment cependant leur volonté de
trouver la paix entre Israël et Palestine via une solution entre l’Etat israélien et l’autorité palestinienne ; un plan de sortie de crise leur a été d’ailleurs proposé le 29 janvier 2020 par le président américain Donald TRUMP de ce qu’il est convenu de parapher selon lui « un accord historique » pour que le peuple palestinien trouve la porte à une souveraineté internationale. Cet accord sera vite rejeté du côté palestinien.
Ce faisant, les Etats-Unis fustigent régulièrement
l’attitude de l’Iran dans le dossier opposant son protégé Israël au groupe palestinien qu’ils jugent contre-productive et menaçante pour la paix et la coexistence pacifique de deux nations. Les Etats-Unis accusent en effet Téhéran de soutenir le
mouvement islamiste palestinien HAMAS[50] et Jihad Islamique[51] ainsi que le Hezbollah libanais.[52] Ceux-ci sont qualifiés des terroristes par Washington étant donné qu’ils disposent d’organisations armées luttant contre l’existence d’Israël et ciblant parfois des civils (Ce qui n’est plus vrai dans de le cas de Hezbollah depuis la fin des années 1980).
L’alliance inter-chiite entre Téhéran et le Hezbollah est
d’ailleurs perçue comme une ingérence iranienne dans les affaires libanaises, les Usa accusant le Hezbollah d’être instrumentalisé par l’Iran en vue de nuire aux intérêts américano-israéliens (Voir occidentaux en général) de même qu’à la sécurité de l’Etat Hébreu. Washington a par ailleurs accusé le Hezbollah d’activités secrètes en Egypte avec des possibles visés terroristes dans le but de déstabiliser l’Egypte et de réduire son rôle dans le dossier Israélo-palestinien. De plus Washington condamne fermement l’hostilité affiché par le régime iranien notamment par le président ROHANI envers les Etats Hébreux ; Il fustige enfin le soutien iranien aux groupes palestiniens installés en Jordanie dans un dessein de déstabilisation de ce pays allié des américains. La sécurité d’Israël et dons des américains dans cette région constitue par conséquent la principale pierre d’achoppement des relations américano-iraniennes dans la région.[53]
Les Etats-Unis dénoncent également le rôle qu’ils
considèrent comme néfaste de Téhéran dans d’autres pays de la région. Ainsi bien que la doctrine officielle de l’Iran soit de préserver la stabilité dans l’Irak voisin, notamment afin d’éviter toute dépendance de parties sunnites et Kurdes de l’Iran de l’ouest[54] ; Washington l’accuse au contraire de vouloir propager son model politique religieux et révolutionnaire dans un pays où 60% de la population est de confession Shiite ; il dénonce également l’ingérence iranienne dans la politique intérieure irakienne en vue de créer un chaos peu propice à l’influence américaine dans l’Irak post Saddam HUSSEIN.
Les Etats-Unis craignent également le soutien de Téhéran
aux communautés Shiites de la péninsule arabique, notamment en Arabie-saoudite qui est un allié important pour Washington. Cette volonté de déstabilisation de pétromonarchies Sunnites alliées aux Etats-Unis n’est seulement visible en Arabiesaoudite mais également au Bahreïn, où 70% de la population est Shiite, qui abrite une importante base militaire. Lors du « Printemps arabe » une bonne partie des chiites du Bahreïn se sont levés contre le roi du Bahreïn avant d’être réprimés avec notamment le soutien de l’Arabie-saoudite. Au Yémen également, les Etats-Unis fustigent le soutien iranien aux Zaydites du nord du pays, dans le but présumé de les aider à former un Etat indépendant.
§3 L’INFLUENCE DE TEHERAN EN DEHORS DU MOYEN ORIENT.
Les Etats-Unis incriminent Téhéran de la création des
supposées bases militaires iraniennes dans des pays africains comme le Soudan et la Somalie. L’Iran se servirait de ces bases afin d’en faire des camps d’entrainements pour le Hamas et le Jihad Islamique palestinien, des groupes radicaux shiites irakiens…avec le soutien d’instructeurs iraniens. De même Washington impute également à la république islamique son soutien supposé à
certains groupes liés à Al-Qaeda en Afghanistan et le fait d’abriter certains chefs.
De son côté, l’Iran réfute ces accusations en rappelant son soutien à la coalition internationale qui a renversé les talibans en 2001[55].
L’Iran joue également un rôle néfaste dans le monde
notamment en s’alliant à des pays montrant une forte animosité envers les USA, à l’instar du Venezuela de Nicolas MADURO, ce dernier a d’ailleurs applaudi la réélection de ROHANI en 2017, voyant dans l’Iran, un partenaire sérieux de lutte contre l’impérialisme américain. De son côté, le régime Iranien, même s’il se fonde sur la vision d’un Etat islamiste, n’en oublie pas pour autant son caractère révolutionnaire et social, débouchant sur la lutte contre les Etats-Unis au moyen orient et d’ailleurs dans le monde. C’est ainsi que certains voient en lui le nouveau leader de la lutte contre « l’Empire américain » allié à l’Israël.65
Enfin, il convient de noter que l’action la bourse iranienne
du pétrole, qui a ouvert ses portes en 2008 et qui permet que les transactions s’y effectuent en Euro plutôt qu’en dollars qui est cependant la monnaie d’échange traditionnelle pour ce type de transaction. Il en résulte logiquement une crainte de gouvernement américain de voir une autre monnaie servir de référence pour la fixation des prix du pétrole.[56]
SECTION III LES MOYENS D’ACTION DE LA POLITIQUE IRANIENNE DES ETATS-UNIS
Afin de contrer l’influence iranienne au moyen orient et
dans le monde, les Etats-Unis déploient différents champs d’action pour limiter la sphère d’influence iranienne dans un premier et espérer établir, in fine, un
changement de régime dans le pays. Ces différents moyens d’actions mélangeant, depuis la révolution iranienne de 1979 entre le hard et le soft power.
§1 LES QUESTIONS DE LA DEMOCRATIE ET DES DROITS DE L’HOMME
La défense de la démocratie et des droits de l’homme a
toujours été, dans le chef de la diplomatie américaine, une donnée fondamentale, qu’elle soit exprimée sincèrement ou comme un instrument d’ingérence dans les affaires d’un pays. Cette volonté provient notamment du concept « destinée manifeste » qui donne aux Etats-Unis un rôle d’avant plan dans la défense et la promotion des idéaux de la démocratie, le libéralisme économique et des droits de l’homme.
Depuis 1993, le département d’Etat américain publie
chaque année un rapport sur la situation des droits de l’homme en Iran. Régulièrement, l’Iran y est accusé de tortures, des pressions sur les minorités religieuses, des discriminations à l’égard des femmes, des limitations sévères des libertés individuelles, des persécution des opposants politiques… les Etats-Unis entendent aussi se poser en défenseur du peuple iranien contre un régime autoritaire, islamiste et liberticide[57].
§2 LES SANCTIONS ECONOMIQUES.
Afin d’essayer de faire infléchir la politique iranienne à
leur encontre, les USA prennent régulièrement des sanctions économiques à l’égard du régime de Téhéran. Il s’agit tout d’abord d’étouffer l’économie iranienne en la boycottant mais également en incitant les alliés traditionnels des USA-Union Européenne et Japon notamment à faire de même.
Dans un second temps, il est important pour Washington
d’empêcher les investissements étrangers afin que d’autres ne puissent bénéficier d’un marché que les Etats-Unis s’interdisent de facto[58].
Rouhollah MOVAHHEDI, docteur en science politique
de l’université de Caen-Basse-Normandie, établit la liste des sanctions économiques suivantes exercées par les Etats-Unis à l’encontre de l’Iran : blocage de tous les biens et propiétés de l’Iran en Amérique , blocage des comptes bancaires de l’Iran en Amérique, interdiction d’importer la plupart des marchandises et services de l’Iran vers les Etats-Unis, interdiction d’exporter ou de réexporter la majorité des marchandises et service américain vers l’Iran…, imposition des sanctions lourdes aux entreprises américaines investissant dans l’industrie du pétrole iranien par les entreprises américaines, tentative de limiter l’accès à l’Iran aux prêts et subventions internationales, tentative d’obstruction à la conclusion des contrats commerciaux entre l’Iran et d’autres pays, soutenir les concurrents économiques de l’Iran…, démarches pour diminuer la position de l’Iran au sein des institutions internationales de l’assurance, utilisation de tous les moyens politiques, économiques, juridiques et sécuritaires pour encourager divers pays à ne pas approfondir leurs relations économiques avec l’Iran et à suivre la politique américaine de pression économique contre l’Iran, imposition des sanctions unilatérales contre les entreprises iraniennes et non-iraniennes participant au programme nucléaire iranien et déploiement d’efforts pour approuver les sanctions économiques, technologiques, bancaires, et financières au conseil de sécurité des nations unies contre l’Iran[59].
Ces pressions économiques ont pour but officiel d’inciter
l’Iran à un changement d’attitude vis-à-vis des dossiers dans lesquels il est en désaccord avec les Etats-Unis mais également, à terme, d’espérer une exaspération
de la population iranienne (et de sa bourgeoise marchande et industrielle en particulier) telle que puisse dès lors subvenir un changement de régime. Cependant, les pressions économiques, si elles minent effectivement l’économie de l’Iran, n’ont qu’un effet limité sur le régime des Mollahs qui prouve chaque jour qu’il peut asseoir son autorité dans le pays malgré ces entraves extérieures à son développement économique. De plus, afin d’être efficaces, ces sanctions américaines ne peuvent se contenter d’être unilatérales mais se doivent au contraire d’être suivies par d’autres grandes puissances telles la Russie, la Chine ou l’Union Européenne qui n’est toujours pas le cas.
§3 L’ISOLEMENT INTERNATIONAL ET REGIONAL
L’une des tactiques américaines afin de contrer
l’influence iranienne qui reste très importante au Moyen-Orient, est d’isoler Téhéran de ses voisins en montrant les contradictions d’intérêts entre eux et la nation iranienne. Ce faisant, les Etats-Unis attisent les tensions entre l’Iran et les pays arabes, mais aussi les pays du Caucase ainsi que le Pakistan et l’Afghanistan.
Concernant les pays arabes, Washington s’efforce de
mettre en exergue ce qu’il estime être de l’ingérence de l’Iran dans différents pays ; cela peut se traduire notamment par un soutien plus ou moins actif aux minorités Chiites dans le cas des pays de la péninsule arabique. Concernant d’ailleurs le
Bahreïn à minorité Sunnite, l’Iran se voit soupçonné de visées expansionnistes tendant à faire de cet Etat indépendant un territoire iranien. Il peut également s’agir d’agissement que Washington estime contre-productif comme dans le cas du dossier Israélo-palestinien ou du soutien au Hezbollah libanais, l’appui iranien aux
Shiites d’Irak est également dénoncé comme une volonté de briser la souveraineté de ce pays afin de rapprocher cette partie de Téhéran.
Au Caucase, les USA insistent également sur les soi-
disant volonté de grignotage de territoire par les iraniens désireux d’annexer l’Azerbaïdjan. De plus, ils tenteraient de court-circuiter le rapprochement des pays du Caucase[60].
Enfin, les Etats-Unis mettent aussi en avant le caractère
potentiellement dangereux de la République Islamique, que ce soit via son soutien à des organisations que Washington juge terroristes, sécessionnistes ou haineuses.
De plus, le programme nucléaire iranien est également une source d’inquiétude pour les voisins directs de l’Iran, peu désireux de vivre à proximité d’une nation détenant l’arme atomique et craignant l’escalade de la course aux armements que cela engendrerait.
§4 L’ENCERCLEMENT MILITAIRE
A partir des années 2000, les Etats-Unis vont
entreprendre une politique d’encerclement militaire systématique de la République iranienne. En effet, aujourd’hui est littéralement entourée des bases militaires américaines. On en trouve à l’Ouest en Turquie, en Irak et au Koweït ; au Sud en Arabie-saoudite, aux Emirats Arabes Unis et à Oman ; à l’Est au Pakistan et en Afghanistan ; et plus loin, au Nord-Est au Tadjikistan, en Ouzbékistan et au Kirghizistan. En tout, près de 40 bases militaires américaines se trouvent à proximité du territoire iranien, prêtes à être utilisées en cas de conflits armés, ce qui constitue une crainte majeure pour le gouvernement iranien.
Il faut rappeler l’importance stratégique du territoire
iranien, qui lui donne un accès direct à la mer Caspienne, au golfe persique, ainsi qu’à l’Océan Indien. La mer caspienne est de fait un réservoir important du pétrole et du Gaz au-delà, au-delà de la profondeur stratégique qu’offre son accès.
Si l’accès à la mer caspienne revêt une importance
stratégique, celui du Golfe persique en général et du détroit d’Ormuz en particulier, se révèle encore bien plus important. Il s’agit en effet d’une zone par laquelle
transite 40% du commerce pétrolier en provenance du Proche-Orient. En effet, près de 2500 pétroliers passent annuellement par ce passage étroit de 3 kilomètres situés dans les eaux omanaises et iraniennes, ce qui représente 6 millions de barils de pétrole par jour. L’Iran a donc la capacité, dans le cas où il se sentirait menacer ou sanctionner injustement de fermer le détroit d’Ormuz, ce qui équivaudrait à amputer durablement l’approvisionnement de nombreux pays dont les Etats-Unis.
C’est la raison pour laquelle de nombreux analystes américains insistent sur l’importance du détroit d’Ormuz et sur la nécessité d’y maintenir une présence navale et aérienne afin de dissuader toute action iranienne violente ou non et d’y maintenir le commerce du pétrole[61].
CHAP III LES RELATIONS AMERICANO-IRANIENNES SOUS L’ANGLE DE LA POLITIQUE DE WASHINGTON AU MOYEN ORIENT.
Si l’on peut avoir une vue panoramique des relations
entre Washington et Téhéran et également percevoir la politique américaine envers la république islamique d’Iran, ce n’est pas pour autant que la stratégie est uniforme et que les options choisies jusqu’ici font l’unanimité. Ainsi il existe différents points de vue sur la politique à mener par rapport à l’Iran, de même que de nombreux lobbys ou groupe de pression qui influent ou tentent d’influer sur cette politique.
Perçu de cette manière, ce chapitre tentera d’amorcer les
relations américano-iraniennes sous différentes administrations américaines qui sont passées et celle présente et analysera dans cette même optique les différentes approches envers l’Iran.
SECTION I LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN ORIENT
§1 SOUS LA PRESIDENCE DE GEORGES BUSH JUNIOR
Le 29 janvier 2002 soit quatre mois après les attentats du 11 septembre, le président américain Georges BUSH prononce son discours sur
« l’axe du mal »[62] décrivant l’Iran , avec la Corée du nord et l’Irak, comme un « axe du mal » et avertissant que la prolifération des missiles à longue portée développés par ces pays constituaient du terrorisme et menaçaient les Etats-Unis. Le discours provoque l’indignation en Iran et est condamné par les réformistes et les conservateurs.
Depuis 2003 les Etats-Unis lancent des drones depuis
l’Irak pour survoler l’Iran et obtenir des informations sur son programme nucléaire
lesquelles informations se sont avérées peu nombreuses. Le gouvernement iranien a protesté formellement contre ces incursions[63].
Depuis cette même période, les Etats-Unis vont accuser
régulièrement l’Iran de développer un programme nucléaire ; l’Iran à son tour soutiendra que ce programme ne vise qu’à produire de l’électricité, l’Iran et les Etats-Unis sont parties prenantes du traité de non-prolifération(TNP). Selon un protocole additionnel du TNP que l’Iran avait accepté les inspections des sites industriels nucléaires sensibles par l’AIEA sont organisées. Ce contrôle n’empêche pas une aggravation des tensions entre les deux pays.
En juin 2005 le secrétaire d’Etat américain
CONDOLEEZZA RICE déclarera que le directeur de l’AIEA Mohammed EL-
BARADEI devrait durcir sa position face à l’Iran sinon il ne pourrait plus obtenir un troisième mandat comme directeur de l’AIEA[64].
Le 8 mars 2006 l’ambassadeur américain à l’AIEA Greg SCHULTE, avance que l’Iran disposait de 85 tonnes d’uranium stocké pour l’enrichissement, soit assez pour 10 bombes nucléaires ajoutant qu’il était temps que le conseil de sécurité agisse. Des nombreuses déclarations des dirigeants de part et d’autre vont aggraver les relations entre le Grand-Satan d’une part et l’Etat voyou d’autre part.
§2 SOUS LA PRESIDENCE DE BARACK OBAMA
Les contacts secrets ont lieu dans le sultanat d’Oman
entre des émissaires américains et iraniens. L’initiative a reçu la bénédiction du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Malgré sa brillante rhétorique anti américaine, ce dernier est un stratège hors pair. Il s’est parfaitement ce qu’est une ébauche de réconciliation avec le « Grand Satan » peut apporter à son pays,
étranglé par des sanctions mais surtout ce que l’Iran, oasis de stabilité dans un moyen orient à feu et à sang, de la Méditerranée au Pakistan peut apporter aux
Etats-Unis, qui s’apprête à quitter l’Afghanistan comme ils ont quitté l’Irak. Il sait aussi combien ce rapprochement avec Washington va déstabiliser ses deux ennemis régionaux : Israël et Arabie-Saoudite.
Trois mois plus tard, des électeurs iraniens donnent au
guide suprême ce qui lui manquait pour permettre un retour à l’Iran sur la scène internationale : un président présentable Hassan ROHANI, élu au premier tour le 14 juin 2013. Ce dernier va s’entretenir immédiatement d’un ministre des affaires étrangères ayant passé de temps aux Etats-Unis qu’en Iran, Mohamad JAVAD ZARIF et intensifie les contacts secrets avec la maison blanche pour relancer les négociations nucléaires ; celles-ci impliquaient les cinq membres du Conseil de sécurité des nations unies plus l’Allemagne, mais ressemblent à un tango Iranoaméricain.
Fin Septembre Hassan ROHANI se rend à New-York
pour l’assemblée générale des Nations-Unies. Dans les coulisses, iraniens et américains ont presque finalisé un texte. Et le dernier jour, Hassan ROHANI se rend à New-York converse quinze minutes avec Barack Obama. Ce coup de fil tectonique sème la panique à Riyad et Tel Aviv, où l’on sent que l’équilibre géopolitique du moyen Orient est en train de basculer[65]. Ces relations aboutissent à l’accord international sur nucléaire iranien du 14 juillet 2015.
§3 SOUS LA PRESIDENCE DE DONALD TRUMP
Après son élection à la présidence des Etats-Unis, Donald TRUMP, contrairement à son prédécesseur Barack OBAMA qui avait tout fait pour améliorer les relations avec l’Iran, dénonce l’accord international sur le programme nucléaire iranien. Dès le début de sa présidence, il informe de son projet de remettre
en cause cet accord, affirmant qu’il est l’un des plus mauvais accords que les Etats-
Unis n’ont jamais signés[66]. Après avoir promis de démanteler l’accord en dépit des avis divergents des autres signataires et des protestations du gouvernement iranien soutenu par la Russie et la Chine, il annonce le mardi 8 mai 2018 son plan sur l’avenir de cet accord, la même date, Donald TRUMP annonce que les Etats-Unis quitte l’accord et qu’ils vont rétablir l’embargo économique. Malgré ce départ et la menace des sanctions économiques de la part des Etats-Unis envers les pays qui ne respecteraient l’embargo, les pays européens annoncent vouloir continuer à respecter l’accord.
Depuis le retrait américain de l’accord et le
rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, les tensions entre les deux pays ne cessent de monter.
A la suite de l’attaque non revendiquée d’un pétrolier
japonais, « le Kokuha courageous », dans le détroit d’Ormuz le 13 juin 2019, le président américain Donald TRUMP accuse l’Iran d’en être responsable[67]. Les tensions s’accumulent dans la région et l’armée américaine déploie un millier des soldats supplémentaires.
Le 20 juin, la télévision d’Etat iranienne annonce que
l’armée a abattu un drone américain au large de Kouh-é-mobarak près du port de Jask dans l’espace aérien iranien. Les autorités américaines confirment la perte de l’appareil tout en affirmant qu’il se trouvait en dehors du territoire ou de l’espace aérien iranien. Le soir même, à 19h30, le président Donald TRUMP ordonnera des frappes sur des sites militaires et stratégiques iraniens. Ces frappes auraient été annulées alors que les bombardiers US Air Force avaient déjà décollé.
Le 14 septembre 2019 des drones attaquent deux des plus
importants sites pétroliers d’Arabie Saoudite, initialement les rebelles Houthistes du Yémen, cibles de bombardement de l’aviation saoudienne depuis quatre ans, revendiquent cette action. Cependant, le département d’Etat américain penche pour une opération en provenance d’Irak et orchestrée par l’Iran. Donald TRUMP indique qu’il annoncerait des nouvelles sanctions contre Téhéran[68].
Le 1 janvier 2020, des irakiens pro-Iran attaquent
l’ambassade américaine de Bagdad poussant les autorités américaines à déployer 750 militaires supplémentaires en Irak. Dans la nuit du 2 janvier au 3 janvier 2020, les Etats-Unis répliquent en assassinant le numéro deux du régime iranien, le général Qassem SOLEIMANI ainsi que quatre autres personnes par des tirs de drone américain en Irak près de Bagdad. Suite à l’attaque, des appels à une vengeance contre les Etats-Unis se multiplient en Iran et en Irak. Le président
Iranien Hassan ROHANI promet une revanche contre l’Etat américain. Cette attaque commanditée par le président américain Donald TRUMP représente un tournant majeur pour toute la journée et les relations entre l’Iran et les Etats-Unis[69].
Le 4 janvier 2020, les forces iraniennes annoncent avoir
lancé des roquettes contre une base américaine située en Irak. Le pentagone annonce que trois milles à trois milles cinq cent soldats vont être déployés en Irak dans les prochaines heures en plus de 750 militaires déjà prévus après l’attaque contre l’ambassade américaine le 1 janvier ; par la suite des milices irakiennes proIran menacent de bombarder des bases américaines en Irak.
Le 5 janvier 2020, Donald TRUMP menace de
bombarder 52 sites très sensibles en Iran si des américains sont touchés par des attaques. Ce même jour, le ministre des Affaires Etrangères iraniennes, Mohammad Javad ZARIF annonce avoir porté plainte auprès du Conseil de Sécurité des
Nations Unies pour violation à la souveraineté de l’Irak. Dans la soirée du 5 janvier 2020, le régime iranien démande aux militaires Irakiens de s’éloigner d’au moins mille mètres des bases abritant des soldats américains faisant redouter au gouvernement américain une attaque imminente ; à 23h 5 heure locale, deux roquettes sont lancées près de l’ambassade américaine à Bagdad.
Dans la nuit du 7 janvier au 8 janvier 2020, l’Iran, décide
de lancer plusieurs missiles sur des bases américaines situées en Irak, en riposte à l’assassinat su général Qassem SOLEIMANI.
Le 8 janvier, peu après l’attaque de l’Iran contre les bases
américaines positionnées en Irak, un avion Boeing 737 reliant Téhéran à Kiev en
Ukraine s’écrase avec 176 personne à son bord dont de nombreux Iraniens et
Canadiens ; néanmoins l’Iran dénonce les tensions qu’ils estiment d’origine américaine comme étant un facteur ayant provoqué cette tragédie[70].
§.4 LES ETATS-UNIS ET AUTRES GRANDES PUISSANCES AU MOYEN ORIENT.
Le moyen Orient reste un point crucial tant dans l’agenda
américain que d’autres grandes puissances. Région importante aussi bien pour des raisons économiques que stratégiques. A l’heure actuelle, différents dossiers sont très importants comme : la stabilité de l’Irak, la question Kurde, la sécurité d’Israël et la paix avec la Palestine, l’avenir de la Syrie actuellement en état de guerre civile…
Ainsi les Etats-Unis sont assez présents au moyen orient,
ils ne sont pas la seule force présente dans la région. D’autres grandes puissances comme la chine et la Russie commencent également à y concurrencer les EtatsUnis et à développer leurs propres stratégies pour le moyen orient en général et pour l’Iran en particulier.
La Chine, depuis les années 1990 commence à avoir de
plus en plus d’intérêts au moyen orient notamment le pétrole qu’elle importe de plus en plus afin de combler le besoin de son économie en pleine croissance. Dans la région, la chine tend en fait à concurrencer les USA sans pour autant entrer en confrontation directe avec eux. L’intérêt est donc triple : avoir du pétrole, offrir des nouveaux débouchés pour son industrie et contester la puissance américaine dans cette partie du globe. Pékin applique notamment ses objectifs à l’Iran, riche en réserve de pétrole et de gaz et qui offre, de plus, l’avantage d’avoir un marché intérieur presque totalement vide des produits étrangers depuis sa mise sous embargo par les pays occidentaux. L’Iran s’est également trouvé, en la république populaire de chine, un allié sur la scène internationale pour s’opposer aux sanctions des occidentaux.
Pour la chine, l’Iran permet d’avoir un partenaire pour
contrecarrer la puissance américaine dans la région. De plus, l’influence Iranienne pèse sur la Syrie qui, elle-même pèse sur le Hezbollah. Or, Téhéran, Damas et la coalition libanaise autour du Hezbollah sont les trois forces s’opposant aux EtatsUnis dans la région. L’intérêt de l’Iran pour la Chine est le même que la Corée du nord : soutenir l’Etat tampon dont le rôle est d’éviter l’encerclement de la chine et d’engager les américains et leurs alliés dans une fuite en avant ruineuse permettant à Pékin de placer ses pions au moyen orient[71].
Autre concurrent direct dans la région : la fédération de Russie. Après avoir perdu la plupart des soutiens dans les pays musulmans, constitués pour beaucoup des nationalistes arabes, la Russie s’accroche aujourd’hui à la Syrie afin de maintenir un pied au moyen orient et de garder au moins un pas dans son giron. C’est pourquoi la diplomatie russe s’oppose actuellement au départ de Bashar Al-Assad du pouvoir. Concernant l’Iran, la Russie de poutine a toujours considéré l’Iran comme un partenaire de dialogue au moyen orient, capable de
s’opposer aux États-Unis. Elle s’oppose aux sanctions unilatérales des USA et accorde une grande importance à la protection de la souveraineté de la nation iranienne. Ce faisant, Moscou a notamment bloqué de nombreuses résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, a collaboré à la construction de la centrale nucléaire de Bushehr et a signé plusieurs contrats de ventes d’armes avec Téhéran. Cependant les arrivées conjointes de Dimitri MEDVEDEV et de Barack OBAMA en 2008 ont permis l’arrivée d’une nouvelle ère de dialogue entre Moscou et Washington. La politique russe envers l’Iran s’en trouve dès lors quelque peu modifiée. Moscou se donne alors l’image d’un pays capable de dialoguer et de faire preuve de conciliation, ainsi que d’acteur géopolitique respectueux des institutions internationales et du droit international[72].
SECTION II LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA POLTIQUE AMERICAINES ENVERS L’IRAN
§.1 LES PARTISANS DE LA GUERRE.
L’option d’une guerre préventive contre l’Iran est ainsi
préférée par certaines catégories des décideurs américains. Elle préconise en effet une attitude violente vis-à-vis d’une nation considérée comme hostile, encourageant le terrorisme et voulant nuire aux intérêts américains, israéliens ainsi qu’à la paix au moyen orient et dans le monde. Le programme nucléaire iranien constitue dès lors la justification principale de cette volonté belliciste car pour les partisans de la guerre, c’est là la preuve claire que l’Iran est un pays dangereux qu’il s’agit hors d’Etat de nuire. Après la chute de l’Irak Baasiste de Saddam HUSSEIN, les partisans de la guerre préventive croient déceler l’amorce de la chute des régimes dictatoriaux de la région et l’ouverture de la voie de la démocratie et du libéralisme moral et économique au moyen orient.
Les partisans de cette vision agressive des relations avec
l’Iran sont les néo-conservateurs américains[73]. Ce groupe d’intellectuels ayant massivement influencé la politique étrangère sous la présidence de Georges BUSH, perçoit le monde comme unipolaire sous domination de l’Amérique, laquelle doit se battre pour imposer les idéaux de démocratie et de liberté civile sociale et économique. Lors de la chute du bloc soviétique, les néo-conservateurs désignent l’islam politique comme remplaçant la menace communiste. L’Iran, régime islamique avec une théorie révolutionnaire exportatrice devient donc une de leurs principales cibles. Convaincus tous deux de la doctrine de la « Destinée manifeste » et de la « fin de l’histoire », néo-conservateurs et conservateurs unissent leur vision d’une imposition des valeurs américaines partout dans le monde. En effet, bien qu’ils croient en une application planétaire des principes libéraux et capitalistes, ils pensent néanmoins qu’il convient d’accélérer le développement normal des choses.
Dans le cas de la république islamique d’Iran, par une guerre frontale et donc une imposition par la force de leurs idéaux. Chez de nombreux conservateurs, il subsiste également une crainte ancienne de l’Iran qui remonte au début de la république islamique et notamment des actes de terrorisme auxquels elle a participé à ses débuts. Certains députés du congrès agisse ainsi contre l’Iran de manière plus sentimentale ou électoraliste, plutôt qu’à partir d’éléments ou dans la liste rationnelles[74].
Dans les partisans de la guerre avec l’Iran, il faut compter
aussi le puissant lobby israélien aux Etats-Unis. Celui-ci regroupe des Juifs américains proche de la droite israélienne ainsi que des chrétiens défenseurs de la politique israélienne. Ces derniers sont soit des conservateurs ou des néoconservateurs qui défendent Israël en tant qu’allié stratégique ou comme pays
partageant les valeurs communes avec les Etats-Unis, soit en tant que promesse eschatologique. En effet, selon certains groupes évangéliques le rétablissement des juifs en terre sainte annoncerait le retour de Jésus Christ sur terre. Ces lobbys, agissent à travers plusieurs organisations et exerçant une influence certaine sur de nombreux sénateurs ou membres du congrès, réclamant une politique ferme, si ce n’est le déclenchement d’une guerre préventive des USA à l’égard de l’Iran qu’ils jugent menaçant pour la sécurité de l’Etat hébreu et de ses citoyens. Ces lobbys insistent sur le caractère dangereux de la République Islamique d’Iran, tout en mettant des analystes qui se placent davantage du point de vue d’Israël que celui des Etats-Unis. Il faut cependant noter que 60% des juifs américains se prononcent en faveur d’un assouplissement de la politique étrangère israélienne vis-à-vis des
palestiniens et de l’ensemble de ses voisins musulmans.
Bien que pesant sur les administrations BUSH et OBAMA, aucune de ces deux ci n’a jamais privilégié la position des partisans de la guerre avec la République Islamique d’Iran. Sans doute la riposte couterait-elle trop cher en terme des soldats et de financement, sans compter le risque d’enlisement du conflit mais avec l’administration Trump on a l’impression que ce courant a repris la main sur les autres.
§2 LES ADEPTES DU CHANGEMENT PACIFIQUE
Les adeptes du changement pacifique, bien que
partageant le même but que les partisans de la guerre, diffèrent des premiers par la méthode pour arriver à cette même fin. Ils préconisent plutôt une solution qui s’appuie sur les contradictions et problèmes inhérents à la République Islamique d’Iran dans le but d’amener la population iranienne à se révolter contre le pouvoir en place. De cette manière, les Etats-Unis prennent l’image d’un pays soutenant un peuple opprimé sans pour autant lui imposer sa volonté et ses valeurs par la force. Cette manière de voir les choses a été théorisée par Abbas MILANI, Larry
DIAMOND et Michael MCFAUL de l’institut HOOVER dans un rapport intitulé « A new strategy to deal with Iran ». Ils expliquent ainsi qu’une nouvelle approche vis-à-vis de l’Iran nécessite une stratégie à court terme afin de retarder la production d’une bombe nucléaire par ce pays, et une stratégie à long terme pour accélérer le changement de régime iranien ; c’est parce qu’à long terme, il n’y a qu’un gouvernement démocratique qui pourrait éliminer les menaces causées de la part de l’Iran de mettre fin de façon permanente et justifiable, au programme nucléaire[75].
Différents moyens peuvent être mis en œuvre afin de
réussir cette politique : financement des groupes d’opposition, dialogue avec la société civile iranienne mis en place ou soutien des médias alternatifs à ceux du pouvoir mis en avant dans les médias américains et iraniens dissidents d’hommes importants opposés au régime.
C’est cette approche qui est davantage privilégiée à
l’heure où les Etats-Unis ne peuvent se permettre une guerre frontale contre l’Iran, tout en refusant un dialogue d’égal à égal. Cette stratégie a en effet, déjà porté ses fruits dans d’autres pays du monde en faisant choir un régime considéré comme ennemi des USA et en le renversant par sa base (Peuple), tout en étant aidé (Voire téléguider) par les hauts c’est-à-dire par certaines élites opposantes au précèdent pouvoir, alliées à Washington.
§3 LES IDEALISTES
La dernière approche constitue une vision non plus
belliqueuse ou conflictuelle des relations avec l’Iran mais plutôt une approche interactive de coopération avec ce pays ; les défenseurs de cette thèse, se basant sur les connaissances solides de la situation politique iranienne et de son univers géopolitique affirment que l’Iran tient une place prépondérante dans l’équilibre fragile du Moyen-Orient et qu’il convient d’entamer un dialogue constructif et
bilatéral afin de régler des questions comme le soutien de l’Iran à des organisations considérées comme terroristes aux Etats-Unis, son programme nucléaire, son ingérence dans les affaires intérieures de certains pays arabes, son respect insuffisant de la démocratie et des droits humains. Le but final est de faire de l’Iran un partenaire c’est-à-dire ni un allié, ni un ennemi afin de pouvoir exercer une forme de contrôle pacifique et respectueuse des activités iraniennes[76]
Les adeptes d’une politique idéaliste insistent sur le
danger d’entamer une guerre ouverte avec l’Iran étant donné les conséquences dramatiques qui peuvent en découler pour les intérêts américains mais également pour Israël, le peuple iranien, la paix et la stabilité de cette région du monde. De même, ils soulignent que, pour eux, un changement de régime téléguidé par les Etats-Unis comporte de grands risques, outre le caractère quelque peu sournois et peu glorieux de la manœuvre. En effet, l’opposition au régime de Téhéran est tout sauf uni, et comporte des partisans de la République Islamique (le clan de Rafsandjani), des libéraux, des communistes, des partisans de la lutte armée, des séparatistes. Le soutien à cette opposition, ou en tout cas à certaines de ses factions, n’offre aucune garantie quant au renversement du pouvoir en place.
Par ailleurs, il subsiste également le risque d’une
répression plus intense de l’opposition de la part d’un pouvoir qui se sentirait menacer. Les sanctions économiques sont également à proscrire étant donné qu’elles ne débouchent pas sur des progrès substantiels : elles auraient plutôt tendance à braquer les responsables iraniens. Ce faisant, les USA se privent volontairement de débouchés iraniens pour leur économie et leur commerce. Enfin, aucune de ces deux stratégies ne donne accès à des avancées significatives sur les dossiers iraniens, qui reste une source des problèmes conséquente pour les EtatsUnis et pour leurs intérêts géopolitiques87.
Ainsi parmi les idéalistes, outres des politiciens
traditionnels, on trouve surtout les principaux organismes chargés de la sécurité nationale des Etats-Unis à savoir le Conseil de sécurité nationale, la CIA et le département d’Etat. De nombreux instituts de recherche et spécialistes de l’Iran partagent également cette attitude mesurée et volontariste tels que le Council on Foreign Relations (CFR).
SECTION III. VERS UN DECLIN AMERICAIN AU MOYEN-ORIENT
Alors que la chute de l’Union soviétique et plus tard celle
des nationalistes arabes, ont permis aux Etats-Unis d’être la première grande puissance de la région, cette suprématie se trouve aujourd’hui remise en cause, d’une part par l’arrivée de la Chine et le retour de la Russie, d’autre par l’hostilité d’une ligue anti-américaine amenée par l’Iran et soutenue par la Syrie, le Hezbollah et le Hamas.
Téhéran résiste en effet aux pressions américaines ainsi
qu’aux diverses sanctions et menaces ; les efforts des Etats-Unis pour marginaliser son importance ne récoltent pas les résultats escomptés : l’Iran pèse toujours sur les affaires de nombreux pays au Moyen-Orient et entretiennent des relations diplomatiques avec de nombreux pays. De même, il s’accroche à des intentions belliqueuses envers Israël ainsi qu’à son programme nucléaire, malgré des injonctions de nombreux pays du monde.
Les Etats-Unis constatent leur impuissance dans le
dossier iranien et voient l’arrivée des nouvelles puissances dans la région. Face à cette situation, les Etats-Unis multiplient les initiatives visant à conserver leur pouvoir, voire l’augmenter à travers des méthodes de Hard Power (le soutien critique à la rébellion syrienne, les menaces continues à l’encontre de l’Iran) ou de Soft Power (le soutien à des groupes médias dissidents dans des pays ennemis, mise en avant de la démocratie, aide économique ou militaire ou économique aux alliés sur place).
La problématique de l’influence américaine au Moyen-
Orient pose en réalité la question plus large de l’importance des USA qui conservent par le moment leur statut de plus grande puissance mondiale (au niveau économique et militaire) toujours désireuse de garder son statut d’hégémon dans un monde qui est de plus en plus multipolaire. La montée en puissance de la Chine, le retour de la Russie, l’arrivée des puissances émergentes telles que l’Inde et le Brésil et l’encrage de plus en plus fort de puissances régionales (Turquie, Egypte,
Indonésie) annoncent la fin de l’hégémonie américaine, hégémonie que
Washington pensait éternelle lors de la chute de l’URSS. La « fin de l’histoire » n’aura donc probablement pas lieu mais, cela étant, les Etats-Unis continuent d’être actifs sur de nombreux terrains. Est-ce la preuve d’un acculement du pays ? En sommes, on pourrait résumer la situation des Etats-Unis dans le monde en affirmant que, si leur puissance ne faiblit pas, celle de ses concurrents, elle, augmente pourtant.
LES PERSPECTIVES
Dès à présent, la question de l’avenir des relations Irano-
américaines se pose. L’attitude de Washington envers Téhéran va-t-elle, et dit-elle, évoluer dans un sens ou dans un autre ? Il parait assez clairement que la situation actuelle est largement insatisfaisante pour les deux parties. Les Etats-Unis ne récoltent que peu de résultats en développant une stratégie globalement agressive envers l’Iran qui n’a dès lors cesser de se braquer sur ses positions.
En effet, ni les sanctions économiques, ni les menaces de
guerre, ni les aides à la déstabilisation du pouvoir iranien n’ont réussi à le faire vaciller. De même, les tentatives d’isoler l’Iran sur le plan régional s’avèrent également peu efficaces ; l’option d’une guerre préventive ou durable avec l’Iran semble non seulement immorale mais aussi dangereuse et peu profitable aux intérêts de deux pays, sans compter les conséquences désastreuses qu’une telle action pourrait entrainer sur la stabilité au Moyen-Orient, sur la paix mondiale, sur l’image des Etats-Unis dans le monde, la sécurité d’Israël et le respect du droit international.
L’idée de forcer un changement de régime en appuyant
massivement les forces d’opposition ou ce qui est considéré comme tel, parait également immoral et dangereux. En effet, cela révèlerait de l’ingérence directe dans les affaires intérieures d’un pays souverain cela pourrait amener une répression forte des autorités iraniennes sur l’opposition. Il faut aussi souligner la diversité extrême de cette opposition dont la majeure partie, le clan Rafsanjani ne se situe pas en dehors du cadre de la République Islamique. Une tentative de révolution de couleur qui serait pilotée par les Etats-Unis via l’appui d’une certaine frange de l’opposition, comporte non seulement le risque d’exposer cette opposition au pouvoir de Téhéran mais également d’apparaitre comme illégitime au peuple iranien, soucieux de sauvegarder son intégrité et sa souveraineté.
Il conviendrait donc qu’il y ait une normalisation des
relations entre les deux pays ; pour cela, c’est l’option réaliste et interactionniste qui apparait comme la plus efficace, la plus sûre et la plus légitime. C’est d’ailleurs ce qu’avait tenté Georges BUSH père il y a quelques années. Traiter l’Iran en pays souverain et entamer un dialogue d’égal à égal constitue une approche bien plus intelligente que traiter l’Iran en paria de la communauté internationale, faisant de facto de ce pays un ennemi pour les Etats-Unis aussi bien au Moyen-Orient que dans le monde. Cela implique donc de reconnaitre l’Iran comme une puissance régionale majeure et de la respecter en tant que telle. Une telle attitude de dialogue permettrait d’échapper à sa logique de « cavalier solitaire », bien qu’il ne soit pas vraiment isolé au Moyen-Orient, et d’avoir des répercussions positives sur la région via des liens qu’il développe avec la Syrien, l’Irak, le Liban, la Palestine ; une telle attitude permettrait également à l’Iran, une fois sorti d’une logique d’oppressé devant se préparer à une action violente contre son territoire et ses intérêts, d’évoluer positivement vers des valeurs de démocratie, de respect des droits humains, de dialogue et de consensus. Cela étant, il ne s’agirait pas dès lors pour Téhéran de copier des valeurs de libéralisme moral et économique propre à l’Amérique, mais bien d’aller vers la recherche de valeurs communes avec les Etats-Unis et la communauté mondiale.
Il s’agit en fait, pour les Etats-Unis de sortir d’une logique
manichéenne envers l’Iran. Peut-on en effet traiter un ennemi de dangereux conservateur anti-démocratique quand, dans la même partie du monde, on a pour des alliés des pétromonarchies islamistes peu soucieux des droits humains, de la femme, des minorités religieuses et des travailleurs immigrés ? Adopter une posture de concertation pourrait amener non seulement des changements positifs en Iran, mais aussi des bienfaits pour la sécurité des Etats-Unis et de leurs intérêts au Moyen-Orient ; cela permettrait aussi de pouvoir contrôler de manière respectueuse les différentes activités de l’Iran, dont celles qui suscitent l’inquiétude comme le programme nucléaire.
Pour ce faire, il conviendrait, dans un proche avenir de
pouvoir se défaire de la vision et de la politique israélienne dans la région. Si les
Etats-Unis se servent d’Israël comme un allié utile et puissamment armé par leurs frais, au Moyen-Orient, il s’agit également de percevoir que cet allié aux attitudes tout aussi intransigeantes que celles de l’Iran actuel n’amène pas que des bienfaits pour les intérêts de l’Amérique dans la région et pour la région elle-même. De même, il s’agit également pour la politique américaine de se défaire de l’emprise du lobby israélien ou sioniste, étant donné qu’il ne se base que sur les positions de la droite israélienne, poursuivant des desseins parfois différents de ceux de Washington. Certains confondent en effet les intérêts de deux pays alors que la majorité des juifs américains adoptent une posture nuancée par rapport à Israël et à l’Iran, beaucoup estimant que le soutien à une politique sioniste n’a que peu d’intérêts, ou de même de logique, pour juif vivant aux USA.
De plus, les points de vue de ces lobbys sont clairement
orientés et, souvent peu rigoureux dans leur analyse, l’essentiel étant de faire passer un message et de donner une image caricaturale et manichéenne de l’Iran. Il s’agit également, pour les politiciens américains, de rejeter les discours simplificateurs des néoconservateurs pour entamer une politique positive vis-à-vis d’un MoyenOrient extrêmement diversifié dans sa culture, ses ethnies, ses religions.
Les Etats-Unis doivent s’employer à préserver et à
construire la paix dans la région, qui est leur but premier ; cela implique un respect des différents Etats existants, de leur souveraineté nationale et de leur hétérogénéité, hétérogénéité qu’il s’agit de bien appréhender afin de mener une politique consciente, constructive et efficace. Cependant, le chemin à parcourir sera long et demandera de la bonne volonté de deux côtés, l’Amérique ne pouvant se permettre de tendre une main sans rien recevoir en retour. Il semble également que la situation actuelle d’enlisement du conflit puisse encore perdurer un bon moment en l’absence d’un médiateur jugé respectable de deux côtés ou d’une sortie de la logique de confrontation brutale.
CONCLUSION
Les relations entre États-Unis et Iran apparaissent donc
comme complexes et conflictuelles à plusieurs égards. Globalement,
Washington n’est pas satisfait d’un Iran faisant de plus en plus office de « caillou dans la chaussure » de l’influence américaine au Moyen-Orient.
L’Iran est une source d’inquiétude à plus d’un titre car,
outre son influence dans la région et son hostilité affichée envers les Etats-Unis et Israël, Washington lui prête des intentions de soutien au terrorisme ainsi que l’acquisition de la bombe atomique via son programme nucléaire. Afin de contraindre Téhéran à de meilleures intentions à son égard, les États-Unis ont essayé diverses tactiques : isolement international et régional, encerclement militaire, sanctions économiques, tentatives de déstabilisation du pouvoir… Au final, aucune ne s’est avérée réellement efficace et l’on est en droit de se demander si elles n’amènent pas finalement Téhéran à s’enfermer dans une logique plus intransigeante.
A l’heure actuelle, trois approches existent quant à
l’attitude à adopter face à la République islamique. La première est celle d’une guerre qui pourrait prévenir le danger que constitue le régime lui-même pour les intérêts américains dans la région et pour la sécurité d’Israël. Cependant, pareille guerre ne serait pas sans risque pour la population iranienne, l’armée américaine, Israël et la stabilité de la région. D’autres estiment qu’à défaut de pouvoir renverser le régime iranien par la force, il faut appuyer l’opposition existante, la développer, la financer et l’aider via la formation de ses membres et le financement de médias dissidents afin de favoriser une chute du pouvoir iranien. Cependant, cette solution apparaît peu sûre pour une opposition désunie et qui serait alors en proie à davantage de répression. Une approche réaliste et respectueuse des relations se présente aujourd’hui comme le meilleur moyen d’obtenir un assouplissement de la politique iranienne. Un dialogue respectueux et bilatéral est en effet la meilleure garantie pour la sauvegarde des intérêts américains dans la région, de même que pour l’accès du peuple iranien à un meilleur usage de la démocratie et des droits de l’homme, tout en gardant leurs coutumes et en permettant de trouver une voie iranienne à la modernité.
Au final, l’opposition tenace de Téhéran et l’arrivée de
nouvelles puissances sur l’échiquier moyen-oriental (Chine et Russie notamment), montrent aux États-Unis qu’ils ne sont pas les seuls sur le plan de la lutte d’influence au Moyen-Orient.
Plus largement, cela illustre assez correctement l’État du
monde actuel qui, alors qu’il était en voie d’uni-polarisation sous l’hégémonie américaine apparue à la suite de la chute du rideau de fer, tend à montrer l’arrivée de puissances émergentes ou le retour d’anciennes puissances. La multi-polarisation du monde est un fait incontestable et les États-Unis ne peuvent lutter contre celui-ci.
Cela étant, ils peuvent toujours s’en accommoder afin de
rester la première puissance mondiale en appréhendant correctement ces changements. La baisse de l’influence des États-Unis dans le monde ne tient pas tellement à une érosion de leur pouvoir mais bien à la progression des autres puissances mondiales ou régionales, à l’instar de l’Iran.
Et dans ce monde multipolaire à venir, l’Iran doit trouver
sa place de puissance régionale en collaborant avec les États-Unis dans la recherche de solutions d’avenir bénéfiques aux deux pays. Cela exige cependant dialogue et compréhension mutuelle entre Washington et Téhéran comme base d’une nouvelle ère de stabilité et de sécurité au Moyen-Orient.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
I. DOCUMENTS OFFICIELS
- Constitution de la République Islamique d’Iran
- Rapport du département d’Etat américain sur le programme nucléaire secret 2004.
- Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires.
II DISCOURS OFFICIELS
– Discours du Président Georges Washington BUSH sur l’axe du mal du 29 janvier 2002
III OUVRAGES
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IV. ARTCLES DE REVUES
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- RATSBEEN A., « Les Etats-Unis et l’Europe face à l’Iran sur le chemin escarpé de la mondialisation » in Géostratégique, n°29, Septembre 2010.
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VADEI K., « Les trente années perdues de la diplomatie Iranoaméricaine » in Géostratégique, n°8, Mai 2015.
V COURS ET TRAVAUX ACADEMIQUES
- NGILA MOKE L.A, Cours de séminaire de méthodologie de la recherche scientifique, L.1 R.I, FSSAP, UNIKIN, 2018-2019, Inédit.
- MPWATE NDAUME, Cours de théories de la Coopération
Internationale, L.2 R.I, FSSAP, UNIKIN, 2016-2017, Inédit.
- TAZI TIEN-ABE J., La politique étrangère des Etats-Unis d’Amérique vis-à-vis de la République Démocratique du Congo de 1990 à 2006, Mémoire de DES en R.I, FSSAP, 2009.
- BOCCAS FAUSTINE, Le programme nucléaire iranien au regard du système international de non-prolifération, mémoire en Droit
International Public, Institut d’Etude Politique de Lyon, Septembre 2010.
VI DOCUMENTATION ELECTRONIQUE
- http://www.20minutes.fr/
- http://www.lemonde.fr/
- http://www.state.gov./
- http://www.liberation.fr
- http://www.fr.m.wikipedia.org/wiki
- http://www.information.tv5.com
- http://www.cairn.info
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT…………………………………………………………………………….. 1
EPIGRAPHE……………………………………………………………………………………. 2
DEDICACE……………………………………………………………………………………… 3
REMERCIEMENTS……………………………………………………………………………. 4
SIGLES ET ABREVIATIONS………………………………………………………………….. 7
1.ETAT DE LA QUESTION…………………………………………………………………… 8
2. PROBLEMATIQUE………………………………………………………………………. 13
3. HYPOTHESE DU TRAVAIL……………………………………………………………… 15
4. CHOIX ET INTERET DU SUJET………………………………………………………… 16
4.1 CHOIX DU SUJET………………………………………………………………………. 16
5. METHODOLOGIE………………………………………………………………………… 17
5.1 METHODE……………………………………………………………………………….. 17
5.2. APPROCHES……………………………………………………………………………. 18
5.3 TECHNIQUES……………………………………………………………………………. 19
6. DELIMITATION DU TRAVAIL…………………………………………………………. 19
7. DIFFICULTES RENCONTREES…………………………………………………………. 20
8. PLAN SOMMAIRE……………………………………………………………………….. 21
SECTION I DEFINITION DES CONCEPTS……………………………………………….. 22
§1. LES RELATIONS INTERNATIONALES………………………………………………. 22
§2 LA POLITIQUE ETRANGERE………………………………………………………….. 24
SECTION II. LA SITUATION IRANIENNE……………………………………………….. 26
§1. POLITIQUE INTERIEURE……………………………………………………………… 26
§2 POLITIQUE EXTERIEURE………………………………………………………………. 30
SECTION III LA POLITIQUE EXTERIEURE AMERICAINE……………………………. 33
§1 DESCRIPTION GENERALE…………………………………………………………….. 33
§2 LES GRANDES THEORIES DE POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE………. 34
§3 LE TOURNANT DU 11 SEPTEMBRE 2001…………………………………………. 36
CHAP II LES RELATIONS AMERICANO-IRANIENNES : EVOLUTION HISTORIQUE…………………………………………………………………………………. 38
SECTION I HISTORIQUE…………………………………………………………………… 38
§1 LES RELATIONS AVANT 1979……………………………………………………….. 38
§2 LES RELATIONS APRES 1979…………………………………………………………. 39
§3 NATURE DES RELATIONS ACTUELLES……………………………………………… 41
SECTION II. LA POLITIQUE IRANIENNE DES ETATS-UNIS…………………………. 42
§1 LE CARACTERE POTENTIELLEMENT DANGEREUX DU REGIME IRANIEN…. 42
§3 L’INFLUENCE DE TEHERAN EN DEHORS DU MOYEN ORIENT……………….. 47
§1 LES QUESTIONS DE LA DEMOCRATIE ET DES DROITS DE L’HOMME……… 49
§2 LES SANCTIONS ECONOMIQUES…………………………………………………… 49
§3 L’ISOLEMENT INTERNATIONAL ET REGIONAL………………………………….. 51
§4 L’ENCERCLEMENT MILITAIRE……………………………………………………….. 52
SECTION I LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN ORIENT……………………. 54
§1 SOUS LA PRESIDENCE DE GEORGES BUSH JUNIOR……………………………. 54
§2 SOUS LA PRESIDENCE DE BARACK OBAMA……………………………………… 55
§3 SOUS LA PRESIDENCE DE DONALD TRUMP……………………………………… 56
§.4 LES ETATS-UNIS ET AUTRES GRANDES PUISSANCES AU MOYEN ORIENT 59
§.1 LES PARTISANS DE LA GUERRE…………………………………………………….. 61
§2 LES ADEPTES DU CHANGEMENT PACIFIQUE……………………………………. 63
§3 LES IDEALISTES………………………………………………………………………….. 64
SECTION III. VERS UN DECLIN AMERICAIN AU MOYEN-ORIENT……………….. 66
LES PERSPECTIVES…………………………………………………………………………. 68
CONCLUSION………………………………………………………………………………… 72
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE………………………………………………………………. 74
TABLE DES MATIERES……………………………………………………………………… 80
[1] EKOVICH S., « Options et contraintes des Etats-Unis face à l’Iran » in Géostratégiques n°18, janvier 2009, pp2329.
[2] MOREAU DE FARGE Ph., « l’Iran et la bombe : un faux problème ? » in Politique Internationale, n°111, janvier et février 2017, p195
[3] ALAOUI A., « Les relations entre les Etats-Unis et l’Iran » in Chronique Géopolitique, n°1, janvier 2016, pp21-27 4 EIFLING, v., « Approche cognitive de la position américaine sur les aspects sécuritaires de la question nucléaire iranienne » in chaire Bev Baillet-Latour, programme « UE-Chine », Octobre 2010, pp20-25
[4] COPEL, E., « Iran : objectif bombe » in la Revue par l’intelligence du monde, Bimestriel international n°3, juillet/Aout 2006, pp24-31.
[5] EKOVICH, S., « Etats-Unis – Iran : La longue quête des valeurs et d’intérêts communs » in Géostratégiques n°18, janvier 2009, pp7-11
[6] CASTEL M., « La société entant que diversité sociale : un en enjeu pour la gouvernance à l’ère planétaire » in
Etude Prospective de l’Organisation de coopération et de développement Economique n°8, octobre 2010 p185.
[7] http://www.20minutes.fr/les–antécedant–de–l’accord–sur–le–nucléaire–iranien–de–2015 consulté le28 novembre 2019 à 11h20.
[8] Dictionnaire Robert Méthodique, Montréal 1998, p44.
[9] PINTO R et GRAWITZ M., Méthodes des Sciences Sociales, Tome 1, Dalloz, Paris, 1964, p27.
[10] GRAWITZ M., Méthodes des Sciences Sociales, Dalloz, Paris,2001, p20.
[11] VERHAEGEN B., cité par LABANA L.A et LOFEMBE B., Recherche Scientifique, éd. Cerduski, Kinshasa,2009, p 32.
[12] GOODE J.W Cité par NGILA MOKE L.A cours de Séminaire de Méthodologie de la Recherche Scientifique, L1 R.I,FSSAP,UNIKIN,2018-2019,Inédit p80.
[13] MERLE M., cité par GUYANO, A., Les Relations Internationales, Guadrano, paris 2001, P14.
[14] RAYMOND, A., Paix et Guerre entre Nations, Le Grand livre, 1984, Paris 1984, P10 16 PHILIPE B. et MOHAMMED REZA D., Les Relations Internationales, Paris, PUF, 1998, P5 17MAX GOUNELLE, Les Relations Internationales, Dalloz, Paris 1956, P2.
[15] ROBERT G et WOLT., cité par MPWATE NDAUME, Les Théories de la coopération internationale, L2 R.I FSSAP/UNIKIN, 2016-2017, Inédit, P12.
[16] LABANA L.A., Les Relations Internationales : présentation panoramique et approches théoriques, Sirius, Kinshasa 2015, P29
[17] GUYANO A., Op.cit P33
[18] TAZI K.J., La politique étrangère des Etats-Unis d’Amérique vis-à-vis de la République Démocratique du Congo : de 1990 à 2006, mémoire DES en R.I, FSSAP, 2009.P27Inédit
[19] MOHAMMED REZA D et KELLNER Th, Histoire de l’Iran Contemporain, Harmattan, paris, 2010, p88
[20] Charia : Loi Islamique régulant les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, ainsi que les interactions sociétales.
[21] MOHAMMED REZA D et KELLNER Th., Op. Cit, p97.
[22] MOHAMMED REZA D et KELLNER Th., idem, p98
[23] HOURCADE B,. « L’Iran est faible mais la République se sent forte » in Politique Etrangère, n°3, janvier 2018, p49
[24] HOURCADE B,. Op. Cit. p52.
[25] COVILLE Th., « L’Economie iranienne sous Ahmadinejad : des promesses à la réalité » in Revue Internationale Stratégique, n°70 janvier 2009, pp87-92. 29 COVILLE Th., Idem.p100
[26] MOHAMMED REZA D., « L’Iran dans son contexte régional »in Politique Etrangère, n°5 avril 2012, p34
[27] MAKINSKY M., « L’Iran et ses voisins du sud : une relation sous tensions » in Outre-Terre, n°28, juillet 2011, p61.
[28] Parti de la justice et développement néo-islamiste. 33 MAKINSKY M.,Op.cit., p63
[29] HOURCADE B., Géopolitique de l’Iran, Harmattan, Paris,2010 p 110 35 HOURCADE B., Idem,p 116.
[30] LEI W., « Les clés de la relation Chine-Iran » in Outre-Terre, n°28, novembre 2012, p7.
[31] EVSEEV V., « Russie-Iran : un partenariat prudent » in Outre-Terre, n°28, Novembre 2012, p51
[32] KARMON E., « Amérique latine : défis de l’Iran aux Etats-Unis dans leur arrière-cour » in Outre-Terre, n°28, novembre2012, p23
[33] http://www.cairn.info–politique–extérieur–américaine. Consulté le 27 décembre 2019 à 15h21.
[34] STRUYE de SWIELAND T., La politique étrangère américaine après la guerre froide et les défis asymétriques, Brulant-Academia, Louvain-la-Neuve, 2003, pp25-35
[35] HUNTINGTON S., Le choc des civilisations, ODILE JACOB, Paris 1996, p22 42 HUNTINGTON S., Idem, P50
[36] FUKUYAMA F., La fin de l’histoire et le dernier homme, Champ Flammarion, Paris, 1992, P18.
[37] MOVAHEDDI R., « La politique étrangère des Etats-Unis après le 11 septembre 2001, en particulier à l’égard de l’Iran » in Revue Française de Géopolitique, n°5, Octobre 2006, P21.
[38] RUMSFELD D., Conférence de presse du secrétaire à la défense des Etats-Unis lors du sommet de l’OTAN, Bruxelles, 22 février 2005
[39] BADIE B., Les deux Etats : Pouvoir et Sociétés en Occident et en Terre d’Islam, Fayard, 1995 p11
[40] BADIE B., Idem p16
[41] MOVAHHEDI R., Op.cit, P45
[42] MALONEY S., « Téhéran/Washington : Une relation immobile ? » in politique étrangère, n°9, Février 2011, P91. 50 MALONEY S., Idem, P93 51 MALONEY S., Ibidem, P97.
[43] MOVAHHEDI R., Op.cit, P56.
[44] MALONEY S., Op.cit, 100.
[45] http://www.lemonde.fr/où–va–l–iran Consulté le 15 janvier 2020 à 14h17
[46] WATZ K., « Iran and the bomb » in Foreign Affairs, n°6, Septembre 2012, P33.
[47] U.S DEPARTEMENT OF STATE-OFFICE OF THE SPOKESMAN, Designation of iranians for proliferation and terrorism support, 2004
[48] GOLDKORN G., « l’Iran et sa capacité de déclencher une guerre nucléaire » in Outre-Terre, n°28, mai 2011, P12.
[49] WALTZ K., Op.cit, 50
[50] Le Hamas est aujourd’hui la faction palestinienne la plus importante au parlement palestinien, principalement implanté dans la bande de Gaza ; il est d’inspiration islamiste et nationaliste. Il est en fait la branche palestinienne des frères musulmans et constitue la principale politique au FATAH, qui lui se veut nationaliste et laïc. Son siège ainsi que son leader Khaled MECHAAL se trouve à Doha au Qatar (Auparavant en Syrie) et il dispose d’un groupe armé (La brigade IZZ-Al-Din AL Qassam).
[51] Le Jihad Islamique est une organisation palestinienne se revendiquant indépendantiste, nationaliste et islamique. Elle se veut influencer par les frères musulmans mais également par l’Iran et n’est pas de type salafiste. Elle est d’une importance moindre par rapport au Hamass mais dispose d’une branche armée : la brigade Al-Qads
[52] Le Hezbollah est un mouvement chiite libanais, il se situe dans le giron iranien, l’objectif de base du Hezbollah étant d’étendre la révolution islamique iranienne au Liban. Depuis, il a admis la nature multiconfessionnelle de la nation libanaise ainsi que le jeu démocratique. Il est ainsi à la tête d’une coalition antisioniste comprenant notamment Amal (Chiite proche également de Téhéran), le front patriotique libre des baasistes et des communistes ; il possède également une armée propre qui a constitué l’avant-poste de la riposte à l’attaque israélienne de 2008 dans le sud du Liban.
[53] VADEI K., « Les trente années perdues de la diplomatie irano-américaine » in Géostratégique, n°8, Mai 2015,
P62
[54] En effet, dans le cas d’un Irak découpé en trois parties, Sunnite, Chiite et Kurde, le risque pour Téhéran est de voir des communautés sunnites et kurdes iraniennes exprimer la volonté de rejoindre un nouvel Etat Sunnite ou Kurde.
[55] RATSBEEN A., « Les Etats-Unis et l’Europe face à l’Iran sur le chemin escarpé de la mondialisation » in Géostratégique, n°29, sepembre2010, p9. 65 KARMON E., Op. Cit. P30
[56] CHAUPRADE A., « Pourquoi l’Amérique veut casser l’Iran et pourquoi l’Iran n’est pas seul » in Revue Française de Géopolitique, n°5, mars 2010, p44
[57] USA DEPARTEMENT OF STATE WEBSITE http://www.state.gov/. Consulté le 20 janvier 2020 à 10h00.
[58] MOVAHHEDI R., Op.cit, P77.
[59] MOVAHHEDI R., Op.cit, p71
[60] USA DEPARTEMENT OF WEBSITE http://www.state.gov/ Consulté le 25 janvier 2020 à 19h32
[61] MOVAHHEDI R., Op.cit. p83
[62] Discours du président Georges W. BUSH sur l’axe du mal prononcé le 29 janvier 2002.
[63] The Secret history of de CIA and the bush administration sur http://www.washingtonpost.com consulté le 04 février 2020 à 13h03.
[64] Etats-Unis-Iran : le désaccord sur le nucléaire sur http://www.liberation.fr consulté le 04 Février 2020 à22h00.
[65] http://www.lemonde.fr consulté le 07 février 2020 à 17h23.
[66] http://www.fr.m.wikipédia.org/wiki/relations–entre–les–Etats–unis–et–l–Iran consulté le 07 Février 2020 à 12h 11.
[67] onsulté le 8 Février 2020 à 19h44.
[68] http://www.information.tv5monde.com/8/2/20 consulté le 8 Février 2020 à 19h55.
[69] onsulté le 8 Février 2020 à 20h25.
[70] onsulté le 8 Février 2020 à 21h07.
[71] TROUDI M.F, « Les dessous chinois au Moyen Orient » in Géostratégique, n°17, juin 2017, p105
[72] EVSEEV V., Op. Cit.p 66.
[73] Les néo-conservateurs sont des intellectuels libéraux de gauche qui, à la fin des années 1960, ont rejoint la droite conservatrice pour dénoncer le pourrissement des idées progressistes. Ils engagent alors en faveur d’une politique volontariste des États-Unis qui représente selon eux le bien dans le monde et qui a pour mission d’apporter la démocratie et la liberté partout sur la planète.
[74] LEGARE-TREMBLAY J., « l’idéologie néo-conservatrice et la politique étrangère américaine sous Georges Bush » in Géostratégique, n°9, mai 2009, p22.
[75] MILAN A et Alli, ; « Beyond incrementalism, a new stategy to deal with iran », rapport de l’institut HOOVER, 2009, P3.
[76] KESLER G., « Iran and US, signaling chance of deal »in foreign affairs, 2009, p18. 87 KESSLER G., Op.cit, p25.